lou. lis savent que quelques uns se plaignent que
l'autorïlé communale ait fait distribuer aux elecieurs
un seal bulletin timbre au lieu des cinq presents
par la loi. II est vrai que d'autres, en Deaucoup p'us
grand nombre, soutiennent Ie contraire et, dans tous
les cas, ceux-la mêmes qui se plaignent ont signé le
registre de réception et reconnu ainsi par anticipa
tion le peu de fondement de leurs plaintes actuélles.
Quoiqu'il en soit, on n'a pas cru que quelques
rares variations dans le n'ombie des bulletins distri-
bués, si elles s'étaient produites, avaient pu indueo-
cer le résultatdu scrutineta liruges personne, non-
seulement parmi les membres de la dépulation per
manente, mais pas même M. le gouverneur, n'etait
d'avis d'invalider les elections. Restait un personnage
infime par sa position et par sa valeur personnelle,
mais redoutable par son esprit d'intrigue, un hotmne
rompu aux manoeuvres les plus sournoises de la po
litique, dont les acles et les paroles sonl une anti
thése permanente. Bref, on avait romptè saus al. Car
ton,
Que le résultat électoral fut libéral ou clérical h
Watou, cela importail au fond assez peu a ce per
sonnage qui, en proposanl M. le notaire Capelle pour
bourgmestre de cette commune, avait surabondam-
menl prouvé le prix qu'il attache a la fermete des
principes poiiliques. Mais, chose autrement grave
pour les apótres de la politique personnelle, ce ré
suliat electoral avait amené I,'elimination du conseil
de deux amis de M. Carton. C'etait assez pour faire
casser les elections Tout scrutin c'esl convenu
qui n'est pas conforme a la volonle des muitres doit,
être brisé.
Quels moyens mit en oeuvre M. Carton pour arri-
ver a ses fins? Quelles malices sortirent de son sac,
quels trucs manoeuvrérent sur sestrèteaux? Com
ment lui, petit fjiiclionnairt d'arrondissement qu'on
a qualifiè a la Ghambre de bolle a lettres, esl-il
parvenu a faire prévaloir ses vues sur celles du gou
verneur de la province? Le mot dénoncialion a èté
prouoncè; mais pareille accusation est trop grave
pour être étnise la légère. II faudrait des preuves.
Quant a nous, (Juelque mince estime que nous
éprouvions pour les procédés de M. Carton, nous
refusons cependant de croire qu'il soit descendu,
même pour assouvir sou orgueilleux despotisme, au
plus vil des metiers.
Du reste, laissons cela et conslatons seulement que
le gouvernement a ordonné une enquête II fout
supposer que celui-ci a voulu une enquête dans
toules les conditions de compléte impartiali.é et
mettre, par son moyen, en p eine lumtere tous les
incidents de la lutta electorale de NVatuu. Le contraire
ne serait pas sérieux. Pour atteiudre ce but, le mi-
nistre a eu recours sans nul doute a une commission
d'enquète composée de personnes ayanl quelque au
torité par leur position et leur earactère et qui, dans
tous les cas, sont entièrement desinleressees dans le
débat. C'etait du tnoins le procédé logique, et voila
probablement pourquoi le gouvernement ne l'a pas
employé. Car si telle avait étó sa conduite, le minis
tère serait l'impartiale justice, tandis que le ministère
n'est que,,.., le ministère. Qu'a-t-il fait? II a chargé
du soin de l'enquête le promoteur de cette enquête,
i'homme que les électeurs de Watou ont profondé-
ment humilié dans la personne de'ses deux amis, lê
fonctionnaire passionnè, vindicalif, que ehacun cun-
nait, le commissaire qui veul régenter, au grè de ses
caprices, toutes les administrations de ['arrondisse
ment et qui, toujours intraitable par nature, le sera
doublemenl dans les presentes circonstances s'offrant
lui avec toute l'imporlance d'une injure personnelle
a venger. On sait d'avance quelles seronl los conclu
sions du rapport; d'avance aussi ces conclusions
sont jugées les circonstances leur enlèvent toute
autorité, M. Carton procedant a la recherche de la
véritè, dans un village, au milieu de gens simples,
seul et sans coistrólk, dans la plénitude de sa bruyante
et lempetueuse omnipotence, quelle farce! I
II- S'eX YA-t'-EN GL'ERBEÜl
II parait pourtant que M. Carton se prend au sé
rieux et c'esl le 6 de ce mois - est ce une date fati-
dique et l'eloile du berger guidait elle le bouillant
commissaire? qu'il s'etait rendu a Watou avec
toute la dignité que comporle sa personne et toule
la splendeur qu'il avait pu racoler dans les environs.
Un simple moriel se fut rendu modestement a son
devoir, a M. Carton il fallail la pompe d'un cor-
tége. Ou letrouver? De la part des habitants de la
commune aucune ovation n'était a espérer, M.Carton
eut son idee lumineuse. En quelques secondes il
concut son plan de bataille, il chargea, en passant a
Poperinghe, irois braves g ndarines et fit, muni de
ce bagage mi itaire, son entrée a Watou,
Qnand les paisibles b ibitants de c ute commune
virenl poindre a I'horizon une face incandescenle
précedant Irois bonnets a poi 1 etsix grosses bolles,
ceux qui avaient quelque teinte de l'anliquitè, prirent
ce coi tege grotesque pour celui de Silene, en depit
de I'heure malinale. lis revinrent promplement de
leur erreur en voyant que I'aue manquait. Quant aux
ignorants, ceux-la s'imaginaienl que les signes pré-
curseurs de la fin öu monde élaient arrivés el ils se
sauvaient affulés de terreur. C'est qu'en iffet un
commissaire a la téte de trois gendarmes, c'est au
trement terrible ca qu'un caporal et quatre hommes!
Lejour ou il s'est cuifïe du prestige des trois respec
tables bonnets a poil, M. le commissaire, pared a un
general d'armée,a dü voir luire le soleil d'Austerlitz.
Ah neus ci mprenons mainienant pourquoi le gou-
vernemi nt veul etendre aux commissaires d'arron
dissement ia faculte de convrquer la force armee 1
C'est afin d'egayer souvent les populations par le
spectacle du general Bourn de la Grande Duchesse
arme du sabre de son pere.
Que la chanson a done raison le métier de gen
darme est un soi l bien exigeanll
Proleger le repos des villes,
Courii susaux mauvais garcons,
Ne parler qu'o des mibeci es,
>i En voir du toutes les faQons....
Les malheureuxII ne suflil pas que l'on vole de
toules paris el qu'ils courenl apres les voleurs qu'ils
n'allrapenl pointleur preslance doit encore rehuus-
ser la dignile de M. le commissaire Carton 1 Pauvre
Pandore, sur Ion sort verse un pleur!
SI ypoci-llcs
Récemment le Progrès annorcait l'ouverture de la
série des conferences üamandes organisées par la So-
ciele Kunst en Lellerkring et, après avoir énumèré
les noms des conferenciers attendus et les sujets
qu'ils doivent trailer, il faisail ressortir l'ulihle des
conferences, On voit, dil-il, que ce seronl la des
soirees interessanles et inslructives, tant par le ta
lent des oralenrs, que par l'iinpnrlance des matières
qui y seronl trailees. II est surloul urgent que les
hommes eclaires engagerit les ouvriers a assister a
ces seances, car si l'ouvrier est appele dans un ave-
nir plus ou nniins eloigné, a jouir de droits plus
larges et p us etendus, il est urgent qu'il se rende
digne du develuppement de ses droits, par la con-
naissance exacte el l'accomplissemeul absolu de ses
devoirs, v
Rien n'est plus jusle. Mais si lelie est l'imporlance
des conferences, si elles produisent de tels fruits,
pourquoi les patrons du Progrès onl-ils aecueilli
avec dédain les primieres conferences qui furent
données a Ypres il y a plus de cinq ans pourquoi,
au lieu de les encourager, Ont-ils lout fail pour les
luer Serail ce paree qu'ils n'en avaient pas eté les
premiers promoleurs? Serail-ce paree qu'on les
avait organisers sans avoir au préalable sollicite leur
autorisation Serait ce paree què toule idee qui
n'emape pas d'eux, toute initiative autre que la leur
serait mauyaise et d'avance irreniissiblemerit con-
damnee, nul n'avant d'esprit hormis eux et leurs
amis? Et aujourd'hui ils viennent vanier ce qu'ils
conspuaient hier. ilsexaltent ce qu'ils onl condamnél
Les hypocrites
On a fait grand bruit d'une nouvelle mesnre que
devait prendre le departement des travaux publics el
qui consistaita s'entendre avec celui'de In guerre afin
de donner quelques mililaires comme aides aux em
ployés de la poslele premier jour de l'an On devait
par ce moyen allèger la besogne el assurer la régu-
lai ité dans l'expedilion des correspondences.
Nous ignorons si cette idéé a eté mise en pratique
mais nous devons consiater que Ie service a eté cette
année ce qu'il étail chnque armee a pareil jour.
C'est ainsi que notre journal dont la remise au
bureau de posie de Rruxelles a élé avancée lel "jan
vier de rleux heures, n'est arrivé que le lendemain
malin a 9 h. h Ypres, alors qu'il aurait dü y arriver
le jour même.
Nousavons vu également une leüre qui.timbrée au
bureau d'YpresleSI décemhre a 9 h. du soir et a
celui de S. Jusse-ten-Noode le 1"r janvier a 1! h. du
matin, n'a été remise a domicile qu'après S h. de
relevée.Par ces observations nous n'entendons accuser
personne, car nous savons que les employés des
posies soul surcharges de besogne aux approches du
nouvel an, mais si.mplement faire ressortir la né-
cessite puur Ie departement des Iravaux publics de
prendre des mesures particulières afin do pourvoir
aux exigences excepiionnelles a cette époque du triage
et de la distribution des correspondances.
Itcforme electorale.
Le mouvement pour la réforme éleclorale va s'é-
tendre et prendre des proportions auxquelles les doc
trinaires ne s'ailendaient point. Ce ne seront plus
seulement les radicaux et les démocrates qui pousse-
ront a la représentation du pays par le pays; voici
les catlioliques qui vont dèpasser en progrès sociaux
nos minister iels dits libéravx ils viennent de fon
der, sous la presideiice de M. N>thomb. une associa
tion ayant pour objet l'extension de l'exercice du
droit de suffrage.
Un jour M. Guizol s'écriait fièrement a Ia tribune
II n'y a pas de jour pour le suffrage universel.
Plus de vingt cinq années plus laid, un chef de
ministère beige, le hautain Frère-Orban, S'emparant
de cetie allière réponse de Timprevoyant Guizol, Ia
jetait a Ia face du peuple be'ge el lui disail fierement
Vous n'auriz le suffrage universel ni au premier,
ni au second, ni au cinquième acte.
M. Guizot est tombé, pas tout seul cependant,
et Ie suffrage universel a elé donné a la France.
La grande majoritè du peuple beige veut atijour-
d'bui une g-ande extension du droit de suffrage.
M. Frère et ses acolyies s'y refusent. II en arrivera de
Frère comme de Guizot.... Et les coteries tomberont.
Deutande de renseigiiements.
Le Moniteur a publiè la convention conclue i) Paris,
le 2b novembre 1869, entre la Belgique et la France,
pour l'établissement de deux chemins de fer reliant
direclemeni Furnes a Dunkerque et Poperinghe a
Hazt brouck.
Et la convention pour la section d'Armenlières h
Comines? Ne serait-elle pas encore faite?
Corrcspoudance particuliere de IWi^'lOY
Bruxrlles, 20 janvier.
A vous parler franchetnent, je ne crois pas que
l'atlitude exlraordinairement conciliante que le cabi
net vient de prendre vis-a-vis de ses adversaii és dans
la question du lemporel des cultes soit de nature a
augmei ter sa popularité dans le parli liberal. On
aura beau dire que le contióleest toule la loi et que,
sous le rapport du coiitróle, le projet primitif du gou
vernement est mainlenu dans toule son iniégrité,
l'opinion publique comprend liès-bien qu'il y a au
fond des declarations de 11. le ministre des finances
loute une sériede concessions impoïtantes accordees
a la droite. J'ignore l'impression que ces declarations
ont produite en province. A Bruxelles, elle a eté on
ne peul plus penible. Non pas que le sentiment pu
blic soit favorable ici a une polemique a oulrarice.
Nous ne demandons pas mieux, je vous assure, que
de vivre en paix avec les clerieaux; mais encore
vouuriohs-nous que les concessions fussent recipro
ques et que, sous préïexte de moderation, ce ne füt
pas toujours le parli liberal qui p.iyat les fi ais. Elle
serait longue a dresser, la lisle des concessions que le
cabinet a fail es au parli clerical, depuis treize ans
qu'il est au pouvoir. Et qu'est-ce que le parti cleri
cal nous a donne en retour? Bien'du toui. Je me
trompe il nous a accablé d'injures. calomnie nos in
tentions et repond a notre moderation par les plus
indignts inveelives. Or, ilesl permis de liouver qu un
tel róle ressemble singulièrement a un róle de dupe.
X
La discussion a été trés calme lo premier jour.
M. Tho,nissen, le seul membro de la droite qui ait
parlé dans la seance du 18, a même pris soin de
rendre hommage aux intentions concilianles du gou
vernement mais atlendez encore que ques jours, et
vous verrez comment ces intentions concilianles se
ronl apprécices. Dèjii M Thonissen a fait clairement
entendre que la droite ne considérait pas cornme suf-
fisantes les concessions offertes par Ie gouvernement.
Demain, on dira qu'elles sont dérisoires, on en exi-
gera d'autres, absolumenl inacceptables, et comtne le
cabinet se verra obligè de les refuser, on le traitera
ayec aussi peu de ménagement que "s'il n'avait rieu