JOURNAL D'YPRES DE L'AKRONDISSEMENT JfPRE8, Dimanehe Huitième aenée. N° 26, 26 Juin 1870. PK1X D'ABOIREMEMT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour I'Etranger, le port en sus. Uk f?BMÉRO 25 Centimes, PRIX RES AillSOlCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes* Le todt payable d'avance. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-rous blamer, mais publiez votre pensèe On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue de Dixmude59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduit.es. Toules lettres ou envois d"1 argent doivent etre adressés franco au bureau du journal. Libéralisme et doctrinarisme. On a dit a satiétê, depuis quelques années, que le libéralisme n'avait été jusqu'a présent qu'un anti -clériealisme sans siricéritê. Les coupables sont désormais en aveu, et nous verrons bientót les journaux officieux cesser de défendre leur politique bêtarde; nous verrons leurs plus chnuds partis ms d'hier, faisant de nécessité vertu, les quitter allé— grement pour nous suivre dans la voie nouvelle, peu soucieux de tester a cóté d'eux dans l'ornière. Certes au début de notre carrière, la politique exclusivernerit anti cléricale paraissait bien justi— fiée; commandée par les circonstances et habile— ment conduite, nous n'hésitons pas a reconnaitre que nous luidevons probablement le salut du parti liberal. II était évident, en cffet, pour quiconque appréciait sainement la situation et la vaieur res pective des partis celte époque, que le parti ca- tholique, qui était le principal auteur de larévolu- tion de 18'30, ne tarderait pas ii être le seul maftre de nos destinées. Ses chefs, entrair.és par le mouvement qui poussait l'Europe entière vers la liberté, instruits d'ai I leurs de ses avautages par la vie quelque peu dure qu'avait faite leur Eglise l'arbitraire d'un gouvernement protestant, s'étaient incontestablement acquis les sympathies de la nation par la largeur de leurs idéés et la fran chise de leur langage. Le parti catholique, déja prédominant, puissamment organisé, rapide dans ses dé\eloppements,gr&ce a ses nombreux moyens depropagandeet de domination, n'aurait done pas été longtemps établir irrévocablement 1'Eglise dans I'Etat, a adapter nos institutions aux néces- sités d'un gouvernement épiscopal et mettre nos libertés entre deux pages de sou bréviaire. Les libéraux, qui avaient du se donner tout d'abord la mission de poursuivre l'application loyale et le sage développement de nos libertés, afin d'arriver promptement la réalisation des principes féconds qui n'étaient déposés quVngerme dans la Constitution, se trouvaient en prêsence d'unennemi plus puissant qu'eux, fortement orga nised di*po«antde moyensd'actiou immédiatsdont l'inüuence devait se produire de suite et s'étendre rapidement. Pour l'empêcher d'absorber lout pouvoir et toute influence dès les premiers jours et de paralyser ainsi des efforts trop tardifs, ilétait certes indispensable de l'attaquer immédiatement. Le moyen leplus prompt de l'arrèter était de le combattre sur son terrain, d'opposer propaganda a propagande, d'org miser le parti libéral au point de vue purement électoral, et de letter exclusive- ment pour conquérir sur lui les influences gouver- nementales, les plus puissantes de toutes. Gréce h l'énergie de quelques hommes dont tous les efforts se sont concentrés sur cette Intte et dont on ne peut contester le mérite, cette tac- tique a admirablement réussi. Le parti catho lique, après de nomhreuses fautes d'ailleurs, s'est assez rapidement amoindri et lorsqu'en 1857, une majorité imposante porta les libéraux au pou voir, les cléricaux comprirent si bien qu'il fallait renor.cer a tout espoir d'y revenir qu'ils se tournèrent vers les spéculations que vous con- naissez. Mais dans cette lutte acharnée et incessante des deux partis pour saisir le pouvoir, les prin cipes s'étaient effacés devant les préoccupations de Ia stratégie; et le gouvernement, uniquement inspiré par l'esprit de parti, n'avait pas fait un pas dans l'application des libertés proclamées de puis un quart de siècle. En revanche, les hommes qui avaient dirigé et soutenu le combat, durant ces longues années, avaient acquis la contiince illimité, la popularitó, la puissance individuelle qui appartiennent aux chefs éprouvés d'urie vieille garde. Dans ehaque localité, grêce une organi sation sévèrement maintenue, quelques hommes dirigeaient tout arbitrairement et disposaient des moindres faveurs. Assurément, on ne pouvait faire un crime a ces hommes ni de leur influence personnelle, ni du statu quo gouvernemental, car c'était le résultat inévitable d'une tactique qui elle-même avait été une nécessité de la situation. Mais leur faute commence ici. Lorsqu'en 1857, le parti catholique lui-raême, écrasé sous son impopularité, se reconnaissait dé sormais impossible et se retirait de la lutte, le moment était venu pour les chefs du parti libéral au pouvoir d'adopter urie politique nouvelle qui achevêt la défaite de nos adversaires et la rendit définithe. II s'agissait de se dévouer immédiate ment a l'application sérieuse, a Ia réalisation sin- cère, au large développement des principes pro- clamés en 1830, liberté, égalité devant la loi, gouvernement de la nation par la nation, sépara- tion de 1'Eglise et de l'Etat, tous ces principes enfin dorit ehaque application nouvelle est un nouveau coup de massue au clériealisme. Ils lut- taient dès lors avec les armes qui nous convien- nent, et ils avaient la partie belle. C'en était fait a jamais de notre adversaire et la carrière était ouverte, sans obstacle, au progrès. Qu'ont-ils fait? lis out méconnu leur devoir, ils n'out pas vu que la véritable oeuvre n'était pas même commencée, que leur victoire sur le parti clerical n'était encore que l'anéantissement d'un obstacle, que le libéralisme leur avait confiè une autre mission, plus importante et plus glo- rieuse. Leur ennemi une fois abattu a leurs pieds, ils n'ont plus sengé qu'è se prélasser dans leur triomphe et s'en assurer personnellement la jouis- sance. lis n'ont rien modifié la politique ao- cienne, ils ont continué l'oubli des principes et soigneusement conservé, a leur profit, l'organisa- tion du parti, en vue de la manipulation électo- rale; ils ont consacré leur expérience, leur génie, les ressources de I Etat étendre leurs influences, leur domination personnelle. II s'est formé ainsi une coterie toute puissante qui a fait servir a son édification et sa perpétration au pouvoir, la politique employée au début contre le clériea lisme et afin d'en justifier la continuation désor mais désastreuse, ils ont soigneusement entretenu Ie clériealisme, entre la vie et la mort, dans un état qui leur permettait de s'en servir, au besoin, comme d'un épouvantail sans danger pour eux- mêmes. lelie a été la politique doctrinaire, quele corps électoral a si énergiquement condamnée le 14 juin dernier. Le doctrinarisme et les derniéres elections. On connail le vieux dicton des jésuites de toute robe pour expliquer tout ce qui arrive de facheux ici-bas. C'est Ia faute de Rousseau c'est la faute de Voltaire. Les doctrinaires ont aussi leur mot ft eux pour ex pliquer ieur insuccès. C'est la faute des progres- sistes mettanl leur main dans la main ratatinée des cléricaux. [Progrès d'Ypres de novembre 1866; lettre d'un doctrinaire dernièrernent mis a la reforme pour cause de vices contractés au service ministériel.) Done, tous les échecs encourus par messieurs de la doctrine sur le terrain électoral sont dus a la tra- hison de quelques libéraux soi-disant avancés, vrais brouillons au fond, faux frères de la pire espèce, qui ne rèvent que le renversement de l'ordre base sur l'autorité. Tels étaient, entr'autres, les rep'-oches articulés par le Progrès de Charleroi a charge des partisans de la candidature M. de Balisaux. Ce journal, commeon sait, s'est fait le champion passionnè de M. Pirmez et consorts dans Ia deroière lutte, et il n'est aucune in vective qu'il ait épargnée a ses adversaires. Mal lui en a pris. Usant d'un procédé jdont on use a I'égard des chiens malpropres et dont nous nous sommes parfois servis vis-a-vis du Progrès d'Ypres, le Jour nal de Charleroi a pris son confrère par la nuque, et lui a tont bonnement fourré le nez danssa propre prose. II y avait, en effet de quoi le barbouil- ler. Ce même Progrès, devenn tout a coup le grand défenseur deMM. Eudore etCe,avait écrit, parmi bien d'autres récriminations, les lignes qui suivent

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 1