JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT YPIIES, Dimanche Huitième année. N° 16. l^AYrillSTO MUX U'ABOSSEMEST POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour PEtranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PKIX l)ES inOSCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes-. Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez voire pensèe. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue de Dixmude59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doivent etre adressés franco au bureau du journal. Encore I'école de Becelaere. Nous avons eu, il y a quelque temps, ('occasion de signaler a I'attention de la presse le fait d'un certain bourgmestre de notre arrondissement excellent libéral s'il faut Ten croire lequel avait jugé a propos, l'institutrice laïque ayant quitté la commune, de le remplacer, de sa propre autorité, par les bonnes soeurs d'uri convent voi- sin. Le fait ainsi dénoncé parut si extraordinaire quepiusieursde nos confrèresrefusèrentd'y croire. Rien n'était plus vrai pourtaritet, aujourd'hui que de nouveaux renseignements nous sont parvenus, nous pouvons ajouter que, depuis nos révélations, non seulement eet état de choses a été maintenu, mais que des personnages très-inlluents de notre arrondissement s'entremettent plus activement que jamais auprès du gouvernement pour qu'il se décide a lui donner la consécration légale qui lui manqueencore. Cela étant, nous adressons un dernier appel a la presse libérale tout entière et nous la conju- rons, au nom des principes que nous avons toujours défendns ensemble, de nous venir en aide pour obliger ['administration communale de Becelaere a rentrer dans la légalité et pour éclairer le gou vernement sur les petites intrigues au moyen des- quelles on compte surprendre sa religion. Les faits, les voici tels que nous les avons exposés une première fois. Nous ne pouvons qn'en certifier de nouveau, et sur notre foi personnelle, la parfaite exactitude. La commune de Becelaere possédait naguère deux écoles de filles i'école communale et une autre, dirigée par des religieuses. Ces dernières avaient, a cette époque, pour insti- tutrice, une dame laïque sortie de I'école normale de Thielt et dont elles ne savaieDt exalter trop haul le mérite et les vertus. Cette dame vint un jour a quitter leur établisse ment pour entrer a I'école communale. Dès ce mo ment, les chères sceurs lui firent une guerre achar- née, tant et si bien que la pauvre instilutrice fut forcée de quitter la commune, il y a un an et demi, pour entrer dans une des écoles communales de Bruges ou elle a enfin trouvé un abri contre la persé- cution cléricale. Aux termes de t'article 12 de la loi de 1842, le conseil communal de Becelaere avait a pourvoir au remplacement de l'institutrice démissionnaire dans le délai de 40 jours. II n'en fit rien, et Ie gouvernement, soit ignorance des faits, soit complicité, s'abstint de toute intervention pour le rappeler a l'accomplisse- ment de son devoir, bien que ce même article 12 dis pose formellement que, passé le délai de 40 jours, le gouvernement est tenu de pourvoir a la vacature. Ceci n'est rien encore; mais ce qui passe toute croyance, e'est que les bonnes soeurs ont profité du déparl da l'institutrice laïque pour s'installer dans le local de I'école communale, qui se trouve ainsi sup- primée de fait depuis un an el demi, et remplacée, au mépris flagrant de la loi, par une école purement privée. Les journaux des grandes villes, a qui ce récit tombera sous les yeux, ne voudront pas nous en croire, et pourtant c'est la vérité pure a l'heure ac- tuelle, I'école communale de Becelaere n'existe plus et son local est occupé par les chères sceurs religieuses, qui s'en accommodent, parait-il, le mieux du monde, car elles ne font pas mine de vouloir le quitter. Et l'administration communale de Becelaere, di- rez-vous, que fait-elle de ses devoirs? Ce qu'elle en fait, vous allez voir. En ce moment même, elle est en instance auprès du gouvernement pour qu'il con- sacre Iestatu quo en accordant a I'école des soeurs le privilege de ('adoption, et tout porie a croire, si la voix de l'opinion publique ne se fait pas énergique- ment entendre, que le gouvernement cédera aux sol- licitations pressantes qui le circonviennent. Car les solliciteurs ne sont pas coinme on pour- rait croire, des êmes damnées du parti clérical. L'homme qui marche a la tête de cette petite croisade organisée contre l'enseignement laïque, est un grand libéral, il le dit du moins et trouve des imbèciles qui le répètentc'est M. le bourgmestre de Becelaere, conseiller provincial par la grace de M.le commissaire d'arrondissement d'Ypres un autre grand libéral, comme chacun sait. L'Opnion n'a pas la prélention de croire que sa voix ait, a elle seule, assez de puissance pour que le gouvernement tienne compte de ses avertissements. Qu'importe au gouvernement notre blême ou notre approbation Mais notre voix sera entendue, nous l'espérons, par des journaux libéraux qui ne dèserterons pas leur devoir et qui joindronl leurs protestations aux nótres. C'est en eux que nous met- tons notre confiance pour empêcher la réussite de Ia petite conspiration ourdie a Becelaere, au su et avec l'approbation de M. le commissaire d'arrondissement d'Ypres. Nous n'avons qu'un mot a ajouter l'indépen- dance de l'enseignement laïque est une des thèses favorites du libéralisme. Mais cette indépendance c'est pas sérieusement menacée dans les grandes villes, oü rinfluence du clergé trouve un contre- poids dans l'opinion d'une bourgeoisie éclairée et peu disposée, par conséquent, a subir Ia loi clé ricale. Le danger, il est dans les campagnes, et s'en est fait lè du libéralisme, si ceux qui y lut— tent contre la domination cléricale nepeuvent pas, a l'occasion, compter sur l'assistance de la presse libérale des grandes villes. Bonnet blanc, blanc bonnet. La récente discussion du budget de la justice vient de démontrer une fois de plus qu'entre cléricaax et doctrinaires il n'v a au fond nulle difference. Les uos emploient tous les moyens pour escalader le pouvoir, les autres s'y accrochent comme ils peuvent;ces messieurs serenvoient mutuellement les accusations, discutent pour amuser les badauds; mais dans tout cela il n'y a aucune conviction sincère, aucune dignité politique. M. Wasseige cite des faits et prouve que M. le mi- nistre de la Justice se laisse guider le plus souvent par des considérations politiques pour les nomina tions dans la magistrature. M. Bara s'en défend a peine mais il réplique en accusant les catholiques et prouve a son tour que M. d'Anethan, pendant qu'il était ministre de la Justice, a fait des nominations po litiques. Singulier raisonnement de part et d'autre Car de quel droit attaque-t-on un adversaire lors qu'on se conduit exactement comme lui Spécifions. M. Wasseige accuse M. Bara de n'avoir pas nommé conseillera la Cour d'appelM. Sartel, juge au tribunal d'Ypres, trois fois premier candidat du Conseil pro vincial et second candidat de la Cour. M. Wasseige dit que les opinions politiques de M. Sartel ont em- pêché sa nomination. Croyez-vous que M. Bara le nie Nullemenl. Si le conseil provincial de Bruges, dit-il, a présenté M. Sartel, c'étail pour faire de la politique... En aucune manière, je n'irais préférer Ie candidat du Conseil provincial de Ia Flandre occiden tale au candidat de la Cour d'appel.... L'honorable baron d'Anethan n'eut pas nommé M. Sartel puisqu'il déclarait que jamais il ne nommerait des personnes ayant posé des actes hostiles au gouvernement. Or, M. Sartel s'est mis sur les rangs pour la Chambre des représentants en opposition a notre honorable collè- gue, M. Alphonse Vandenpeereboom. Pour qu'un ma gistral vienne combattre un ministre, l'honorable M. Vandenpeereboom dont nous connaissons tous la modération, je dis qu'il faut que eet homme soit un homme de parti et un homme de parti très-prononcé. Ainsi, voila de par M. Bara les ministres en géné- ral et M. Alphonse Vandenpeereboom en particulier inattaquables et inviolables. 11 ne sera plus permis desormais de combattre la candidature de ce mon sieur modéré sans élre marqué d'une mauvaise note au ministère. Eh! sans doute, M. le ministre, vous avez le pou voir de ne pas nommer les magistrats qui vous dé- plaisent; mais cessez au moins de vanter votre im- partialité. Homme de parti vous-même, vousagissez en homme de parti, frappant vos adversaires. Vous faites ce que les catholiques ont fait avant vous. Soit. Vous n'êtes done pas plus fondé critiquer qu'eux- mêmes n'ont le droit de vous en accuser. Ces observations ne nous sont pas suggérées par le désir de défendre la personnalité de M. Sartel. Non; nousavonscombattu sa candidature politique et nous la combattrons chaque fois qu'elle se produira. Mais nousjdemandons l'équitédans les nominations. Quand il estdescendu de son siége, lemagistrat est un simple citoyen qui, comme tel, doit jouir de tous ses droits. II ne faut pas le punir pour en avoir usé. Comme on l'a fort bien dit, quand un magistrat joint a l'élévation de l'intelligenée, a l'indépendance du caractère, a la

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 1