JOURNAL D'YPRES DEL'ARRONDISSEMENT
YPRE$, Di manche
Septième année. N° 24.
13 Juin 1869.
1
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dition de noire journal se produisent habitueile-
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sonnes dont le journal serait en retard, de vouloir
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Ees clévïco-docêriisaires el la ba!orJise.
On sait que la Charabre a rejeté dernièrement,
dans la discussion du projet de loi sur la milice,
un amendement avant pour objet d'exernpter du
service militaire l'enfant naturel unique, indispen
sable soutien de sa mère.
Un journal clérical de Verviers, 1 'Echo de la
Vesdre, apprécie en ces termes la portée et la si
gnification morale de cet amendement
Les mèmes hommes qui proposent d'obliger les
prêtres a servir comme miliciens, ces mêrnes hom-
mes veulent exempter, dans certains cas, les en-
n fants naturels. II y a cependant assez de logique
dans celle double proposition. On favorise Ia batar-
dise et on combat le clergé qui moralise, qui s'ef-
force de faire régner partout les bonnes mceurs.
Tout cela c'est au profit de l'iminoralité, et par
conséquent de l'irréligion. lrréligion et immoralilé
se donnent Ia main, elles sont respectivement l'une
envers l'autre effet et cause. L'homme immoral est
presque toujours irréligieux, paree qu'il veut tuer
ses remords, le cri de sa conscience a force d'im-
piété. L'impie est également presque toujours im-
moral, parce qu'il n'a plus de frein a mettre aux
révoltes du coeur, aux mauvaises passions. Arrêter
le recrutement du clergé, favoriser les enfants na-
turels n'est done, en définitif, qu*une seule et méme
chose.
L'Echo de la Vesdre nous donne beau jeu en
mettant en para|,lèle la mission moralisatrice du
clergé et les tendances contraires du libéralisme.
Que de scandales, que d'infamies sans nom ce
parallèle imprudent évoque dans les esprits! Faut-
il rappeler 1 'Echo de la Vesdre cette longue sé
rie de hontes, de turpitudes bestiales qui ont
tout jamais déshoaoré l'enseignernent clérical aux
yeux des honnêtes gens? Et, sans mettre le pied
dans cette fange immonde oü grouillent pêle mêle
toutes les imaginations les plus épouvantables de
la débaucbe en délire, n'aurions-nous pas le droit
de lui dire que si quelque chose au moride favorise
ie dêveloppement de la bètardise, c'est 1'institution
contre nature du célibat des prêtres?
Mais il nous répugne toujours de remuer ces
immoridices, moins d'y être contraints, et nous
n'avons pas besoin de tels arguments pour faire
toucher du doigt l'erreur grossière oü tombe
notre contradicteur.
L'Echo de la Vesdre voit dans l'amendement
une faveur accordée a la mère coupable. Quelle
faveur? Celle de ne pas mourir de faim, car
ramendement est forme! point d'exemption, s'il
n'est démontré que l'enfant est I'indispensable
soutien de sa mère, c'est-è-dire que celle ci n'a
d'autre moyen de subsistance que le travail de son
fils.
L'Echo veut done que, parce qu'une jeune fiile
a commis une faute, il y a vingt ans, elle soit h
tout jamais privée de moyens de subsistance et
qu'elle meure ae misère? Car, qu'il ne vienne pas
nous dire que la charité privée ou publique vien-
dra au secours de cette malheureuse. La charité,
dans son système, aura exactement le mème ré-
suitat que l'amendement. Elle aussi favorisera la
débaucbe, elle aussi sera une prime d'encourage-
ment offerte a la bètardise. Au point de vue oü il
se place, nous défions notre contradicteur d'établir
la moindre difference entre la prêtendue faveur
de 1'exemption, qui permet a cette femme de vivre
du travail de son fils et celle de la charité, pu
blique ou privée, qui vient a son secours et lui
donne du pain.
L'Echo y a t-il réfléchi? Si, dans les conditions,
de l'amendement, 1'exemption de l'enfant naturel
peut être envisagée comme un encouragement
l'immoralité, que faut il penser des asiles que la
piété offre aux filles repenties? A Dieu ue plaise
que nous blêmions le zèle et le dévouement qui se
consacrent la réhabiütation des malheureuses
que Ia misère a poussées dans le vice! Mais le rai-
sonnement de 1 'Echo doit nécessairement l'amener
a condamner ces institutions, qui sont, au mème
titre que l'amendement, des stimulants de ia
prostitution.
Pour que son raisonnement soit juste, en effet,
il faut supposer que la coosidération de 1'exemp
tion éventuelle de l'enfant qui pourrait riaitre de
sa faute a pesé pour quelque chose dans I'incon-
duite de la mère; sinon, tout son échafaudage
croule par la base. Or, si le bon sens de 1 'Echo
ne recule pas devant l'absurdité d'une telle suppo
sition, il doit admettre aussi que beaucoup de
jeunes filles s'abandonnent la prostitution en
considération de I'asile qui leur sera ouvert, le
jour oü elles trouveront h propos de se repen-
tir? Et cette perspective sera bien plus immorale
encore que l'autre, car la faveur de l'amendement
n'existe qu'en cas de naissance d'un enfant mêle
et elle cesse si la mère en a plusieurs, tandis que
I'asile lui est ouvert quels que soient le sexe et le
nombre de ses enfants.
Mais laissons lè YÈcho et son absurde raison
nement. La vérité est que l'amendement se justi-
fiait par des considérations d'humanité auxquelles
la Chambre pouvait céder sans aucun péril pour la
morale publique. Elle ne l'a pas voulu. Cette fois
encore, nous avons vu se former, pour repousser
une réforme vraiment libérale, car le libéralisme
n'est autre chose que l'application des lois de
i'humanité la législation positive, cette vieille
coalition clérico-doctrinaire que toute nouveauté
effraie et qui menace, si l'esprit public ne se
réveille bientót, de nous reléguer au dernier rang
des nations fibres.
Le Journal de Péruicelz se livre, a propos de
la naissance du jeune comte de Flandre, a des
considérations fort justes et que nous livrons aux
mêditations du Journal d'Ypres
La naissance d'un prince royal est un événement
épouvantab e pour nos évêques. (1 y a quelques mois,
a la mort du jeune duo de Brabant, comte de Hai-
naut, ils se firent oracles pour tromper la crédulitó
des masses, et représentèrent la mort de l'héritier
présomptif de la couronne comme un chatiment de
Dieu, qui voulait éteindre la dynastie nationale pour
punir le peuple d'avoir nominé des représentants li-
béraux. Or, a peine ont-ils parlé, que la comtesse de
Flandre donne le jour a un prince qui affermit et
consolide la dynastie.
Si Dieu était en colère contre le peuple beige,
son courroux s'est vite apaisé, et ce qu'il y a de re-
marquable, c'est que ce courroux, révélé par les
évêques, s'apaise précisément après que la Chambro
a iuscrit a son ordre du jour la loi sur le lemporel
des cultes, et presque le jour même ou tous les libé-
raux sincères font des efforts pour bannir de nos lois
de miüce l'inique privilege qui dispense les élèves
théologiens de la conscription.
Puisque les évêques nous enseignent a voir Ie
doigt de Dieu dans tous les evénements, il est impos
sible qu'ils no reconnaissent pas que Dieu est a vee
les liberaux.
Puisse cette considération avoir quelque in
fluence sur l'esprit du très-révèrend père de Brouc-
kere, ainsi que sur celui du pieux et girouettant
M. Pirmez.
Variétés.
M. Beke, nolro digne bourgmestre, (style du Pro-
grèsvienl de prononcer un nouveau discours a la
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