JOSRML D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENF YPHES, Dimaoche Huitième année. N° 41. 9 Octobre 187Ö. PRIX W'AfiSOSSEMEWT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4L fr. 50 par semeslre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes, PRIX RES AilKONCEK ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes-. Lk toot payable d'a vance: Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue de üixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. I situation. Des dépêches de T.ours et d'Or'iéans donnent a penser que l'organisation de la defense nationale de la France commence n'être plus un vain mot hors de Paris. A ia suite d'une attaque énergique dirigée conlre les corps détachés, que les armées allemandes font rayonner a de grandes distances, les Frangais auraient forcé les détachements enne- mis qui opéraient vers Orléans se replier rapide- ment vers l'armée qui investit Paris. Pithiviers aurait été ainsi dégagé et, dans leur retraite pré- cipitée, les Allemands y auraient abandonné un convoi considerable de bestiaux. L'effet moral sera certainement trés grand sur des populations qui se croient trop facilement menacêes, sans l'être sérieusernent. Mais attendons la version prussienne, qui ne manquera pas de présenter les choses sous un autre aspect. Ce n'est pas d'ailleurs a ces escarmouches qu'est en ce moment l'atterition générale. Elle se porte entièrement sur les intrigues bonapartistes au moyeri desquelles M. de Bismark compte avoir raison définitivement de la France. II a entre ses mains, a Wilhelmshcehe, un instrument prêt a tout, pourvu que i'ouvrage soit bien payé, et il en joue sans trop regarder au prix. L'upini'on presque unanime est aujourd'hui que le maréchal Bazaine a sou róle dans cette tragi-comédie, et l'on en vient a dire que les sorties dont on parte si fréquemment, depuis quelque temps, a l'honneur de l'armée de Metz, ne sont qu'une affaire arrangée. Bazaine ne conquerrait des troupeaux de bceufs que paree qu'on tiendrait a les lui faire conquérir, ne voulant pas le mettre dans l'obligation de ca- pituler trop tót. Le plan de M. de Bismark serait celui-ci Eutrer a Paris, et jusque Ié laisser intacte, autanl que possible, l'armée de Bazaine Le gouvernement de la défense nationale se trouvant par cela mème détruit, s'adresser au seul pouvoir jusqu'a ce moment reconnu comme légal par la Prusse, la Régence de i'ex-irapéra- trice Faire déléguer par Ia dite ex-impératrice Bazaine tousles pouvoirs, pour la paix et pour la guerre; Stipulation faite de tous les avantages que l'Allemagne voudra définitivement s'adjuger, laisser Bazaine, avec son armée devenue libre, prendre possessionde Paris et, restaurerla dynastie des Césars, retour de Sédan Se retirer ensuile sur les frontières, et se laver les mains de ce qui suivra. Ce plan, qu'on le croie bien, n'est pas une pure affaire d'imagination. On le tient pour parfaite- ment certain dans les régions diplomatiques les mieux au courant de ce qui se passé. L'histoire Rourbaki, d'ailleurs, et les relations tout amicales et sympathiques qui se sont, depuis quelque temps, établies enlre le prince Frédéric- Charles et le maréchal Bazaine, devant Metz, ne sont que trop faites pour le rendre plus que vrai- semblable. Quant aux conditions de la paix qui se signerait de la sorte, un journal frangais les spécifie déja en ces termes 1° Rectification des" frontières rhénanes au pront de la Prusse 2° Indemnité de 5 milliards 3" Occupation par la Prusse des forteresses de Metz, Strasbourg, etc., jusqu'au paiement de cette somme, etc., etc. 4° Démolition par eux de ces forteresses; 5° Réduction de l'armée frangaise u 6° Livraison d'une parlie de la Hotte. b Bases secrètes Alliance offensive et défensive dynastique. Reconnaissance par la France d'uu futur Empire d'Allemagne. Ceci fait, l'armée prussienne quitterait Paris, oü l'empereur ferait son entrée, a la tête de 50,000 hommes. Le lendemain proclamation très-réaction- naire de Napoléon. Arrestations. Réunion du Sénat et du Corps législatif. Retour de l'impératrice et de son fils. S'il le fallait, Napoléon annoncerait sa pro- chaine abdication. Mais il y regarderait a deux fois, bienentendu, avant de renoncer a tous les avantages du pouvoir, qui ont été le but de toute sa vie, et a la liste civile de 25 millions, sans compter les revenants- bons qui n'ont point de limites dans un gouverne ment impérialement organisé. Les listes civiles, après tout, cela a son aimant et l'on s'y laisse toujours attirer, parait-il, quand on y a touché. fhysioMoiiiie de EParis et de la banlieuc. L'exaspération est grande contre le roi Guillaume et ses allies et une feuille intitulée 'e Combat, publiée par M. Félix Pyat, a ouvert une souscription pour acheter un fusil d'honneur a celui qui tuera d'une balie Ie roi piéliste. Le Figaro publie une lettre concernant une compa gnie américaine prête a se former si le gouvernement fournit le capital, en vue d'enlever M. de Bismark, mort ou vif; s'il est pris vivant la compagnie de- mande le privilége de le montrer dans une cage. La capilale est parfaitement tranquille. Une députation de correspondants anglais a de- mandé M. Jules Favre des facilités pour faire con- naitre l'attitude réelle de Paris, l'ordre qui y règne, et la résolution des partis d'oublier toutes leurs pe- tites querelles jusqu'après le départ des Prussiens. Le ministre a promis d'examiner la demande. Nous ne pouvons écrire que quelques mots sur papier fin, afin d'être sürs que nos lettres pourront partir par la poste aérostatique. Les ballons dans la guerre. Le premier emploi des ballons dans Ia guerre, dit le Times, remonte 1794. a Les Autrichiens, chassés de Liége, par le général Jourdan, se retirèrent dans une forte position et s'y retranchèrent pour attendre des renforts. Mais avant l'arrivèe de ceux-ci, ils furent attaqués par les Fran cais le 18 septembre et forcés a la retraite. On attri- bua ce succês des Francais, en grande partie, a l'u- sage de deux ballons qui leur avaient permis de con- naitre exactement les positions et les mouvements de l'ennemi. Déja antérieurement,pendant les siéges de Mayence et d'Ehrembreitstein et a la balaille de Fleurus, les Francais s'élaient servis de ballons avec succès. La même année on fit pour la première fois en France usage du télègraphe, composé d'une barre verticale avec deux bras, invention de Gbappe. Les armées alliées occupaient les Pays-Bas et une chaine télégraphique reliait Paris a Lille, permettant la transmission de petites phrases avec une grande précision. L'invention de ce télégranhe fut annoncée en séance de la Convention du 17 aoót, avec cette remarque que Ia reprise de Lille avait été transmise a Paris en une heure. Correspondance partieulière de 1'OPIHIOX Bruxelles, 6 Octobre 1870. Les correspondances que les ballons nous appor- tent presque journellement de Paris nous montrent la capitaie de la France fermement résolue a se dé- fendre jusqu'a la deruière extrémité. Sur ce point, toutes sont d'accord pour aflirmer l'inébranlable vo- lonté des assiégés de subir toutes les horreurs d'un siége plutöt que de rendre les armes a la Prusse. Mais en même temps que ces correspondances at testent le courage des Parisiens, elles témoignent des étranges illusions qu'on se fait a Paris sur la situa tion générale. Dans son ignorance profonde des faits, Paris s'imagine que la France entière se soulève pour accourir a son secours; il voil des armées formi- LOPINION /-.j,

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L’Opinion (1863-1873) | 1870 | | pagina 1