Sub Pontio PilatoQue loules les générations viennenl apporter a Ponce-Pilate le tribui de leur mé pris et le prix de sa peur. Pas plus que \e Journal d'Ypresnous n'aimons les laches. Mais noire pieux confrère nous semble avoir médiocrenient réfléclii avanl de composer sa catili- naire. Pendant que Ponce-Pilate se lavait Iéchemenl les mains de la mort du Christ, le premier des apótres, Pierre, tremblant devant la servante de Pilate, re- niail non moins Iéchemenl son maitre. a Je ne con- nais point eet homme, disait-il. Et cependant l'Eglise a canonisé la léchelé de Pierre! Que le Journal d'Ypres v prenne gardesi nous al- lions le dire a Borne, il risquerait d'être excommunié. Ooquignoles. Encore quelques équipécs du genre de celles don- nées en spectacle, a propos des lois sur la miliceet la contrainle par corps, et le régime parlementaire beige subira le sort de la monnaie demonétisee condamna- tion a une impitovable et compléte refonteLes langueurs enlrecoupées par de brusques soubresauts, sont les signes avant-coureurs de la pthisie, et les poumons législatifs nous paraissent dèja gravement alteintsLe doctrinarisme serait-il, peul élre, ce poison lent, qui envahit, si i'on n'y prend garde, les organismes les plus puissants, pour aboutir fatale- ment au rachitisme Les faits semblenl l'établir. Et voyez 'comme le mal est graveLe similiasimilibus, homéopathiquement appliqué a la double doctrine, n'a pour effet que de précipiter la catastrophe; et l'on se demande avec anxiété si Ie temps de téler un peu du contraria conlrariis n'est pas arrivé?.. A en juger par ce qui se passe a Gand et ailleurs, ce régime curalif prend la cordePuisse-t-il amener une prompte guérison! Mais si les convictions baissent et se marchandent, si les plus brillantes fleurs meurent tristement pen- chées sur leur tige desséchée, si les principes chan- cellent et roulent pêle-mêle dans la boue noire, si le perindè ac cadaver détróne doctrinairement le libre— arbilre, s'il devient de mode d'abriter derrière Ia prescription ses palinodies, ses peurs, ses volte-faces et sa couardise, si on ne rougil plus d'élever a la hauteur d'un axióme libéral que l'existence de l'abusestson excuse, r sa raison d'être, il est pour- tant a ces dégradations une compensation qu'il serait injuste de taire le bon ton, le savoir-vivre, le lan- gage fleuri et parfumé de la bonne compagnie ont fait d'incontestables conquêtes dans l'enceinte législative; on le sent bien, le contact de M. Van Merris commence opérer, les relations sont plus ouvertes, les étroites resistances l'union des membres semblent vain- cuesAh qui done oserail nier ['influence de ces hommes de pénélration profonde sur leur entourage? Cage a oisons, disait irrévérencieusement feu le comte de Mérode, en parlant de la Chambre repré- sentative sous l'influence Van Merris o Ministériels serviles, hurle M. Dumortier; menteurs, n ex- clame M. Frère-Orban; faux libéral, faux démo- crate, fabricanl de gachis, crie M. Bara saltim- bauques, M. Coomanslégislateurs ignares, n le financier-avocat BarbansonNe se croirait-on pas transporté en pleine Cour des Miracles?... Vons voyez bien qu'il y a progrès de ce cóté, que l'initialeur de ces belles manières N'est pas ce qu'un vain peuple pense II est vrai qu'en Anglelerre et dans les pays civili ses en général, ce langage, aussi distingué quemarol- lien, conduirait ailleurs qu'a la pairie Franchetm nt la, nos honorables doctrinaires, qui lisent et disenl lant et de si belles choses, ne médite- raient-ils pas avec fruitentre deux boxcetle pensee de Macaulay On peut étre renversé B par les actes des aulres, 011 n'est déshonoré quo n par les siens t O vous qui blasphémez la sainle foi en propageant cette hérésie, que la doctrine et son application ne sont pas bonnet blanc el blanc bonnet, oyez cette mise en pratique du préespte chrétien Aimez-vous les ims les aulres, Deux rcligicuses, deux sainles filles, vouées a l'ascétisme Ie plus rigoureux et a la béatitude de la contemplation perpéluelle, le pistolet au poing et décoslumées ad hoe, viennent de Descendre sur l'arène Oü se traine la liaine pour s'y livrer aux jouissances d'un duel a mort. Historique Le Movimenlo affirme que ce massacre de guimpes avait pour seul motif la jalousie inspirée par le Céleste Epoux. Celeste Epoux?... Sous forme d'un grenadier barbu, alors?... II est bon de ne pas l'oublier, pour les filles cloilrées, un paysan est un homme. Le Sainl-Fère, le doux et tendre Pie IX, vient de 'faire couper la lêle a un de ses bienheureux sujets c'est l'application calholique de la parole du Maitre Tu ne lueras point. Ecclesia abhorrel a sanguine Monseigneur le Nonce apostolique et romain prés la cour de Bruxelles, mollement étendu sur les cous- sins de son carosse sacro-saint, trainé par quatre chevaux de sang, menés par un cocher attifé comme les laquais de ces dames, s'est donné la douce satis faction de passer au triple galop de son attelage o A travers le fer, Ie feu des hataillous qui opposaient une digue légale a ses ardeurs ita- liennes. A coups de fouet, a coups de jurons, l'automédon sacré a écrasé le pauvre peuple 1 Gomme tout chef de bonne maison, Monseigneur Cattani venait. avant eet exploit romain, de relire ce passage de la Bible Ne possédez ni or ni argent, ni aucune monnaie dans vos ceintures, ni sac pour la route, ni deux tuniques, ni chaussures, ni béton, car l'ouvrier estdüsa nourriture. Le béton eut constitué une contravention a la loi de Dieu, mais le fouet? lie Pont International entre l'Angleterre et la France. Suite et Fin. Voir notre N° du 2 Mai.) Voici le système combiné par M. Boutet pour la construction d'un échafaudage sur la mer Oq pose d'abord, entre la culée et la première pile, cinqautres piles plus pelites, dites intermédiaires, a une distance égale l'une de l'autre et divisant ainsi la grande travée en six autres, de 500 mètres cha- cune. Sur loutes ces piles, on tend parallèlemenl trente mètres de fil de fer, a deux mètres d'écartement, qu'on relie les uns aux autres par d'autres cébles plusfaibles, disposés perpendiculairement aux grands cables et les maintenant dans leurs positions. On forme ainsi une tresse de 60 mètres de largeur, ten- due au moyen de poids mobiles qu'on pousse en avant a mesure de ravancenient des travaux. Cette tresse, recouverte d'un plancher et garde-corps, de vient un vrai pont de service, semblable aux ponls suspendus, avec cette difference que la force en est cent fois plus grande. Sur ce pont provisoire, on établil un échafaudage en bois qui supporte les poutrelles du pont pendant la construction. Notez que la navigation n'est nullement entravée, attendu que Ie pont de service,est a une hauteur suf- fisante pour que les plus grands navires puissent passer en-dessous sans Ie moindre inconvénient. On commence alors a construire le pont définitif. II est évident que la difliculte d'elablir des piles éiant vaincue, tous les systèmes de ponls métalliques rigides, actuellemenl en usage, auraient pu être em ployés pour relier les piles entre elles. Mais chacun de ces systèmes eüt exigé un nombre de piles consi- dérable et aurait ainsi entravé et rendu dangereuse la'navigalion sur la Manche. M. Boulet, après avoir imaginé diverses combinai- sons, s'est arrêlé a la suivante qui est aussi simple qu'originale. Supposons qu'il ffit possible d'apporler el de placer t nlre la culée et la première pile d'abord, entre les autres piles ensuite, enfin entre la dernière pile et l'autre culée d'immenses poutrelles de 400 mètres chacune, otfrant une résistance specifique assez grande pour résister d'abord a leur propre poids, ensuite au poids qu'elles devront supporter. Si cela étail possible, notre problème serait résolu. Ne pouvanl transporter d'aussi monslrueux engins, M. Boutet s'est imaginé de les construire sur place, brin a brin en quelque sorle. Comme l'araignée qui, fil par fil, tend sa toile entre deux points relative- menl éloignés, notre inventeur tend entre chaque pile principale un cêble de fer, puis un second, puis un troisième, tous placés a 50 cenliroètres l'un en dessous de l'autre, jusqu'au nombre de 120 cébles de 0.05 de diamèlre. La plupart de ces cables diminuent successivement de longueur a mesure qu'ilsse rapprochent du centre de la trabée. A la clef de la voüte surbaissée qu'ils forment alors, il n'y a plus que trente cébles au lieu de 120. Tous ces cébles sont tendus par un procédé nou veau, trés simple et trés original, mais dans l'expli- cation duquel nous n'avons pas le temps d'entrer ici. l.orsque la lension est faite, on entrelace ces cables de cébles plus petits, s'entrecroisant mutuellement de manière a former des losanges de 45 degrés. On constitué ainsi une tresse verticale, c'est-a-dire posée sur champs, dont on peut resserrer les mailles.d'a- près le poids qu'elle duit supporter. Entre chaque pile, on construit ainsi cinq tresses parallèles de même force. Enfin, ces cinq tresses, soutenues par des moniants de fer rigide, maintenues par des boulons qui s'ap- puient chacun sur un des grands cébles longiludi- naux, reliées enfin par des croisillons de fer de ma nière a rendre tous les éléments solidaires, ces cinq tresses, dis-je, forment une seule et immense poutrelle jour, d'une puissance de résistance incalculable et, relativement, d'une très-grande légèrelé. Et notez bien que ces poutrelles d'un nouveau genre sont reconnues par les hommes compétents, d'une solidité a toute épreuve. II sufïit, dit un ingénieur, d'examiner les plans en détail pour reconnaitre que M. Boutet est un homme essenliellement pratique, connaissant a fond l'artdu mécanicien et l'emploi du métal. Ainsi, il n'y a dans tout l'édifice aucune de ces pièces de forges, toujours coüteuses, point de tournage, etc.quant a l'ajustage, il est facile, puisq u'il ne s'agit que de bou- lonner. M. Boutet a prévu un fléchisseinent général de douze mètres environ, lorsqu'on enlèvera l'échafau- dage, c'est-a-dire les cinq piles supplémentaires et le pont de service. Ge fléchissement, qui romprait ine- vitablemenl un pont rigide, n'offre aueun danger, grêce a la souplesse des cébles et la faculté que pos- sèdent les tresses de se resserrer sous la pression. II y aura done, comme le dit l'auteur, un simple refou- lemenl, el l'ensemble du pont, agissant par poussée sur les piles et sur les culées, restera aussi inébran- lable que celui-ci. Le corps du pont, composé de cinq tresses reliées les unes aux autres, comme nous l'avons dit, a 60 mètres de hauteur contre les piles, el 15 mètres seu- lement a la clef. Aux endroits oü il est le plus, il dó- passe de 12 mètres la hauteur des plus forts navires. Les garde-corps ont 6 mètres de hauteur. Le tablier a une largeur de 52 mètres. Sur les piles, la largeur est encore plus grande. Toutes les parties de fer sont galvanisées et recou- vertes de gutta-percha. La résistance est ealculée de facon a supporter douze trains complets, chargés maximaet se rencontrant dans l'axe d'une travée. Les vents les plus furieux n'auront pas de prise sur ce colossal treillis de fer dont le poids, d'après les calculsde M. Boutet, est trente-six fois plus fort que l'ouragan. - La largeur du pont comporle quatre voies ferrées, deux routes pour chevaux et voitures et des trottoirs pour les piétons. Aux pi les il y aura des pavilions pour les gens de service. M. Boutet propose même d'établir sur la pile du milieu, moitié plus grande que les autres, une station avec ses dépendances. Les piles, loin d'enlraver la navigation, lui seront utiles. Sur chacune s'élèvera un phare. En outre, ces piles aideronl au sauvetagedes navires désemparés qui parviendront a s'y accrocher. Le choc nesera pas a craindre vu l'elaslicité des cables tendus verticale- ment autourde chaque pile et qui lui feront une sorle d'énorme coussinet. Enfin un équipage, forcé d'aban- donner son bord, peut se sauver en montant sur le pont au moyen des galeries entourant les piles et d'un escalier pratiqué dans l'intérieur de chacune d'elles. Tout est done prévu, combiné de la facon la plus ingénieuse et la plus rationnelle. Notre inventeur, pour relier l'Angleterre au cou-

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 2