Le commerce et l'inddstie. Les chemins de fer et EES canaux. Industries agricoles et agriculture. pour raviver (oules Ies sources de la prospérité et de la richesse nationales C'est ce que nous allons voir. La voirie. Chez lous les peuples, les voies de communication ontété considérées comme une source de prospérité; 1'histoire nous autorise a Ies signalercorame Ies plus puissants moyens de civilisation. En Belgique, grand nombre de routes ont été créées sous le règne de la maison d'Autriche; Ie gouvernement francais dota notre pays de quelques troncons de routes, et, sous le régime hollandais, le système de la voirie prit quelque développementmais ce fut surtout après 1830 que Ie développement pritdesproportionsextra- ordinaires, et, depuis cette époque une veritable fiè- vre de travaux publics n'a cessé d'agiter nos popula tions. Tous Ies Beiges, sans distinction d'opinion, ont travaillé a l'extension de la voirie le gouvernement a dü suivre le mouvement des masses, construire son réseau de voies ferrées, creuser des canaux, interve- nir a l'aidede subsides dans ('établissement de routes provinciales et communales, etc., etc. II n'y a per- sonne qui peut s'attribuer I'honneur exclusif de l'amélioration de la voirie tout le monde a sa part dans Ies travaux bienfaisants demandes par toute la population, et Ies subsides accordés par l'Etat el la Province ne sont point des faveurs qu'il a octroyées, ce sont des interventions nécessairos qu'il n'a pu refuser. Et voyez nos routes communalesqui Ies demandene sont-ce pas Ies conseils communaux, poussés par Ies habitants, qui font Ies plans et devis, qui demandent et obtiennent des subsides d un con- seil provincial aujourd'hui catholique et d'une Cham- bre, hier libérale-doctrinaire? Ghacun a sa part personne ne peut s'attribuer a lui seul la gloire et Ies bienfaits de notre système de voirie, les hommes gou- vernants moins que tous autres ils ne sont et n'ont été que des commis de la masse. Nos gouvernants ont parfois, souvent mêrne, agi contre l'idée et Ies sentiments des populations et alors qu'ont-ils fait? Tout Ie monde demande que Ies travaux soient utilespourquoi dés lors Ie Ministère a-t-il dépensé des millions a construire quelques sta tions comme des palais oü tout n'est que feston, oü tout n'est qu'astragale, tandis que ces millions au- raient bien mieux servi a construire des routes agri- coles Le peuple n'est pas d'avis que les deniers publics servent a des ceuvres de plaisance alors qu'il en a besoin pour des ouvrages utiles. Pourquoi done doter certaines villes de travaux gigantesques dont le besoin ne se fait point sentir, au moment oü cer taines parties du pays souffrent du retard de sub sides pour travaux les plus nécessaires Vous avez donné pour certain bétiment de station un million et demi qui auraienl bien mieux servi a construire un che- min defer de Poperinghe a Rousbrugghe. Ils octroient des concessions sous condition d'exécution dans un temps indiqué ensuite, ils acoordent remise sur remise. Le canal Lys-Yperlée, dont on aurait pu exi- ger l'achèvement a 1'heure actuelle, ne sera terminé que dans bien des années, gréce a ce système de re mises continues. Et puisle chemin de fer d'Ostende- Armentières, dont la concession a été accordée par la loi du 21 avril 1364, a deja servi de marotte aux élections de 1864 et 1868: il servira peut-ètre a celle de 1870, et sürement a celle de 1872; il n'est pas même impossible qu'on inaugure toute la ligne vers celle de 1875. En voila un chemin de fer... electoral Et dire que, depuis 1864, pas un seul mètre n'est exploité dans l'arrondissement d'Ypres, dans lequel cinquante kiiomètres auraient dü être exploités avant 1869, si les gouvernants avaient poussé a l'achève ment des travaux. Mais baste pour eux tout n'est qu'élections, un chemin de fer comme toute autre chose; plus il y a de remises et de retards, plus il sert les intéréts de nos faiseurs. Au moment actuel, on ne parle plus d'inaugurer la ligne de Comines a Armentières; les travaux sont suspendus, nous dit- on, sur la section de Thourout a Ypres on n'entend plus rien du tracé dTpres-Messines-Armentières. Bonnes gens, contentez-vous. Et Ies fameux travaux de 1'Yser, qui reviennent a chaque élection en promesse, toujours, et ne s'achèvent jamais. En voila une pomme pourIes élections. Ne semble-t-il pas qu'on agisse par intérêt en ne les achevant pas et en provoquant, par leur inexécution, des inondations comme celles de l'année dernière? Le ministérialisme a été treize ans au pou- voir et, pendant tout ce long temps, les frères et amis qu'ont-ils fait pour l'Yser Beaucoup de promesses, mais pas grand chose de plus! I ES TÉLÊGRAPHES. Mais oü notre parti minislériel a fait Ie plus senti- son impuissance de faire du bien notre arrondisser ment, en fait de travaux publics, c'est dans l'établis- sement des télégraphes. Dans toutes les parties du pays les plus petils villages^ des villages de moins de mille habitants, ont leur fil télégraphiquedans l'ar rondissement d'Ypres qu'y a-t-il de fait sous ce rap port"? Langhemarcq, Messines, Neuve-F.glise, oü existent des perceptions de postes, et bien d'autres endroits, demandent depuis des années d'avoir le té- légraphe. II fallait si peu de peine pour le leur faire obtenir on n'a daigné rien faire pour ces localités qui sont ainsi privées du bienfait d'une correspondance rapide et souvent gênées dans leurs rapports com- merciaux. Les écoles. Nous pouvons en dire autanl des Etablissements d'Jnstruction. Si en fait de construction d'écoies pri- maires on a cédé chez nous a l'enlrainement general, les hommes du pouvoir n'ont provoqué la construc tion et l'etablissement d'aucune éoole moyenne dans les communes sous la surveillance du commissariat d'arrondissement. Ils prétendent que personne ne fait plus qu'eux, libéraux modéréspour ('Instruction de toutes les classes; ils n'ont pas établi une seule école moyenne dans les endroits ci-dessus indiqués de l'arrondissement d'Ypres. Sousce rapport l'arrondis sement de Courtrai est en avance sur le nótrenous voila dépassés paries cléricaux' A vous la bonte, Messieurs de la doctrine et de l'impuissance Nous ne parions que pour mémoire des écoles d'adulles sous Ie régime de la loi de 1842, dont ('exis tence n'a été qu'éphémère. Mais nous ne pouvons pasier sous silence le régime auquel l'lnstitutiou royale de Messines a été soumise: A cette institution, existant dans une ville oü l'on trouve des hommes instruils et capables,il fautle reconnaitre,les per- sonnages auxquels paraissaient confiées les destinées nationales ont donné une administration entièrement composée d'étrangers, la ville et au canton comme si pour administrer il convenait mieux être loin que prés. Voila bien de tes coups, politique personnelle tu dédaignes les services des hommes d'une localité intelligente, pour t'accaparer d'une administration qu'ils gèreraient probublement mieux que toi. Tu ne mérites, vraiment pas la confiance que tu leur de- mandes Le crédit. Cette politique ministérielle a - telle été favorable l'Agriculture, au Commerce, a ['Industrie? Sons le rapportdu crédit, nécessaire a ces3 sources de richesses.la Banque nationale,cetteenfaritdu Minis- térialisme-doctrinaire, institution privilégiée a la- quelle les Gouvernants de 1830 ont confié les intéréts du commerce que fait-elle La crise actuelle lemontre assez bien: alors que le taux de l'escompte était a Paris de 2 1/2 p. c., a Londres de 3 p. c., la Banque nationale le portait en Belgique 5 et 5 1/2 p. c. Comme c'est édifiant Un comptoir d'escompte, indépendant de la Banque nationale, devait jadis s'établir a Ypres et, si ce projet s'exécutait, le commerce de notre contrée eut pu escompter a meilleur comple qu'il ne le fait aujourd'hui. Ne sont-ce pas les frères et amis qui ont empêché eet établissement en provoquant de la part du Ministère doctrinaire la fondation du comptoir actuel, dépendant entièrement de la Banque qui s'en- tend d'une dröle de manière a favoriser le Commerce et l'Industrie. A Le Commerce et l'Industrie ont bien toujours été le moindre souci du Ministère déchu et de nos hommes d'Etat. A preuve, d'abord les traités de commerce, dans la conclusion desquels, depuis plus de dix ans, nos gouvernants se sont continueilement laissé damer le pion. C'est en premier lieu l'Angleterre, ensuite la France, enfin la Prusse qui ont porlé de raides coups au commerce et a la fabrication beiges. Et a cela il n'y avait aucune observation a faire l'ancien Minis tère faisait des traités défavorables a la Belgique et une majorité servile les votait sans rien dire, sans produire aucune remarque. Lorsque le mal était fait. lorsque, de tous cótés, les industries aux abois fai- saient entendre leurs plaintes, les hommes au pou voir s'émeuvaient-ils de la facheuse position qu'ils avaient créée? Pas du tout et nous ne sommes pas les seuls a le dire dans Ie dernier rapport de la Chambre de Commerce d'Ypres et de Dixmude, nous lisons au paragraphe traitant sur les Huiles que la situation de cette industrie, autrefois si prospère, de- vient plus précaire d'année en année que les con- séquences du traité avec la France causent la ruine compléte de l'industrie huilière, et que le gouver nement semble ne vouloir rien faire pour faire cesser tes reclamations d'une industrie aux abois Le rap port en dit toutautant de l'industrie linière dont les produits ne peuvent plus être introduits en France. II aurait pu dire la même chose du houblon dont le droit d'entrée en Franceest de vingt-quatre francs les 100 Kilogrammes. Et notez que tou tes les plaintes des industries n'ont nullement ému les coreligionnaires du Ministère défunl ils n'ont pas eu seulement l'idée de detnander la dénoncialion du traité avec Ia France, dénonciation qui eut dü avoir lieu le 31 mai dernier. Ces industries ci-dessus citées n'ont pas été les seules éprouvées et condamnées a l'inaction et au dépérissement par nos grands hommes dont le pays serail heureux de se voir privés l'industrie des su- cres et de la distillerie agricole, si prospère au dela de la Lys, n'a pas d'exislence possible en Belgique, le traité international et les droits d'accises portès par nos adroils législateurs l'empêehant de s'implanter dans les riches terres de notre arrondissemenljdont les produits sont envoyés aux usines francaises fort heureuses de la protection que leur crée notre gou vernement. Sous prétexle d'empêcher l'ivrognerie on surcharge les droits d'accises au détriment des débi- tanls et de la fabrication du trois-six de betterave. Cependant la betterave, cette riche racine, est une des grandes causes de la richesse du Nord, oü les terres grêce a elle valent 23 a 30 pour cent de plus que leurs voisines de Belgique, preuve d'augmenta- tion de richesse outre la Lys. Sous prétexte d'enrichir nos terres, de favoriser l'agriculture, en même temps qu'on augmente l'accise sur les eaux-de-vie,une loi, véritable coup de théêtre, abaisse le droit de pnste et supprime celui sur le sel. Nous avons tous connu certain apótre de Ia réforme postale qui l'a prönée aussi longtemps qu'il n'a pas été au Ministère, pour se taire ensuite et finir par la voter quand on lui a bien permis de le faire, au moment oü le pays fatigué de réclamer se promet- tait de jeter les faiseurs par-dessus bord. Elie a été votée sous I'empire de la crainte, et, pour ce motif, sans que ies volants aient droit au moindre remerci- ment. Eh faudrait-il rendre grace a ceux qui votent 1'abolition du droit sur Ie sel, après avoir demande un certain délai pour la raise en exécution de la loi, et qui abusent de la faveur du délai pour augmenter leur sel de quarante pour cent. Si Monsieur ce sau- nier se représente que cela s'appelle favoriser l'agri culture, nousavouoas que nous n'y entendons plus rien. Ne serait-ce pas plulót favoriser sa bourse, qu'il faudrait dire Reconnaissons qu'il est des gens qui s'entendent d'une dröle de facon a favoriser l'agriculture. C'est tout comme ils s'entendaient lors de 1'abolition des octrois. Que 1'abolition des octrois ait été une bonne chose, c'est possible mais seulement en tant qu'abolition Car nous devons faire remarquerque cette abolition a été faite 1° sans avantage pour Ies communes ru- rales oü continue d'exister t'impót personnel connu sous le nom d'abonnemenlespèce d'octroi dont la co- tisation est des plus arbitraires, nous pouvons dire le plus souvent injuste. Supprimer l'impót de consom- mation dans les villes ou la perception était seulement genante, et la maintenir dans les campagnes oü elle est despotique dans sa forme et son application est une oeuvre d arbitraire et de despotisme. Et 2° quant a nos villes, l'arrondissement d'Ypres n a pas le moins du monde a se louer de cette aboli tion d octroi, la part que la ville d'Ypres regoit du Gouvernement est bien inférieure il la somme de be nefices qu'il percevait quelques années avant ceUe abolition et, si maintenant les eontribuables ont i> payer des cenlimes additionnels, c'est bien a cause du peu de rapport du fonds communal qui remplace Ie produit des octrois.

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 4