La commission de l'index. II parait que la sacrée congregation de l'index a des succursales un peu parlout. Au rnoinss'en trouve-t-il una a la Societe de la Concorde de noire bonne ville. C'est ainsi que la Chronique, a laquelle on s'esl abonnè sans doule par méprise, disparait ehaque fois que son compte-rendu l'aniaisisle des seances parleuieniaires met en scène I'un ou 1'autre de nos represeniants. lit voici le colloque qui a ordinairement lieu en pareilie occurence. Un mcmbre. Garcon, la Chronique Le garpon. On I'a dechiree, Monsieur. Le rnembie. Gonnu. Donnez-moi les morceaux. Le garpon. Je les ai bi dies, Monsieur. Le membre. En veriu de quel ordre? Le garpon. Oh I OhC'est un chien de métier, Monsieur, que celui de gai con. Quand on obeit a I'un, on contrarie les aulres. Dorénavant, il brülera Iui— même les morceaux. (Le garcon sort). Le membre. II? C'est sans doute encore ie même. E.cs inslituteurs couimuiiaiix. La lettre suivante, adressee a I'Étoile beige, donne une idee de la facon donl sont traites les instiluteurs communaux, qu'on paie si volonliers en paioles en les proclamaut les pionniers de la civilisation, au lieu de leur payer regulièrement ce qui leur est dü Monsieur le directeur, I Je vous remercie infiniment de l'intérêt que vous portez aux inslituteurs priinaires. Vous avez raison de le dire: malgre l'interpellaiion de l'honorable M.Guillery, leserremèntsdel'adininistration n'ontèté changes tn rien. L'experience me l'apprendvoici le mois de mai, et il me reste a recevoir une bonne part de mes emoluments de 1869. Pour 1870, rien! J'ai ouvert mon ecole d'aduiit-s au mois de novembre 1868 et, le cruirait-on de ce chef, je n'ai pas encore touché une obole. Ahje ne l'ignore pas, Monsieur le directeur, il fandrait réclamer auprès de l'autorite supérieure! Certes, un acte de cette nature serail d'uue incon testable eöicacité mais l'adininistration communale ne fulminerait elle pas conire l'instituteur revolu- tionnaire? Que feraitalors le maitre deiaisse?... Une position semblable me parait uien critique, Monsieur le directeur, et, je vous l'avoue sincereuienl, je préfere... philosopher et, attendee. Agréez, etc. Z. K., Instituteur communal. ■lonneur au mérite. Dans ce siècle de lassitude morale, oü les hommes bornent le devoir aux ètroites liuutes du prix qu'ils en relirent, il est beau de rencontrer un devouement ,réel, une persistance assidue qui, méprisant les ob stacles et les mille tracasseries rebutantes enconi- brant les positions inferieures, marche courageuse- ment a l'accomplissement de sa lache, sur nèanmoins de n'avoir d'autre recompense que la conscience du devoir accompli. X Chacun connait la position de nos inslituteurs a la campagne, leur dependance presque absolue vis a-vis du clerge on pourrait dire que la plupart ne sont quedesclercs d'eglise; le mode d'organisation de l'enseignement, les livres employes, enfin Ie peu de zèle des elèves et le défaut complet d'encouragement de la part des parents aussi bien que de la part des autorités. Quand on cousidère bien cette question sous loutes ses faces, on se dit que l'instituteur n'a rien de mieux a faire que de se courber sous le poids aride des difficultes qui encombrent sa carrière et ce que font la plupart d'eritr'eux de suivre en au tomate lesreglements, de se prosternersous les ordres plus ou moins legaux que la fautaisie du clerge lui transmet.Nous avons vu ce qu'd en coülait, sous le ministère liberal de M. Alph. Vandenpeereboom, pour oser invoquer des droits et résisler aux caprices d'un cure, quand on est instituteur. X Eh bien! II est encore des hommes qui ne perdent p s courage et ceux-la meritent d'être signalés a ('admiration de leurs contemporains. X L'annee dernière, nous avions l'heureuse occasion de parler de l'insliiuteur de Westoutre dont l'ar- dent labeur avait obtenu de si beaux résu'lats. Ce'.le année encore nous avons pu juger de son inalterable dèvouement. Dimanche dernier, a l'occasion de la dis tribution des prix, ses eleves ont joué avec braucoup de tact et d'entrain deux pelits vaudevilles flamands den Sehaerslyper et den .elooverden Kern. Deux pe- tites pièces bien choisies, la seconde surtoui au point de vue du c unique et de la morale a en déduire cette scène de sorcelleiie avec ses trucs devoilés en termes piquanls et pleins de fine critique doit avoir une grande influence sur ces jeunes campaguards dont les parents sont pour la plupart imbus d'idees superstitieuses, et portent encore leurs enfants a Ypres chtz les pères-carmes pour les deburrasser des crises nerveuses que cause la dentition, au moyen de prières et des dons offerls aux vénérables exorci- seurs. X Un choeur patriotique chanté autour du drapeau national ouvrait la s.ance. La niusique remplissait les intermèdes de |oyeux accords. Enfin, c'etait une fêie... et une solennite, que les personnes les plus honorab'es de la commune et des environs out voulu encourager de leur presence. Le clerge même, qui d'ordinaire n'aime pas outre tnesure tout ce qui peut coniribuer a ['education du peuple, avait eu le bon gout de ne pas s'abstenir cette fois. X Félicitons done tout le monde de Ia réussite de cette intéressante journee. Et honneur surtout a l'institu teur capable et zele qui, dans son humble position, comprend si dignemeut le devoir. Origine du doctriiiarisine. Certains grands poliliques haussent les épaules quand ils s'entendent trader de doctrinaires, et de in indent de l'air le plus serieux du monde quelle est la signification et la portée de ce quahficalif. Nous prendrptis la libei te de leur donner une petite lecon d'histoire sur les origines de leur parti et l'esprit qui animait ses f mdateurs, et nous extrayons a leur in tention une page de YHistoire de la liestauralion de Lamartine Le roi (Louis XVIII) et M. üeenzes élaient trop clairvoyants pour ne pas voir dans le parti exaltéel arriére de la cour et de la Chambre les symplómes de l'orage qui se formail contre eux. lis cherchaient des contre- poids naturels daris les hommes rallies de cceur ou d'ambition a la monarchie mais que leurs antece dents rendaienl iuconipalibles avec la renaissance de l'ancien regime. La plupart, hommes de gouvernement plus qu'hommes de principes, appartenant par leurs noms a la vieiile royaote, rallies a l'empire pendant ses prosperites.s'enetant detaches les premiers a sa chute, ayant retrouvè en 1814 leur vieux devouement pour la familie des Bourbons, écarlés des affaires ou hési- tanten 1815, se rapprochant du tróne depuis que le tróne était relevé, recherchant M. Decazes par simili tudes d'antécèdents depuis que ce jeune ministre pos- sédail le coeur du monarque, el s'abritant sous cette influence pour remonter les échelons brisés de leur fortune politique; M. Pasquier, M. Molé, M. de 11a- rante, E. Mounier. M. Villemain, M. Guizot, M. Angles, les uns rompus aux vicissitudes des gou vernemen Is et moderes par lassitude, es autres encore leunes et moderes par force d'espril; ces hommes, presque lous remarquables par leurs talents ou par leurs espé- ranees, etaient le novau d'un parti intermedaire destinèa beaucoup s'elendre el a beuucoup grandir, paree qu'il se plac iil ou le roi se placait lui-mêmeet oü va la foule après les rèvolutions, entre lous les partis, offrant aux uns sécurite, aux autres satisfac tion, a tous des gages. Un hotnme supérieure a eux par les années et par l'autorite, M. Royer Collard, philosophe et politique a la fois, lescouvrail du uiys- lère de ses conceptions, de la digniiè de sa vie ei du prestige de ses aphorismes. l! etait E-Sieyes concentre el si encieux de ce parti naissant- A toute religio,., il faut un oracle. M. Royer-Collard etait l'oracle encore indécis de cette secte active et equivoque qu'on devail appeler plus tard les doctrinaires. t Cependant le ministère avait admis successive- ment dans le conseil M. Pasquier, a la tête de la jus tice, M. Molé a la tête de la flotte, le tnaréchal Gou- vion-Sairit-Cyr a la tête de l'armée. Ces hommes, tousles trois de capacités diverses, mais éminentes, fortifiaient le conseil du roi. Ils allestaient dans le jeune ministre qui les avait inspirés a son maitre un zèle exempt de jalousie pour son service. M. Decazes en ce moment cherchait évidemment plus a servir qu'a dominer, car il se donnait dans ses nouveaux collegues, comme il s'élait donné dans M. 1 aioé, des rivaux et même des supérieurs dans les affaires. M. de Serre présidait la Chambre M. Guizit, M. De Baranle, M. le due de Broglie, M. Villemain, hommes d'espèrance, formaient, a litre divers, autour du ministre favori, non-seulement une familiarité, mais tine opinion. Tous verses dans l'é- tude de l'histoire conslitulionnelle de l'Angleterre, tons ayant senti en naissant le poids humiliant du despotisme de Napoléon sur la pensée et sur la dicnité de l'Arne, tous étrangers ou par leur naissance, ou par leur jeunesse aux superstitions de la cour de l'ancien régime, ils lendaient de bonne foi a reconoilier la Fiance nouvelle et la vieiile monarchie, en mürissant l'une, rajeunissant l'autre. Doues d'un esprit j.lus érudit que créateur, ils avaient assez de persp cacilé pour couiprendre les analogies entre la revolution de 1688 et ce le de 1789, pas assez de génie pour en comprendre les differences. Leurs doctrines n'éiaient que des imitationsils voulaient constituer en France, sans en avoir les elements, un parti parlementaire entre le roi, la noblesse et le peuple, s'emparant du gouvernement par droit dj supériorilé d'intelligence ou d'ambition, opposant le peuple au roi, le roi au peuple. l'esprit plebeien a la noblesse, et fonder ainsi une caste de gouvernement independant de toutes ses f>rmes sociales, subsistant et se maintenanl par le talent, le manége des affaires, la plume, la tribune, comme ces races etrangéres, mais doininatrices, qui s'iinposent et se m unliennenl dans l'Orient entre le peuple et le souveiain. Tous les hammes usés, mais non lassés, des vieux partis révolutionnaires ou im- périaiisies, lous les jeunes gc-ns qui se sentaint une supériorite quelcanque, d'espril, de parole, decarac- tére ou même d'ambition, seralliaient a eux. L'estime d'eux mémes et le dédain du vulgaire élaient les caractères dominants de leur école. Insinuants comme une inlt igue, intolérants comme un dogmé', ils ressem- b'aient déja de loin a ces sec'es religieuses qui flat- taienl le monde pour l'asservir. Quelques esprits su périeurs, leis que M. de Serre et M. Ruyer-Collard, acceplaient Ie patronage que ces jeunes sectaires leur décernaienl pour le décorer de leurconsidération. leroi elM. Decazes recompensaicnt et encourageaient leur zèle, afin d'inlimider par eux le parti de la cour el de dominer par eux le parti rèvolutionnaire. Poids mobile que le ministre de la police, jeune comme eux, pouvait lour a tour porter de tel ou tel cótè de l'opi- nion, pour constituer ce gouvernement d'equiiibre qu'il voulait créer au profit du roi. Ces hommes sans racines propon les et sans lien avec le fond du pogs etaient emmemineni propres a ce róle la pre mière de leurs doctrines, détail leur propre impor tance et lis n'avaient rien a refuser au despotisme mi nisteriel de M. Decazes (lisez Frère), pourvu que ce ministre ne leur refusal rien a eux mémes en in fluence et en ascendant.M de Richelieu ne comprenait pas ce nouveau parti. Aceoutumè a la servilité grecque des cours absoluesdu Nord, il ne voyait daus ces jeunes ambitieux que des serviteurs habiles et devoues de la cour. M. Lainé, républicain de carac- lère et royaliste par lovaute, discernait par instinct l'esprit d'intrigue qui corrompail ce parti de la jeu nesse. II n'acceptait tant de zele qu a vee une secrete repugnance; M. Pasquier le caressait com ine un in strument de règne. vt. M Ié comme un élement utile du principe d'aulorilé roy le, quel que füt le prince M. Decazes s'en laissait entièremenl circonvenir, sans y adherer toutefois par ses convictions ni par sa nature: il rêsèrvail son cceur au roi et sa politique aux circonstances. Le roi, fier et flat té de rajeunir dans ce parli nésous son règne et desliné a servir sa pensée personnelle, comblail de sourires, do confi dences et de faveurs les amis de son ministre favori. Hisloiie de la fteslanratio»par A. db i.amxh- tine édilio» de Itruxi H'nsvi>:line, Cans et Compa- gniej.tome VI, pages leO tl 110. Repondi z ami lecteur, les doctrinaires de 1870 ressemblent-ils a ceux de 1817? Corrcspondauce partienlière de l'OI'IMOS* Bruxelles, le 28 avril 1870 I.a ChaTnbre des représentants a repris ses tra- vaux depuis mardi dernier. Le projet de loi relatif aux réformes fiscales, qui figurait comme premier objet a son ordre du jour, ne parait pas jusqu'a pré-

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 2