JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT VFIVE'S, fHmanche ïïuitième année. - 13. 27 Mars 1870. Paraissant le dimanche. La Tribune. PRIX UUnOllEHEIIT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an 4 fr. 50 par semestre. Pour PEtranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes PRIX RES AIKOSCES ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes-. Le tout payable d'avance. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Oixmude59. On traite a forfait pour „es annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent dtre adressés franco au bureau du journal. Recompense aux bons élccteurs! Impositions communales. Un arrêté royal du 14 mars aulorise le conseil communal d'Ypres, a maintenir, pour un terme de dix années. Ie tarif-rè- glement pour la perception des droits d'abattoir. Ainsi Ie voila Ie règlement de I'abattoir contre lequel tout Ie monde a protesté, maintenu pour une nouvelle période de dix années! Ce regle ment, il n'est pas un seul boucher qui ne le maudisse et si les habitants d'Ypre3 paient encore la viande h 1 fr. 80 c. le kilo, prix auquel la qualité qui se consomme ici n'atteint plus mille part, la cause n'est autre que les droits élevés per^us I'abattoir. Tandis que le gouvernement, par une sage me sure, abohssait les droits d'octroi, notre adminis tration locale les rétablissait d'une manière dé- tournée sur le bétail, comme plus tard cette même administration augmentait de 22 p. C. les contributions communales, prenant ainsi dans la poche des contribuables les dégrèvements que la nouvelle péréquation cadastrale leur avait pro- curés. Si l'administration communale avait le moindre souci du bien-être de ses administrés, elle aurait écoutê les nombreuses plaintes qui se sont pro- duites et avisé du moins modifier le tarif-règle— ment dans ses dispositions les plus vexatoires, conformément au voeu général. Mais bab elle a bien autre chose a faire. Des promesses la veil Ie de l'élection, promesses oublièes le lendemain Pourquoi se donnerait-elle du mal d'ailleurs (Suite.) Tout cela était vivant, ardent, fècond, tumultueux, grand. Et quand tout avait été plaidé, débattu, scruté, fouillè, approfondi, contredit, que sortait-il du choc? loujours l'étincelleque sortait-il du nuage? loujours la clarté. Tout ce que pouvait faire la tempête, c'était d'agiter le rayon el de le changer en éclair. IA, a cette tribune, on a posé, analysé, éclairé, et presque toujours résotu toutes les questions; ques tions de finances, questions de crédit, questions de travail, questions de circulation, questions de sa- laire, questions d'état, questions de terriloire, ques tions de paix, questions de guerre. La on a prononcé, pour la première fois, ce mot qui contenait toute une société nouvelle les Droits de l'Homme. Lè on a entendu sonner pendant cinquante ans l'enclume sur laquelle des forgerons surhumains forgeaient des idéés pures; les idéés, ces glaives du peuple, ces lances de la justice, ces arrnures du droit. La, pénótrés subitement d'efiluves sympithiques L'électeur est toujours docile, battuet con tent Et voila pourtant la récompense, bons élec- teurs, de votre vote d'octobre! Des contributions, des impóts, des taxes, des règlementsVerrez- vous clair enfin, ou bien, pauvres moutons, vous laisserez-vous tondre éternellement Rien joué Nos lecteurs se rappellent que le long projet de loi sur le tempore! des cultes qui donna lieu a une si ardente polémique dans la presse et ailleurs, après avoir fait le sujet d'un rapport de la section centrale, futenterré pendant plusieurs années dans les cartons de la Chambre, puis subitement exhumé par le mi nistère, mutiléet réduit aquelques articles. Personne ne se mèprit sur cette nouvelle volte-face gouverne- mentale et quoique le chef du cabinet fit sonner fort haul dans la discussion Ie principe de la séparation de l'Etat et de UEglise, chacun se dit avec raison que le ministère liberal s'inclinait de rechef devant les prètentions catholiques. Nouvelle étape du voyage la main dans la main Quoiqu'il en soit, le Conseil communal de Gand feignant, par une excessive politesse, de croire a la sincérité des declarations miDisterielles, vient d'ad- hérer par un vote unanime au principe de cette sépa ration. Voici dans quelle circonslance. Le Conseil etait appelè récemment a donner son avis sur unedemande adressée le23 aoüt a M. le mi- nistre de la justice par i\l. l'èvêque de Gand aux fins dereclion de deux succursales nouvelles par le démeinbrement des deux paroissesde St-Jean-Baptisle et de St-Jacques. La commission du contentieux a proposé au Conseil d'émellre un avis dèfavorable a la comme des braises qui rougissent au vent, tousceux qui avaient un foyer en eux-mêmes, les puissants avocats comme Ledru-Rollin et Berryer, les grands historiens comme Guizot, les grands puëtes comme Lamartine, se trouvaient tout de suite et naturelle- ment grands orateurs. Cette tribune était un lieu de force et de vertu. Elle vit, elle inspira, car on croirait volontiers que ces émanations sortaient d'elle.tous les dévouements, toutes les abnégations, toutes les énergies, toutes les intrépidilés. Quant a nous, nous honorons tous les courages, même dans les rangs qui nous sont oppo ses. Un jour la tribune fut enveloppée d'ornbre; il sembla que l'abime s'étail fait autour d'elle; on en- tendait dans cette ombre comme le mugissement d'une mer, et tout d'un coup, dans cette nuit livide, a ce rebord de marbre ou s'elait cramponnèe la forte main de Danton, on vil apparaitre une pique portant une tête coupée. Boissy d'Anglas salua. Ce jour-la fut un jour menacant. Mais le peuple ne renverse pas les tribunes. Les tribunes sont a lui el il le sait. Placez une tribune au centre du monde, et avant peu, aux quatre coins de la terre, la Répu- blique se lèvera. La tribune rayonne pour le teuple. demande et le Conseil s'est rallié unanimement ses conclusions. Pour faire apprécier toute la signification dece vote, nous reproduisons un extrait du remarquable rapport dont M. A. Du Bois a donné lecture au nom de la com mission ducontentieux. Aprèsavoir établi ['exactitude des stalistiques produiles par M. I'évêque de Gand l'appui de sa requête, Phonorable rapporteur traite en ces termes la question de droit constitutionnel qui se rattachea la création de nouvelles succursales Messieurs, les considérations qui précédent, si décisives qu'elles nous aient parupour déterminer un avis dèfavorable, s'effacent en quelque sorte devant des raisons péremptoires d'un autre ordre, qui doivent empêcher le gouvernement d'accueillir la double de- mande en ce moment soumise a votre avis. Ces raisons, nous les trouvons dans la loi nou velle sur le temporel des cultes, et dans Ia discussion qui a précédé celle-ci. L'ancien projet sur le temporel des cultes, déposé en 1864, a été en partie abandonné en raison, il faut bien lereconnaltre,des violentesattaques dont ce projet, ses auteurs et ses partisans sont devenus l'objet de la part des évêques et le bénéfice de Ia loi nouvelle est tout entier dans ces paroles que prononcait M. le mi- nistre de la justice a la séance du 21 janvier dernier, dans l'espérance qu'elles font naitre, dans l'engage- ment qu'elles contiennent pour l'avenir Nous devons marcher, disaitM. le ministre, a la séparation de l'Eglise et de l'Etat, dans l'intérét des religions, et dans l'intérét de l'Etat. L'Etat ne peut pas comprendre les religions, il ne peut done pas admetlre l'une plutót que l'autre. II ne peutavoirde faveur, de privilége ou de perséculions, ni pour l'une ni pour l'autre... Voila la régie de l'avenir... On s'en est écarté par la politique, on y reviendra par la raison, par la nécessité, par le besoin de ré- tablir la paix entre tous les citoyens... C'est Ié Ie il ne l'ignore pas. Quelquefois la tribune le cour- rouce et le fait écumeril la bat de son Hot, il Ia couvre méme ainsi quau 15 mai, puis il se retire majestueusement comme l'Océan et la laisse debout comme le phare. Renverser les tribunes, quand on est Ie peuple, c'est une sottisece n'est une bonne besogne ue pour les tyrans. Le peuple se soulevait, s'irritait, s'indignait; quel que erreur généreuse l'avait saisi, quelque illusion l'égaraitil se méprenail sur un fait, sur un acte, sur une mesure, sur une loiil entrait en colère, il sor- tait de ce superbe calme oü se repose sa force, il ac- courait sur les places publiques avec des gronde- ments sourds et des bonds formldables; c'était une émeute, une insurrection, la guerre civile, une révo- lution pout-être. La tribune etait la, Une voix aiinèe s'élevait et disail au peuple Arrêle, regarde, écoute, jugel Si forte virum quem conspexéresilent; ceci était vrai dans Rome et vrai a Paris; le peuple s'ar- rêtait. O tribune! piëdestal des hommes forts! de ia sortait l'éloquence, la loi, l'autorilé, le patriotisme, le dévouement et les grandes pensees, freins des peu- ples, muselières de lions. En soixante ans, toutes les natures d'esprit, toutes

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 1