trouvé en présence de la deslitution d'un ancien fonc-
tionnaire, destitution fort explicable quand un parti
adverse arrive au pouvoir, et qu'on a néanraoins
voulu exploiter au profit de cerlaines convoitises.
Devant cette destitution, principes po'litiques, pro-
gramme, les idéés des candidals, leurs actes, tout
avait disparu; il n'y avait plus qu'une chose au
monde, Ie fonctionnaire destitué, les services reels ou
exagérés qu'il avait rendus pendant vingt-trois ans
Si loin même allait le Progrès qu'il s'écriait dans son
imprévoyance
Electeurs! votez pour les candidats libéraux et
vous donnerez un vole de sympathie a M. Carton!
Les électeurs en volant contre les candidats libé
raux ont refusè le votejde sympathie demandè et au-
jourd'hui la consequence la plus Iogique qui ressorte
du scrutin du 2 aout o'est que, quel que soit l'avenir
qui nous attend, M. Carton est devenu par suite de
celte manifestation personnellement hostile, désor-
mais impossible. Est-ce la ce que le Progrès a cherché?
Nous avons parlé de l'avenir et nous revenons sur
ce mot pour dire que nous sommes loin d'être décou-
ragés. Le parti libèral peut prendre prochainement
une éclatante revanche a Ypres comme il la prendra
sfirement dans tout le pays. II faut pour cela,que Ton
abandonne la politique de bascule pour arborer net-
nemenl Ie drapeau démocratique. Que, dans le choix
des candidats, on ait égard aux aptitudes et aux ser
vices que peut attendre de ce choix l'intérét public
au lieu de se jeter dans les bras de nullités unique-
ment pour satisfaire des vanités et de répondre a des
combinaisons inavouubles. Ce choix doit être dicté
par l'esprit public préalablemenl èclairé et interrogé
dans des réunions publiques et non fait en petit co
mité et aeclamé par une Association libérale qui a
perdu tout prestige etdont 80 a 90 membres préten
dent imposer leur volonté a plus de 2,000 électeurs.
Déja, il y a deux ans, une lecon avait élé infligée,
lorsque la majorité libérale a sensiblement diminué
a Ypres et que l'un des candidats n'arriva a la Cham-
bre que gróce a une validation de bulletins des plus
contestables.
Cette première protestation eut dü éclairer les plus
aveugles. On u'en tintaucun compte cependant.
Et cette année encore ce même candidat, d'une lo-
calité voisine, a voulu l'imposer. Le parti liberal porta
aujourd'hui la peine de la condescendence puérile de
quelques hommes et de la prélentiou oulrée de
quelques autres. Prétention d'autant plus injusti-
fiable que, dans le bureau composé d'électeurs de sa
ville natale et de ceux des communes environnantes,
ce candidat a été distancé par son compètiteur de
23 voixl
L'avis suivanta été dislribuédans une ville voisine,
dans la soirée du 3 aoüt;
a Ce soir a 8 1/2 heures illumination générale
pour célèbrer le triomphe de la cause nationale.
Que le parti clérical lutte et qu'il celèbre sa victoire,
nous le comprenons mais qu'il s'intitule parti na
tional a l'exclusion de ses adversaires, voila une in
justice et une faute que nous ne laisserons pas passer
sans protestation. Nous n'avons jamais, pour notre
part, mis en doute les sentiments patriotiques de
ceux que nous combattons mais le parti libéral n'a-
l-il done pas, lui aussi, donné assez de gages de dé-
vouement a la patrie ponr qu'au moins les cléricaux
le respectent? Ne sufiit-il pas que ces derniers aient
agité Ie pays par des élections générales, faut-il encore
que, dans les circonstances difficiles que la Belgique
traverse, ils soient assez aveuglés par leur victoire
pour mettre leurs adversaires en quelque sorte hors
loi?
A présent que le pays s'est prononcé, tout bon
citoyen a le devoir de se rallier autour du gouverne
ment quel qu'il soit, a condition toutefoisque celui-ci,
de son cóté, nous donnera non des coups de parti,
mais des actes vérilablement nationaux.
Cléricaux, libéraux sont des prénoms, Beiges est
notre nora de familie.
Faisons done des concessions réciproques aux cir
constances et tout en conservant nos principes in
tacts unissons-nousplus tard nous reprendrons
la lutte; mais chercher a diviser en ce moment, nous
le répétons, c'est une faute, c'est plus qu'une faute,
un crime de lèse-nationalité.
Dans la vie humaine les choses les plus sérieuses
ont leur cóté comique.
Eu écoutant, dans la salie bleue, la proclamation du
scrutin du 2 aoüt, nous nous sommes rappelés que,
dans cette même salie, nous entendimes, après l'élec-
tion du mois d'octobre dernier, un des chefs du doc-
trinarisme, enthousiaste da la victoire des siens, dire
dans son langage piltoresque
Mê gaen er nê naeste keêr eenige dozynnen meu-
gen t' huys laeten t
II parlait ainsi des électeurs qu'il narquait appa-
remment, comme des troupeaux de moutonsl Nous
ne savons si le puissant hornme a négligé mardi de
raccoler les douzaines ou si les moutons ont
échappé au berger. Toujours est-il qu'on aurait eu
grand besoin d'eux cette fois. Mais hélas
Les destins et les moutons sont changeants.
Rapport de la Chambre de Commerce des
arrondissement^ d' Ypres et de Uixmude.
Nous venons de lire ce Rapport dont nous tenons a
donner un apercu nos lecteurs.
En suite de la liste des membres de la Ghambre pour
l'année 1870, apparaissent les Considerations géné
rales mentionnant que s la situation du commerce et
de l'industrie qui s'était sensibiement amèlioree en
1868 «s'est mainteuue saus changement Nous
en sommes redevables, nous dit-on, a l'abondance du
travail (c'est tout naturel!), a la baisse des denrées
alimentaires, a l'esprit d'entreprise qui se developpe
grace aux voies ferréeset qui l'aurait cru? a
la création d'écoles d'adultes et autres sous le ré
gime de la loi de 184-2, probablement
Si l'industrie des toiles et colonnettes était pour
ainsi dire complètemenl anéantie o a Ypres, elle se
relève et d'autres annciennes industries, tombées
dans le marasme reprennent un uonvel essor.
Après l'industrie manufacturière vienf l'agricole.
Celle-c.i n'a pas été des plus heureuses en l'année
1869; la récolte a été généralement mauvaise; seuls,
les foins et la pomme de terre ont donné de bons
résultats. II nous surprend que le paragraphe traitant
de l'agricullure ne contienne pas un seul mot sur les
Haricots, ni sur les Belleraves pour sucreries qui sont
cullivéesen grand, sur les bords de la Lys et aux
environs d'Eessen.
Les ateliers d'apprentissageont formó des ouvriers.
A Ypres, ceux sortant de l'alelier de cette ville ne
doivent plus s'expatrier pour trouver de l'ouvrage
on leur en offre dans la vrlle même. II semblerait,
d'après le Rapport, que c'est a l'administration com
munale que la ville d'Ypres est redevable de ses
fabriques, paree qu'elle a fondé un atelier qui forme
des ouvriers et qu' il faut former des ouvriers pour
voir s'accroitre le nombre des fabriques L'admi
nistration se fait la part fort belle a l'entendre, car
c'est un administrateur qui a écrit le rapport, c'est a
elle qu'Ypres est redevable de la renaissance de l'in
dustrie dans ses murs, sans elle rien ne se serait fait,
par elle toute prospérité arrive. Eh bien, fel n'est
point notre avisl'administration noi/s fait eu cette
affaire tout l'effet de la inouche du coche; et même,
disons toute notre penséeelle n'a point fait autant
que la mouche la coterie qui règne a Ypres n'a
jamais rien fait pour l'industrie, elle ne lui a pas
sacrifiè un liardloin de la, en tout temps, en toute
occasion, elle a jalousè ceux que leur activité faisait
prospérer.
Après avoir encensé ('administration d'Ypres, le
Rapport acte que la Deputation permanente agit
sans discernement dans la collation de subsides
aux ateliers. Coup de pied 1
La rubanneriequi prospère a Ypres, périclite a
Comines, paree que les fabricants de Normandie....
peuvent vendre a meilleur compte que les fabri
cants de Comines.
Nous ne comprenons pas très-bien pourquoi la
concurrence des Normands produit de l'effet a Co
mines, pas a Ypres. Y aurait-il au fond de cela urie
question de salaire? ou plutót une question de clo-
cher
La fabrication des fils retors, a Wervicq est
morte.
Par contre, l'industrie denleliière a prospéré dans
tout l'arrondissement. Puisse le Rapport de l'année
prochain'e nous en dire autant I
La grande industrie des Flandres, l'industrie linière
n'a pas été des plus heureuses en 1869 après avoir
acheté des lins a des prix excessivement élevés, les
commercants et spèculateurs ont dü subir une baisse
et essuyer des pertes considérables dans la vente de
cette matière première. En même temps que les lins
baissaieat, la fabrication des toiles gaguait endévelop-
pement; mais, par malheur, la douane frangaise sus-
citait des difficultés l'entrée des toiles en France en
apportant des changements aux types admis jusqu'a-
lors. La toile prospérant, la blanchisserie restait
trés prospère pendant toute la saison.
Une autre grande industrie des Flandres njétait
pas si heureuse que la précédenteIa fabrication
d'huile, autrefois si prospère, devenait plus pré
caire d'année en année# .Le traité franco-beige a dètruit
cette industrie beige en favorisant l'entrée des huiles
francaises en Belgique alors qu'il interdisait l'entrée
des produits similaires beiges en France.
Le commerce de tabacs favorisé par les gains que
produit l'entrée en fraude dn (abac en France, continue
avec faveur.
Le Rapport ne peut dire la même chose du com
merce de houblon qui est en souffrance et qui a
laissé peu de bénéfice aux culfivateurs.
La tanneriese mainlient au Statu quo; l'industrie
des fours chaux diminueIa marbrerie prospère,
grace a l'exportation vers les villes frontières fran
caises.
Si, en general, les briqueteries ont été moins
actives que l'année précédente», le rapport constate
que les produits se sont placés avec facilité Nous
avouons ne pas saisi r comment une briqueterie aurait
peu d'aclivité alors que ses produits se placent facile -
ment. Cela aurait besoin d'explication. II nous serait
égaleraent utile d'avoir une explication sur la poterie
de Messines qui a été tenue en activité pendant
toute l'année alors qu'elle n'existe plus depuis deux
années.
Parpii les industries dont la Chambre se monlre
satisfaite, pour 1869, citons la foriderie de fer, l'ate-
Iier de construction mécanique, Ia farinerie, Ia fabri
cation du sucre et Ia brasserie. Elle n'est pas aussi
contente de la distiilerie dont le haut rendement
qui sert de base l'impót sur le travail des mélasses
est la seule cause que cette fabrication diminue d'an
née en année. (d continuer.)
Correspondanec particuliere de l'OJ'moil.
Les cléricaux chantent victoire* Ils en ont, ma foi,
bien la droit, car ils viennent de nous rosser d'im-
portance. Ou discutera sur les causeson chicaners
sur les résultats le fait est qu'a six semaines d'inter-
valle, le parti clérical nous a infiigé deux rudes
lecons.
Pensez done: avant les elections de juin, nons
comptions, la Chambre, une ma;orité de 76 voix.
Une première lutte la réduit a 63 un coup ter
rible,six semaines après, nouvelle lutte, nouvet
échec. De 63, nous tombons a 50 I Encore deux élec
tions eomme cel les-lftet Ie parti libéral ne comptera
plus un seul membre a la Chambre.
J'entends dire autour de moiQu'allons-nous deye-
nir, maintenant que les catholiques sont au pouvoir!
Comme siparee que M. Tack est ministre et que
M. Vanderstichelen ne l'est plus, tout devait être con-
sidéré comme perdu.
Ce que nous deviendrons? Hé, pnrbleu, nous res-
terons ceque nous sommes. Le gouvernement, qui a
beancoup de dévoüments a récompenser, va donner
beaucoup de bonnes p'aces a ses amismais, a part
cela, je ne crois pas qu'il ose, d'ici a longtemps, entre-
prendre une campagne cléricale. Les cléricaux n'ond
pas oublié 1857. Ce souvenir les rendra prudents.
Le résultat de la lutte n'a, du reste, étonné per-
sonne ici. Peut-ètre ne s'attendait-on pas a une dèfaite
compléte mais assurément, personne ne comptait
sur une revanche du 14 juin. D ins la situation grave
que créent a la Belgique les événements extérieurs,
il allait de soi qu'un nombre considérable d'électeurs
voteraient pour le gouvernement, quel qu'il füt, plu-
tót que de courir les chances d'une crise ministé-
rielle. C'est ce que le ministère a parfaitement com-
pris et l'evenement a prouvè qu'il n'avait pas eu tort.
Les Chambres sont convoquées pour lundi pro-
chain. II ne s'agit pas, comme vous peusez bien, d'une
session de longue durée, mais tout simplement de
demander aux Chambres les credits nécessaires a la
defense nationale. La discussion politique ne s'ou-
vrira que plus tard, lors de l'ouverture de la session
ordinaire.
On assure que les voix de la nouvelle majorité se
porteront, pour la présidence, sur M. Delehaye. J'ai
ègalemenl entendu citer le nom de M. Thonissen, qui
serait certainement accueilli avec plus de faveur et
de respect que celui de l'ancien transfuga de Gand.
Nous verrons bien,
La presse cléricale se liyre des récits de la p'us