bliques a I'arsent aveugle au lieu de la remettre a
I'inteliigence clairvoyante, le pays marchera tout bon-
nement a la ruine de sa liberie. Cela arrivera un peu
plus lót, ud peu plus tard; les electeurs doctrinaires
qui sont le plus vivement opposés a une très-large
extension de suffrage, feront bien d'y rèfléchir.
Riquès.
M. Van Merris est nouime président d'une des
sections de la Chambre pour Ie tnois de janvier. Sui-
vant de prés la noinination de M. Mazernan a la vice-
presidence de la commission sénutoriak-gdes travaux
publics,c'est le coaible de I'honneur pour notrearron
dissement et il est étrange que le Progrès n'en ait pas
fait part a ses confiants lecteurs.
La gloire qui accable M. Van Merris ne|rejaillit-elle
pas sur ses parrains poiitiques
Le doinaine
de Merxplas-ISyckevorsel et Wortel.
Dans la séance du 20 janvier, la Chambre des
représentants a commencé la discussion du projet de
loi allouant au gouvernement un crédit de 800,000
francs pour i'acquisition el l'appropriation des an
ciennes colonies de bienfaisanee a Merxplas Rycke-
vorsel et Wortel. Ce projel rencontre plus d'opposi-
tion qu'on ne l'a pensé peut-être.
Deux points ont fait principalement i'objpt du
debatla valeur de la propriété et son utiiiteau point
de vue d'un depót central de mendicité.
Sur le second point ou a fail ressortir l'isolement
du domaine, la grande distance qui Ie sépare de toute
voie de communication.
Merxplas-Ryckevorsel est a 11,000 mètres de la
station de Turnhout, Wortel a 1(5,000 mètres.
Merxplas^est a 2,000 mètres du pavé et Wortel a
1,000 mètres.
Merxplas est a 3,600 mètres du canal. De plus,
Wortel est distant de Merxplas de 5,600 mètres.
Quant aux bótiments, loin de pouvoir contenir
1,200 a 1,600 rectus, comme l'afïirme l'exposé des
motifs, ils n'out élé construits que pour 1,000 reclus,
a une époque oü les questions d'hygiene preoccupaient
moins qu'aujourd'hui et, sil'on veut tenircompte des
exigences de cette science, on n'y pourra placer que
800 reclus, avec la condition de transformer le réfec-
loire en dortoir.
Quant a la valeur acluelle de la propriété, celle-ci
a éte achetée, il y a quelques années, au| prix de
450,000 francset un expert envoye sur les lieux par
le departement de la justice affirmeque, si le gouver
nement pouvait acquérir le domaiue de jMerxplas-
Ryckevorsel et Wortel au prix de 650,000 francs,
il ferait une excellente operation. Ainsi, quoiqu'on n'y
signale aucune amèlioration de culture notable, quoi-
que d'après un rapport de M. Delobel, directeur du
dèpót de mendicite de Hoogstraeten, tous les grands
sapins, évalués par quelques uns a 250,000 francs,
a 100,000 francs paries plus modéres, aiëntdisparu,
ce domaiue, perdu a l'extrême frontière, loinde toute
communication avec un centre de population, aurait
gagné en quatre annèes une plus-value de 200,000
francs I On l'a dit avec raison, ce phènomène eco-
nomique serait trés extraordinaire et cette affaire
présente ce cölé excessivemenl étrange que tous les
fails enonces par le gouvernement dans l'expose des
motifs du projet de loi sont radicalemenl erronés.
Mais y a-t il au moms quelque espoir de rèndre plus
productivesles lerres dece domaine? Consultons l'ex-
périence du passé.
Cette propriété appartenait au prince Frédéric des
Pays-Bas, elle fut pendant trente a quarante annees
unecoloniede bienfaisanee. La main-d'uèuvre l'ournie
par les reclus necoutait rien. Le prince y a sacrifie un
million, des souscriptionsconsiderables furent recueil-
lies dans le pays, bref, la colonie agricole a englouti
des sommes èuormes, el quel est ie resultat 1 li y a
aujourd'hui encore 603 hectares sur les 1,088 dout se
compose la propriété, e'est-a-dire a peu prés les trois
cinquièmes de bruyères incultes, sur lesquelles ne
croissent que des genéts et oü les sapins eux-mémes
n'ont pas poussè.
Lè oü l'ancien gouvernement a échoué malgré tant
de sacrifices, celui ci réussirn-t-il C'est fort douteux,
surtout avec les élèments dont il dispose. En effet,
ceux qui viennent peupler les depóts de mendioité
agricolos sont presque toujours des vagabonds des
villes, artisans sans ouvrage, mendiants de pro.
fession, ignorants des travaux agricoles qu'ils mópri-
sent et ont même souvent en horreur.lis ne sont
nullement accoutumésa manier Ia bêche et lacharrue
ils ne se soucient guère d'ailleurs d'en prendre l'ha-
bitude, et, lors méme qu'ils ne demanderaient pas
mieux, ils n'en auraient pas le loisir, paree que leur
reclusion est essenlie'Jement temporaire et de courte
durèe.
Dans les depóts de mendicité agricoles, il s'opère
un va et-vienlcontinuel degens qui n'ont aucun goül
pour les travaux des champs et qui, dans tous les cas,
n'ont généralement pas les aptitudes requises,
II exisledans les ai chives du ministère de la justice
un rapport de M. Ducpétiaux attestant qu'a l'époque
oü le depót de Merxplas-Ryckevorsel renfermait plu-
sieurs centaines de mendiants valides, les fourrages
que produisait lesol ne suffisaient pas raêmes a nour-
rir une vingtaine de vaches.
11 est vraique, d'après un autre rapport, on y cul
tive aujourd'hui le lin et méme la betterave maisce
rapport ne dit pas au prix de quels sacrifices cette
culture s'opère.
Le représentant dont le discours nous fournit ces
renseignements {Ann. pari. pp. 309 et suiv.) termine
ainsi
o Je vais dire toute la vérité, rnon devoir est de Ie
dire, ear je croisque c'est dans l'interêl de la vérité
que la Constitution nous rend inviolables. Quand les
agents du gouvernement se sont rendus sur les lieux,
on avail recrepi les bailments, on les avail repeinls,
on les avail rajeunis autant que possible, en un mot,
on avail fait leur toilette.
Eh b en, je crois qu'on a fait egalement la toi
lette des terresdesanciennes colonies de bienfaisanee.
II ne serait pas impossible de prouver a la Chambre
qu'on y avail conduit des chargements en tiers de
guano. On comprend des lors que les agents du gou
vernement aient trouve la culture magmfique, y com
pris cello de la betterave. Mais que Ie gouvernement
en soil biet) convaincu les betleraves qu'on cu tive
la-bas seronl probablement pour lui d'epouvantables
carottes Un autre oraleur exprime la méme pensee
sous une forme humouristique
a D'abord il est a remarqner, dit-il, et ceci déjii
vous a èté démontrè, que I'Etat, en achetant cette
propriété, fait une mauvaise operation; il sera dupéet
cela doit être, car il sera dans son róle quand I'in-
térêt privé traite avec I'Etat, c'est ce dernier qui est
volé.La sociele qui a achele ce domaine veut le
revendre au dela de ce qu'il a coüte quand tous les
bois s'y trouvaient, e'est-a-dire que la sociétéa pressé
le jus de 1'orange et quelle veut en endosser l'ecorce a
I'Eiat au prix d'un excellent fruit et, d'après ce que
je vois, I'honorable M. Bara se contentera, dans cette
circonstance, de sucer cette écorce tout en écorchant
le contribuable en d'autres termes, on vous vend
une betterave en vous disantC'est du sucre.
II y a plus. On ne dit pas seulement au gouverne
ment que, s'il achele pour 650,000 francs une pro
priété qui en vaut 350,000, ilfera une bonne affaire;
mais celui-ci sollicite un credit de 800,000 francs sans
méme specifier clairemenl la partde cette somme qu'il
compteappliquer a l'achat du domaine, et la part qu'il
a I'inteulion deconsacreraux travaux d'appropriation.
Si on lui fait remarquer qu'il n'a pu raisonnablement
se dispenser d'exiger au préalable une promesse de
vente de la part des proprielaires, rnoyennant un prix
deierminé et que, faute d'uvoir pris cette precaution,
il s'expose, une fois Ie crédit vote par les Chambres,
a devoir subir les conditions et les exigences de ces
proprielaires, pour aboutir au resultat qu'il desire
atteindre, il se contente de répondredans une lettre
adressée par M. le ministre de la justice au rappor
teur <te la section centrale Le gouvernement n'est
pas fixé sur le prix de Pacquisition, mais il ne négli-
gera aucune précaution pour s'assurer de la valeur
reelle et Serieuse de la proprieié.
On comprend que cette réponse dilatoire n'ait pas
satisfait la Chambre, Aussi l'opposition au projet de
loi s'est-elle dessinee plus vive encore dans la
deuxième seance que dans la premièee. On y a méme
parle de pots-de-vin.
Nalureliement nous ne sommes pas en état de juger
jusqu'a quel point ce soupcon est l'ondé. La Chambre
agirait prudemment peut-être en ordonnanl une
enquête.
Qu'il nous soit permis seulement, quant a nous, de
raconter, pour terminer ce trop long article, une
anecdote qui ne date pas de loin. Un particulier, plus
ou moms directement intérossé dans I'affaire de Merx
plas, agent éleetoral fort remuant, après s'être tou
jours qualifié lui-même d'avancé, tout en volant
constammeut avec les doctrinaires, semblait vouloir
prendre, dans une des dernières élections, une atti
tude qui contrariait fort les frères et amis. Un
bomme politique jouissant, dit-on, d'une certaine in
fluence Bruxelles, bien en cour, hantant les régions
officielles, en fut particulièremenl blessé, si blessé
que, pour la première fois de sa vie peut-être, il ou-
blia de dissimuler. Qu'il prenne garde, dit-il, en
parlantde 1'agent electoral, Merxplas n'est pas encore
vendu! Cette menace en elle-même n'est que ridi
cule; mais en regard des lumièresque fait surgir Ia
discussions la Chambre, elle a peut-étre son impor
tance. En tous cas, elle est singulière dans la bouche
d'un homme d'Elat.
La Réunion électorale de Schaerbeek viert
d'adresser aux Chambres une pétition dont l'im-
portance sera appréciée a la première lecture. La
demande des signataires a pour but de mettre fin
a un abus trop fréquent et fort préjudiciable aux
administrés, Les arguments très-fondés des péti—
tionnaires trouvent encore en ce moment leur
application Ypres. Voici le texte de la péti
tion
A Messieurs les membres de la Chambre des
représentants et du Sénat.
Messieurs,
Parmi les lacunes et les imperfections de la loi
communale, il en est une qui peul avoir des conse
quences graves et qu'il convient de faire disparaitre
sans attendee que d'autres modifications soient pro
posers. Cette lacune est relative au remplacement des
membres d> s Conseils comiminaux deinissi-mnaires
ou decedès. Aucon article de la loi communale n.'in-
dique la marehe a suivre en cas de vacatures au sein
d'un Conseil et tout est laisse a l'arbitrage du College
et de la rnajorité du Conseil.
La loi se borne a indiquer les points suivants réu
nion des élecleurs de plein droit de trois en troisans
(Art. 20 et 54); reunion des assemblees electora-
les, convoquees extraordinairemeiit en vertu d'une
decision du Conseil communal ou du gouvernement a
l'effet de pourvoir aux places devenues vacantes
(Art. 20, 2); enfin, remplacement des conseillers
démtssionnaires ou décèdes a la plus prochaine réu
nion des élecleurs (Art. 59).
La loi est muette quant a l'époque de la convoca
tion du College éleetoral. L'arl. 59 qui déclare qu'il
est pourvu au remplacement des sièges vacants, a la
plus prochaine séance, ne precise absolument rien.
En cas de décès d'un conseiller au lendemain d'une
èlection générale, le remplacement ne devra se faire
que trois ans après, e'est-a-dire a la plus prochaine
réunion obligatoire des électeurs. O-, l'esprit de
l'art. 4 de la loi communale vent que la représenta-
tion de la commune soit toujours en rapport avec Ia
population; laisser un siége vacant pendant un ou
deux ans, c'est violer l'esprit de la 'oi et méconnallre
le bon sens.
La loi électorale du 7 avril 1843, applicable aux
membres de la Chambre et du Sénat, a prévu lés in-
convénients qui pourraient résulter d'une lacune
dans la representation du. pays et l'arl. 50 dit En
cas de vacance par option, décès, demission ou autre-
ment, le Collége éleetoral qui doit pourvoir a la va
cance sera réuni dans le délai d'un mois. Pourquoi
une disposition semblable fait-eile défaut dans la loi
communale? Le silence de la loi ptul engendrer des
abus. Cerlaines communes du pays peu vent avoir un
grand nombre de sièges vacants, comme cela s'est
vu, sans que la rnajorité du Conseil soit obligée de
convoquer le corps electoral.
S'il est important que le pays soit représenlé d'une
manière compléte aux Chambres legislatives, il est
non moins important que les Conseils communaux
soient l'expression vraie du corps éleetoral.
La convocation des électeurs communaux ne pré
sente pas, du reste, les inconvénients et les dèplace-
ments qu'entraine une élection legislative cette con
vocation est d'autant plus urgente que les Conseils
communaux siégent d'une manière permanente; les
vacatures ne peuvent done jamais se présenter hors
du temps des sessions.
Nous vous prions done, Messieurs, de vouloir bien
modifier comme suit l'art. 59 de Ia loi communale