JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YMIES, i)i manche
Huitième année. ft® *7.
13 Féyrier 18?0.
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POUR LA BELGIQUE
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On s'nbonne 4 Ypres,
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Souscription CS-en<1 ebien.
Montant des listes précédentes Fr. 35 50
Josephine Marchand1 00
En hommage a l'honnêteté poli
tique et en repugnance des hommes
sans principes. 2 00
Fr. 38 50
Jésuites et doctrinaires.
Les journoux doctrinaires puhiient chaque jour
de longues diatribes contre l'ordre des jésuiies
nous ne les en blêmons pas, au contraire. Nous
estimons qu'ilsaccomplissent une oeuvre méritoire
en démasquant des gens qui, sous les appatences
du désintéressemeut Ie plus pur, ne chercherit
qu'a accumuler des richesses et prêehent l'humi-
lité et la sournission pour micux assurer leur do-
miualion. Nous lélicitons done la presse doctri
naire de la tAche qu'elle poursuit avec taut de
suceès; mais comrae il n'y a pas que des jésuites
qui trompent les populations par des promesses
fallacieuses, nous demaudons la permission de
soulever les masques d'une autre categorie de
personnages qui ne se font pas faute de bemer Ie
public par des protestations de dévouement aux
principes du libéralisme Inutile de dire que nous
voulons purler de la'majorité doctrinaire qui gou-
verne actuellement Ie pays et que Ie tnaguilique
mouvement populaire de 1857 u poriée au pou -
voir.
Notre but ri'est pas de dresser ici un réquisi-
toire en règlc contre Ie doctrinarisme nous nous
bornerons a rappeler quelques fails qui démo i-
trent que si les disci pies d'Esrobnr sunt pnssés
rnaitres dans l'art de la fourberie, les doctri
naires ne leur cèdent en rien dans l'art de la
mise en scène et que mieux qu'eux peut-être ils
savent jouer la comédie.
Qui de nous ne se sonvient des discussions
passionnées qu'excita a laChambre la prêsentation
du projet de loi sur la charité. si justement flétri
du nom de: loi des convents?» Les doctrinaires
firent a cette loi uue opposition ardente qui fut
couronnée de succes. Dans la discussion, ils ré-
elamèrent avec vivacité une enquête sur Ie pau-
périsme et Dieu sail a quel lyrisme d'indignation
l'opposition se livra lorsqu'elle se vit refuser cette
enquête par la majorité cléricale. Pour tout
homme de bonne foi, Ie premier acte de l'oppo
sition arrivée aux affaires cüt du ètre, semble-t-
il, de procéder a l'enquèle qu'elle paraissait si
vivemeut désirer lorsqu'elle était duns la mino-
rité. II n'i n a rien été. Cette fameuse enquête
que Ie doctrinarisme déclarait urgente en 1857,
il y a de cela quntorze ans, n'est pas encore faite
aujourd'liui. De deux clioses l'une pourtnut ou
bien 1'enquète sur Ie pauperisme était dun besoin
urgent en 1857, et dés lors Ie parti libéral devait
y faire procéder immédiatementou bien il ne la
réclamait alors que pour causer des embarras au
ministère et Ie reeverser. Dans Ie premier cas il
a fait preuve depuis quatorze ans d'une impar-
donnable incurie dans Ie second, il a mis en pra
tique Ie précepte des jésuites La fin excuse les
moyens.
Pressé par l'opi: ion publique qui réclame
depuis longtemps une large extension du droit de
suffrage, Ie ministère n'a pas osé lui faire ouver-
temcul opposition. Mui quant de franchise, il n'a
pas osé refuser ouverteinent ce qu'on attendait de
lui et, poussé dans ses deruiers retrancbements,
il a fini par présenter a la Chambre un projet qui
donne une faible satisfaction aux vceux du pays.
Mais voyez avec quelle liabileté nos seigneurs les
doctrinaires savent ajuurner les effets d'une
réforme qu'ils nous out accordêe de si mauvaise
humeur I La nouvelle loi éleclorale, votée par la
Chambre des représentants, il y a trois ans, est
encore une leltre morte.
Le Sénat, dont la sanction est indispensable,
n'a pas encore été inis en demeure de la voter.
N'est-ce pas, nous le demaudons, myslifier le
pays et jouer devaut lui une indigue tomê-
die?
Et combien nos gouvemants ne se sont-ils
pas montrés comédiens consommes,en présentant
en 1804 un projet de loi réglant le temporel des
cultes. Cette loi devait nietlre définitivement fin
aux abus qu'on signalait dans une foule d'adrni-
nistrations de labriques d'église. Les joumaux
inféodés au ministère signalaicnt coup sur coup
les plus scandaleuses dilapidations A les en eroire,
gièce a l'énergie dn doctrinarisme, on allait met-
tre fin ces désordresQu'est il sorli de tons ces
beaux aeeès d'indignation Le projet de loi est
resté pendant six ans enfoui dans les cartons de la
Chambre des représentants pour en sortir tout
mutilé par les mains de ceux-la mêmes qui Pa-
vaieut présenté et qui avaient pris I'engagement
de le défendre. Le ministère doctrinaire a hon-
teusement eourbé le front devarit les exigences de
l'épiscopat. On a distrait du projet de loi lout ce
qui était particulièrement désagréable i) la droite
pour n'y maintenir que les di.-positions qui ne
pouvaient nullemeut le contrarier.
Que nos doctrinaires cessent done de jeter la
pierre aux jésuitesSinon, l'on va croire que
e'est par pure jalousie de métier et qu'ils ne
crient si fort que pour discréditer la boutique de
leurs concurrents.
Ees secrétaires communaux.
S'i! est une categorie de citoyensqui use largement
du droit de pétition, c'esta coup shr celle des secré
taires communaux. Chaque séance de la Chambre
voit surgir un certain nombre de pétitions émanant
de ces fonclionnaires, toutes inspirées par la même
pensée, celle d'obtenir pour ceux qui les adressent
une amelioration de position. Depuis un grand nom
bre d'années, des reclamations de ce genre sont en-
voyées journellement a la Chambre satis qu'on sem-
ble disposé a y f.iire droit. Rien ne serail plus juste,
cependant. Dans la plupart des communes le traite-
ment des secrétaires communaux est vraiment dèri-
soire; il y a lelie localilé oü il s'élève a ciuquante
francs seulementdans la plupart des communes ru-
raL s il ne depasse pas celui du garde-champêtre; dans
plusieurs même, il lui est de beaucoup inférieur.
Cette situation est vraiment intolèrable et la persis
tence des secrétaires communaux a la voir se modi-
fier ne[nous élonne pas.
Les secrétaires communaux, comme leur nom l'in-
dique.sont des fonclionnaires exclusivemenl commu
naux et, conime tels, ne doivent s'occuper que des
intéréts purcmenl communaux. Dans la pratique, il
en est tout autremenl. l.e gouvernement central et le
gouvernement provincial imposent a ces fonction-
nairesune besogne trés importante,exigëantd'eux une
grande aptitude el engageant souvent leur responsa-
bilité. Cette besogne, qui rigoureusement ne leur
ineombe pas, est accornplie par eux gratuitement, le
budget communal ne rémunérant que les services
rendus a la commune exclusivement. En refusant
aux secrétaires communaux une remuneration pour
les services qu'ils exigent d'eux, l'Etat et la province
manquent a toutes les régies de l'équité et leur con
duite justifierail jusqu'a un certain point un refus de
travail de la part des fonclionnaires qu'ils exploitent
indignement.
Aux justes et incessantes reclamations des secré
taires communaux on a une reponse toute prête et
qui semble être une amère dèrisiou on leur recorn-
mande les caisses d'épargne et de retraite, comrae
s'il n'ètait pas souverainement absurde de prêcher
l'éconornie a des gens qui ne trouvent pas dans le
produit de leur travail de quoi subvenir aux besoins
de chaque jour.
Si nous avions un conseil 'a donner aux secrétaires
communaux, c'est d'examiner dans leur première as-
semblée générale les moyens de forcer la main au
gouvernement et aux conseils provinciaux. Un refus
de travail serail ici ou ne peut plus autorisè, nulla
loi au monde ne pouvant contraindre personue a tra-
vailler pour le roi de Prusse.