Un étranger vient d'être nommé juge de paix a Poperinghe a la barbe de deux jeunes avocals fort capables de l'arrondissement. Nos députés ne s'inté- resseut-ils done aucunement a leurs concitoyens ou bien sont-ils impuissants? Nous lisons dans un journal bruxellois i chroniquk religieuss. Lundi dernierla con frérie de Saint Sébastien de I.ocre uu village des Flandres faisait celébrer une messe en l'honueur de son patron. Parmi les assistants, figurait un cer tain nombre de femmes de confrères, dont la présence a, parait il, excité au plus haut point l'indignation du digne pasteur de l'endroit qui s'est mis a les apostro- pher dans les termes suivants Sales femmes ici d présentes, vous n'avez pas le droit de vous trouver ici avec vos maris vous êtes ici un objet de scan- dale. Vous vous laissez... parions flamand cornme le curé gy laet aen u trekken van het manne- volk, etc., etc. Afin d'éviter a MM. du parquet de Bruxelles l'ennui de nous citer devant leurs majestueuses per- sonnes, nous les prévenons que noes reproduisons celte petite clionique religieuse d'après le Progrès d'Ypres, imprimédansla même ville,rueau Beurre,83. t> Nous profitons de l'occasion pour demander M. le procureur du roi d'Ypres s'il compte poursuivre M. le curé de Locre pour trouble apporté au fibre exercice du culte. Notre confrère est bien curieux. Ne sait-il pas que M. le Procureur du roi d'Ypres est a la recherche des auteurs de deux vols commis le premier, aveceffrac- tion et escalade, il y a plusieurs mois, dans l'église de Vlamertinghe, le second a Poperinghe et que ces voleurs n'en continuent pas moins de se promener fort tranquillement N'oublions pas qu'il ne faut jamais courir deux lièvres a la fois, principalement quand on a déjè tant de peine a en attraper un seul et laissons M. le procureur du roi achever a son aise sa besogne. Si le succès couronne ses efforts, il sera toujours temps de songer M. le curé de I.ocre dans une vingtaine d'années, par exemple. On fit dans une correspondance de Bruxelles La discussion du code de commerce a illuminée a giorno les mystères de la vie parlementaire. Et le public a pu mesurer tout d'un coup les profondeurs du désintéressement qui git dans les coeurs de nos honorables. Personne n'en était h ignorer que les charmes principaux du mandat législatif resident surtout dans les petits profits qu'il procurepetits profits qui se pêchent généralement dans l'eau trouble des sociétés plus ou moins anonymes qui fleurissent abondam- ment sur noire fibre sol. Mais on ne pouvait raisonnablement pas suppo- ser que les honorables représentants des intéréts po pulates afficheraient avec autant de crudité leur attachement forcené aux revenants-bon du mandat qui leur est confié. Or, dépouiilant toute vergogne, MM les députés beiges nous donnent depuis quelques jours un spec tacle absolument scandaleux. s Eux, si dociles toujours envers le ministère, si indifférents, la plupart du temps, aux intéréts qui s'agitent dans l'enceinte parlementaire, si facilement disposés a sacrifier une opinion ou une idéé pour compiaire a l'olyinpe ministériel, les voila qui se re- biffeut en masse, et se redressent, et s'insurgent, et poussent des clameurs aiguës paree qu'il est question dans le projet courageusement defendu par M. Bara de garantir un peu la race des actionnaires, autre- ment dits gogos, contre la rapacité des loups-cer- viers qui peuplont les bois mystérieux de la haute finance. X II n'y a presque pas d'exemple qu'un individu investi du mandat législatif ne se faufile bientót comme administrateur ou membrè du conseil de sur veillance dans une demi-douzaine d'affaires de la mo- ralité desquelles on ne s'enquiert pas toujours avec le soin le plus scrupuleux. s Quelques-uns même préfèrent celles qui offrent, avec le moins de moralité, les avantages les plus pal- pables. Vons allez faire les afi'aires des eathoiiqnes. Vous allez faire les affaires des cathofiques, repond-on ceux qui trouvent qu'il est grandement temps d'appeler le gouvernement a l'exécution de ses obligations, et qu'il ne faut garder nul ménage- ment a l'égard d'un pouvoir, qui, syslématiquement, fait la sourde oreille toutes nos réclamations. C'est la même phrase qu'on adresse ceux qui deinandent la révision de la loi de 1842, l'extension du droit de suffrage, la diminution de nos charges mifitaires et des autres dépenses de luxe. Les électeurs et les autres citoyens se sont jusqu'a ce jour laissé influen- cer par ces manoeuvres assoupissantes, ce qui n'a pas empéché le parti catholique de se montrer plus exi- geant que jamais, et le parti libéral d'aller en se divi- sant tous les jours. Nous, nous ne faisons pas les affaires des catho fiques, quand nous réclamons en faveur de la ville de Gand ce qui lui revienl si justement et si équitable- ment. Savez-vous quels sont ceux qui font les affaires des cathofiques? Ge sont ceux qui, par leur funeste entêtement et par leurs refus obstinés, aigrissent et mécontentent toute une population ce sont ceux qui laissent le prêtre maitre absolu dans nos écoles ce sont ceux qui maintiennent le clergé catholique en possession de priviléges plus exhorbitants les uns que les autres ce sont ceux qui permeltent qu'au mépris de la loi, un evêque soit enterré dans sa cathédrale; ce sont ceux qui mettent toute une gamison, infan terie, cavalerie et artillerie sur pied, pour escorter un monseigneur faisant sou entrée dans scf ville épis- copale ce sont ceux qui donnent l'exemple de la sou mission au clergé en assistant, et en forcant leurs subordonnés a assister aux cérémonies du culte ca tholique, telles que processions, Te Deums, etc.ce sont ceux enfin qui, pour résister au flot libéral et démocratique qui monte, se liguent avec le parti ca tholique contre ceux auxquels ils reprochent de faire les affaires de ce parti. Cessez done vos lamentations intéressées; aux ei: toyens qui demandent des réformes et des améliora- tions politiques, aux Gantois qui réclament et exigent justice pour leur ville natale, ne répondez plus o Vous allez faire les affaires des cathofiques. Get épouvantail est usé et l'opinion publique, connaissant le mobile qui vous fait agir, ne se laissera plus atten- drir par vos doléances et na se contentera plus de vos vaines promesses. [La Flandre.) Projet de programme de l'Association libérale de Bruxelles. L'article 2 de l'ancien règlement de l'Association libérale de Bruxelles indique comme but a poursuivre par cette association le triomphe des principes inscrits dans le programme du Gongrès libéral. Le projet d'article 2 dff nouveau règlement définit comme suit ce programme Art. 2. L'Association libérale et Union conslitu- tionnelle a pour but de développer et de faire triom- pher le programme du libéralisme beige et no- tamment 1° La substitution de l'instruction au eens dans l'appréciation de la capacité èlectorale ou tout au moins ('application immediate de cette réforme aux élections provinciales et communales 2° Le développemenl de l'enseignement public, de manière a permettre a tout enfant d'acquèrir et de conserver ledegré d'instruction jugé nécessaire pour l'exercice du droit électoral; 3° La separation absolue de l'Etat et des Eglises et par mesure immédiate A). La sécularisation compléte de l'enseignement public a tous les degrés; I'). L'application générale et uniforme du principe de la sécularisation ees cimetières; C). La suppression des priviléges d'exemptions, en matière dejmilice, a raison des cultes; 4° La révision des impóts en vue d'une répartition plus equitable des charges publiques et spécialement des charges de la milice, la réduction des impóts in directs, la suppression des taxes qui pèsent le plus directement sur les articles les plus indispensables a la nourriture et aux vêlements. Les moyens d'action de l'Association sont les élec tions, les conférences et les assemblees publiques. Un pays qui tenait a se désintéresser de la question de l'enseignement et qui l'abandonnait aux efforts des secles, l'Angleterre se dispose rompre avec son passé et a user largement du principe de l'interven- lion gouvernementale. Le ministère anglais vient de présenter une loi pour obliger les parents envoyer leurs enfants l'école, s'ils ne font valoir d'excuse valable. Le gouver nement prend l'engagement d'établir des écoles dans tous les districts oü elles seront nécessaires et d'en supporter les frais. L'instruction sera donnée aux pauvres gratuitement, et les écoles seront ouverte aux enfants de toutes les religions. C'est toute une révolulion qui s'annonce dans l'en seignement. Que ne nous est-il permis d'espérer d'en ressentir le contre-coup en Belgique? Que n'a-t-elle pour effet de secouer nos gouvernants et de diriger le courant de l'opinion vers cette réforme grandiose de l'instruction obligatoire, dont la nécessité et l'oppor- tunité deviennent a nos yeux, de plus en plus ma- nifestesï La rude guerre que M. I'abbé Gratry fait a <i l'école de mensonge qui exploite !e catholicisme, exaspère nos ultramontains qui veulent en finir. M. Veuiilot, dans une lettre de Rome, parue dans i'Univers, somme l'épiscopat de condamner M. Gratry et de le réduire au silence Par la force des choses, ces pamphlets séditieux sont en ce moment a l'abri des réprimandes romaines. L'autorité ordinaire est comme désarmóe.Gependont, la foi de plusieurs est en péril. Quelque évêque y pensera parmi ceux dont le devoir sembleplus pres sant. On frappera d'une censure nécessaire ces inso lences contre la foi et l'honueur de l'Eglise, qui ne doivent pas circuler plus longtemps sans porter la note qu'elles méritent. Tel est le procédé romain. Quand on ne peut ré- pondre a un écrit trop gênant, on en interdit la lec ture, on en condamne l'auteur. Mais le sort dont on menace les brochures de l'éminent oralorien, ne dé- truira pas cette assertion, mille fois établie par mille preuves palpables et indéniables, que la doctrine de l'infaillibilité du pape a pour fondement la fraude et la falsification des annales de l'Eglise. Correspondance particuliere de l'OPHSION. Bruxelles, le 24 février 1870. C'est aujourd'hui que doivent avoir lieu, a la Qhambre, les interpellations de M. Guillery a propos des condamnations prononcées contre YEloile beige et la Chronique. Je ne dis rien de la question de droit. Je n'examine pas si la prétention de notre parquet peut se concilier avec les garanties constitutionnelles de la presse et, entr'autres, avec le privilége de l'anonymat, que le Congrès national a considérè, non san's raison, comme essentiel a la liberté de la presse. La seule question dont le public se préoccupe sérieusement est celle de savoir si, avec la jurisprudence adoptée par noire parquet, les journaux pourront continuer, comme par le passé, a fournir des renseignements sur la marche des instructions judiciaires. Or, il est clair qu'ils ne le voudront plus. Si bonnes affaires que fasse un journal, il n'en est pas un qui soit en position de supporter chaque jour une amende de cent francs pour refus de témoignage. La presse se taira done. Est-ce la un résultat dé- sirable pour la bonne administration de la justice? Je ne sais ee qu'on en pense chez vous. Ici, je ne crains pas de dire qu'il n'y a qu'une voix sur l'indis pensable nécessité de maintenir aux journaux leur droit d'investigalion sur la marche des affaires judi ciaires. C'est que, il faut bien le dire, depuis quelques an- nées, les instructions judiciaires jouent vraiment de malheur a Bruxelles. A tort ou a raison, l'opinion publique est convaincue que, pris dans leur en semble, les magistrals chargés, dans la capitale, de la recherche des crimes et délits ne sont pas a la hau teur de leur mission. El vraiment il se passé ici des choses qu'on a peine a croire. Concoit-on, par exemple, que lors de la déeouverte de l'assassinat des dames Vandepoel, le parquet ait laissé écouler seize heures sans com- mencer l'instruction Concoit-on que le porteur de YEtoile beige, dont la déposition devait aider si puis- sammenl a déterminer la date du crime, n'ait été en- tendu qu'il y atrois ou quatre jours, sur les réclama tions mêmes de VEloilel Coroprend-on davantagequ'il ait fallu prés de quatre semaines a ce même parquet pour se convaincre que l'individu qui s'était reconnu lui-même comme auteur de l'assassinat n'était qu'un misérable fou Quoi de plus naturel, en présence de pareils faits,

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 2