jourd'hui. Les candidats du Progrès out done gagné
13 voix sur une augmentation de 45 électeurs, c'esl-
a-dire un peu plus que le quart. Y a-t-il la de quoi
se vanter?
Autre contre-vérité manifeste.
Le Progrès accuse l'opposition d'avoir imposè ses
candidats au moyen de billets marqués. Or, il se fait
précisément que tous les bulletins qui ont élè annulés
comme marqués, portaient les noms de ses candidats.
Voili comme on écrit I'histoire!
D'ailleurs, si Ie triomphe du Progrès est si écla
tant, d'oü lui vient cette modestie dans la victoire,
modestie qui n'est ni dans sa nature, ni dans ses ha
bitudes? Aucun de ces encouragements chaleureux
aux bons (sic) électeurs, aucune de ces proclamations
en grosses capilales occupant une page entière du
journal, dont il était si prodigue aux beaux jours
d'autrefois! L'élection finie, e'est a peine s'il en parle
encore, et, s'il le fail, e'est en quelques lignes étri-
quées et comme par acquit de conscience. On dirait
qu'il a gardé toutes ses angoisses devant le scrulin!
Le Progrès nous rappelle en cette circonstance
l'heureux mortel qui avait gagné un éléphant a la
loterie. II a gagné Ie gros lot, e'est vrai, mais se
trouve fort embarrassé de son butin.
Nous publions la lettre suivante qui nous a été
adressée de Poperinghe, en laissant loutefois a son
auteur Ia responsabilité de ses appréciations
Poperinghe, le 7 novembre 1869.
Aos elections.
I.
Les élections communales du 26 octobre dernier,
a Poperinghe, component matière a réQexion. Le
drapeau libéral a failli Hotter sur l'hótel-de-ville de
notre petite cité, que le R. P. Kerkhove appelait la
Sainle.
Que dirait-il aujourd'hui, lui qui, il n'y a pas
bien longtemps, extasié devant l'asservissement
moral de notre population, se jetant a genoux sur son
passage, s'écria Chers Poperinghois,'je me sens en
pleine jubilation en presence (Pun spectacle aussi en-
courageant que douxvous étes bien les dignes fits de
vos nobles pères, qui écoutaient et suivaient, en toutes
chosesles conseils de leurs pasteurs.
Le saint homme connaissait exactement la valeur
de ce troupeau et Ie prix de la laine de nos bons
pöres. Oal-ils été tondus, grand Dieu, ont-ils été
tondus I
Revenons nos élections Tous les candidats pré-
sentés par l'opinion libérale n'ont été distancés que
de quelques voix par leurs adversaires.
Ce résultat est tellemenl extraordinaire que j'en
crois a peine mes yeux.
En mai le parti libéral était si inconscient de ses
forces qu'il s'abstintde la lutte pour le conseil pro
vincial.
II n'y a que quelques semaines, M. Félix Rom
mens fut battu sur le terrain communal par une
grande majorité accordée a M. Vandenberghe.
Le combat du 26 octobre ne semblait done pas de
voir être pris au sérieux, quoique toutefois de part
et d'autre on fut decide a faire bonne contenance.
L'aspect du camp offrait uo coup-d'oeil imposant:
les catholiques serrés en masse préseniaient un vaste
front de bataille le sourire de Rasile aux lèvres, ils
Sainte-Croix. Toutes ces chapelles existent encore.
Pour Ie chemin, les voisins cédèrent le terrain néces
saire, mais ils s'apercurent qu'après cet abandon,
leur champ n'avait rien perdu en étendue. Le fil de
soie rouge fut conserve longtemps, quoiqu'onen donndt
des morceaux a tous les fidèles. Néanmoins, la lon
gueur totale du fil, quelque retranchement qu'on y fit,
ne diminuail pas. Mais il arriva uo temps oü, voulant
faire argent de tout, on ne distribua plusde morceaux
du fil miraculeux que pour beaux deniers comptant.
La Vierge se courrouca de ce trafic, el le fil divin dis-
parut. II fallut en prendre d'autres qui ne venaient
pas du cielmais comme ces nouveaux fils sont pieu-
sement consacrés, ils ont a peu prés la mêmeeffica-
cité que l'anclen, guérissent de toutes maladies et
principalement des érésypèles. Enfin, pour en re-
venira la procession, bien des gens s'imaginent au
jourd'hui qu'elleest faite pour remercier la Vierge du
Carmel, dont la fète se célèbre ce jour la, d'avoir dé-
tournè la peste qui desolait, de 1660 1666, la ville
de Menin. Ce qui donne de 1'apparence a cette opinion.
lancaient le dèfi au libéralisme de s'inlroduire dans Ia
capucinière, que nos édiles nomment l'hótel-de-ville.
Les libéraux.frémissant de dépit devant cette atti
tude allière et insolecte, se sentant incapables de
vaincre par leurs propres forces, prirent la résolution
d'oublier momenlanément de vieilles répugnances
pour tenir tête a l'ennemi commun.
Cette coalition amena la réparlition des votes dans
la proportion suivante
Libéraux MM. Rommens, Félix, 193,
Lecuse, Jean, 183.
Pharazyn, Charles, 190.
Van Merris, Jules, 195.
Catholiques MM. Van Renynghe, Hubert, 195.
d Devos-Vandenbussche, 208.
Dewulf, llenri, 198.
Billiau, Louis, 196.
Polley, Pierre, 203.
M. Berten, Félix, 299.
Le bureau a contestè la validitè de six bulletins,
qui, s'ils sont annulés, empêcheront M. Rommens de
siéger au conseil communal et signifieront a M. Van
Merris qu'il a cessé d'être échevin et conseiller de sa
ville natale.
II.
Une proteslalion très-détaillée, que lout le monde
a pu lire ici, a eté adressée, m'assure-t-on, la de
putation permanente a l'effet d'obtenir la validation
des bulletins coateslés dont les uns portent Berten,
zaakhandelaar, au lieu de notaris et les autres un
tiret a l'encre sous la nomenclature des candidats.
L'art. 7, 4 de l'arrêté royal du 19 rnai 1867 sur
Ier fraudes élec.orales, semble prévoir et résoudre la
difficulté.
Sont nuls, dit cette disposition royale, les bulle-
tins dans lesquels le votant se ferait connaitre ou
portant a l'intérieur du pli des marques, rêtures,
signes ou énonciation de nature a violer le secret du
vote, d
Si j'interprète bien ces lignes, les deox bulletins
en question ne sauraient être valables, l'énonciation
zaakhandelaar ce signifïanl en aucun cas nolaire, pas
plus que voyageur ne signifie facteur rural ou garde-
convoi du chemin de fer, quoique ceux-ci voyagent
sans cesse.
Ces bulletins font supposer un vote imposé, tout
comme ceux portant un tiret ou toute autre marque.
III.
La protestation qui nous occupe, signale encore
comme élan t un oubli grave des obligations eleclorales,
Ie stationnement de deux électeurs, qui se sont tenus
derrière Ie président du bureau pendant le dépouille-
ment des bulletins.
Cetle accusation est-elle bien fondée? Ce stationne
ment est-il dèfendu? Voyons
L'art. 31 de la loi communale s'énonce comme
suit La table devant le president et les scruta-
teurs, sera disposée de telle sorte que les électeurs
puissent circuler a I'entour ou du moinsy avoir ac-
cès, pendant Ie dépouillement du scrutrn.
Cet article implique-t-il la defense de s'arrêter der
rière le président? Et, en y siaiionnant, si vous em-
pêchetz la circulation, le président qui a seul la police
de 1'assemblee, peut-il exiger que vousquittiez voire
point d'observation pour faire place a d'autres
Le président n'ayant pas juge nécessaire ou conve-
e'est la presence a la procession d'une trentaine d'ha-
bitanls de cette ville. Leurs pères. lorsque l'epidèmie
cessa, firent voeu d'assister toujours a cetle cérémonie
annuelle. Une fois ils oublièrent leurs promesses. La
peste aussilót reparut el les obdgea a faire de tristes
reflexions sur leur infidèlilé. Je nenie pas la parfaite
exactitude de cette tradition, ui le miracle de la Vierge
ni la juste punition qui frappa les coupables; mais,
d'accord a vee M. le baron, j'affirme que la procession
a une origine plus ancienne et encore plus relevée.
Elie commenca probablement en 1384, après que le
bon due Philippe de Valois eut succedé a Louis de
Maele. üepuis lors les habitants de Bourbourg el de
Menin ont l'honneur d'ouvrir la marche et de se pré
senter les premiers a l'offrande de la grand'messe, le
jour oü sort la procession. Cette prerogative, leur a
eté accordée en mémoire du zèle que les habitants de
ces villes montrèrent pour les Francais marchant sur
Roosebeke. Ainsi se conserve le caractère aussi na
tional que religieux de cette auguste cérémonie.
Soil, Monsieur le curé, mais vous ne me dites
nable de prendre cette mesure, il n'y a pas lieu de
s'arrêter a cette partie de la réclamation.
II reste a examiner le dernier grief invoqué par la
protestation et qui conclut l'annulation compléte
des élections de Poperinghe. On prétend qu'une ving-
taine de personnes ont voté sans qu'elles eussent les
qualilés prescrites par la loi a cette fin.
Ces personnes ayant été portées sur les listes qui
ont été publiquement aöichèesaux termes de l'art. 8
des lois èlectorales, sans que leurs noms aient pro-
voqué des réclamations endéans Ie délai déterminé
par la loi, leurs voles ne sauraient être contestés en
aucune facon après le résultat du scrutin.
D'oü il résulterait que M. Ramoen, Félix, n'a pas
été élu conseiller communal, ce qui est infiniment re
grettable, et que M. Van Merris pourra désormais
preparer ses discours pour la Chambre des représen-
tants et se livrer a l'ètude du perfectionnement des
machines hydrauliques propres aux pompes a ineen-
die. II y a la de quoi gagner la croix pour un lieute
nant des pompiers.
A. Van Coppernolle.
M. Van Schoor, sénateur et président de l'd.ssoda-
lion libérale de Bruxelles, a annoncé par lettre qu'il
donne sa démission pour renlrer dans les rangs comme
simple soldat; il constate, en outre, la nécessité de
réorgmiser Association avee des élémenls nouveaux
choisis dans la jeunesse, et de la mettre en contact
plus direct avec les électeurs.
Bon exemple a suivre.
Correspondance particuliere de I'OPI^'IO^I
Bruxelles, 12 novembre.
Nous n'avons pas eu de discours du Tróne et le
gouvernement en a dit la raison, du moins celle qu'il
voulait donner Legouvernement, a répondu M. Frère-
Orban k une,interpellation de M. Dumortier, c'est-a-
dire les ministres, d'accord avec Sa Majesté, ont pensé
qu'il n'y avait aucune raison, dans les circonstances
actuelles, de faire une ouverture solennelle des Cham-
bres, ce qui aurait provoqué une discussion politique
qui n'aurait eu d'autre résultat que de retarder l'ex-
pédition des nombreux travaux dont la Chambre est
saisie.
Telle a été, presque lexluelle, la réponse de M le
minislre des finances. II en résulte que si le gouver
nement ne craint pas une discussion politique, sou
plus grand desir est que la session qui s'ouvre soit
surtout une session d'affaires.
Son désir, fort louable, el que parlageront certaine-
ment une foule de bons ciloyehs, fatigues de luttes
oratoires qui n'aboutissent a rien, son desir, dis-je,
pourra-t-il être exaucé? Helas! je crains bien que
non. Mardi prochain s'ouvre la discussion du budget
des voies el moyens, et si j'en crois certaines rumeurs
qui circulent dans les couloirs de la Chambre, la
droite, encouragée pat' les quelques vicloires qu'elle
a remporlées dans les dernières élections commu
nales, saisirait cette occasion pour engager un grand
debat politique.
La matière ne manquera pas, a coup sür. Les élec
tions communales, les négociations du traite franco-
beige, ('incident du Nonce, le Concile oecuménique, la
la réforme électorale, la question d'Anvers revenant
sur le tapis a ('occasion de la vente des terrains de la
pas pourquoi la procession se fait le troisième di-
manche de juillet, tandis que la victoire, dont elle doit
immortaliser le glorieux souvenir, fut remportée en
novembre. S'il m'etait permis de hasarder une sup
position, je serais tente de croire que cette date fut
choisie pour célèbrer le mariage du vainqueur de
Roosebeke, Charles l'Inseusé, comme on l'appelait,
avec Ysabeau Limpudiquo. II eut lieu le 17 ou le 18
juillet 1385. Le due de Bourgogne, alors comte de
Flandre, avait pris une grande part a cet événement.
Ce n'aurait pas été une mauvaise idéé de fêter le
mêmejour la honteuse union entre un roi imbecile et
une reine luxurieuse, incestuease, marêlre, mépri-
sable et méprisée de toute l'Europe, et l'odieuse vic
toire de Roosebeke, qui coüta tanl de sang et tant de
larmes a la patrie. Oui, ne vous en deplaise et nonob-
siant tous vos contes merveilleux, c'est une honte
pour la patrie et pour la religion de faire d'un si triste
anniversaire une solennité joyeuse.
Revue de BelgiqueMax Veydt.
(la fin au prochain n°.)