de Pantin. II a fêté Napoléon III, l'homme qui a
massacré les femmes, les enfants et les vieillards
en masse, au coin des rues l'homme qui a volé
la France pendant viugt aas, l'a ruinée, et a
couronrié son oeuvre en la livrant au pillage des
hordes étraugères; l'homme enfin que Ie monde
entier méprise aujourd'hui et qui a été jugé trop
criminel pour pomoir ètre attrait devant un tri
bunal et trouver une peine qui ne fut pas déri-
soire en eomparaison de ses forfaits.
Ce je ne sais quoi qui ne mérite pas Ie nom
d'homme, a souillé notre pays par son passage.
II parnit que ce n'était pas assez pour notre gloire.
I! a fallu Ie faire asseoir dans une berline royale,
lui faire les honneurs d'un train spécial et Ie faire
complimenter a son passage par l'adjudant géné-
ral du roi.
Nos ministres et la cour tous cléricaux et
fort pieux ont considéré tout cela comme un
devoir de courtoisie. Ce sont les propres termes
de M. VVasseige, répondant a une interpellation
de M. Deroeur. Voici d'ailleurs Ie passage du
cornpte-rendu de la séance de la Chambre relatif
a eet objet
M. Demeür (interpellation). Les journaux ont an-
uoncé Ie passage sur Ie territoire beige de ci devant
empereur des Francais. (Ie passage se serail fait avec
honneur et aux frais de l'Etal. Je comprends que l'on
ait eu des rapports avec eet hotnme lorsqu'il etait a
la tête d'un grand pays; je ne comprendrais plus les
honneurs qu'on lui rendrait maintenant.
M. Wasseige, minislre des travaux publics. Un
train spécial a été mis a la disposition de Napoléon III.
L'administration des chemins de fer se fit un devoir,
dés qu'elle apprit son passage par la Belgique, de
prendre des mesures pour que Ie voyage se fit dans
des conditions convenables. Elle a vu la un devoir de
courtoisie el de convenances.
Eb a gissant de Ia sorte, j'ai rendu hommage aux
habitudes d'hospitaliló que la Belgique pratique sur-
tout envers ceux qui sont dans Ie malheur, et je crois
que j'ai acquis ainsi des droits a ['approbation de Ia
Chambre.
Quant a la question d'argent, qu'il me répugne de
trailer ici, que M. Demeur se tranquiliise, la caisse
des chemins de fer n'y perdra rien.
A droitb. L'ordre du jour, l'ordre du jour.
M. Demeur. C'est la question de dignité qui me
préoccupe. Je ne sais dans quelle loi Ie gouverne
ment puise Ie droit d'accorder a un particulier le
voyage gratuit sur le chemiri de fer de l'Etat,
M. Thonissen. Ou paiera.
M. Demeur. On n'a pas payé. Cela résulte de la
déclaration de M. le minislre. Les paiemenls sur les
chemins de fer se font soit par anticipation, soit au
comptant.
M. Dumortier. C'est une politesse.
M. Demeur. Pourquoi faites-vous des poiitesses a
eet homme'' (Un applaudissemout se fait entendre
dans les tribunes.)
M. le Président. Faites sortir des tribunes le mon
sieur qui a applaudi. (L'huissier exéeute l'ordre de
M. le president.)
M. Demeur. En mon «om personnel, j'exprime le
sentiment de reprobation que m'inspire la conduite
du gouvernement.
M. DeTheux. L'ordre du jour
M. Guilleiiy. I! n'est pas besoin de l'ordre du jour.
Personne ne deinande la parole.
Voyez-vous ce minislre, tout confit en dévo-
tion, qui avoue avec une candeur adorable l'horn-
mage rendu par lui a la personnification même
du crime; ce professeur de morale catliolique,
qui voit un devoir de courtoisie et de convenance
dans ses marques de respect envers le plus mé-
prisable meurtrier; ce mandataire d'une nation
honnête, qui fournit passage gratis sur les che
mins de fer de l'Etat un usurpateur rouge en
core du sang qu'il a fait répandre, et chargé des
dépouilles de sa victime eet administrateur d'un
pays démocratique, qui vnus dit, avec la stiperbo
stupide d'un valet de grande moison, qu'il lui
répugns de trailer la question d'argent, lorsqu'il
s'agit d'un prince dont les bagages seuls occupent
vingt-cinq wagons.
Est-ce assez écoeurant
A Monsieur l'Edileur de /'Opinion.
Monsieur,
Le drapeau rouge de sinistre augure a remplacé
(momentanément, nous en avons la ferme conviction)
sur l'hötel de ville de Paris, le drapeau tricolore,
symbole de gloire et d'honneur. Celui-ci ayant
abrité sous ses plis la liberie a son berceau,
celui-la rappelant les meurtres juridiques des plus
mauvais jours de la première révolution francaise;
et pour ne pas renier son origine il s'empresse de
servir de signe de ralliement aux laches assassins
des généraux Lecomle et Clément Thomas, Clément
Thomas dont toute la vie a été un long sacrifice pour
l'idée républicaine.
Jules Favre, Jules Simon, ne sont plus que des
réactionnaires auprès des énergumèues de l'hótel de
ville.
Et, a propos de réactionnaires, un fait qui doit
leur donner a refléchir, c'esi qu'une partie de l'armée
de Paris a fait défection pour faire cause commune
avec lt;s rouges, c'est que le despotisme du second
empire a été pareil au mancenillier, donnant la mort
a tout ce qui s'abrite sous son ombre, et que les
villes descendues aussi bas dans la demoralisation,
tombent comme celles de l'antiquité. Appliquez alors
le sufTage universel a celte tourbe, et a I'arbre vous
connaitrez les fruits.
Aussi est-ce avec bonheur que nous reportons nos
regards vers notre chère patrie, restée calme et se-
reine au bord du gouffre, paree qu'elle pratique
loyalement ses fibres institutions, avec la raison et Ie
bon sens qui caractérisent le Beige, et qui valent
mieux que l'espril sans son contrepoids nécessaire.
Le progrès ne procédé pas par soubresauts, il est
chez nous, comme en Hollande, en Suisse et en An-
gleterre, la déduction logique des principes du pacte
fundamental.
L'exeinple de nos malheureux voisins qui ne sor-
tent du despotisme imperial que pour lomber dans
Ie despotisme de l'anarchie, servira t il a arréter les
cléricaux dans la voie de la reaction oü la peur et les
évêques vont les pousser plus que jamais?
J'en doute Jupiter rend fous ceux qu'il veut
perdre, dit un proverbe latin. Les jésuites ont
perdu Ie gouvernement temporel du pape, et ils per-
draient Dieu même (comme on l'a dit) si cela était
possible
Chez nous, chacun a le droit, par la parole, par
les ecrits, dans les meetings, dans les journaux et
dans les livres, de dire ce qu'il croit être utile au
bien general, en ayant soin de ne porter aucun pre
judice a autrui. L'on croirait que des choses si saines,
si licites, devraient reuconirer ('approbation de tous.
II n'en est rien. L'on entend des hommes a cheveux
blancs, bien piacés dans Ie monde, s'en prendre a la
presse de tous les maux dont nous ne souffrons au-
cunement ciiez nous. Outre qu'il n'y a rien de par
fait sous le soieil, il vaul encore mieux I'opposition
aux abus par la publicite qui les fait disparaitre, que
leur maintient par le defaut du contróle de I'opiniou
publique.
Mais pour les cléricaux, maintenant qu'ils ne sont
plus opposition (vérite en-deca, erreur au-delö,
comme riirait Pascal) la presse est devenue le bouc
expialoire de tous les mèfaits qui se commeltent.
Deux fails pour terminer celte lettre deja trop
longue, comme signes du temps.
Tout Ie monde se rappelle le membre de la droite
qui, dans une des dernières seances de la Chambre,
s'ecriait d'un ton plus ènergique que parlementaire
<1 L'opposilion nous ennuiea quoi M. Frère
répouditVous pouvez vous en aller, si vous
vous ennuyez. Pour le Louis XIV au petit pied
de la droite il faudrait peut-être un nouvel Edit de
Nantes quelconque, qui débarrassêt la majoritè de la
minöritè?
Une phrase cueillie au passage, elite par nn hobe-
reau, enfant terrible de son parti, et qui n'a pour
tout bagage littéraire et scienlifique que les parche-
mins hérités de son père.
«La droite, avec la plus nombreuse majorité
qu'un Parlement puisse avoir, ne doit pas s'in-
quiéter des criailleries de la gauche, mais gouver-
d ner sans elle et malgré elle.
D'après ce messire, nous devons être absolument
comme en pays conquis, avec la devise La force
prime le droit.
II nous sembiait que la loi était surtout faite pour
sauvegarder les droits de la minorité, qui, ne cessant
de contriuuer aux charges du pays, doit par consé
quent participer aux avantages.
Comme dans Ie Médecin malgré lui de Molière, mon
hobereau avaitchangé tont cela.
Espérons néanmoins que, sans réaction comme
sans peur, le grand parli de l'ordre, comme il aime
a s'intituler, respectera la Constitution et se gardera
de suivre les impatiences d'hoimnes inconsistants et
passionués, quoique les rouges et les blancs (car les
exliêmes se touchent) aimtnt beaucoup a avoir re-
cours a la violence.
Avant d'eu venir la chez nous, que les cléricaux
réflechissent aux paroles de l'Ëvangile
Qui se sert do l'épée, peril par Lépée.
Un liberal progressiste.
23 Mars 1871.
Un service, s'il vous plait
Aux jours de beatitude ou nous vivons, alors que
notre excellent clergè beige, mettanl la main dans
tous les pétrins politiques et fourrant le nez dans
toutes les casseroles administratives, ne nous laisse
plus que des loisirs, a nous simples citoyens et jour
nalistes profanes, nous nous sommes permis de ris-
quer un oeil dans les saintes et vènérables lois qui
règlenl les devoirs du elergé et qu'on appelle Cano-
nes sanctorum apostolorum, et nous y avons remar-
qué la loi ou le canon suivanl, que nous donnons
provisoirement en latin, comme dans le texte, car
nous savons qu'il n'appartient pas aux laïques de
traduire les lextes sacres en langue vulgaire mais
comme nous pensons que uotre saint confrère, le
Journal d'Ypres, est autorisé a faire des traductions
de ce genre, nous osons réclamer de son obligeance
une traduction du susdit car.on, dans son plus pro-
chain numéro. Le voici
Canon 80. Dicimus, quod nou oporteat epis-
copuiri aut presbyterum publicis se administratio-
o nibus immitere sed vacare el commodum se exhi-
bere usibus ecclesiasticis. Anlmum igitur inducito
hoe non facere, aut deporiiior. Nemo enim potest
duobus dominis serviru, juxta prseceptum Domi-
nicum.
Le latin de ce texte aussi vieux que vénérable, vu
qu'il date du premier siècle de notre ére, c'est a-dire
des beaux temps du christianisme, est dCt a la plume
de saint'Clément, ordonné èvêque par l'apötre Pierre,
le fondateur du Saint-Siége; nous en donnerons Ia
traduction, si le Journal d'Ypres nous refuse la
sienue.
Cherchez et vous trouverez.
(Evangilc selou St-Mare.)
C'est un vrai plaisir d'alien Ire et de recevoir quel-
que chose par chemin do Fer II a été expèdié de
Gand, le 18 courant, des sacs contenant de la terre
de bruyère, le 20 courant, un panier contenant
des plaiités. La terre est confiée a la petite vilesse et
les plantesau tarif accéléró le lout adressó bureau
restant a Poperinghe, le destinataire demeurant a
peu de distance de la
Or, jeuiii 23 courant, celui ci recoit avis du bu
reau de Poperinghe qu'un panier de plantes est arrivé
a son adresse. II envoie aussitöt prendre l'objet;
mais, surprise, la destination du panier arrivé est
Haztbrouck. Erreur done I On attend le train de
midi... Heureusernent, ceiui-ci salisfatt a l'attente.
Tout est bien qui finit bien.
Voici maintenant les péripélies des sacs de terre.
Le vendcedi 24, au matin, le facteur de la Poste ap-
porte avis du chef de gare d'Ypres, que les sacs do
terre sont arrives et que l'on a buit heures devant soi
pour les errlever. Aussitöt un chariot est envoyé; il
arrive ii la gare d'Ypres après avoir pareouru douze
kilomèlres, au lieu de quatre qui le séparaient de
Poperinghe, et la,... il n'y a plus de sacs. On s'est
apercu que l'adresse élait en destination de l'autre
gare et l'on répare l'erreur en vous Inissant faire une
course inutile et désagréable. il ne vous reste plus