JOURNAL D'YPEES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRKS, l)i manche
IVeuTième année. Hi0 15.
9 Ayril 1871.
PltlY D'AltOIYElIËIT
POUR LA BELGIQUE
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Pour 1'Etranger, le port en sus.
Ua Numéro 25 Centimes
PRIX RES AitROYCES
ET DES RECLAMES
10 Centimes Is petite iigne.
Corps du Journal, 30 centimes.
Le toot patablb d'avance.
Paraissant le dimanche.
On syabo?ine a Ypres,
au bureau du Journalrue de Dixmude59.
On traite d forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres
ou envois <P argent doivent gtre adressés franco au bureau du journal.
Ees illusions doctrinaires.
Depuis que les cléricaux, instruits par l'expé-
rience, out résolu d'en flnir le plus tot possible
avec la question de la réforme électorale, il n'est
sorte de lugubres fantómes que la presse doctri
naire ne prenne plaisir a évoquer pour effrayer le
pays sur les conséquences probables de la discus
sion qui va s'ouvrir.
Le jour même oü cette resolution fut prise par
la droite, dans un discours grands effets drama-
tiqnes comme il snit si bien les faire, M. Frère-
Orban disait En presence des événements aux-
quels nous assistons et qui ont leur source
première dans une réforme électorale, l'lieure
s parait pen propice pour agiter des questions qui
divisent profondément le pays,
Et dans la même séance Après le vote que
la majorité vient d'émettre, s'écriait-i 1après
l'acte de violence auquel s'est associé le gouver-
nement et qui montre que la direction des
affaires est confiée a des hommes aveugles que
rien n'arrète, qui, dans les circonstances ou
nous sommes, viennent, sans nécessité aucune,
jeter dans le pays un ferment de discussion dont
les conséquences peuvent être redoutables, je
ne puis plus même me réfugier dans une simple
abstention et, titre de blême, ma conscience
me fait un devoir de voter contre le budget.
La presse doctrinaire a pris le mot d'ordre dans
ce langage. Lisez YEcho du Parlement, le Journal
de Liége et les au tres c'est S croire que si le
projet de loi sur la réforme électorale est mis en
discussion, le pays va se trouver exposé aux plus
graves dangers. Catilina serait a nos portes qu'ils
ne parleraient pas autrement.
Le but de ces objurgations passionnées n'est
pas difficile a saisir nos doctrinaires, désespérant
de revenir au pouvoir, par les moyens légaux, ne
seraient pas fèchés de provoquer dans le pays un
mouvement d'opinion analogue a celui dont ils
ont tiré un si bon profit en 1857. Les cléricaux
sont peureux, se disent-ils; au moindre mouve
ment populaire, its seront heureux de nous céder
la place.
Le pays, malheureusement, ne semble pas du
tout disposé prendre au sérieux les alarmes de
la presse doctrinaire. Encore moins se sent-il
d'humeur refaire la courte écheile M. Frère-
Orban et a sa valetaille parlementaire. II sait qu'il
n'a pas plus espérer de ces soi-disant libéraux
que des cléricaux auxquels ils font la guerre et,
en attendant son heure d'agir, il se repose.
L'erreur, la grande erreur des doctrinaires,
c'est cette persuasion oü ils sor.t que le corps
électoral se repent amèrement d'avoir donné la
majorité aux cléricaux et qu'il aspire avec impa
tience au moment oü il pourra rétablir MM.Frère
et Bara sur le tróne ministériel. Leur raisonne-
ment est celui ei Le pays déteste les cléri-
caux, dont nous sommes les adversaires: done,
le pays doit nous aimer.
Comme s'il ne pouvait pas se faire que le pays
détestét les uns b l'égal des autres! Mais les doc
trinaires se refusent absolument a admettre une
seroblable hypothèse. Paree que, grêce leurs
promesses fallacieuses, ils ont joui, en 1857,d'un
moment de popularité réelle, ils s'imaginent bon-
nement que cette popularité leur est restée et
qu'aujourd'hui, comme en 1857, le pays est dis
posé a se donner la fièvre pour les restaurer au
pouvoir.
Mais ouvrez done les yeux, maiheureux myopes
que vous êtes, et voyez clair autour de vous. Oui,
le pays supporte avec peine Ie régime clérical.
Mais oü prenez-vous qu'il vous regrette et qu'il
souhaite votre retour Les cléricaux occupent le
pouvoir depuis dix mois. Pans quelles circon
stances le pays a t il manifesté I'indice d'un re
gret que vous n'y fussiez pas leur place? Et si
vous n en pouvez citer aucune, ne comprenez vous
done pas que le temps de votre popularité est
passé et qu'on ne veut plus de vous?
Quant a la réforme électorale proposée par les
cléricaux, nous n'en voulons pas plus que vous-
mêmes. Toute extension du droit de suffrage qui
ne prend pas pour base le principe de la capacité,
rencontrera en nous des adversaires résolus et
irréconciliables. Mais a qui la faute, si cette ré
forme, que nous combattons avec vous, est a la
veil le de se realiser A qui, si ce n'est ceux qui,
sourds a la voix de la raison et de la justice, se
sont obstinément refusés a inscrire dans notre lé-
gislation électorale Ie principe de la capacité, qui
devait tout sauver eri donnant satisfaction aux lé-
gitimes aspirations de ('opinion publique?
Les avertissements n'ont cependant pas man
que aux doctrinaires. Que de fois la presse libé
rale n'a-t-elle pas signalé M. Frère-Orban le
danger d'une plus longue résistance? Que de fois,
a la Chambre, des représentants de la gauche ne
I ont il pas conjure de faire un pas en avant et de
ne pas s'obstiner plus longtemps dans la voie réac-
tiorinaire oü il s'était engagé «t, avec lui, son parti
tout entierM'. Frère-Orban ne voulait rien en
tendre. II ne pouvait pas même venir 5 la pensee
de cet orgueilleux que le pays chercherait un jour
secouer le joug qu'il fesait peser sur lui. N'a-
vait-il pas a sa disposition une majorité docile,
incapable de lui résister en face? L'opposition
cléricale n'était-elle pas souverainement antipa-
thique au pays? Dés lors, qu'avait-il craindre?
Aussi, se rappelle-t-on avec quel méprisant
dédain l'altier ministre des finances répondait a
ceux qui lui demaridaient une large extension du
droit de suffrage? A I'entendre, le pays était par-
faitement satisfait du régime existantjet Ie mou
vement réformiste qui s'agitait dans les meetings
était tout fait faetice. II n'y avait pas S en tenir
compte.
On a vu depuis, si ce mouvement était aussi
factice que Ie pensait M. Frère-Orban, Les élec-
tions de juin dernier, placées en grande partie sur
Ie terrain de la réforme électorale, ont précipitó
du pouvoir les hommes assez aveugles pour avoir
nié ce mouvement et elles ont mis leur place les
babiles qui ont su 1 exploiter a leur profit person
nel. Nous n avons pas eu la réforme qui de
vait assurer Ie triomphe définitif des idéés libé-
rales, mais nous aurons la réforme qui peut nous
tenir, dix ans encore, sous la férule détestée du
parti clérical.
Etcestquand ces souvenirs sont encore tout
frais dans la méraoire de tous que 1 'Echo du Par
lement et ses acolytes viennent conjurer le pays
au nom du droit, de la justice, de la raison et
de l'intérêt national, de protester contre Ie
projet de M. Kervyn
L'Echo n'oublie qu'une chose, c'est de nous
dire quelle réforme il entend proposer a la place
decellede M.Kervyn. Si, comme il esta supposer,
I ex journal officieux n'en propose d'aucune espèce
et veut tout simplement le maintien de l'état de
choses actuel, il peut ètre bien certain que son
appel ne sera pas entendu.. Le pays n'eut-i!
d'autre grief contre le régime actuel que d'avoir
permis aux doctrinaires de se cramponner au pou
voir pendant vingt ans, que cela lui suffirait pour
I en dégoüter a tout jamais.
Correspondance particuliere de I'RI'lüIOIV.
Bruxelles, 7 Avril 1871.
Nous voila revenus aux jours fiévreux des débuts
de la guerre. La place de la Monnaie, assez long
temps abandonnée, est redevenue le centre des nou-
velles a sensation. Dès le matin, les désceuvrés, plus
nombreux que jamais, s'y donnent rendez-vous et,
si tót que les premiers iours arrivent, la discussion
Laissez dire, laissez-rous bl&mer, mais publiez votre pensee