JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
VFRES, I)imanche Huitième année. 12. 9 Jamier 1870
Le tout payable d'avance.
IMtlX l>'ABO?linEllEST
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
Pour l'Elranger, le port en sus.
Un Numéro 25 Centimes
PRIX DES AXNOÜCES
ET DES RECLAMES
10 Centimes la petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes*
Paraissant le dimanche.
Laissez dire, laissez-vous blamer. mais publiez votre pensee.
On s'abonne a Ypres,
au bureau du Journalrue de Dixmude, 59.
On traite a forfait pour „es annonces souvent reproduitesToutes lettres
ou envois d'argent doivent être adressés franco au bureau du journal.
Ea réforine Electorale.
La question de 1'extension du droit de suffrage,
posée il v a quelques anriées a peine, a fait en ces
derniers temps d'immenses progrès, et réunil chaque
jour des adherents plus nombreux et plus impatiénts
de la voir résoudre dans une large mèsure. Tous les
journaux, nous en excéptons naturellement lesjour-
naux ministériels, Se déclarent partisans de cette
réforme. Un grand nombre dissociations liberates se
prononcent également dans leur programme en fa
veur de l'admission d'un plus grand nombre de ci-
toyens au scrutin élecioraj.
En presence du mouvement imposant qui se pro
duit, il semblerait que Ie parti doctrinaire doive s'em-
presser de donner satisfaction a ['opinion publique.
II n'en est ricn. Arrivé au pouvoir gróce a une calé-
gorie de citoyens privilégiés, le doctrinarisrae redoute
que l'adjonclion de nouveaux électeurs ne modi He ia
situation politique au point de iui enlever la direction
des affaires. Mais il aura beau faire; qu'il le veuille
ou qu'il ne le veuille pas, la reforrae electorale se fera
dans un avenir proclviin; l'impulsion est donnée et
rien ne s'opposera a l'exécufion de la volonté. popu
laire.
Ce n'est pas l'jn.térêt public, comme on I'affirme
bypocritement, qui guide les adversaires de ['exten
sion du droit de suffrage, mats bien l'intérêt égoïste
d'un parti qui s'est habitué a' gérer les affaires a son
profit personnel. Toute la question pour lui se résumé
en ceci La réforme électorale noes maintiendra-t-
ellé au pouvoir. Or, comme une réponse négative ne
parait pas douteuse, il ne voitdesalut possible que
dans le mainlien du régime acluel.
Nous disons qu'un intérêt égoïste et non l'intérêt
public guide les adversaires de la réforme électorale.
Cette assertion a a peine besoin d'être démontrée.
Les doctrinaires ont si bien compris qu'une reforme
électorale est nécessaire qu'ils nous en ont octrové
une; mais loin de donner satisfaction aux légiiimes
aspirations du pays, cette réforme ne fait que renfor-
cer les rangs du docfrinarisme en accordant le droit
de vote a tous ceux qui, de prés ou de loin, vivent
sous la dépendance plus ou moins directe du Dieu-
Etat.
Rien, maïs absolument rien n'a étè fait en faveur
dé la grande masse de n'os petits censitaires ni en fa
veur de ceux de nos concitoyens qui, bien que n ayant
recu qu'une instruction ordinaire, n'en sont pas
moins aptes a remplir leur devoir de citoyen. La ré
forme électorale, ou plutöt la loi qu'on decore de ce
nom, n'est qu'un leurre; elle ne salisfait en aucun
point l'opinion publique, aussi celle-ci poursuit-elle
ses réciamations aveo une persévérance qui lui assu-
rera un triotnphe significalif'dans un temps qui n'est
pas éloigné de nous.
La réforme dont lë doctrinarisme nous a doté ad-
met comme criterium de la capacité électorale le paie-
ment d'un eens. C'est iè une base que nous repous-
sons. Unsot sera toujours un sot, el si l'habil ne fait
pas Ie moine, le paiement d'un impót direct plus ou
moins élevé n'aura jamais la vertu dé faire d'un im
becile un hornme intelligent. C'est ce que le gouver
nement a compris, mais il ne Pa cOmpris qu'ó moitié.
II a fait un pas dans la voie de l'admission des capa-
cités au scrutin, mais il n'a pas osé appliquer le prin
cipe dans toute son intégrilé. Au lieu de proclamer
que ['intelligence seule octroye aux citoyens le droit
de déléguer les mandataires de la nation, il a subor-
donné ce droit a la condition que l'intelligence serait
alliée a la fortune. Encore cette concession n'est-elle
faile que pour les éleclions communales et provin
ciates. Quant aux élections générales, pour la Cham-
bre et le Sénat, le paiement d'un impót direct de 20
florins continue a donner seul l'accès a l'urne électo
rale. Tous les Beiges qui ne paient pas cel impót sont
traités en parias. II y en a environ onze cent mille
dans cette condition; avouez que s'ils ne sont pas en
bonne compagnie, ils sont au moins en nombreuse
sociétè.
Si c'est par de tels expédients que le doctrinarisme
espère arrêter Ie mouvement, nous avons la ferme
conviction qu'il se, trompe. Le pays, veut une réforme
radicale de sou système électoral el cette réforme, il
l'obtiendra malgré les résislances iutéressées qui
cherchent a lui faire obstacle.
Appel a la présse libérale.
Puisque le Progrès refuse de répondre b nos
questions, force nous est dé tenir pour avérés les
blits sur lesqueis nous I'avons vainement inter-
pellé dans notre n" du 12 décembre dernier et
de les déférer, en les précisant davantage, èt i*op—
préciation de la presse libérale.
La commune de Becelaere possédait naguère
deux ecoles de lilies l'école communale et une
autre, dirigée par des religieuses.
Ces dernières avaient, a cette époque, pour
institutrice, une dame laïque sortie de l'école
normale de Thielt et dont el les ne savaient exal-
ter trop haut le mérite et les vertus.
Cette dame vjrit un jour a quitter leur établis
sement pour entrer l'école communale. Dès ce
moment, les cbères smurs lui firent une guerre
acharnée, taut et si bien que la pauvre institu
trice fut forcée de quitter la commune, il y a un
an et demi, pour entrer dans une des écoles com
munales de Bruges oü elle a enfin trouvé un abri
contre la persécution cléricale.
Aux termes de ('article 12 de la loi de 1842,
ie conseil communal de Becelaere avait pourvoir
au remplacement de l'institutrice déraissionnaire
dans le délai de 40 jours, li n'en fit rien, et le
gouvernement, soit ignorance des faits, soit com-
plicité, s'abstint de toute intervention pour le
rappeler a l'accomplissement de son devoir, bien
que ce même article 12 dispose formellement
que, passé le délai de 40 jours, le gouvernement
est tenu de pourvoir la vacature.
Ceci n'est rien encore; mais ce qui passe toute
croyance, c'est que les bonnes smurs ont profité
du départ de l'institutrice laïque pour s'installer
dans Ie local de l'école communale, qui se trouve
ainsi supprimée de fait depuis un an et demi, et
remplacée, au mépris flagrant de la loi, par une
école purement privée. Les journaux des grandes
villes, qui ce récit tombera sous les yeux, ne
voudront pas nous en croire, et pourtant c'est Ia
vérité pure l'heure actuelle, l'école communale
de Becelaere n'existe plus et son local est occupé
par les chères sceurs religieuses, qui s'en accom-
modent, parait il, le mieux du monde, car elles
ne font pas mine de vouloir le quitter.
Et l'administration communale de Becelaere,
direz-vous, que fait elle de ses devoirs?'Ce
qu'elle en fait, vous allez voir. En ce moment
même, elle est en instance auprès du gouverne
ment pour qu'il consacre le statu quo en accordant
l'école des sceurs le privilége de l'adoption, et
tout porte croire, si la voix de l'opinion pu
blique ne ge fait pas énergiqueraent entendre,
que le gouvernement cêdera aux sollicitations
pressantes qui le circonviennent.
Car les solliciteurs ne sont pas, comme on
pourrait croire, des êmes damnées du parti cle
rical. L'homme qui raarche a la tète de «ette
petite croisade organisée contre l'enseignement
laïque, est un grand libéral, il le dit du moins et
trouve des imbéciles qui le répètent c'est M. le
bourgmestre de Becelaere, conseilier provincial
par la grèce de M. le commissaire d'arrondisse-
ment d'Ypres un autre grand libéral, comme
chacun sait.
L'Opinion n'a pas la prétention de croire que
sa voix ait, elle seule, assez de puissance pour
que le gouvernement tienne compte de ses aver-
tissements.
Qu'importe au gouvernement notre blême ou
notre approbation Mais notre voix sera enteudue,
nous l'espérous, par des journaux libéraux qui ne
déserteront pas leur devoir et qui joindront leurs
protestations aux nótres. C'est en eux que nous
mettons notre confiance pour empêcher la réus
site de la petite conspiratien ourdie a Becelaere,
au su et avec l'approbation de M. le commissaire
d'arrondissement d'Vpres. Nous n'avons qu'un
mot a ajouter c'est qu'ils n'ont pas un instant a
peidre s'ils ne veulent pas arriver trop tard.
Correction du scrutin, a Poperinghe.
Nous nous sommes permis de douter quelque peu
de la haute iraparlialité du gouvernement eu matière
électorale. Sans vouloir nous appesantirsur ce sujet,
qu'il nous soit permis de puiser unedernière particu-
larité dans la discussion de la loi sur les fraudesélec-