JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT VPRES, Diinaoche Septièine année. N° 28. 11 Juillet 1869. PK1X D'ABONNEMENT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PRIX DES ANNONCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes-. Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blèmer, mais publiez voire pensèe. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue de Dixmude, 59. On traite d forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. La dignitê ministérielle. Le ministère ne se retirera pas. Le Sénat ne sera pas dissous. Soit, au fond, cela nous est fort égal que le ministère reste ou se retire et quant au Sénat, pour le cas que nous fesons de ('institution elle- même, il nous est bien indifférent qu'il soit com- posé de telle fagon plulêt que de telle autre, étant d'avis que la meilleure ne vaut rien du tout. Que le ministère reste done, puisqu'il serait si malheureux de devoir s'en aller. Mais ne permet- tons pas que Ton nous traite comme des niais et ne laissons pas dire devant nous, ni par le Jour nal de Liége ni par Ie Progrès, que l'échec subi par nos ministres n'ayant aucun caractère poli tique, il n'y a pas de raison constitutionnelle pour qu'ils donnent leur demission. Mais, messieurs, y avez-vous bien réfléchi? Si le vote par lequel le Sénat a repoussé, a trois reprises différentes, la réforme proposée par le gouvernement ne constitue pas, pour celui-ci, un échec politique, quel reproche avez vous faire M. Barbanson et aux autres membres de la gauche du Sénat qui l'ont repoussée avec lui? Vous n'aliez pas, pensons-nous, messieurs, jusqu'a exi- ger des représentants de la gauche qu'ils votent constamment avec le ministère, rnème sur des questions non poliliques? Si done la réforme proposée par le gouvernement était, d'après vous, une de ces questions sur lesquelles libéraux et catholiques pouvaient se diviser, MM. Barbanson et ses amis n'ont fait, en la rejetant, qu'user d'un droit incontestable, et vous ètes on ne peut plus mal venus a les blèmer. Contester le caractère essentiellement poli tique du débat qu'a fait naitre au Sénat la ques tion de ['abolition de la contrainte par corps, ce serait nier la clarté du jour. Le Journal de Liége, reproduit par le Progrèsse sent lui-même êcrasé par cette irréfragable évidence en constatant que le ministère a du son échec a une manueuvre de Ia droite, manoeuvre a laquelle un certain nombre de membres de la gauche se sont sciemment et volontairement associés. Nous ne lui en deman- dons pas davantage, car c'est précisément ce fait qui donne au vote du Sénat une portée politique, et le ministère ne s'y est pas trompé plus que personne. En fesant cause commune avec le parti clérical qui poursuivait ouvertement le renverse- ment du cabinet, les dissidents de la gauche ont refusé celui-ci le vote de confiance qu'il sollici- tait et accepté devant le pays la responsabilité de la situation que ce refus semblait devoir créer. En fait, cela n'est pas niable, ils ont voté contre le gouvernement. Le gouvernement accepte le camouflet. M. Bara, qui avait fait mine de se retirer après le premier vote du Sénat, consent a garder son portefeuille après que, par deux fois, le Sénat a ratifié ce premier vote. Encore une fois, cela nous est fort égal. Mais que Ton ne vienne plus doré- navant nous parler de la dignité des hommes qui nous gouvernent. Ce serait, en vérité, par trop bouffon. 91. Vandenpeereboom et la réforme postale. Le Progrès de dimanche dernier contenait quelques lignes en faveur de la réforme postale, réclamée depuis tant d'années et toujours vaine- ment par la plupart des Chambres de commerce du pays. II y a des cordes auxquelles le compère a tort de toucher. Onn'a pas oublié a Ypres queM. Alph. Vandenpeereboom fut autrefois un des plus ardents promoteurs de cette réforme, Chaque année,bien entendu aussi longtemps qu'il n'eut parler que comme simple représentant, c'était une campagne nouvelle en faveur de l'abaissement et de l'unifor- mitê de Ia taxe des lettres. M. Frère-Orban, hos tile a cette réforme, n'avait pas dans la Chambre d'adversaire plus ordent et plus redoutable. Un beau jour, M. Alphonse Vandenpeereboom est appelé a faire partie du gouvernement. Certes, il était bien permis d'espérer que le nouveau mi- nistre allait mettrea profit sa position pourvaincre la résistance de son collègue des finances et faire triompber les idéés qu'il avait défendues avec une si louable persistance. Eh bien, non Pendant six années consécu- tives, M. A. Vandenpeereboom participe en qua- lité de ministre de l'Intérieor, la direction des affaires du pays, et pendant ces six années, il n'est plus une seule fois question de la réforme postale. Du jour oü son ambition personnelle se trouve satisfaile, tout est pour le mieux. C'est en vain que des milliers de pétitions s'entassent sur le bureau de la Chambre, c'est en vain que la presse joint ses réclamations persistantes a celles des Chambres de commerce pour demander l'uniformité de la taxe. Non-seulement M. le ministre de l'Intérieur reste muet sur son banc, mais il ne fait rien, absolu- meut rien pour engager sescollègues entrer dans ses vues, et quand, après six années, il quitte le pouvoir, il laisse cette réforme, laquelle il sem blait naguère si dévoué, plus chanceuse, plus com promise que jamais. Le compère du Progrès commet une grave im prudence en évoquant ces souvenirs, s'il veut nous en croire, il ne pariera jamais de la réforme postale et des vceux stéréotypés des Chambres de commerce. En scandale a I'Ildtel-de-Wille. Samedi, 3 juillet, Ia séance du conseil com munal, d'ordinaire si paisible, a été profondément troublée par un grave accident qui a produit par- tout Ia plus pênible impression. On discutait l'op- portunité de travaux assez considérables a exécu- ter aux locaux de l'Académie des Beaux-Arts et le conseil, lesconsidérant comme travaux de luxe, semblait peu disposé les autoriser en présence du déficit constaté dans le budget de l'Académie et de Ia grande pénurie d'argent dans la caisse commuuale, lorsque tont coup M. Gustave de Stuers qui, depuis quelque temps déjè, souffrait impatiemment les observations des conseillers, prenant la parole non comme échevin, mais en qualité de directeur de l'Académie, fit une sortie des plus inconvenantes contre le conseil et même contre le collége échevinal dont il est membre, ne prétendant rien moins qu'imposer sa volonté a tous et cela sur un ton et avec des expressions que n'emploie probablement pas l'autocrate de toutes les Russies parlant ses serfs. La chose alia si loin qu'un collègue de M. de Stuers se trouva dans la dure nécessitê de faire observer que le conseil donnait desordres au di recteur de l'Académie, mais n'en recevait pas de lui, ajoutant que si M. de Stuers comprenait mieux ses devoirs d'échevin, il tiendrait un tout autre langage. Après ces paroles sévères, maisjustes, le con seil émit a l'unanimité un vote hostile a M. de Stuers, vote que l'indignation peu contenue de l'assemblée peut faire considérer juste titre comme un vote de blème. C'est ainsi que l'intéressé lui même l'interpréta, car, a la suite de cette scène, il a donné sa démis- sion d'échevin et de directeur de l'Académie. Cette résolution a fait cette semaine l'objet de toutes les conversations. Les uns la considéraient comme sérieuse et définitive, les autres préten- daient que ga se racommoderait, et qu'il n'y aurait qu'un acte de plus a ajouter a la comédie que Ia coterie joue depuis si longtemps dans nos murs. Nous ne pouvons nous prononcer a ce sujet, n'étant point dans le secret des dieux. Mais que M. de Stuers maintienne sa double démission ou qu'il reste échevin,directeur de l'Académie, même

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 1