tables s'organisant derrière la Loire, prêtes a fondre
sur 1'envabisseur téméraire.
Or, i| faut bien le dire, ce sont la de pures illu
sions. Soit démoralisation, soit impuissance, la vé-
rité est que, sauf quelques grandes villes qui s'at-
lendent a voir, d'un jour a l'autre, les Prussiens
sous leurs murs, la France n'arme pas, ou bien que
ses armernents sont si peu sérieux que les Prussiens
n'en doivent concevoir aucune inquiètude.
Abandonné a ses seules ressources, Paris est-il
susceptible d'une longue resistance? C'est une ques
tion que j'ai entendu discuter bien souvent depuis
l'ouverlure du siége, et par les hommes de Belgique
les plus autorisés peut-être a émettre une opinion
sur cette matière. Je dois dire que tous ont toujours
été d'avis qu'a moins d'une puissante diversion opé-
rée par une armée en campagne, Paris ne pouvait
pas tenir au-dela d'un niois ou six semaines.
Mais Paris occupé par l'ennemi, ce n'est pas encore
la paix, car jamais la Prusse ne trouvera devant elle
aucun gouvernement, rèpublicain ou monarchique,
qui consente a négocier sur les bases proposées par
M. de Bismark a M.Jules Favre.
Aucun... si ce n'est peut-être Ie seigneur chête-
lain de Wilhelmshoehe, dont les actions, forten baisse
naguère, semblent avoir repris quelque faveur depuis
ces derniers jours.
Nemedites pas que la restauration de Napoléon
III est impossible, que la France subirait loutes les
humiliations préférablement a celle-la. Est-ce qu'il y
a encore quelque chose d'impossible dans le temps
oü nous vivons? Ce qui est certain, et la dernière
circulaire de Bismark le laisso assez clairement en
tendre, c'est que la Prusse n'a pas absolument re-
noncé a cette idée. Quant au sire de Wilhelmshoehe,
il va sans dire qu'il ne demande pas mieux.
Pendant que nous avons les yeux fixés sur la
France, notre excellent gouvernement s'occupe a ca-
ser ses créatures. Vous avez vu les dernières nomi
nations de M. Cornesse dans Ia magistralure. Toutes,
de trés rares exceptions prés, sont faites parmi ce
que le pays compte de plus accenluè parmi les cléri-
caux pur sang.
Notez que je ne songe pas a cn faire un reproche
au gouvernement, lssu d'une situation anormale, il
me parait trés naturel qu'il cherche i) se maintenir
au pouvoir par la faveur et le népotisme. Sur quoi,
sinon, pourrait-il compter? Seulement, i! ne faut pas
non plus que nous soyons dupes de leurs grimaces
et, quand ils parient, ces gens-la, de leur esprit de
modération et de leur impartialité, que nous ayons
l'air de les prendre au sérieux. Vaincus, soitmais
dupes, non.
Le service de notre intendance militaire a soulevé
dans la presse de nombreuses et de trés vives criti
ques. On suppose qu'il y a de l'exagération dans les
plaintes formulées par nos soldats. Je suis plulót
tentè de croire qu'elles sont restées en-dessous de la
vérité. Pour ne parler que du pain de munition, j'ai
eu la curiosité d'en manger ou, du moins, d'essayer
d'en manger une bouchée, et si l'on fait une enquête,
ce que j'espère bien, je demanderai a déposer que
c'est une véritable infection, et si je ne l'avais pas
rejeté a l'instant,?j'en aurais été malade pour toute la
journée.
M. Kervyn de Lettenhove étudie, dit-on, le projel
d'une reorganisation fortdamentale de la garde civique.
Je n'ai pas, pour ma part, une confiance bien solide
dans les connaissances militaires de l'honorable et
solennel académicienmais sa bonne volonté est
louable, car l'organisalion actuelle ne permet pas de
considérer notre milice citeyenne comme un élément
serieux de la defense nationale.
Bruxelles, depuis l'investissement de Paris, pré
sente une animation extraordinaire. Ma parole d'hon-
ueur, c'est a croire que l'on est en pleine fête,
tellement les rues sont encombrées de monde. Grêce
a l'affluence des étrangers, notre commerce supporte
encore assez bien la crise. Le nombre des faillites
n'est pas sensiblement supérieur a ce qu'il était l'an
dernier a pareille époque et les rentrées se font sans
trop de peine. Bref, nous n'avons pas encore a nous
plaindre beaucoup de la guerre.
Nas théêtres vont couci-couci. Les réfugiés sont,
pour la plupart, absorbés par des preoccupations qui
les disposent peu aux distractions que peuvent
fournir l'opêra et la comédie. En revanche, les réfu-
giées s'en donnent coeur joie. C'est leur manière,
a elles, de se venger de la Rèpublique qui les a trai-
tées de bouches inutiles.
iPIiysionomie de I'SEmperenr.
L'empereur Napoléon se plait de mieux en mieux
a Cassel.
Chaquejouril sort en voilure ou a pied.
Chaqoe fois qu'il passe devant une garde on pré
sente les armes et le tambour bal la générale.
L'empereur se promène volontiers dans les en-
droits solitaires et touffus. il est accompagnè d'un
commissaire de police et a ('occasion d'autres agents,
chargés de tenir a l'écart les importuns.
L'empereur se tient ponctuellement au courant
des nouvelies de France.
ÏLcs départements.
La situation des deux premières villes de la pro
vince. Lyon et Marseille, n'a pas peu contribuè lais
ser la malheureuse place de Strasbourg isolée et
sans secours.
Lvon a dans ses murs ou dans les environs 30
mille hommes de bonnes troupes; (Marseille et Tou
lon surtout ont des garnisons qui pouvaient se join-
dre a la petite armée de Lyon. C'ótait plus qu'il n'en
fallait pour délivrer Strasbourg, assiégée seulement
par une armée de 60,000 hommes; la ville ayant en
core 17,000 défenseurs, il eut suffi de faire une
trouée dans la ligne de blocus pour introduire les
munitions de guerre qui allaienl manquer. Mais tel
a été le décousu et la confusion des mesures offi
cielies, qu'au lieu d'expédier des troupes en Alsace,
on a fait partir de Marseille et de Toulon 7,000 a 8,000
hommes de la ligne pour renforcer l'armée d'Afri-
que. Celle-la n'en a pourtant nul besoin. Le préfet de
Constantine vient de télégraphier a Marseille que les
Arabes étaient parfaitement calmes et manifestaient
les meilleures dispositions.
ELa police.
Les cultivateurs se plaignent fréquemment de la
manière dont la police est exercée dans les campa
gnes. C'est surtout au moment de la récolte des
pommes de terre que surgissent les doléances de
fermiers et que ceux-ci taxent les gardes-champêtres
de fainéantise et rejettent sur ces modestes agents de
la police toute la faute des déprédations et de la ma-
raude dont ils sont victimes.
Que les gardes-champêtres n'exercent pas toute la
surveillance i» laquelle ils sont obligés par fonction,
c'est la une vérité de toute évidence. Mais y a-t-il de
leur faute s'ils manquent a leurs devoirs? Simples
agents de l'autorité communale, ils sont aux ordres
des bourgmestres qui les emploient en qualité de fac
teurs et de commissiorinaires et qui les tont courir
de porte en porie, quêlant un jour pour une affaire
électo-agricole, un autre jour pour la reproduction de
l'illustre face d'un commissaire; qui les chargent de
brosser les parquets de la maison commune et leur
ordonnent de veiller surtout a la chasse de M. un
telqui, en un mot, les empêchent complétement de
remplir leurs devoirs.
Si la police est mal faite, a la campagne, ce n'est
done point sur les gardes-champêtres qu'il faut en
reporter la faute, mais bien sur les bourgmestres,
chefs de la police locale, qui dètournent les agents
subalternes de l'accomplissement de leurs devoirs.
Puisque nous parions de police, nous ne laisserons
pas échapper l'occasion de dire qu'elle est souvent
loin d'être imparliale et que les autorités locales ou-
blient leurs devoirs lorsqu'elles se servent de la mis
sion publique qui leur est confiée, pour satisfaire des
rancunes personnelles. Nous ne dirions pas une chose
si grave, nous ne porterions pas une pareille espèce
d'accusation sur les polices locales si nous n'étions
fatigues de la facon d'agir de certains personnages
qui se croient encore sous le régime du bon plaisir.
Paree que tel jour, tel petit soufflet insignifiunt est
donne devant M. X., vile un procés-verbal, pour Ie
beau plaisir, ose-l-on dire d tout un chacun, de faire
comparaitre M. X. comme témoin. Quand quelques
jours plus tard, la nuit, sur un chemin public, une
personne est lachement attaquée, et battue par plu-
sieurs étrangers connus, que ses habits sont lacérés
et tout sou corps contusionné, alors pas de procés-
verbal les personnages ne sont plus les mêmes, et,
malgré Ia clameur publique, rien ne se faitla police
locale et nationale, qui n'ignorent cependant rien de
cequi s'est passé, restent dans l'inactivité et dans le
calrne le plus plat.
II y a des gens qui se connaissent vraiment bien
déconsidérer la justice. Mais c'est malheureux pour
la généraüté que de pareilles gens soient policiers.
""TTrifffttrTin
Les calholiques-apostoliques-romains de Belgique
ont adressé au Pape la curieuse pétition que nous
reproduisons en enlier
POSTULATEM
adressé
AU SOUVERAIN PONT1FE PIE IX
et au Saint Concile
par les
enfants de Ja Belgique consacrée a Saint J vseph.
Nous soussignés, supplions humblement notre'
Auguste et Rien-Airaé Pie IX et le Saint Concile de
prociamer Saint Joseph Patron de l'Eglise Univer-
selle, d'élever sa fële (19 marsetceüede son glorieux
patronage au rit de première classe pour toute la
Sainte Eglise, enfin d'êtablir des fétes spéciales en
Vhonneur de son coeur trés fidéle, de ses douleurs et de
ses allégresses.
Nous nóus associons en outre a toutes les suppli-
ques présentées au Saint Concile du Vatican en
faveur de l'exaitation et de la gloire du bienheureux
époux de Marie.
C'est au pied de la statue de Saint Joseph couronné
pour la première fois, au nom du Souverain Pontife
Pie IX, par son délégué Monseigneur Gattani, nonce
apostolique en Belgique, le 20 Octobre 1869, dans
l'Eglise des Révérends Pères Carmes-déchaussés a
Bruxelles que s'élèvent jusqu'au tróne du Pontife
suprème et des Evêques assemblés avec lui au Vati
can, ces voeux et ces supplications.
(Suivent les signatures).
Ce Postulatumédité a plusieurs milliers d'exem-
plaires, a été parsemó dans tout le pays et s'est cou
vert de nombreuses signatures. L'administration de
St-Vincent-de-Paule, qui les a recueillies, vient de
les envoyer a Rome par paqnebot a vapeur.
Nos catholiques demandent que St Joseph, au cceur
tres fidéle, soit proclamé Patron de l'Eglise Univer-
selle. Ce bon saint doit dés lors renoncer au patronat
de la Belgique, qu'il a assez bien rempli jusqu'ici,
nous semble-t-ilnous n'avons guère entendu mur-
murer sur la mauvaise gèrance 'de la fonction pro-
tectrice remplie par le père nourricier de Jésus.
Pourquoi dés lors nomrner St Joseph a un grade su
périeur qu'il n'a,croyons-nous, aucunement postulé
Si les catholiques sont mécontents de la protection
du bon saint, ils s'y prennent adroitement pour s'en
débarrasser.
Quant a nous, nous n'avons jamais euȎ nous
plaindre de St Joseph et, pour cela seul, si le Saint
Concile admet la demande du Postulatum, nous
demandons de récompenser St Joseph avant son dé-
part de Belgique et nous engageons le roi Léopold II
a lui décerner le Grand-Cordon de l'Qrdre de Léopold,
pour services rendus.
Ce Grand-Cordon ferait si bien pour l'entrée de St
Joseph a Rome! Et donnerait tant d'indulgences au
ministère beige.
Chemins «Ie fer.
La concession du chemin de fer de Maiines a Ter-
neuzen (60 kilomèlresja été aocordée le 6 juin 1868
et déja la partie du chemin comprise entre Malines et
Tamise est en pleine exploitation.
La concession du chemin de fer d'Oslende a Ar-
mentières (80-kilomèlres) a été aceordée le 23 mai
1864 la section d'Ostende a Thourout (24 kilom.) a
été ouverte le lw avril 1868 les travaux sur la sec
tion de Comines a Armentières ont commencé le 3
aoüt 1868 et l'exploitation de cc troncon de 16 kilo
metres se feraa Paques ou a laTrinité. Au train
dont les travaux de l'Ostende-Armentières ont mar-
chéjusqu'ace moment, l'année 1880 n'aura pas Ie
plaisir de voir i'achèveinent complet du chemin. En
effet, si depuis 1864 il n'y a que 24 kilom. exploilés,