JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
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1 PilKS. 1H manche
Septième année N° 52.
26 Décembre 1869.
Le tout payable d'ayancb.
J
Paraissant le dimanche.
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B»as si naïfg
Le Progrès publie, a l'occasion des dernières
élections de Dixmude, un article oü il est beau -
coup parlé de la nécessité, pour les libéraux, de
resserrer les liens qui les unissent. Sans union,
s'écrie-t-il, lout est perdu, même l'lionneur.
L'union est, saus doute, une excellente chose,
mais encore faut-il que ce ne soit pas celle de Ber-
trand et de Baton, et que, des deux associés, l'un
ne soit pas chargé de retirer les marrons du feu
au profit exclusif de l'autre. Si on, l'union n'est
plus que dupcrie, et il n'y a nul danger de perdre
l'lionneur en la brisant.
L'union, les libéraux progressistes ont fait
tout ce qu ils- po ivaieut pour la maintenir. Pen
dant plus de dix arts, malgré les justes sujets de
méconteutement que leur donnait journel ement
un ministère insoucieux de ses promesses, ils l'ont
appuyé de toules lenrs forces dans les élections eri
xotanl pour les candidats qu'ils savaient lui être
le plus agréables et en défendant sa politique
contre les attaques de la presse cléricale. Que
pouvait on leur demarider de plus
Que si nous demandons au Progrès de nous
indiquer, de son cóté, les concessions que les li
béraux doctrinaires ont faites leurs amis, les
progressistes, il sera fort embarrassé de neus ré-
pondre.
Sars parler des injures, des accusations outra-
geantes auxqueiles la presse progressisteest in-
cessnmment en bulte de la part des journaux of
ficieus, sans rappeler les coalitions que le parti
doctrinaire n'a pas craint de former avec ses en-
nemis du parti prêtre chaque fois qu une
candidalure progressiste lui a donné quelqu'om-
brage, que le Progrès énumère les concessions par
lesquelles le ministère a cherché a prévenir la
scission aujourd'hui accomplie Quant a nous,
nous ne nous en rappelons aucune.
Ce que demandaierit les libéraux progressistes
était il done quelque chose de si exorbitant?
S'agissait-il de bouleverser tout l'ordre de choses
élabli et de porter la hèche et la mine dans les
fondements de l'édifice social Mori Dieu, non
Les libéraux progressistes demandaient tout sim-
plement a leurs associés, les doctrinaires, d en-
treprendre résolument la realisation du programme
du Congrès liberal qu'ils avaient adopté, les uns et
les autres, comme le drapeau comrnun de leur foi
politique. Vous ètes au pouvoir, disaient-ils aux
doctrinaires. Eb bien puisque vous y ètes, pro-
fitez-en pour mettre a exécution les réformes sur
lesquelles nous sommes tombés d'accord en 1846
el 1848. Affranchissez le pouvoir civil en sécula-
risant complétemerit les pouvoirs publics. Prenez
en mains les intéréts des classes pauvres en réfor-
mant les impóls qui les grêvent, en adoucissant
pour elles les rigueurs du service militaire, en
creusant de plus en plus profondément les sourees
de l'enseignement populaire, en élargissant les
bases du droit de suffrage, etc., etc. Certes, un
tel programme n'avait rien de bien effrayant, et
des esjtrits livrés aux terreurs de la réaction pou-
vaient seu's s'en alarmer.
Ce programme, qui était le leur, a peu de
cbose prés, les doctrinaires qu'en out ils fait
Aussilól itista 1 lés au pouvoir, ils l'ont fourré dans
leur porhe et, depuis lors, chaque fois que les
progressistes le lui ont rappelê, ils les out traités
d'énergumènes, de révolntionnaires, de commu
nistes, de partngeux et leur ont triéraca, comme
a des chiens enragés.
Pourtant, il n'est pas d'édifice, §i solidement
bèti qu'il soit, qui ne finisse par s'ébranler. Au
jourd'hui que la chaudière doctrinaire, cliauffée
a trop haute pression, menace d'éclater, le Pro
grès juge prudent d'ouvrir une soupape de sureté
et il prend son air le plus aimable pour convier
les progressistes s'unir a lui pour rabistoquer la
machine muiistérielle prête a sauter. Pas si naifs,
ami Progrès. Dix années d'expérience.c'est assez,
e'est trop. II faut vous résigner a ne plus compter
sur nous désormais pour faire \os affaires.
ILes vacances parSemeniaires.
Dans sa séance de mercredi dernier, la Chambre
des reprèsenlanis s'est ajournée au 18 janvier pro-
chain.
Nous ne voulous pas conlester a nos représentanls
le droit de celebrer en familie la fêle de la Noël et de
recevoir les congratulations de leurs electeurs a l'oc
casion du jour de l'an, mais ce que nous leur repro-
chons, c'est d'aller baguenauder pendant prés d'un
mois et de laisser pendant ce long espace de temps
en souffrance les intéréts les plus précieux de la na
tion.
Si encore ils avaient pour excuse la longueur de la
session qui vient d'être interrompue, on pourrait
justilier le besoin qu'ils ont de prendre .quelque temps
de repos, mais il y a a peine six semaines que la
Uhambre est réunie, et pendant ces six semaines,
c'esl tout au plus si I'on a diseute sérieusemeut un
seul projel de lot utile au pays.
La loi sur la milice a été modifièe, il est vrat, mais
de manière a laisser debout les principaux griefs
qu'on arliculait contre la loi ancienne; encore la loi
nouvelle n'est-elie pas compléte, puisqu'on a ajournó
l'examen du projet du gouvernement relatif a 1'in-
demnité accorder aux miliciens.
Quant atix quelques articles du nouveau Code de
commerce qui ont été discutés, ils ont en quelque
sorte été votes an pied levé, et déja on s'apercoit
qu'ils fourmillent de contradictions.
Nous ne parierons pas du vote approbatif donné
par la Chambre a la cess:on de la citadelle du Sud et
a la construction de nouvelles fortifications sur la
rive gauche j'Escaut. Dans cette circonstance,
comme d ins bien d'autres, Ie róle de la majorité s'est
borné a celui rle Pandore dans la chanson des Deux
Gendarmes. Quand on n'a pas autre chose a inscrire
au bilan de ses travaux accomplis, on n'a pas le droit
de prétexter la fatigue pour se livrer pendant prés
d'un mois aux douceurs du repos.
En vérité, la conduite de la Chambre semb'e être
inspirée par le désir de discréditer le régime parle
mentaire. Sous les prétextes les plus futiles, nos soi-
disant représentants interrompent leurs travaux et
reculent devant la discussion des réformes le plus
vivemént appuyées par l'opinion publique. Des dis
cours, des discours et encore des discours, voila tout
le bagage doctrinaire; quant a des actes, il n'y faut
pas penser. On proclame avec emphase Ie grand
principe de laséparation de l'Egüse et de l'Etat et l'on
maintient la loi de 1842 sur l'inslruction primaire;
l'on afiirme que l'autorité civile a le devoir de con-
Iróler les operations des fabriques d'église et l'on
ajourne de session en session la discussion du projet
de loi sur le tempore! du culte; la police des cime-
lières, dit-on, appartient a l'autorité communale et
l'on craint d'nfiirmer l'inconstitutionna'ité du décret
de prairial an XII Nul ne peut être contraint de par-
liciper aux cérémonies d'un culte quelconque, et
chaque jour n >us voyons nos soldats obliges d'escor-
ter les processions et de présenter les armes au saint
Sacrement. En toutes choses la politique doctrinaire
manque de franchise. Nos hommes d'Etat ne visent
qu'a conserver Ie pouvoir a leur profit et a celui de
leurs amis.
Et qu'ori ne dise pas que nous exagérons; les fails
sont la, indéniables. Qu'on nous cite une seule me
sure libérale, prise par nos gouvernants, dans laquelle
on ne trouve une concession faite aux idéés rétro-
grades. Ont ils assuré la liberté de 1'enseignementT
Non. Le prêtre intervient a litre d'autorité dans nos
éco'es. La liberté de la presse exisle-t-elie? Non.
Conirairement au texte et a l'esprit de la Constitu
tion, nous voyons chaque jour les dèlits de la presse
defèrés aux tribunaux civils. Possédons - nous au
moins la liberté d'association? Pas davantage. Sui-
vant son bon plaisir, le gouvernement accorde ou
refuse i'autorisation de constituer des sociétés ano-
nvmes. Toutes ces libertés solennellement proclamées
dans notre pacte fondamental recoivent chaque jour
des aileinies, sans que le doctrinarisme fasse le
moindre effort pour en garantir l'application.
Et c'est alors que tant de réformes utiles restent
a accomplir que nos gouvernants doctrinaires songent
a prendre un long repos. N'esi-ce pas la le comble
de l'insouciance?Mais que leur importe! Nejouissent-
ils pas de toutes les faveurs du pouvoir? Les frères
et amis sont heureux et largement pourvus le
reste importe peu.