JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPilES, Bi manche Septièine année. A0 32 8 Aoüt 1869. Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. PlilS D'lBOlSUMEST POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; '4 fr. 50 par semestre. Pour l'Ëtranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PRIX. RES AilAOXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes* Laissez dire, laissez-vous blAmer, mais publiez voire peneèe. O/i s'abonne a Ypresj On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres au bureau du Journal, rue de Dixmude59. r ou envois <Targent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Ypres, a Aoüt tsao. A propos du drame èpouvantable de Cracovie, dont le retentissement dure encore, des journaux libêraux, \'Opinion d'Anvers entr autres, agitent la question de savoir s'il ne serait pas legitime et prudent que les couvents fussent soumis a une surveillance analogue a celle qui pese sur les éta- blissements d'aliénés. On ne nous soupQonnero pas d'un excès de tendresse pour ies couventsmais quelque senti ment que ces établissements nous inspirent, nous ne pouvons pas oublier qu'ils sont dans la liberté et que la liberté est, par essence, opposée a toute mesure preventive quelconque. On comprend la surveillance des établissements d'aliénés les malheureux qui y sont ren ferm és contre leur gré sont directement placés sous la tutelle de l'Etat, qui ne fait que remplir un de voir étroit en leur accordant sa protection. li n'en est pas de même des couvents. On y entre librement, on est maltre d'en sortir quand on veut. L'autoritó religieuse qui s'oppossivit m 'téri: 'iiement a la sortie d'un aooiae commettrait un déiit prévu par !a lol pénale. La protection de l'individu n'exige riep de plus.. Aller au delè, c'est porter la main sur la liberté et justifier l'arbitraire. Prenons garde toutes les liberies sont sueurs et l'ütie ne peut pas souffrir saus que toutes les autres s'en rcsseritent. Si nous admetto: s la sur veillance de l'Etat dans 'ies couvents, nous serous bientót auienés a l'admettre dans nos ccoles libres, dans nos associations politiques et, pourqnoi pas jusque dans nos bureaux de journaux. Un loup quelque peu clerc ne sera pas embarrassé de prouver que la société a non moins d'intérèt surveiller les écarts possibles de la presse que les attentats qui peuvent se commettre dans les convents, ct, Ie cas échéant, nous ne voyons pas bien ce qu'on pourrait lui répondre. Les scandales, les infamies dont les couvents sont parfois le théêtrenous indignent avec raison; mais il est d'autres moyens, plus sürs que l'inter- vention de l'Etat, pour les rendre h tout jamais impossibles. Que nos grands libéraux, qui tonnent sans cesse contre les empiétements du clergé, commencent par ne plus confier l'éducation de leurs enfants aux Jèsuiteset aux dames de Marie ou du Sacré-Cceur. Ce sera déja un grand pas de fait, car c'est par l'exemple qu'ils donnent aux populations des campagnes que les couvents se recrutent si abondamment. Mais nos grands li béraux n'ont garde Ie jour oü les couvents viendraient disparaltre faute d'élèves, ils en seraient malheureusement autant peinés que les Jésuites eux-mêmes. Le tir a la cible, la seule fète de tont Ie pro- gramme du Tuyndag qui eut quelqu'importance et dont nos dêtaillants, hêteliers, cabaretiers et autres étaient en droit d'attendre quelques béné- fices, a fait un fiasco complet. Des plaintes s'é- lèvent de toutes parts et nous avons entendu beau- coup d'étrangers exprimer leur mécontentement sans aucun ménagement. Jamais, on De vit, pa- rait-il, tir plus mal organisé. C'est h peine si ce tir fut annoncé dans Ie pays et seulement au der nier moment on en fit connaitre les conditions. Si grandes étaient les hésitations de la part des orga- nisateurs qu'il parut, dit-on, trois édilions diffé- rentes du règlement avec variantes successives. Aussi beaucoup de gardes civiques s'abstinrent-ils et, parmi les plus pressês, parmi ceux qui avaient pris leur inscription dés les premiers jours, beau coup reculèrent après avoir lu le programme. II y a une quinzaine d'années environ, nous avions eu a Ypres un magnifique tir auquel prés de 2,000 amateurs prirent parton comptait sur 1,500 cette année, a peine y en eut-il la moitié. Ici on voyait défiler dans le cortége des groupes de dix, douze enfants avec des écriteaux marquant la place de gardes civiques abserites. Plus loin, c'étaient trois ou quatre gardes représentant une grande localité. A l'intérieur du tir, même défaut de pré- voyance. On n'avait pas songé seulement numé roter les blancs tirês et lorsqu'on les apporlait au contróle, on ne savait pas le plus souvent auquel des trois tireurs ils appartenaienl. L'absence d'une cible a volonté a contrarié tous les gardes et les chasseurs-éclaireurs étaient vi- vement désappointés lorsqu'i!s se sont vus obligés de tirer a 90 mètres avec leur arme de précision. Jamais l'insuffisance et Ie mauvais emplacement du local de tir n'a sauté plus clairement aux yeux. Bref, tout le monde était mécontent. Aussi, au lieu de passer la nuit en ville et d'y faire, par con. séquent, des dépenses, des gardes en grand nombre sont partis le dimanche soir, la plupart même saus avoir tiré. A qui incombe la responsabilité de ce deplo rable résultat Est-ce a l'autorité communale? Est-ce a la commission supérieure Peut-être bien un peu a toutes deux. II est certain que le tir a été décidé trop tard et qu'il n'a pas été suffisamment annoncé. II est non moins certain que quelques-uns ont voulu tout régler seuls et qu'on a introduit dans la com mission des éléments qui, pour y figurer, n'avaient d'autre qualité que leur manie de se faufiler par- tout. Ailleurs, l'administration locale n'intervient dans ces sortes de fêtes que pour accorder des subsides elle en abandonne l'organisation aux chefs de corps qui, de leur cóté, sont secondés par tout le corps d'officiers, sans mélange. C'est a peine si a Ypres on a jugé utile de con- stituer un tout petit nombre d'officiers en sons- commission. Encore ont-ils été convoqués au der nier momentaucune initiative ne leur était per- mise, ignorants qu'ils étaient des moindres dé tails. Et quand les gardes étrangers arrivaient par les divers trains, personne pour leur tendre une main fraternelle, personne pour les accompagner en ville et leur en montrer les curiosités ou les agréments, pas même une commission pour les recevoir au bal soi disant donné en leur hon- neur. Ce ri'est pas au corps d'officiers qn'il faut s'en prendre de cette malencontreuse organisation, mais aux ordonnateurs de la fète. Le corps d'offi ciers souffre de ces maladresses paree qu'il se sent blessé dans sa dignité, aussi bien que la popula tion ypro'se tout entière comprend que i'incurie de quelques-uns a fait une large brèche a son an tique réputation d'hospitaiité. Le tir, dont tout le monde s'était promis les plus heureux résultats, devait ètre une fète lucra tive pour les uns, agréable pour les autres, belle pour tous. Au lieu de cela, il a été une déceptiori générale, plus qu'une déception, un échec, plus qu'un échec, une chute. Pareille fète, grèce aux mauvaises dispositions prises, est désormais im possible Ypres car il n'est plus un seul corps de garde civique qui consentirait a y venir prendre part. Et voila comment, au lieu d'accroitre la prospérité périclitante de la ville, certaines gens ont le don néfaste de gêter tout ce qu'ils touchent. ZSisum teneatis, aiuici. Pour la première fois peut-être depuis que la société existe, il n'y a pas eu bal cette année au local d'été de la Concorde. Cette subite modifica tion un usage traditionnel a surpris tout ie monde. Nous en croyons connaitre la raison.

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 1