JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENI
YPRES, lii manche
Huitième année. - N0 38. 18 Septembre 1870.
Le tout payable d'avance.
PRBX D'ABOanEHENT
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre.
Pour l'Etranger, le port en sus.
Un Numéro: 25 Centimes
PRIX DES MKOICES
ET DES RECLAMES
10 Centimes Is petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes-..
Paraissant le dimanche.
On s'abonnea Ypres,
au bureau du Journalrue de Dixmude, 59.
Laissez dire, laissez-yous blamer, mais publiez votre pensee
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres
ou envois cCaryent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
B^a mission de M. Thiers.
Pas de nouvelles de la mission de M. Thiers.
Arrivé a Londres il a eu immédialeinent urie
conférence avec le ministre des affaires etrangeres,
Lord Granville, leque! avu ensuite MGladstone,
puis ('ambassadeur prussien, M. de Benstorff.
VoilA ce que le télégraphe nous a appris jusqu'è
présent.
Le seul commentaire qu'il soit possible de faire
sur desdonnées aussi sominaires. c'estque la visite
de Lord Granvillea i'ambassadeurallemand, après
son entrevue avec l'envoyé extraordinaire du gou
vernement frangais, donneapenser que M. Thiers
est chargé d'une mission suffisamment étendue
pour aller jusqu'a préciser les conditions aux-
quelles la France pourrait traiter de la paix. S'il
en était autrement, en effet, le chef du Foreing-
Office n'aurait eu besoin ni de consulter ni même
d'enlendre M. de Benstorff.
D'après le Daily telegraphles instructions remises
M.Thiers rauloriseraient a faire savoir au cabinet
anglais que la France est disposée a payer une forte
indemnité en argent, en rapport avec les dépenses et
pertes subies et prouvées de l'Allemagne, peut-être
même deux milliards et demi de francselle con-
sentirait aussi, a certaines conditions, a livrer aux
vainqueurs la moitié de sa flotte et a démanteler les
forteresses de Metz et de Strasbourg mais elle ne cé-
derait pas un pouce de territoire ni de l'Alsace ni cte
la Lorraine.
UAvenir National donne une autre version de
la mission de M. Thiers.
M. Thiers, dit ce journal, exposerait aux cabinets,
La pêche a la Sardine.
Enfin le vent se t-aitla mer se calmele pêcheur
qui veut bien nous emmener est prêt; nous nous
embarquons. Les méts sont hissés, les voiles dé-
ployées, mille chaloupes de pêche partent en même
temps. C'est une véritable flotte; ce sont de véri-
lables regales. La baie de Douarnenez est littérale-
ment couverte d'embarcations. Le spectacle est ma-
gnifique.
II n'est pas besoin d'aller vers la pleine merle
mauvais temps a forcé le poisson a rentrer dans la
baie, et la sardine commence a se faire voir.
On abat les voiles et les matson jette les filets.
Ces filets sont des nappes non plombées, faites en fil
très-finla maille est petite, la sardine ne peut y
passer que In tête; elle se trouve prise par les ouïes.
Garnis de nombreux morceaux de liége, une fois la
mer ils flottent sans obstacle. Chaque chaloupe est
alors soutenue par deux énormes avirons, manoeu
vres par deux des cinq hommes qui composent son
équipage, de manière a maintenir légèrement Ia
auprès desquels il doit se rendre, la situation tres
simple crée par les événements militaires et poli -
tiques accomplis depuis un mois. Celte situation se
résumé en deux mots: premièrement l'énerg que
voionté de Paris et de la France de n'accepler au-
cune condition de paix qui ne reposerait pas sur
l'intégrité du territoire; secondement le danger qui
naitrait pour l'Europe d'un acroissement de la puis
sance prussienne.
La resistance de Paris et de la France, notre réso-
lution a tout souffrir, peuvent laisser l'Europe indif
férente, les gouvernemenls mettant, en général, les
questions d'humanité au second plan; mais il est impos
sible que l'Angleterre, que l'Autriche, que la Russie
gardent la même indifference sur leurs propres in
téréts. La France vaincueet diminuée rend une guerre
européenne inévitable a bref délai. Avec la France
succombe d'abord l'Autriche. Chaque coup qui nous
sera porté la frappe en plein coecrM. de Beust ne
peut l'ignorer. Vient ensuite l'Angleterre qui non-
seulement verra s'affaiblir son influence sur le
continent, mais qui devra prévoir une rivalité ma
ritime de la Prusse; quand a la Russie, son voisinage
avec la Prusse agrandie et insolente rend un conflit
certain et elle peut, dés a présent, s'apprêter a la* lutte.
Tous ces maux futurs, conséquences inévitables de
l'agrandissement de la Prusse, l'Europe peut les pré-
venir par une intervention immédiate. Si elle laisse
passer l'heure, elle ne lardera pas a comprendre la
grande fautequ'elle aura commise.
Voila les considérations que M. Thiers ferait valoir
avec toute l'autorité de son expèrience.
En attendant que nous soyons mieux renseignés
eet égard, nous devons signaler un bruit trés
accrédité, tant Berlin qu'a Paris et dont notre
correspondance de Bruxelles fait mention. Le roi
de Prusse, assure-t on, ne voudrait pas entrer en
négociation avec le gouvernement actuel de la
barque, en ramant la pointe dans le vent, afin que le
filet s'étende bien sous l'eaula pêche commence.
A la poupe de chaque chaloupe, le patron se lient
debout; il jette constamment de la rogue a la mer
pour amorcer la sardine. La rogue n'est autre chose
qu'un amas d'oeufs de morue provenant des pêcheries
des pays du nord, surtout de Norwége. Lorsque le
poisson s'approche du filet, sans toutefois s'v faire
prendre, les deux aulres pêcheurs, jusqu'alors inoc-
cupés, lancent et relancent au milieu des bandes de
sardines une énorme pierre qui les effraye. Elles
fuient et viennenl se prendre dans les mailles du filet.
Elles nel'ont pas piutót touché qu'elles meurent.
Les liéges baissent dans l'eau; le filetest sufiisam-
ment chargé, on laisse aller la première nappe; on en
lance une seconde, puis une troisième, et ainsi de
suite, tant que Ie poisson travaille. pour nous
servir de l'expression des pêcheurs, ou bien tant
qu'il reste uue nappe lancer a la mer. On lire
ensuite les filets a bord; on prend le poisson qu'ils
renferment pour ie jeter dans la cale de la chaloupe,
qui peut contenir de quarante a cinquante mille sar
dines. Quand le poisson donne, l'opéralion se répète
France, et il songerait rétabür dans ce pays la
dynastie des Bonaparte, dfit-il même, pour faire
avaler cette pilule amèreau peuple frangais, aban-
donner ses prétentions sur l'Alsace et la Lorraine.
On s'imagine difficiiement Napoléon III ren-
trant a Paris, chargé de bonte comme il l'est
maintenant, et lorsque toutes les misères, toutes
les corruptions, toutes les dilapidations du régime
bonapartiste sont raises en pleine lumière. Mais if
ne faut pas oublier que, dans le temps oü nous
vivons, et surtout de la part d'un tel homme, rien
n'est impossible.
Seulement, que l'Angleterre prête l'oreille a
ces projets de restauration insensée comme on
le prétend, cela nous parait dépasser la mesure,
et nous nous refusons a y croire, jusqu'a preuve
du contraire.
A en juger, d'ailleurs, par le Iangage de la
presse semi-ofEciellede Berlin, la Prusse est plus
que jamais décidée ne point souffrir de media
tion et S traiter seule h seule avec la France.
C'est ce qui résulte encore d'un article de Ia
Correspondance provinciale, qui, au défaut d'être
passablement arrogant envers les grandes puis
sances européennes, joint celui d'être intentionnel-
lement injurieux pour le gouvernement nouveau
de Ia France qu'elle qualifle de gouvernement
d'une démocratie de rue.
Les troupes du roi de Prusse marchent tou-
jours sur Paris et leurs avant-postes doivent être
arrivés sous les murs de cette capitale,avec laquelle
nous allons nous trouver saris communications.
Les Itaiiens se sont hètés de mettre profit les
quatre ou cinq fois dans l'espace d'une marée. Les
pêcheurs sont satisfait lorsqu'ils prennent de douze
a quinzs mille poissons dans une pêche. II arrive
quelquefuis qu'ils en capturent jusqu'a trente mille,
mais c'est une rare exception. II arrive souvent aussi
qu'ils n'en prennent pas plus de deux ou Irois mille;
quelquefois même, pasdutout.
La pêche faite, on relève les méts, on déploie de
nouveau les voiles, et les bateaux rentrent au port,
oü ils ne restent que le temps de venüre leur charge-
ment.
En effet, ils n'ont pas plutót accosté, que les mar-
chands, les expèditeurs, les saleurs et les proprié-
taires des fritures achètent toute pêche a des prix
qui varient entre 15 fr. et 40 fr. le mille de poissons.
Le prix moyen est actueliement de 20 a 26 fr.
Petit poisson extrêmement délicat, la sardine ne se
conserve pas etne peut être mangée lout a fait fratcbe
a Pariselle a subi au moins deux heures de salaisou
avant d'y être expédiée pour être vendue comme sar
dine fraiche, et encore doit-elle être mangee dans les
Irois jours de son arrivée, sans quoi elle se gé te. La
sardine deux heures de sel est done l'exception.
OPINION