vin d'Ypres. Nous nous sommes abstenus jusqu'è présent de tout commentaire concernant le suc- cesseur de M. G. de Stuers, ayant l'habitude de oejuger les hommes que quand ils ont posé des actes, c'est-è-dire quand ils se sont fait connaitre. Nous pensons que c'est la la voie la plus sage et la plus prudente. Nous ne demandons pas mieux que de rendre justice a qui de droit nous serons les premiers louer Ie nouvel échevin quand son administration sera marquée au coin de l'équilé et du progrès, mais aussi nous ne faillirons pas a notre mission de critique impartial, sévère et juste, s'il a la faiblesse de ternir son passage par des défaillanees comme nous n'en avons que trop vu de tristes exemples. Nous aurions mêrae le désir de laisser percer des espérances, nous au rions même, disons le mot, la démangeaison de faire entrevoir, fut-ce de la fagon la plus discrète, une auréole douteuse d'un caractère libéral et indépendant, qu'encore nous nous sentirions arrè- tés dans nos aspirations a exprimer ces espé rances. Après 1'article dithyrambique que consacre le Progrès a l'avénement du nouvel échevin, il nous semble a nous, comme h la plupart de ses lec- teurs, que tout développement ultérieur est au moins inutile et qu'après tant d'encens brulé sur l'autel de la Flagomerie, on peut tirer l'échelle et laisser au temps le soin bienfaisant de dissiper toute cette fumée asphyxiante. En effet, ne di- rait-on pas lire le Progrès du 15 aoüt que la salie des Magistrats n'a été restaurée qu'è la grande gloire de M. le chevalier Hynderick, de dame Ida de Ghelcke, de M. le bourgmestre de Zonnebeke et sa noble compngne future, et que M. le chevalier G. de Stuers n'a quitté les hon neurs que paree qu'il se sentait indigne de reraplir la place si naturellement et héréditairement dé- volue a celui que l'arrêté royal du 11 courant v ent d'appeler a ce haut poste. Non, pour nous spectateurs froids et non aveuglément enthou- siastes, nous n'accordons ni a l'un ni l'autre eet excès d'hormeur ui eet excès d'indignité, et après cette phraséologie abracadabrantenous nous disons Timeo Danaos et dona ferentes. Car, après tout, il n'est personne qui ne se dise, en présence de ces féeries comioo-politiques Qui trompe-t-on ici? n Nous ne pouvons nous laisser aller l'idée que dans cette comédie M. Hynderick joue le róle de Henys-le Tyran et le Progrès celui d'Aristippe. Un jour qu'Aristippe voulait se rendre Denys favorable, il simula un mouvement d'expansion cordiale et se jeta genoux embrassant les pieds du tyran de Syracuse. Ses amis blesses de cette bassesselui en firent un reproche sanglant. Que voulez-vous, répondit-il, s'il a les oreilles si prés du talon Notre Aristippe de la rue au Beurre peut croire que notre échevin a les oreilles aux pieds, mais il se trompe fort M. Hynderick n'est pas un tyran de Syracuse et comme il n'em- brasserait jamais personne aux pieds, jamais il ne laisserait fléchir par un pareil acte de vasselage. C'est ainsi que nous aimons juger la situation et pour ne pas nous tromper, nous remettons toute louange comme tout blème, attendant M. Hyn derick k l'ceuvre et espérant que, comprenant l'esprit de sa ville natale, il saura y faire honneur et secouer toute idéé de caste, malheureuse en- trave tout développement général. Nous ne parierons done pas des tiraillements qu'on dit avoir eu lieu dans certain cercle et d'oü est sorti triomphant le nouvel échevin, grèce l'influence personnelle et pressante de M. Van- denpeereboom nous n'en dirons pas davantage de Ja protestation de la garde civique, en face de la- quelle la nomination qui nous occupe est jugée sévèremenl en ville par beaucoup de personnes qui n'y voient qu'un soufflet donné a l'opinion publique; nous ne reviendrons pas sur la lettre dont la procession de la Tuyndag a été l'occasion; nous ne soufflerons pas un traitre mot du libéra lisme de sacristie qu'on attribue au nouveau ma- gistrat dans certaine partie de l'arrondissement enfin nous mettrons, pour le moment, le sabre au fourreau, sachant par les lemons de l'histoire que malgré tant et de si gros péchés, saint Au- gustin n'en est pas moins devenu un des plus vaillants soldats de son Eglise et espérant que ce qu'a pu faire l'un l'autre peut le faire. Mais si notre sabre est au fourreau, il n'en est pas pour cela mis de cóté et nous tenons a le manier dans la suite avec toute notre indépendance et en toute liberté. Inauguration de Ia Salie du Magistral. Un coin du tableau resté dans l'oiubre SI. Wan- denpeereboom de neuf habillé Mirobolante rentrée en scènet... La grosse caisse des grands journaux l'annonce la Belgique es- bahie M. Alphonse Vandenpeereboom, eet ami éclairé des arts et manufactures, est en même temps et d'un même contexte, heureux possesseur des vins d'Espagne les plus généreux et toujours jeunes, a l'instar de leur heureux propriélaire, ce malgré le nombre respectable de printemps accumulés sur leur têle. Tout cela est bien fait, sans doute, pour relever la gloire artistique et archéologique d'Ypres, mais voici qui est autremenl renversantRien que deux gouttes de cette ambroisie, transforment le grand mi- nistre aux yeux des consomtnateurs privilégiés, en un foudre d'éloquence... En matière de surprises drólatiques, la dive bouteille a-t-elle jamais rien pro duit d'aussi phénoménal 1 Quelle est done la fée, em- prisonnèe derrière ces bouchons enchantés M. Vandenpeereboom, l'homme aux convictions d'airain, parlant des tiers communiers, inébranlab'es comme le roc, est saDS doute un spectacle bien fait pour émouvoir. C'est un peu le père Choppinet pro- noncant l'éloge de Voltaire 1 Foin de Ia politique... tout pour les arts I Pas mal, M. Ie ministre, pas mal du tout, cette resolution procédé d'une profonde sagesse, unie a une salutaire prudence.... II est, en effet, une politique que 1'on pratique l'ombre des frères et amis, mais qu'il est habile, sous les regards indiscrets, de cacher dans les plis de sa renommèe. Puis, ce qui n'est pas toujours com mode, sinon tout a fait gênant, c'est qu'a Ypres, l'im- placable histoire de tous les jours, se dresse en face des paroles et les recoins de la vaste salie des Halles abritent plus d'une statue du commandeur 1...M. Van denpeereboom le sait, et voila comme quoi il s'est at taché, comme un désespéré, aux üancs de l'archéo- logie. La chronique ne dit pas un traitre mot de M. Van Merris cependant, puisque le vin ministériel a le pouvoir de la transformation, nous ne compre- nons pas ce manque d'égards vis-a-vis du Benjamin de la trinité, l'ami éclairé des arts plastiques. C'est fêcheux, très-facheux Les salons du grand ministre ne sufïiseut pas, dit le chroniqueur, a abriter les innombrables amis de M. Vandenpeereboom. Socrate n'avait pas la même chance il est vrai de dire qu'il n'a été ni député, ni ministre. Nous est avis que si, en un soir de liesse, toutes les nuances et toutes les fractions de nuances des opinions de M. Van denpeereboom, étaient représentées en chair et en os, les grandes Halles d'Ypres n'y suffiraient pas. Heureux M. Vandenpeereboom 1 La tactique du Progrès est vraiment admirable, rien ne saurait le rnettre dans la gênes'il trouve une difficulté a répondre, il invente des correspon dences de Poperinghe ou d'ailleurs quand il a débité des hérésies doctrinaires, il va jusqu'a désavouer sa propre oeuvre et soutientque l'on ne saurait répondre de tous les articles qui s'impriment dans un journal quand la réplique lui parait difficile, sinon impossible, il regrette amèrernent de ne pouvoir donner suite a de bons et bienveillants articles qu'il recoit de ses bons amis, et probablement trés flatleurs pour eux, mais qui ont deux torts graves, celui de n'avoir ja mais existé et celui de ne jamais paraitre, et tout cela se couvre sous un gracieux mépris qu'il voue a l'un de ses confrères mais pour ses amis, il est jo vial au point de leur ouvrir ses colonnes pour repous- ser les attaques dont ils sont l'objet, certain d'avance qu'elles resteront fermées; enfin il pousse l'excentri- cité au point de nous montrer les becs et ongles de ses amiset quand bien même il nous ferait voir leurs belles dents, elles ne pourraient jamais rien contre les choses vraies; du reste, c'est la centième fois que le meilleur parti a prendre pour le Progrès est de répondre silencieusement. (CoMaiuNiQUfi.) La nomination de M. A. Hynderick comme échevin de la ville ne semble pas avoir satisfail tout le monde. A la suite de cette nomination, deux démissions si- gnificatives ont été adressées, dit-on, au président de I'Associalion libérale, l'une par M. Auguste Vanden- boogaerde, ancien major de la garde civique, l'autre par M. Désiré Vandenboogaerde, notaire a Pope ringhe, cette dernière longuement motivée. On an nonce que d'autres suivront prochainement. l/hospltalitê beige. Notre gouvernement vient eDcore de se manifester dans toute sa beauté doctrinaire. A la première nouvelle de l'amnistie du quinze aoüt, a Paris, il a compris qu'il nepouvait pas, sous peine de soulever la conscience publique, se montrer plus que l'empe- reur lui-même ardent a chatier les ennemisde l'Em- pire. II a done fait remise a M. Charles Bachelery du restant de sa peine qu'il subissait a la prison des Petits-Carmes. Mais, voici l'admirable Alors que par suite de l'amnistie, la France est ouverte librement M. Ba chelery et consorts, le gouvernement beige chasse de notre sol (hospitalier dans les Prabangonnesce même citoyen qui a le droit de reutrer a Paris. Hier, M. Bachelery a été extrait de sa celluie et con duit par deux agents a la frontière hollaudaise... Détail plus admirable encore On a traité M. Ba chelery en malfaiteur dangereux. Au moment ou on est venu lui signifier, sous pré- texte de grace, I'ordre d'expulsion qui couslitue, en déffnitive, une aggravation de peine, M. Bachelery, pris au dèpourvu a demandé a mettre ordre a ses affaires et a voir tout au moins sa femme pour lui donner quelques instructions. Tout cela lui fut refusé net. Du reste, on avait profité d'une heure oil M"10 Ba chelery n'était pas auprès de son mari pour enlever celui-ci. Je dis enlevercar le coup fait par ('auto rité, la dérobée en quelque sorte, a eu bien plutót le caractère d'un enlèvement que celui d'une expul sion dans les formes légales. Quand une heure après, Mme Bachelery se présenta a la prison, on ne put ou on ne voulut lui donner au- cune explication Votre mari a été dirigé sur la Hollande voila laseule réponse qu'elle put obtenir a ses interrogations anxieuses. 11 nous reste a parler du sortde la souscription ou verte en faveur de M. Bachelery. C'est ce que nous fe- rons plus tard, après nousêtre entourés de quelques lumières indispensables. 11 y a des sujets qui deman- dent a n'être abordés qu'a vee précaulion.Une fois bien éclairés, nous éclairerons les autres, sans passion, sans fiel, mais sans faiblesse aussi. V. de la H. Correspondence particuliere de Ï'OPMIOJI. Bruxelles, 20 aoüt. Que voulez-vous que je vous dise Les solitudes de la mer Morte ne sont pas plus silencieuses et plus mornes que le monde politique du moment. Ce matin, comme j'avais a vous écrire, je me suis mis en devoir de rechercher quelques nouvelles. Rien IRien Rien J 11 y a bien la question des couvenls, soulevée depuis quelques jours a propos du drame de Cracovie mais la plupart de vos lecteurs doivent être au courant de la polémique qu'elle a suscitée dans la presse, et je désespère de leur apprendre la-dessus quoi que ce soit qu'il ne sachent aussi bien que moi. En résumé, tout ce grand débat se réduil a savoir

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 2