JOURNAL D'YPRES DE L'ARKONDISSEIENT
Le tout payable d'aVANCE.
YI'ÏIES, l)imanche
Huitième année. N° 34.
21 Aoüt 1870
i
Paraissaot le dimanche.
PStlX »'AROXXEHEXT
POUR LA BELGIQUE
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Un Numéro 25 Centimes
L'OPINION
PItlX HES A.ISOXCES
ET DES RECLAMES
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Ypres, 8© 4ofit «S3©.
La session extraordinaire des Chambres, qui
paraissait devoir n'occuper que quelques seances,
tend de jour en jeur da vantage prendre des pro
portions plus étendues. Ce nesont plus settlement
les projels de loi concernant la déf rise nationale
qui vont faire l'objet des délibèrations legislatives,
c'est l'ensemble même de la politique du gouver
nement, depuisson entree au pouvoir.
Cetle politique, nous la coniiaissons. A défaut
de programme, les noms de MM. Malou et d'A-ne-
than nous disent assez ses aspirations et ses des-
seins. C'est la politique de 1846 et de 1857,
toute parfumée de la plus pure essence de cléri-
calisme.
Mais I'opposition a le droit incontestable d'obli-
ger Ie ministère a sortir de la situation équivoque
dont il exploite aujourd'hui les bénéfices. il ne
suffit pas de dire au pays: nous sommes un gouver
nement de paix et de modération..II faut encore
que I'on precise ies points sur lesquels on entend
pratiquer la paix et la modération. En un mot,
il faut que le cabinet produise un programme net
et précis sur lequei le pays puisse se prononcer en
pleine et compléte connaissance de cause. C'est
versce but que I'opposition doit appliquer tous ses
efforts, et bien certainementelle I'atteindra,
pour peu qu'elle mette d'ensemble et d'unité dans
son action.
Les circonstancesne sont plus cequ'elles étaient
il y a trois semaines. Le pays, inquiet de son inde
pendence, se trouvait, a cette époque, dans une
situation qui commandait impérieusement une
trève momenlanée entre les partis.
Aujourd'hui que I'intervention de I'Angleterre
nous a rassurés pleinement sur notre sort, cette
trève n'a plus aucurie raison d'etre et ne pourrait
ètre que i'atale a notre parti, en prolongeant des
illusions que Ie ministère a tout intérèt a entre-
tenir.
Mais si nous sommes partisans de la lutte, et
de la lutte immédiate, nous ne saurions approu-'
ver une opposition mesquine s'uttachant aux
menu détails de la politique, guerroyant en
esearmouches et évitant les grandes batailles.
Inférieure a ses adversaires par le nornbre, la
gauche parlementaire les domine par une incon
testable supériorité de talent et, nous pouvons le
dire hautement.par l'excellence de la cause qu'elle
défend. Dans ces conditions, elle peut, elle doit
engager la .bataille, sure qu'elle est de vaincre,
sinon dans Ie parlement, du moins devaut le pays,
souverain juge du camp.
Le ministère se fie sa force numérique. La
est son erreur. Que de ministères lombés, depuis
1830, et pourtant soulenus par une majorité
aussi forte, aussi dévouée que eel le qui appuie le
ministère actuel I C'est que, dans Ies pays libres,
il y a uric force plus puissante que celle des majo-
rités parlementaires, c'est celle de I'ppinion pu-
blique, celtemattres.se souveraine qui fait et défait
les majorités, et dont celles ei subissent l'ernpire,
quelquefois a leur insu, le plus souvent, malgrê
elles. Cette force, nous Ia possêdons. Sachons
nuus en servir.
(Jn des dangers de Ia religion.
Nous voulons bien admettre pour un instant
que le culte religieux soit une chose excessivement
ulile a l'humanite et quo cinquante vieiIles fi 1 les et
autant d'enfants vêlus de costumes ridicules puissent
oblenir des faveurs imaginaires en se promenant a
travers les rues enguirlandees d'üne vitte; mais une
chose nous parail au moins superflue c'est la manie
de couvrir les rues de feuilles vertes el de joncs.
Dieu peut-il s'iriquióter de cela, lui qui est por té a
bras et soigneusemenl enferiné dans l'oslensoir Ce
n'est done pas pour lui qu'on parsêmeainsi lechemin.
Ce n'est pas non plus pour les pompiers qui
ouvrent, ni pour les gendarmes qui ferment la pro
cession. Ces gens lane sont pas accoutumèsa marcher
si mollemént. Les fidelesqui suiventy vont pour faire
penitence et devraient marcher a cötè de ce chemin
de lie'urs. Le prêCre non plus n'a pas l'habitude,
quand il sort, de se faire précéder par des esclaves
qui roulent des lapis sous ses pieds. Pourquoi done
alors ces herbes vertes et ces tleurs qui seraient bien
plus be les ailleurs?....
En attendant qu'on nous donne une raison d'être
admissible a la persistance de cette vieille coutume,
nous engageons l'auloritè a faire enlever, immédiate-
ment après ia procession, ce décor verdoyant qui, en
sèjournant et en pourrissant dans les rues, repand
une odeur nauséabonde el occasionne parfois de
graves accidents.
Nous avons adressé maintes fois nos observations
a l'administralion de notre ville et nous avons la sa
tisfaction de voir qu'elles ont été écoulées depuis
quelque temps on enleve les joncs avec le plus grand
soin. 11 u'en est pas de même malhêureusement dans
d'autres localites de l'arrondissement et notamment a
Poperinghe oü la manie religieuse poussèe a l'extrême
rend le pave impralicable pour buit jours au moins
toutes fois que ces sortes de cortèges s'organisent
ce qui est frequent
Correspontiauce particuliere de l'ÖS'BXIOli.
Bruxelles, 18 Acüt, 1870.
Les évènements du dehors continuent a absorber
entièieroent l'atteution publiqne. Depuis cesderniers
jours, pourtant. on remarque une legére detente. Les
assurances que nous avons acquises pour nous mêmes,
la presque certitude qu'aucune action décisivene sera
engagée avant quelques jours, et enfin, pour tout
dire, l'éducation rapide que l'on acquiert dans Ia fré-
quentation quotidienne du danger, ftoul cela nous
perinet d'envisager la situation avec plus de calme
et de nous remettre de la panique a laquelle nous
nous sommes abandonnés au premier moment.
Malheureuseinent, si nous sommes a peu prés ras
surés sur notre indépeodance, nous u'en aurons pas
moins a subir, et trés cruellement, le contrejcoup'de
la guene. Je n'ai pas pesoin de vous dire, vous le
savez comme moi, que l'industrie et le commerce
sont terriblement éprouvés en ce moment. A Brux-
elles de nombreux ateliers chóment et d'autres ne
vont pas tarder a imiter leur exemple. Quant au
commerce, sa situation n'est pas meiileure. Partout
il trouve ses escomptes réduits ousupprimés a l'heure
même ou il aurait besoiri de rencontrer la con-
fiance un allégement auxdifficultés des circonstances.
Ou prevoit de nombreux desastres sur la place, et la
panique, cornrne cela arrive to^ours, en augmentera
encore le nombre.
Pensez si, au milieu de toutes ces preoccupations,
nous sommes bien disposés a faire de la politique I
Cependant, depuis Ia réouverture de la session, les
tribunes de la Chambre n'orit pas cessé un seul 'jour
d'être combles, le public comptant toujours sur uae
grande discussion politique, qui n'arrive pas,
La vórité est que, sauf uu trés petit nombre de
membresde la gauche, tout le mondea la Chambre dé-
sire abréger autant que possible la session extraordi
naire, sauf a engager, dés le début de la session ordi
naire, legrand debat que les circonstances, d'après
eux, commandent d'ajourner.
Mais on ne saurait jurerde rien. Quand les armées
sont en présence, il suffit d'un e capsule brulée pour
que la bataille s'engage.
Depuis les dernières élections, j'ai souvent entendu
dire et j'ai dit moi-móme, qu'instruit par une longue
et dure expèrience, le parti clerical hésiterait a re-
prendre la politique de 1857, qui lui a coüte si cher.
Eh bien, je commence a croire que c'est une erreur et
qu'aujourd'hui, comme en 1857, le go fit de la lutte
triomphera des conseils de la prudence.
Je n'en voudraispour preuve que l'altitude provo-
catrice de la droite dans les dernières séances de la
Chambre. Ses orateurs naguère les moins écoutés,
tels que les Liènart, les Wasseige, les Thibaut, ont,
dans le geste, dans l'accent, dans le ton, un je ne sais
quoi d'impérieux et de cassant que je ne mo
rappelle pas leur avoir jamais ennnu. On sent que ces
obscurs s'apprêtent a joaer un róleet qu'ils cherchent
querelle afin de trouver pretexte aux violences qu'ils
méditent contre leurs adversaires.
II n'y a, du reste, pas de quoi nous désoler, car
plus tót le parti clerical aura rotripu a vee ses promesses
de modération, plus lót nous en aurons fini avec lui.
On avait d'abord pensèque la session extraordi
naire ne se prolongerait pas au-dela de la semaine,