JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT Appuyé par les libéraux de la vieille école, par YPRE8, Dimancbe Huitième année. N° 2£. 12 Juin 1870. 1 PHI* D'iBOIXGMElT POUR la BELGIQUE g francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour I'Etranger, le port en sus. Us ÏJwéro 25 Centhes, PRIX RES AtXOXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes^» Le todt payable d'avancb. Paraissant le dimanche. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Dixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d1argent doivent étre adressés franco aw bureau du journal. l'pres, <1 Juin is;», On nous dit qu'il faut avant tout êcarter le clérical On nous dit qu'il ne faut pas tout vouloir en un jour. C'est le thème de nos doctrinaires: ils l'ont fort habilement imaginé et I'exploitent plus habile ment encore. Nous verrons ce qu'il y a de sincère dans leurs protestations et d'honnète dans leur conduite. A les entendre, s'ils ont terrible souci d'empè- cher l'avénement d'un ministère catholique, c'est qu'ils voient la main-naorte dans le portefeuille clérical. lis frèmissent d'une épouvante admirable- ment jouée devant un sDectre ani n'est denuis longtemps qu'un pantin. Malheureusement leur \ieille ruse est usée, leur imposture éclate tons les yeux. On sait par expérience désormais qu'ils cachent, sous une feinte frayeur de I'envahisse- ment épiscopal, la crainte unique et véritable de perdre le pouvoir. La coterie ministériellea prouvé qu'elle s'unirait au besoin aux cléricaux eux- mêmes pour conserver et partager le sceptre ou la crosse. Loin de professer pour le parti ultra- montain 1'aversion qu'il inspire aux libéraux sin- cères, elle le ménage, i'entretient, le caresse, le flatte, le favorise et le fortifie. Telle est la sincé- rité de sa haine et de sa peur On ne réduira done le parti clérical l'impuis* sance définitive qu'en écrasant d'abord la coterie doctrinaire, qui est son plus ferme appui. Ce sera aussi le seul moyeD de substituer enfin l'honneur national k l'ambition personnelle, l'in- térêt général k l'intérèt individuel, la politique li bérale au machiavélisme de coterie ou de familie, dans l'administration des affaires publiques. Que Ton cesse de nous répéter jésuitiquement qu'il ne faut pas tout vouloir en un jour, tan dis que depuis 40 années, ou s'étudie k nous faire reculer. Nous étions la tête des nations du monde; nous jouissions de toutes les libertés qui garantissent le développement rapide d'une civili sation réelle; notre neutralité reconnue et assurée nous dispensait des frais ruineux de la défense armée et de la diplomatie, et nous permettait de consacrer tous les progrès notre richesse et notre génie. Après 40 années de tranquillité, dans de sem- blables conditions, nous devions laisser loiri der rière nous tous les peuples du monde. Or, oü sommes-nous? Quels progrès immenses avons- nous réalisés, durant presqu'un demi-siècle d'une situation tellement avantageuse, qu'elle ne s'était jamais produite avant nous Quels exemples avons-nous offerts au monde, qui attendait de nous la mesure de ce que la liberté peut donner? Comparez notre petit pays tous ses voisins, voyez quel chemin ils ont fait pendant que nous patau- gions sur place, et constatez que le doctriuarisme nous a fait perdre 40 années attendre les retar- dataires et nous laisser dépasser par eux, pour prendre place honteusement vers la queue. Et les pohtiques ramollis qui nous ont conduits lè, ont Ie front de nous dire qu'il ne faut pas tout vou loir en un jour! Après avoir abaissé la nation, ils l'insulteot par l'ironie. Ce parti doctrinaire en est venu a se mépriser tellement lui-même qu'il ne peut reprendre i'habi- avilissement n'a d'égal que son insolence. II n'est rien k ses yeux de plus niais qa'une collection d'hommes, de plus bonace qu'un corps électoral, de plus stupide que la nationrien de plus sem- blable a un troupeau que des citoyens fibres il suffit de la houlette, dit il, pour les paitre oü I'on veut. II est vrai que le succès constant de sa politique écceurante, de ses petites manoeuvres déloyales et grossièrement rusêes, de ses protes tations effrontément menteuses et de ses perfidies jésuitiques, lui a donné le droit de le croire. Nous ne sommes pas les seuls vóuloir secoüer Ie joug des coteries doctrinaires. L'Organe de Monslui aussi, leur fait une rude guerre. Voici en quels termes il en parle dans un de ses derniers numéros propos de la pression ministérielle qui s'exerce en ce moment au profit de la candidature de M. H. de Brouckère Que se passe-t-il actuellement? les progres- sistes comme les catholiques sont traités en parias. Dans chaque arrondissement il existe uue coterie et i'on sait si cbez nous elle est fortement constituée! qui a l'oreille du gouvernement et qui prétend faire la pluie et le beau temps. Une place devient va cante vous la sollicitezmais si vous n'êtes pas in- féodé au clan doctrinaire, si vous n'êtes pas épaulé par ceux de vos deputes dont le devouement au mi nistère ressemble au servilisme, vous ne serez pas nommé, eussiez-vous des litres indiscutabies a l'ob- tention de la place on vous preférera un fruit sec quelconque, un jeune bomme dont le seul mérite est d'être un fils a papa ou l'ami d'un courtier électoral remuant, et députès et ministres vous riront au nez si vous avez la bonhomie de rèciamer. Nous ne voulons plus de ces coteries qui distri- buent les places et ne soignent que les intéréts indi viduels qui les touchent de prés, nous reclamons la justice en tout et pour tous, et prétendons opposer nos droits de citoyens beiges aux caprices et aux ap- pétits voraces de MM. les doctrinaires. Dans cette campagne que nous entreprenons, le Corps électoral sera a vee nous, car nous défendons une boDne cause, car nous lutlons au nom d'un prin cipe juste, trop longtemps foulé aux pieds par le ministère et sa cabale. Le Progrès fait dans son n* du 5 courant, l'aveu que voici, aveu bien piécieux dans sa bouche et qui fera réfléchir sérieusement ceux qui ont cru a l'eternelle omnipotence du doctrinarisme. Cet aveu est en contradiction flagrante avec toutes les injures adressées maintes fois aux progressistes par le journal de la rue au Beurre. A Mons, pas de lutte clérico-libérale, mais une lutte d'un autre genre qui devient de jour en jour plus sêrieuse. La réélection de MM. Dolez, De Thuin et Saincte- lette, députés sorlants, est assurée. La candidature de M. Marius Boulenger, avocat et conseilier provincial, est acceptée par les libéraux de toutes les nuances. v La lutte est entre M. de Bruckere, député sor- tant, et M. I'avocat Léon Defuisseaux, de Baudour. II serait peut-être téméraire de préjuger le ré- sultat de la campagne électorale qu'une fraction du libéralisme montois a entreprise contre M. H. da Brouckere, mais il est impossible de méconnattre que cet homme politique a trouvé en M. Léon Defuisseaux un concurrent très-chaudement appuyé. Le commencement de la fin. Nos associations assermentées sont loin d'avoir con- servé ('influence dont eiles ont tant abusé depuis uu quart de siècle. Cédant pied a pied a l'opinion pu- blique, elles ont dü modifier leurs allures, elles ont même ca et la, supprimé l'obligation d'honneur im- posèe a leurs affiliés de parler et de voter contre leur conscience, pour ou contre les eandidats, selon les dé- cisions que les meneurs dictaient b des majorités trop complaisanles. En ce point et en d'autres ces associa tions ont opéré un mouvement de reeul assez sen sible, et force leur sera bientót de l'accentuer davan- tage dans le sens de la liberté personnelle. Miracle Les aspirations progressistes du pays sont telle ment vives que, pour s'en convaincre, si le moindre doute était possible a cet égard, il suffirait de consul ter les discours des députès doctrinaires et des mi nistres soumis a réélection. Les aveugles voient, les sourds entendenl, les Laissez dire, laissez-vous blamer, mais puhliez votre pensee luii» Ju raspect, uueinc <1 i'égaid des autres. Son Coteries partont. CEUX QUI NE SUPPORTENT LE VIN GÉNÉREUX DU VRAI LIBÉRA LISME que fortement trempé d'eau, M. H. de Brouckere est combattu par une fraction importante du parti h- BÉRAL QUI VEUT IMPRIMER DES ALLURES PLUS DÉCIDÉBS, UNE MARCHE PLUS FRANCHEMENT PROGRESSIVE A LA POLITIQUE DE NOTRE GOUVERNEMENT.

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 1