JOURNAL D'YPRES DE L'ARKONDISSEMENI
YPRES, Dimanche
Septième année. K" 25.
20 Juin**Y869.
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PRIX O'iBO^ElIEYT
POUR LA BELGIQUE
francs par an4 fr SO par semestré.
Pour l'Etraftger, le pert eö sus.
Us Numéro 25 Céstimks
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La situation.
Ce n'est pas nous qui reprocherons MM. Frère
et Bara d'avoir joué leur existence ministérielle
sur la question de la contrainte par corps. Nous
sommes d'autant plus disposés les en féliciter,
au contraire, que les dispositions bien connues du
Sénat leur laisseraient peu d'espoir de triompher
de son obstination.
Nous ne venons pas blêmer non plus les efforts
qu'ils ont faits, l'un et l'autre, pour arriver a une
conciliation honorable. A l'heure oü nous écri-
vons ces lignes, la proposition de M. Guillery
ouvre une dernière perspective d'arrangement, et
nous reconnaissons bien volontiers que si ie Sénat
l'adopte, nulle raison de dignité n'oblige MM. les
ministres des Finances et de la Justice a se re-
tirer.
Mais si, comme il est facile dele prévoir, le
Sénat repousse cette proposition, nous deraan-
dons la presse ministérielle de reconnaitre fran-
chement que ce deruier échec va créer a MM.
Frère et Bara une situation qui n'aura de solution
honorable possible que leur retraite ou la dissolu
tion du Sénat.
Nous ne demandons pas que MM. Frère et
Bara, appuyês par une majorité cousidérabledans
la Chambre des représentants, se retirent devant
le vote hostile du Sénat. Nous comprenons trés
bien qu'ils en appellent au corps électoral de la
résistence de leurs adversaires. Ce qui nous
semble absolument impossible, c'est qu'ils gar-
dent Ie pouvoir, après le rejet de la proposition
de M. Guillery, s'ils ne se déeident aussitót a
prononcer la dissolution du Sénat. Car alors, leur
attitude devant cette assemblée ne serait plus
qu'une indigne jactance dont 1'opinion publique
ferait sévèrement justice.
Le compère du Progrès, mal a l'aise entre ses
représentants qui ont voté l'abolition de la con
trainte par corps et sou sénateur qui l'a rejetée,
feint de ne pas bien saisir la portée politique du
oonflit. Ce conflit, d'après lui, n'a de gravité
qu'è cause de la chaleilret nous pourrions dire,
ajoute t-il, de la violence avec laquelle de part
et d'autre on a défendu sa thèse.
Cette explication a malheureusement letortde
se placer en dehors de faits qui sont trop bien
connus pour que le compère puisse nourrir le
moindre espoir de la voir accueillir. Si la question
de la contrainte par corps a suscité un conQit entre
la Chambre et le Sénat, tout le monde sait par-
faitement que ce n'est pas k cause de la violence
avec laquelle de part et d'autre on a défendu
sa thèse, mais a cause de la coalition qui
s'est formée, sur cette question, entre la droite
tout entière et Ia miriorité de la gauche, coalition
signalée et flétrie par M. le ministre de la Justice
dans des termes que personne n'a oubliés. Rap
pelons-les pourtant au compère, qui paratt avoir
mauvaise mémoire. Voici comment M. le ministre
de la Justice terminait son discours dans la séance
du 12 juin, en s'adressant a la minorité de la
gauche
Certes, vous devez suivre Ies inspirations de
votre conscience, mais elle vous oblige aussi ct
défendre les opinions et le drapeau pour les-
quels vous combattez. Lorsque, dans une
questionmême non politique, vous voyez
que vos adversaires usent de moyens politiques,
vous avez le droit de leur répondre par les
mêmes moyens. Vous ne pouvez pas jouer leur
jeu et vous en rendre complices. C'est ainsi que
Ie système parlementaire est compris et c'est
ainsi qu'il doit l'ètre, si on veut le pratiquer
sérieusement.
Le compère prendrait done une peine bien inu
tile en contestant le caractère politique du conQit
et nous lui conseillons charitablement de renoncer
a Ie révoquer en doute, s'il ne veut pas qu'on lui
rie au nez. Or, nous le répétons un conflit poli
tique exige une solution politique et nous n'en
connaissons pas d'autre que la retraite de MM.
Frère et Bara ou la dissolution du Sénat. Som-
nous d'accord, compère?
Le ministère et ies burgraves.
Les organes du libéralisme indépendaut, ceux
que le Progrès appelle des brouillons et des
traitres, ne sont pas seuls s'effrayer, pour I'a-
venir du pays, de l'esprit réactionnaire qui domine
dans nos deux Chambres. Le Journal de Gand, un
ami dévouê du ministère, signale son tour le
péril et s'efforce de faire comprendre a la majorité
libérale la nécessité d'entrer résolument dans la
voie des réformes.
Nous trouvons.ditlejournal gantois,danscesdispo-
sitions des deux Chambres, quelque chose de grave.
Si elles devaient dureret prevaloir, nous en serions
profondément affligé, paree quee'estun symptóme
des plus redoutables que l'apathie, la crainte in-
tinctive du progrès, en un mot, le mal de la peur.
C'est un mal qui ne fait que crollre on finit par
avoir peur de tout, même de son ombre on perd
tout ressort, toute énergie, l'on va tout doucement
aI'énervementcompletetèladissolution.S'ilyadans
la législature, et parmi les libéraux qu'on a vu autre-
fois les plus résoluset les plus prompts a servir leur
pays el l'humanitó, des hommes qui pensent avoir
fait assez de chemin, qui se sentent fatigués, et qui
croient que l'heure est venue d'un repos mérité par
de longs travaux, ce que ces hommes-la ont de
mieux a faire, est de s'effacer et de faciliter a de
x> jeunes et de généreux esprits, l'accès a la législa-
ture.
II n'y a pas un trait ajouter au tableau que le
Journal de Gand nous trace des maux qu'en-
gendre la peur. Ce tableau est d'une vérité saisis-
sante. Mais quand notre confrère adresse nos
vieux burgraves de la doctrine le conseil de se
retirer pour faire place de jeunes et généreux
esprits, il nous fait sourire et nous donne èpenser
qu'il neparle pas sérieusement.
Comment Voila des hommes que tout chan
gement effraie, que toute idéé nouvelle jette dans
l'épouvante, qui sont convaincus (il faut le croire
pour leur honneur) que ces changements, ces idéés
nouvelles compromettraient les intéréts les plus
graves du pays, et Ie Journal de Gand leur de-
mande de se retirer de la lutte et de céder volon-
tairementla place de jeunes et généreux esprits»
qui s'empresseront de réaliser les réformes qu'eux,
les burgraves, ils ont combattues toute leur vie
Ceci, que notre spirituel confrère nous permette
de le lui dire, n'est qu'une plaisanterie.
Mais s'ils ne se retirent pas de bonne grèce,
qu'y a-t-il done faire Mon Dieuune chose bien
simple les mettre dehors si nous pouvons.
Une chose bien simple, venons-nous de dire.
Pas si simple, car nos burgraves trouvent un appui
solide dans les associations dites libérales qui s'é-
tendent sur toute la surface du pays et dont l'esprit
n'est pas, en général, moins réactionnaire que
celui des représentants qu'elles envoieut dans nos
Chambres.
Le Journal de Gand se montre peut-être injuste
envers les burgraves Ie mal de la peur, dont ils
Le TODT PAYABLE d'aVANCE.