JOURNAL
D'YPRES
DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, Di manche Huitième année. - N° 20. 15 Mai 1870.
Paraissant le dimanche.
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Ypres, *4 ISIai 48s«.
La presse doctrinaire a un aplomb superbe,
superbe jusqu'au ridicule. Tous les rédacteurs y
sont rompus au grand art de mystifier le public
malheureusement, ils abusent de leur talent, au
point de se faire rire au nez par les plus naifs.
Formés a l'école du Cassagnac en cbef de YEcho
du Parlement, iïs ont appris a nier l'évidence sans
sourciller; mais l'excès nuit en tout, ct lorsqu'ils
sonnent minuil a midi, ils sont d'autant plus ridi
cules qu'iis metteut plus d'héroïsme it se montrer
sérieux et imperturbables. Toute plaisanterie qui
ne trouve plus de dupe, n'a plus pour victime que
celui qui la fait.
Ainsi que M. Hymans écrive dans YOfjice de
Publicité
o Dans cette polémique d'opposition qui sert de
préfacea l'agitation électorale, nouscherchonsen vain
l'ènoncé des faules. Aucune mesure taxée d'inipopu-
laire n'a étè proposée par le gouvernement ni votee
par lesChambres.
M. Hymans fera rire de lui et plus il mon-
trera d'apiomb, plus on rira.
Qui n'a lu, en effet, dans les journaux indé-
pendants, la longue série de nos griefs? Qui n'a
entendu déplorer les fautes du ministère, au sein
mème des associations libérales? Qui ne lui a
reproché les millions enfouis a Anvers, l'exagéra-
tion des dépenses militaires, 1'augmentation du
traitement des évêques, la loi sur le ternporel des
cultes, la loi électorale, l'extension de la loi de
1842, la honteuse expédition du Mexique, et
tant d'autres méfaits, dix fois plus qu'il n'eu fau~
drait pour renverser un ministère, dans un pays
dont il n'aurait pas faussé les institutions et per-
verti la majorité électorale?
M. Hymans croit que, sous ce rapport, les
précautions ont étè bien prises, Aussi est-il plein
de confiance dans Tissue de la lutte qui s'engagera
au mois de juin.
tjlous allons assister, dit-il, a ce curieux spec
tacle d'une éiection Legislative succédant a de grands
efforts teniés pour renouveler le programme des
partis, et ramenée, le jour de I'échéance, sur le ter
rain traditionnel de la lutte eotre libéraux et catho-
liques.
11 y a une sorte d'impudence et de mépris
insultant pour le corps électoral prédire aussi
insolemment, que les vrais libéraux seront encore
dupes cette fois du faux aeti-cléricalisme des
doctrinaires.
De tous les députés sortants qui se soumettent
réélection, ajoute-t-il, qu'iis soient libéraux ou ca-
tholiques, il n'eu est pas un qui coure le risque d'étre
désavoué par les Associations ou les influences sous
le patronage desquelles il s'est présenté dans d'-autres
temps.
Nous n'en doutons pas les associations sui-
vront l'ordre re$u.
Mais rapprochez ce lan^age de celui que tien-
nent, au milieu même de ces assemblées doctri
naires, les orateurs ministériels, lorsqu'ils dé-
fenderit le pouvoir contre les accusations du
parti libéral progressiste,
Si le ministère n'a réalisé aucune des réformes
les plus vivement réclamées, c'estque la majorité des
Chambres refuse de lui prêter sou concours. II vou-
drait rayerduCode l'art. f781, il voudrait abolir la
peine mort, il voudrait réviser la loi de 1842 mais
tous ces députés qui vont être soumis a la réélection
ne Ie lui permetten' pas. Nous, les chefs des Associa
tions, nous désirons aussi ces réformes ce qui ne
vous empêohera pas, Messieurs, de voter comme uu
seul homme pour les représentants sortants, M. Hy
mans, notre serviteur a tous, l'a dit, et il a raison.
Triste comédie
II se trompe, cependant, leur serviteur, lors-
qu'il conclut orgueilleusement pour ses patrons
ct S'il est vrai que les partis soient destinés a se
transformer un jour, ce jour est encore perdu dans la
brume des horizons loiutains, et quelle que soit Tis
sue de la lutte, assurément très-vive, qui se prépare,
elle n'introduira pas un élément nouveau dans nos
grands dèbats poliliques.»
Leurs grands débals politiques! Vous savez ce
que c'est un tripotage parlementaire dans lequel
M. Frère et M. Dumortier se donnent la main
pour escamoter la réforme électorale et la loi sur
le temporel des cultes, et pour gaspiller l'argent
des contribuables. Or la fin de tout cela serait
perdu dans la brume des horizons lointainsLes
électeurs seraient ce point aveuglès qu'iis ne
sentiraient pas la nécessité d'introduire un élément
nouveau dans une assemblee qui conspire contre
eux! Nous avons une meilleure opinion de leur
bon lens. Le règne du doctrinarisme, la mon-
strueuse coalition de la droite et de Ia gauche ne
sera plus de longue durée.
M. Eudore Pirmez, ministre de l'Intérieur et
représentant de Charleroi, a prononcé, dans ia
dernière assemblée de Association libérale de
cette ville, un discours qui peut être considéré
comme le manifeste électoral du parti minis-
tériel.
Quoi, direz-vous, M. Eudore Pirmez fait done
partie de Association libérale de Charleroi?
Qui, vraiment. Pas depuis longtemps, toutefois
depuis l'avant-veille seulement du jour ou cette
association a eu a se prononcer sur sa réélection.
L'assemblée avait lieu le 1" mai. M. Pirmez a
adhéré Ie 28 avril. Convenez qu'il eut été difficile
de témoigner moins d'empressement.
H est vrai que le refus de M. Pirmez de sou-
scrire au programme de l'Associatiori n'avait pas
empêché cel Ie—ci de porter sur lui ses suffrages
dans les élections antérieures; mais il paralt que
les circonstances ont changê depuis lors a Char
leroi, et que les besoins du moment exigeaient
impérieusement que M. le ministre de ['Intérieur
fit eet acte de soumission.
Voici done M, Pirmez passé, depuis le 28 avril,
dans les rangs du libéralisme officiel et patenté.
La cause et le soldat sont dignes l'un de I'autre...
Dans un discours très-étendu et qui n'occupe
pas moins de sept colonnes et demie du Progrès
de Charleroi, l'orateur a pris a têche de réhabili-
ter la politique doctrinaire, très-compromise dans
l'arrondissement qu'il reprêsente, en déroulant
aux yeux de ses auditeurs Ie magnifique tableau
des bienfaits dont la Belgique lui est redevable,
depuis treize ans qu'elle gouverne le pays.
M. Pirmez a obtenu un très-vif succès de tri
bune, ce qui ne nous surprend guère, étant donnée
une assemblée résolue d'avance a, le porter au
Capitole. C'est dans sa péroraison surtout, quand
il a fait appel l'union de toutes les forces du
libéralisme, que les appiaudissements ont éclaté
avec le plus d'enthousiasme.
Voulez-vous, s'est écrié l'orateur, voulez vous
de la politique libérale, oui ou non
La politique libérale en vahit le monde. Elle triom-
phe en Espagne, en Italië, en Autriche. II s'agit
de savoir si, quand tous les peuples se précipitent
a la fois, l'arrondissement de Charleroi veut rester
en arrière, se retirer du mouvement
(Appiaudissements.)
Pour soutenir le parti libéral il faut de l'union.
Si nous avons des défectious, nous n'aurons pas
de divisions.
Je ne demande pas si ceux qui sont avec moi dif-
fèrent d'opinion sur telle ou telle petite question,
s Maisje dirai, il faut que nous marchions unis, paree
que si nous nous divisions nous sommes perdus.
C'est l'union qui doit faire notre force. Et l'union
restera entre nous. (Bravos.)
C'est, comme on voit, toujours la mème vieille
tactique. Au jour du danger, on adresse les appels
les plus pathetiques, a 1 union, a la conciliation,
sauf, le danger passé, a abrettver d'avanies les li
béraux naïfs dont on a exploité la crédulité. Cette
tactique a réussi jusqu'ici admirablement au parti
doctrinaire, mais eüe en est il ses derniers
triomphes et le jour n'est pas éloigné oü Ie libé-
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee