Le tout payable d'avance. JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT ÏPRES,' IJiuianche Septième année. N' 35. 29 Aoüt 1869. i PH1X U'ABOSiiEMElT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PRIX. DES AliOICES ET DES RECLAMES 10 Centimes Ia petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Paraissant le dimanche. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue de Dixmude, 59. On traite a forfait pour es annonces souvent reproduites. Toules lettres ou envois (Sargent doivent être adressés franco au bureau du journal. Le Concile oecuménique La question est toute d'actualitètous les gouvernements s'en préoccupent vivement et ils n'ont pas tortils sont en cause et les peuples bien davantage encore. Si vous ne protestez pas contre les conciles in- faillibles vous êtes sensé y obéir et subir ses lois done la logique et la politique vous ordonnent de remuer et de fouiller cette question dans tous ses recoins sous peine d'abdiquer. Que répondrez-vous quand le Concile par la voix de tous ses évêques vous reprochera le dogme rapte de la souverainetê populaire et votre principe d'in- dêpendance absolue de la raison enmatière de foi, et la négation du Christ dans l'ordre politique Car, diront-ils, roi du monde par droit de nais- sance, Jésus en mourant pour le racbat du genre humain, l'est devenu par droit de conquète. Chez les nations chrétiennes, en effet, sa royauté n'avait- elle pas pris tine forme palpable dans sesminislres? 1° II avait done ses dkoits ils sont mécon- nus. Son droit politique, principe de toute royauté, on Je nie, et on le rerqplace par le dogme de la souverainetê du peuple. 2° Son pouvoir royal sur la société doraestique, vous l'en avez dépouillé. Par le mariage élevé la dignité de sacrement il régnait sur la familie, aujourd'hui, vous le savez, e'est la loi civile, c'est le laïque qui unit les époux aussi, Mgr Dupan- loup se plaint-il hautement tout en annongant le retour prochain au bon principe. 3° II avait son pouvoir jcdiciaire. U l'exer- gait spécialement par les tribunaux de TEglise. Vous les avez supprimés. Le bras séculier ne prête plus son appui a l'exécution de leurs sentences, témoin cette soeur Barbara de Cracovie que vous avez sacrilégement délivrée. 4° 11 avait ses ministrks. Le clergê était le premier corps de l'Etat chez les nations catho- liquesaujourd'hui il n'est plus même un corps. Ambassadeurs du divin roi, les prètres étaient res- pectês des grands et des petits le respect est moindre de nos jours bien que le cocher du nonce puisse eacorefouetter impunément nos soldats sous les armes, et qu'il suffise que sou éminence désa- voue le fait pour rendre son cocher inviolable. 5° II avait ses soldats. Par ce nom, il faut entendre les corporations, les ordres religieux, tous ces grands corps d'armée si admirables dans Vart de soutirer l'argent des gens niais et crédules. Maintenant, les moines se plaignent qu'on les tient dans une tutelle voisine de l'esclavage, et cela, au moment oü les lois répressives des abus et des spoliations des corporations sont démon- trées insuffisantes. 6° II avait des süjhts nombreux. Les èmes. II régnait sur elles par la foi et par l'amour. Grêce a cette royauté, les moeurs publiques, les idéés, les sciences, les arts, les usages, les insti tutions, la société enfin étaient autant de fiefs de la couronne du clergé qui gouvernait sous le nom de Jésus. Us avaient encore les corpsil n'y a pas longtemps que les monastères avaient des serfs et des esclaves. 7° II avait ses trésors. C'étaient les biens de l'Eglise. Jaloux de mériter ses faveurs, les sujets de ce roi bien aimé lui avaient fait de siècle en siècle hommage solennel d'une partie ou même de la totalité de leur fortune. Je donne a J.-C.,notre seigneur et maitre, ainsi qu'è Notre-Dame, mes biens et propriétés. Ceux qui mourraient sans faire ce legs étaient appelés déconfès alors on déterrait les cadavres pour les jeter aux immon- dices paree qu'ils n'avaient pas confessé leur foi. Ces biens ainsi donnés devenaient inaliénablesles prêtres sous le nom de J.-C. en étaient les proprié- tairesexclusifs; ils constituaient le domaine privé de sa couronne. Or, ces biens sont confisquês en grande partie par la société civile, et non-seule- ment on ne veut pas les restituer, mais on a soif de ce qui reste, et d'aucuns proposent de saisir la première occasion pour mettre la main dessus. Peut-on s'imaginer dès lors que le Concile, qui va aviser leur faire prendre des meilleures résolutions, n'est pas une affaire politique? C'en est une, et des plus grosses, mais el le tournera j'espère leur confusion. 8° II avait ses amis. C'étaient les pauvres. Pour eux il était riche eux il faisait part de ses trésors, il les chérissait, il leur avait b&ti des hópitaux, il les visitait, il pleurait avec eux. Ses amis, on les lui óte. Ou lui enlève les moyens de les secouriron annule les legs que la piété veut lui faire leur profit. On s'est emparé de tout ce qu'elle leur avait donnè on entrave la charité de mille manièresjusqu'a substituer la philanthropic a J.-C., pour nous servir du langage du clergé car ce n'est pas nous qui nous plai- gnons, loin de lè. 9° II avait des palais c'étaient les églises. Grèce ses fidèles sujets, l'or, l'argent, les pierres précieuses, le génie des arts, étaient venus offrir leur tribut de reconnaissance au divin roi qui tont appartient (1). Qu'avez-vous fait de ces magnifiques palais On les a pillés, profanés, confisquês ils sont devenus propriétés nationales ou commerciales, si bien qu'aujourd'hui, dans toute l'étendue du royaume très-chrétien, J.-C., le roi des rois, n'est plus qu'en foyer 11! On Ie voit que sans parler des cimetières et de cent autres questions qui touchent intimement a la politique, le Concile aura bien de quoi s'oc- cuper. Comment ne pas blèmer le dédain qu'affecte la société civile devant des adversaires qui ont pour eux les peuples fanatiséstous les rois, et une aristocratie qui lui doit tout son prestige, ainsi qu'une classe d'hommes qui n'attend fortune, considération et pouvoir qu'autant que Rome triomphe La lutte est plus sérieuse qu'on Ie pense, et elle se pro- longera indéfiniment jusqu'è la suppression des ordres enseignants. C'est une erreur de croire que la liberté et Ia fibre concurrence dans l'édu- cation puissent subsister pour les particuliers et même pour l'Etat avec Ie pouvoir formidable dont jouissent les associations religieuses. C'est ce qu'avait compris la Révolution fran^aise et si cette suppression ne se fait pas légalement, elle se fera, tót ou tard, violemment par la Révo lution. C'est a choisir. Trop modeste, le Progrès! Le frère-terrible, dont la prose, épée de Damoclès, surplombe l'oc- ciput de YOpinion, le bipède armé, comme le perroquet, de bec et d'ongles, l'anonyme pourfendeur des brouifions, la tête de Méduse mise en conserves, le boule-dogue qui grogne dans la coulisse, sans mordre jamais le vengeur des frères et amis, n'est pas un mytheil est bel et bien de ce monde, fait en chair et en os, barbu et féroce!... Point de doute nous l'avons vu, touché, palpé... et nous ne sommes pas morts d'effroiü! Aussi, il faut tout dire, avec cette générosité propre au Donquichotisme, le vengeur a eu pitiê de notre peur, et il a livré a nos mains débiles Ia prose pulvérisante, dont une étincelle une seulesuffirait foudroyer YOpinion et ses adeptes. Ah! le bon billet qu'a La Chêtre. Van Coppernolle oui, Van Cop- pernolle, c'est lui-même, a changé sa bonne (1) S. Augustin disait: 11 eslécrit que le monde entier appartient aux fidèles; et les infidèles n'ont pas une obolé qu'ils possèdent légitimement. Garde a vousI Laissez dire, laissez-vous blSmer, mais publiez voire pensèe. Le Conctle oecuménique. L'n my stère «ventré.

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L’Opinion (1863-1873) | 1869 | | pagina 1