JOURNAL
D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
VPRES, Dimanche
Huitième année. JY° 42.
16 Octobre 1870.
POUR J^ffF.UIlQUE
8 francs par ai;:4 fc 50 par semestre.
Pour I'Etrapger, le port en sus.
V"
Us Numéro x<Ï5 Centimes,
PRIX MES 4AHOXCES
ET DES RECLAMES
10 Centimes It petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes»
Le tout payable d'avance.
On s'abonne a Ypres,
au bureau du Journalrue de Dixmude, 59.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduiles. Toules lettres
ou envois d'aryent doivent etre adressés franco au bureau du journal.
Avis important.
M. Félix Lambin ayant cessé depuis long-
temps d'etre chargé de l'administration du
journal 1'Opinion, la direction de ce journal
prie instamment les personnes qui auraient
des communications a lui faire, de vouloir
les adresser au Directeur du journal l'O-
PINION, rue de Dixmude, n° 59, a YPRES,
ou deles faire jeter dans la boite placée a la
porte d'entrée de la maison portant le mcme
n° et qui est indiquée par ces mots BOITE
DU JOURNAL l'OPINION.
La direction insiste d'autant plus sur
cette recommandation qu'elle sait'que ré-
cemment plusieurs communications ne lui
sont pas parvenues faute de porter l'a-
dresse susdite.
Elle rappelle aussi par le présent avis
que le journal l'OPINION traite a forfait
La situation.
Reaucoup de dépêches, relativement la
guerre. Mais, pas une qui annonce un fait d'une
importance réelle, si de n'est un engagement sous
Paris, entre le Mont-Valérien et Saint-Cloud, a
la date du 7 octobre. Les Prussiens y auraient été
eomplètement battus et forcés de se replier sur
Versailles.
D'un autre cóté, les Allemands ont fait une
vigoureuse poussée vers la Loire, pour se débar-
rasser, au moins momentanément, des attaques
dont il se sentaient menacés sur les derrières. Us
ont pris d'assaut la ville d'Orléans, et rejeté au
dela de Ia Loire le corps d'armée francais du
général Itegan.
Pour le surplus, c'est toujours la même chose:
des combats eo arrière de la ligne d'investis-
sement de Paris, ou les Francais sont plus battus
qu'ils ne battent, mais par lesquels ils arriventau
raoins a harceler fennemi et a lui montrer qu'il
ne suffit pas d'avoir envabi un pays pour en être
maitre.
Rien d'un peu intéressant en dehors des extraits
inédits qui nous arriveut encore des papiers secrets
de celui que M. Louis Veuiilot, un de ses fu-
rieux amis d'autrefois, vient de baptiser du
nom de Napoléon le Sédentaire. D'après les
petites notes de ce pauvre homme, il avait de
placé en Angleterre, dés 1866, vingt-trois mil
lions de francs. Un autre relevé fixe sa petite pe-
lote a vingt neuf ou trente millions, d'un autre
chef. Quand on aura pu tout éclaicir on verra
apparemment d'autres chiffres encore II ya certes
de trés honnêtes gens, et en trés grand nombre,
qui n'ont jamais eu le moindre titre aller a
Toulon et qui n'ont pas de pareiiles poires pour
la soif.
II est établi aussi, par les papiers saisis de ces
personnages du régime bonapartiste, que les pré-
tendus enragés de la démagogie parisienne qui
ont tant fait de bruit dans les réunions publiques,
qui out tant effrayé la bourgeoisie depuis un an et
qui s'en allaient périodiquement maudire l'Empire
sur les bancs de la correctionnelle, étaient ap-
pointés, qui 200, qui 300, qui a 500 francs,
par la préfecture de police
Le joge qui les jugeait si bien et qui frappait
mieux encore les vrais démocrates, le fameux
Deles\aux est mort. On assure qu'il s'est pendu,
la pitance impériale lui manquant et sou industrie
ne lui permettant pas de gagner de quoi vivre
sous le régime républicain.
'fout cela, du reste.s'cfface devantle grand évé
nement dont la Helgique vient d'être le théêtre et
dont nous nous effrayons.en bons citoyens beiges,
de sonder les conséquences dernières. Un ballon
sorti de Paris, et qui a poursuivi sa route, malgré
les boulets prussiens, rougis a son intention
et dont il a senti la chaleur 2,000 mètres d'é-
lévation, est descendu bien prés de Tournai.
II ne portait pas seulement des lettres et des dépê
ches, mais il a déposé sur son sol hospitalier
M. de Kératry, le préfet de police de Paris.
Or, notre sol n'est pas hospitalier seulement;
il est neutre aussi et neutre avant tout. Est-ce
que noire neutralité n'est pas atteinte et violée par
l'attouchement de eet aérostat francais, et
quelque peu républicain, qui pis est Grave et
délicate question que nous livrons Ia prudente
réflexion de notre gouvernement.
On comprend que si M. de Baian ou YEcho du
Parlement prepaient mal la chose, il pourrait nous
en cuire. Mais ne perdons pas de vue qne l'événe-
ment est arrivé presque a Tournai, d'oü il suit
que, si l'on nous cherchait noise k ce propos, nous
ne devrions pas trop pour cela nous empècher de
dormir sur les deux oreilles. On n'a pas tous les
jours un événement pareil Tournai et on ne se
le laisserait pas facilement imputer crime.
Nous entendons d'ici la bonne ville aux cinq
clochers murmurer tout d'une voix le refrain de
sa Marseillaise locale:
On peut venir, les Tournaisiens sont la!
Plusieurs classes de miliciens sont rappelées
sous les drapeaux. On raconte k ce propos que la
ville d'Ypres aura bientót une garnison de 4,000
hommes et que mème une nouvelle armée d'ob-
servation va ètre échelonriée sur nos frontières
du S. II y a selon nous beaucoup d'exagération
dans ces bruits et nous pensons que les précautions
sont surtout prises contre lesdêprédations qui, par
suite du manque de travail, pourraient se com-
mettre sur la frontière. C'est apparemment pour
parer a cette éveutualité que quelques communes
de notre arrondissement ont re$u avis qu'elles
auraient des troupes a loger.
L'échelonnement d'une armée d'observation sur
les frontières de la Flandre Occidentale ne se
justifierait que si les Prussiens se rapprochaient de
Lille.
L<es Passante.
Nous partageons, avec l'tle de Jersey, i'honneur
d'hèberger les dèbris épars du vasté rouage bonapar
tiste. Pour les reinercier d'avoir voulu nous broyer
jadis, nous leur permeltons aujourd'hui de braver,
sur nos trottoirs, le ressentimant des Francais.
Autrefois, les proscrits républicains étaient venus
aussi nous demander asile nos ministres doctri
naires leur out rèpondu par un coup de balai qui les
chassait loin de nos frontières.
Coinparez cependant nos bótes actuels a ceux qui
se sont vu refuser chez nous l'accueil düi aux hon
nêtes gens comparez les Devienne aux Charras. Et
jugez, par la, combien les mesures arbitraires d'un
ministre peuvent deshonorer une nation qui se glo-
rifie de son independance et de ses libertés, lors-
qu'elle s'endort sur les basses intrigues d'une cote
rie gouvernante, saus pudeur et sans houneur.
Les victimes du gouvernement impérial étaient les
champions de la liberté, nos amis; ils étaient pau-
vres, sans asile, poursuivis jusqu'ici par la haine du
despole nous les avons expulses. Ceux que nous
accueilions aujourd'hui, emmènent avec eux le pro
duit de leurs pillages, leurs richesses honteuses ils
viennent chez nous conspirer contre la liberté, qui
nous est si chère; ils ont toujours été nos détrac-
teurs, ne croyant pas qu'il püt y avoir a notre égard
une limite au mépris, aux injures et aux menaces
ils ont prêchè l'anuexion de notre pays a leur impé
rial gateau.
Si nous faisons ce rapprochement, c'est que nous
savons trop qu'il est fait ailleurs a notre honte et
nous croyons qu'il n'est que juste de rendre a César
cequi appartient a César, et a la coterie doctrinaire
tout i'honneur qui lui revient.
Pit IX l
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee
AVEC LES PFRSONNES QUI FONT INSÉRER DES
ANNONCES SOUVENT REPRODUITES.