JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, l)imanche
Huitième année. N° 80.
24 Juillet 1870.,
Le tout payable d'avance.
L'esprit de conciliation.
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POUR LA BELG [QUE
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ïpreg, s.i Juillet isïo.
Les élections du 14 juin dernier ont fait justice
de la politique doctrinaire. Un ministère nou
veau, composé d'éléments exclusivement catho-
liques, a pris sa place au pouvoir et demande au
corps électoral de confirmer sa prise de posses
sion en lui envoyant une majorité qui lui per-
mette de conserver le gouvernement du pays.
Disons-le tout d'abord nous sommes d'avis,
avec la presse libérale tout entière, qu'en refusant
de rapporter l'arrètè qui a dissous les Chambres,
Ie ministère a assumè sur lui une lourde respon-
sabilité
Nous sommes également d'accord avec elle
quand elle accuse Ie ministère d'exploiter la situa
tion pour arracber au corps électoral un vote de
confiance qu'il n'en obtiendrait pas dans les cir—
Constances normales...
Mais, sans nous dissimuler 1'indignité de la
conduite du ministère en cette circonstance, nous
nous demandons tres sérieusement s'i! est pru
dent, s'il est patriotiquo de pousser en ce moment-
au renversement de ce ministère en élisant des
candidats hostiles a sa politique.
Renverser le cabinet est bientót dit et ne serait
peut-être pas bien difficile faire. Mais, le cabi
net renversé, une question grave se pose immé-
diatement devant nous
Par qui, comment remplacer Ie ministère
tombé
II y a dix ans, une question ainsi posée n'eut
soulevé aucune difficulté sérieuse. Le pays était
partagé, a cette époque, en deux opinions parfai—
tement tranchées. On n'y comptait que des ca-
tholiques d'un cóté, des libéraux de l'autre, et le
pouvoir, qui tombait des mains des premiers, s'en
allait tout naturellement aux mains des seconds.
Depuis lors, ces deux partis se sont subdivisés
a l'infini; il y a maintenant des cléricaux, comme
des libéraux, de toute sorte de nuances, toutes se
fesant la guerre avec autant d'acharnement que
naguère les libéraux et les catholiques de la pre
mière génóration.
Supposons qu'au milieu de la conflagration gé
nérale de ces partis si divers, les élections nou-
velles fassent au ministère une obligation de se
retirer. Par qui, comment serait-i! remplacé?
Nul ne saurait le dire, assurément mais ce qui
est vraisemblable, ce que l'on peut prévoir, c'est
que la chute du ministère serait le signal d'une
lutte sérieuse entre tous les partis qui aspirent
a prendre Ia direction des affaires du pays.
Dans la crise grave que traverse la Belgique,
pouvons-nous envisager, saus frayeur, l'éventualité
d'une pareille competition? N'avons-nous rien a
craindre, pour notre indépendance, pour notre
sécurité, d'une crise inférieure qui pourrait éven-
tuellement aggraver notre situation extérieure,
déjè si menacée? Nous nous bornons a poser la
question sans prétendre la résoudre, laissant aux
électeurs de 1'arrondissement le soin de lui donner
la solution que leur dicteront a la fois, et leur
patriotisme et une saine intelligence des nécessi-
tés de la situation.
Au point de vue de leurs principes politiques,
Ia résolution qu'ils sont appelês a prendre ne leur
imposera pas, d'ailleurs, un bien lourd sacrifice.
Au fond, les soi-disant libéraux de latrempede
MM. Alpbonse Yandenpeereboom, Beke et Van
Merris n'offrent pas plus de garanties au libéra
lisme que les candidats du parti clérical. L'arron-
dissement les a vus l'ceuvre et sait ce qu'ils
valent.
Quant S ce qu'on peut en attendre dans l'ave-
nir, l'attitude de l'Association d'Ypres, qui pa-
trone leurs candidatures, dit assez que si les élec
teurs les renvoient a Ia Chambre, ils y retourne-
ront pour continuer cette politique de reaction et
de résistance qui, sous prétextede modération, a
pris pour tóche de contrarier toutes les aspirations
du libéralisme progressisle. Les libéraux d'Ypres
n oublieront pas de si lót que, seule ou presque
seule parrni les associations des grandas villes,
1 Association libérale d'Ypres a refusé de se faire
représenter a l'assemblée qui devait formu!er,dans
des vues de conciliation, le nouveau programme
du libéralisme beige.
Ce refus peut se passer de commentaire. Ceux
qui voteront pour MM. Alphonse Yandenpeere
boom, Beke et Van Merris sauront maintenant,
a ne pas s'y méprer.dre, qu'ils votent pour des
candidats carrément hostiles toute extension
sérieuse du droit de suffrage, hostiles a la sécula-
risation des services publics, hostiles a une répar-
titiori plus équitable des charges militaires, hos
tiles, enfin, toute idêe de réconciliation entre
les diverses fractions du parti libéral.
Peut-être les électeurs d'Ypres jugeront-ils
que, pour conserver de tels représentants, ils se-
raient bien imprudents et bien coupables de pro-
voquer une crise gouvernementale dans une situa
tion aussi grave, aussi solennelie que celle oü
nous nous trouvons. Cette situation, nous tenions
la leur exposer telle qu'elle nous apparalt. A
eux maintenant d'aviser et de règler leur conduite
suivant les inspirations de leur patriotisme.
Le parti liberal et Ia coterie yproise.
Mercredi 13 a eu lieu a Bruxelles la réunion des
déiégués des associations libéraies. Tous les orateurs
qui ont pris la parole ont proelamé Ia nécessité ab-
solue des réformestous ont fait preuve d'un remar-
quable esprit de conciliation. Seul un M. de Rossius
a fait sonner une note discordante au milieu de ('ac
cord général. Son discours n'a été qu'un tissu de
stériles recriminations et d'accusations injustes.f.Le
plus curieux est que ce M. de Rossius assistait Ia
réunion en qualilé personnelle; nul mandat ne lui
avait été confié. Lui-même en a fait I'aveu. Mais
M. de Rossius est parent de M. Frère-Orban et c'est
tout dire. II appartient a cette petite église exclusive
et intolérante qui prétend personnifier en elle tout Ie
libéralisme et dicter ses idéés, ses volontés comme
des oracles.
Tout autre, nous le répélons, était l'esprit général
de l'assemblée. Les progressistes surtout, par l'orsane
des déiégués de Verviers, ont fait les plus larges con
cessions.
Presque toutes les associations du pays étaient
représentées a Bruxelles, non-seulement celles des
grandes villes, mais aussi les plus petites looalités,
comme Berghem, Huy, Ath, Furnes, Boom, Renaix]
Lierreles villes mêmes ou domine depuis longtemps
1 élément cléricalTermonde, Maesayck, Hasselt, St-
Irond, Gourtrai, Audenarde, s'étaient jointes au
mouvement.
L'esprit de coterie.
Ypres, au contraire, a jugé bon de s'abstenir.
Les meneurs n ont pas même daigné réunir l'asso-
ciation; a ceux Jont ils mendient les suffrages lors-
que Ia peur les envahit, ils ont fait l'injure de ne pas
les consulter sur les mesures a prendre dans l'intérêt
du parts. Impossible de mieux prouver que, dans la
Pensée de ces meneurs, l'association n'est qu'un in
strument, un voile pour cacher les intrigues. II fal-
lait, du reste, s'attendre a pareils procédés.
En effet, dés 1 apparition de la première circulaire
de l'association d'Anvers, le Progrès écrivait que la
réunion provoquée n'avait rien de sérieux. L'assem
blée du 13, dont nos lecteurs auront !u le compte-
rendu, vient de lui infliger un cruel démenti. Ce n'est
pas une raison pour les patrons du Progrès de con-
fesser leurs erreurs. Ilsentendent rester fidèles Ia
seule fidélité de leur existence a leur vieille devise
PAS DE CONCESSIONS!
Quand de toutes paris, dans tous les coins du pays
on travaille avec une louable ardeur a sceller le pactè
d'union, quand tous ceux qu'anime l'amour du pays
cherchent les moyens les plus efficaces pour donner
satisfaction aux aspirations progressistes qui se ma
nifestent partout, les patrons du Progrès s'obstinent
a rester dans I ornière. Retranchés dans leur passé
boufïis dorgueil, et paree que, depuis quelques an-
nées, tout leur a réussi.se jugeant invincibles dans
leur sotte suffisance, ils prétendent s'immobiliser
comme des bornes. Soil. Ce n'est pas nous qui de-.