JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
V HIES. Dimanche
r^rsNeuvième année. J\° 19.
7 Mai 1871.
Pit IX tt'ABOMEMK^T
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; A fr- 50 par semestre.
Pour I'Etranger, le port en sus.
Un Numéro 25 Centimes
PRIX MES AilMOSCES
ET DES RECLAMES
10 Centimes It petite ligne.
Corps du Journal, 30 centimes.
Le tout payable d'avange.
Paraissant le dimanche.
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au bureau du Journalrue de Dixmude, 59.
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ou envois d'aryent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
Le Journal d'Ypres n'est pas seulement un
profond philosophe et un politique de la plus
haute futaie a ses moments perdus, it s occupe
aussi de finances, et rien n'est plus admirable
que la désinvolture et l'habileté de procédé qu il
apporte dans l'art délicat de faire parler les
chiffres.
Le gouvernement sous lequel nous avons le
bonheur de vivre propose, comme on sait, de
porter de fr. 6 70 a fr. 7 la contribution fon-
cière et d'augmenter respectivement de 5 et de
10 centimes additionnels la contribution persou-
nelle ainsi que l'impót sur les patentes.
Yous croyez, n'est-ce pas, que si ces proposi
tions soat adoptées, elles auront pour efTet d'ag-
graver les charges des contribuables? Eh bien,
pas du tout, et vous n'avez qu'a lire le dernier n°
du Journal d'Ypres pour vous couvaincre de votre
erreur.
Le raisonnement de notre pieux confrère est
d'une limpidité parfaite I'Etat, il veut bien en
convenir, augmente le foncier, la patente et la
personnelle, mais ce que les contribuables
paieront en plus a I'Etat d'impöt foncier, de
a personnelle, ils le paieront en ruoins a la pro-
vince et a la commune.
Trés bien. Mais vous allez vous dire que si I'on
enlève aux provinces et aux communes les res-
sources qu'elles tirent de leurs centimes addition
nels, il faudra qu'elles recourerit de nouveaux
impóts.
Notre financier a prévu I'objection. L'Etat,
dit-il, supprimant l'impót sur les debits de bois—
sons alcooliques comme impót général, les pro
vinces et les communes peuvent et doivent le
reprendre pour leur compte.
C'est ici, malheureusement, que In théorie du
confrère laisse terriblemenl a désirer. Nous voyoris
trés bien notre financier le reconnait lui-même
que nous allons devoir, payer I'Etat plus de
foncier, plus de personnelle, plus de patente.
Mais il s'en faut que les choses soient aussi claires
quand il s'agit de remplacer dans la caisse des
communes et des provinces ce que celle de I'Etat
leur enlève. Ici tout devient hypothétique, sujet
des éventualités de diverse nature.
Le financier du Journal d'Ypres désigne aux
'communes le droit sur les débits de boissons. II y
a cent a parier que les administrations commu-
nales ne reeourront pas a eet impót, par la raison
que les cabaretiers, déjè trés norabreux dans le
corps electoral, vont s'y trouver en beaucoup plus
grand nombre encore par suite de la loi que la
Chambre discute en ce moment, et que les man-
dataires communaux, natnrellement soucieux de
leur réélection, craindront de les indisposer en
fesant peser sur eux le déficit.
A supposer qu'on impose aux cabaretiers un
droit de débit communal, on peut ètre certain
d'avance que ce droit ne sera pas assez élevé pour
combler le vide que les réformes proposées par le
gouvernement auront créê dans la caisse des
communes.
II faudra done trouver autre chose, et cette
autre chose sera nécessairement une aggravation
de charges pour les contribuables, moins que le
financier du Journal d'Ypres n'ait découvert le
moyen de faire face aux dépenses publiques sans
recourir a l'impót.
Auquel cas, nous faisons les voeux les plus ar-
denls pour que notre confrère soit appelé a rem
placer au plus tót le ministre actuel des finances,
qui n'a pratiqué, jusqu'a présent, que l'art vul
gaire d'ouvrir un trou pour en boucher un autre.
Notre confrère, qui ne se fait pas illusion sur
la répugnance que les administrations commu-
nales éprouveront imposer trop lourdement les
cabaretiers, laisse entendre qu'elles en auront
l'obliga ion légale. Elles devroni, dit-il, reprendre
pour leur compte l'impót abandonné par I'Etat.
II n'y a a cela qu'un inconvénierit, c'est que
les communes jouissent a eet égard d'une liberté
compléte et que le pouvoir central est sans action
sur elles pour les contraindre, directement ou in-
directement, a imposer telle ou telle catégorie de
leurs administrés.
A part ces réserves, la thèse du financier est
inattaquable.
M. Frère-Orban a clos la discussion générale
du projet de réforme électorale par un discours
dont le passage suivant est en quelque sorte le
résumé
Nous ne nions pas qu'il ne soit trés desirable
que tout homme capable prenne part a la gestion des
affaires du pays, a tous les degrés. Tout homme qui
en est exclu est aisémeut persuadé qu'il est opprimé
ou dégradé.
o Cela est plus vrai maintenant que jamais. II y a
la un danger, je le reconnais.
Mais er.tre Ie syslème qui admettrait le plus
grand nombre possible a prendre part aux affaires
publiques et celui qui donne la predominance au
nombre, qui remet toute la puissance entre les mains
de la classe la plus nombreuse et la plus ignorante
de la société, il y a toute la difference qui sépare
l'erreur de la vérité.
Nous non plus nous ne croyons pas que la rai
son et la sagesse soienl nécessairement du cótê
du nombre nous aussi, nous pensons qu'il est
dangereux de fonder un système politique sur la
prédominance du nombre, mais nous craignons
qu'il devienne bien difficile de lutter contre la
force brutale et inconsciente des masses, si l'on
ne donne dés aujourd'hui aux capacité la part
d'action et d'influence politique qui leur revient
légitimement. M. Frère reconnait que l'exclusion
des capacités est un danger, il a raison l'avenir
le prouvera.
Le parti clérical, qui aujourd'hui chante victoire
parce qu'il vient de faire un coup de majorité, ne
tardera pas a se repentir d'avoir ouvert ainsi la
porte l'inconnu en préparant, en Belgique,
Tavénement du suffrage universel.
Triste... Trlste.... Trlste
Toute la frontière est garnie de troupes, les
mesures les plus sévères sont prises pour empêcher
le développement de la peste bovine. La précaution
certes est louable en tous points; personne ne le con-
testera. Mais pourquoi la sollicitude des administra
tions ne s'étend-elle pas sur l'homme aussi bien que
sur le bétail
Pourquoi ne pas empêcher pour autant du
moins que les sentiments d'humanité le permetlent
le contact avec les personnes atteintes de la
variole, par exernple Cette maladie, qui se com
munique si facilement et qui est bien une des plus
terribles que l'on connaisse, fait des ravages déplo-
rables dans le payselle se propage avec une
effrayanterapidité. Eh bien, dans beaucoup de loca-
lités, l'autorité ne s'eu inquiète pas avant que la
mort n'ait eraporté ses viclimes. Combien de per
sonnes pourtant ont pris Ie germe du mal dans la
fréquentatiou de la maison fréquentation souvent
fort inutile I Aucune mesure n'est prise non plus
pour assainir la demeure du défunt, en sorte que les
survivants sont deux fois en danger. Nous parlons ic
de la campagne, des communes rurales oü la peuri
est plus forte qu'ailleurs el l'imprévoyance plus com
pléte.
Pour ne citer qu'un cas: Dimanche dernier, dans
une commune de notre arrondissement, un pauvre
ouvrier meurt de la variole; personne ne veut I'ap-
procher, pas même pour mettre dans le cercueil son
cadavre qui se dèconipose jusqu'au mardi matin
dans une pauvre chaumière oü git sur un grabat une
vielle aveugle, malade elle-même.
Ce fut seulement le mardi que l'autorité commnnale
commenca a comprendre qu'il fallait faire quelque
chose de ce cadavre décomposé, qui, la veille déja, ré-
pandait une odeur infecte a plusieurs centaines de
mètres la ronde. Ce n'est qu'alors qu'on le mil dans
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee
Finances cléricales.