JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
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VPIIES, £>i manche
Septième amiée. N° 45.
PUIK U'AUOI^ElIEilT
POUR LA BELGIQUE
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Leg coalitions.
Ceux qui ont suivi avec quelque attention les
phases de la dernière lutte électorale ont du être
frappés,comme nous, des reproches qu'ontéchangè
et qu'échangent encore entre eux les organes des
difïérentes opinions en presence. Partout, on
n'entend parler que de coalitions. Coalitions clé-
rieo-doctrinaires d'un cóté, coalitions radicö-clé-
ricales, de l'autre; il sernble que tous lès revers
et tous les succès ne s'expliquent que par des
coalitions.
Nous avons expfimé assez souvent notre senti
ment sur la moralité des coalitions pour n'avoir
plus a y revenir. Nous ne voulons pas non plus
examiner jusqu'è quel point les reproches de
coalition que se renvoient les partis sont fondés.
Ce que nous demandons auxlibéraux sincères,
quelque nuance du libéralisme qu'ils appartien-
nent, c'est de rechercher avec impartialité les
véritables causes de ces alliances et les fails qui
les expliquent, s'ils ne les justifieut pas tou-
jours.
Un fait certain, incontestable, c'est qu'il y a
dix ans, ces coalitions étaient presqu'absolument
inconnues. Nous avions bien vu 5 Ypres et dans
quelques autres villes du pays les doctrinaires
s'entendre avec le partj clérical pour patror.er des
listes mixtes, mais ce n'était 15, fort heureuse-
ment, qu'un accident sans action importante sur
GHRQNI QUE.
LE TROISIÈME DIMANCHE DE JUILLET.
II y a quelque part sur le globe une peuplade qui
fête, depuis cinq siècles environ, le massacre de ses
ancêtres, le pillage de son pays, l'incendie de ses
cités par les éirangers, les horreurs de la guerre civile
et étrangère, les hontes de la défaite, la destruction
de ses libertès. Ces bonnes gens atlribuent ces événe-
nients a la faveur de leur divinité et, pour l'en remer-
cier, chaque année, a pareil jour, ils s'égosillent
chanter mèlodieusement, en faux bourdon et en plein
soleil, la louange de l'Être bienfaisant qui les a, par
sa grace puissanle, foulés, pressurés, égorgés et en-
chaïnés. Oüest-elle cette gent moutonnière Esl-ce
de ces populations noires qui grouillent prés de
Dahomey? Est-ce une horde engourdie par les glacés
éternelles, dans le voisinage du pöle Noble et savant
baron de Reinsberg Duringsfeld, vous plairait il nous
dire quelle region habite ce peuple original
Le noble et savant baron daigna nous répondre en
ces termes A West-Roosebeke, village situé entre
Roulers et Ypres, dans la Flandre occidentale, on
cèlèbre chaque année, Ie troisième dimanche du mois
do juillet, une messe solennelle suivie d'une proces-
la politique générale. Aujourd'hui, les coalitions
se multiplient, el les tendent 5 devenir une tac-
tique usuelle et a s'introduire dans nos habitudes
électoraies comme une arme de guerre parfaite-
ment légitime.
Comment s'expliquer ce changement, si ce
n'est par les dèfiances que le mauvais vouloir et
les hésitations du ministère ont semés dans les
rangs du parti libéral? Les choses en sont arri-
vées 5 ce point, après douze annêes de gouverne
ment soi disant libéral qu'un grand nombre de
progressistes ne voient plus de remèdé 5 la situa
tion que dans une réaction énergique de l'esprit
public, réaction qui serait, d'après eux, la consé-
quence infailüble de l'avénement au pouvoir du
parti clérical.
Nous n'avons point 5 discuter, en ce moment,
cette opinion, mais personne ne nous contredira
quand nous dirons que beaucoup d'excellents li
béraux, dégoutés de la politique ministérielle,
voudraient voir arriver le parti clérical au pou
voir, dans la persuasion que six mois de gouver
nement du Syllabus nous débarrasseraient pour
toujours et du cléricalisme, dont ils ont horreur,
et du doctrinarisme, qui a trompé leurs aspira
tions. Quoi d'étonnant, dés lors, si ces libéraux
votent, dans les élections, pour des candidats
cléricaux
D'un autre cóté, combien de libéraux, parmi
ceux qui se flattent de représenter plus spéciale-
sion, en actions de grace de la victoire remportéepar
Louis de Maele et ses alliés sur les Gantois, le 27 no-
vembre 1382.
Gette année encore, le dix-huitième jour de juillet
de l'au de grêce 1869, s'est prcmenée la procession
en actions de grêce de la victoire qui coóta la vie
a vingt-six mille Flamands tués par les Francais et
par l'armée du comte de Flandre, alliéau roi de France.
Grand nombre d'auteurs anciens ont racontó la
journée de Roosebeke aucnn d'eux n'a parlé de la
reconnaissance pieuse des populations flamandes.
Nous l'ignorerions done si un baron allemand et un
prêtre flamand ne nous avaient appris eet intéressant
détail, M. de Reinsberg, dans son Calendrier beige
(Bruxelles, 1862), M. le curé Maes, dans son histoire
intitulée Kort begrip der geschiedenissen wegens het
oud vermaerd beeld van Onze Lieve Vrouw te West-
Roosebekeimprimée chez De Brauwer-Stock, a Rou
lers, en 1856. Gette histoire, dit l'auteur, a étéécrite
afin d'exciter davantage la dévotion des fidèles en-
vers Ia trés sainte Vierge.Le digne prêtre doit avoir
atteint son but ou ne s'en être pas sensiblement
écarté, puisque le livre a obtenu I'approbation de
Mgr. l'évêque de Bruges.
Interrogeons avec autant de confiance que de res
pect ces deux écrivains graves et conciencieux.
ment l'élément conservateur, ne se sont pas habi
tués a considérer une alliance avec le parti clérical
comme une nécessité sociale et politique en face
de certaines doctrines dont les principes leursem-
blaient mehacer les bases mêmes de ros institu
tions Or, si ces doctrines ont trouvê quelque
écho en Belgique, n'est-il pas vrai que c'est 5
cause de la résistance qu'oppose Ie ministère aux
exigences les plus légitimes de l'opirion publique?
N'est-il pas vrai, pour ne citer qu'un exemple,
que si le gouvernement avait prêté les mains une
réforme électorale sérieuse, l'idée de suffrage
universel dont s'effraient aujourd'hui tant de libé
raux ne serait pas née ou tout au moins qu'elle
n'aurait pas acquis l'autorité qu'elle a prise depuis
qu'on a vu le pouvoir faire la sourde oreille aux
propositions de réforme les plus modérées?
Ces coalitions radico-cléricales et clérico-doc-
trinaires dont il est tant parlé depuis quelque
temps, elles n'ont d'autre raison, pour nous, que
la politique décevante pratiquée par le gouverne
ment actuel, politique qui produit autour d'elle
le dégoót, la défiance et qui entretient la discorde
parmi ceux qu'elle devrait s'appliquer a maintenir
unissous un mème drapeau. Cette politique vient
de recevoir un coup sensible dans les dernières
élections communales. Nous souhaitons de tout
coeur et nous ferons tout ce qu'il faut pour qu'elle
succombe définitivement le jour oü elle aura
besoin de faire un nouvel appel au corps élec-
toral.
M. le curé, voudriez-vous nous raconter d'abord
ce qui se passa, la veille de la bataille.
Très-volontiers, mon cher fils. Quand les deux
armées furent en presence et que le soir fut venu,
les Gantois et un c.erlain Philippe d'Artevelde (eenera
I'hilippus van Arteveide) qu'ils avaient a leur tête, se
confiant dans la force de leurs armes, après avoir
bien mangé, bu vins a foison, s'être divertis davan
tage, se couchèrent tranquillement. Cependant, Ie roi
de France, le comte, la noblesse et les princes fran
cais avec leurs gens, meltant toute leur confiance en
Dieu plulöt qu'en la puissance de leurs bras, adressent
leursprières au ciel, d'oü ils attendent aide et secours.
Quelle nuit ce dut être pour les habitants de Roose
beke I Avecquel zèle ardent ils invoquèrentl'image de
la Vierge qui étaitalors placèe dans Ie voisinage, au
lieu dit Bois de Ia chapelle et prés d'une fontaine dont
l'eau acquit depuis des propriétés merveilleuses. Toute
cette nuit, chacun fut en prières, excepté Arteveide et
sa troupe uitgenomen Arteveide en zyn volkqui at-
tendaient uniquement le succès, de leur épée et de
leur audace.
En vérité, mon père, ce certain Arteveide devait
être un affreux garnement el bien différent de eet ex
cellent roi de France qui priait dévotement le bon Dieu
de l'aider déconfire et occire des manants et rotu-