puisqu'ils sont les maitres du Parlement, et les
directeurs de nos ministres 1
N'a-t-ou pas tout a craindre de ceux qui ont
souscrit avec enthousiasme aux prescriptions les
plus intolérantes et les plus oppressives des encycli-
ques et du syllabus?
Ne peuvent-ils pas chercher, et ne chercheront-
ils pas a introduire dans la legislation les idees qui
leur sont cbères?
lis ont en haine la liberté de la presse, considérée
comme un delire, par Grègoice XVI, comme une
pesle par Pie IX.
Naturellement i!s travailleront a étouffer cette
liberté, qui n'a pas droit d'existence dans un élat
catholiquerrieut organise.
Qui, dans cette majorité aveugle, relevant des
évêques dont elle tient son mandat, ainsi que
M. Delehaye l'aposlat l'a reconnu la semaine der-
nière a la Chambre, qui, disons-nous, de tous ces
instruments aveugles oseraient resister a la volonté
de Malines?
Deja on étouffe a la Chambre la voix des orateurs
hberaux qui combattent la politique episcopale; il
ne s'agirait plus que d'appiiquer le même sysfème a
la presse.
Du reste, les précédents du parti catholique ne
doivenl inspirer que de l'inquiétude. Nous nous sou-
venons que jadis M. de Theux voulut poser un jalon.
Dès 1834, il fit admettre a la Chambre, par 45 voix
contre 15, la censure des pieces de théêire. La Lègis-
lature d'alors vota eet amendement Le Conseil
communal veille a ce qu'il ne soit donné aucune repre
sentation contraire aux bonnes mceurs.
Lors de la loi communale, l'amendement fut encore
adopté au premier vote par 38 voix contre 34 et ne
fut rejetéau second vote que par parite de suffrages,
45 contre 45.
La majorité actuelle ne Ie cède en rien, au con
traire, en fanatisme et en intolerance a celle d'ii y a
35 ans, el on a tout a redouter de gens dont la con
science est a la merci des évêques, et de journaux
qui, a I'iastar du Bien public, regardent la Constitu
tion comme un pis-aller.
A Monsieur l'Editeur de /'Opinion.
Monsieur,
Dans le Mémorial de Sainte-Hélène Napoléon a dit
Dans cinquante ans l'Europe sera républicaine ou
cosaque. Et quoique l'échéance soit passee, cette
prédiction est-elle en voie de se verifier dans un sens
ou dans l'autre?
Grave question que l'avenir décidera, mais qui ne
s'est jamais plus imposée aux méditations de tous les
amis de la liberté et du progrès qu'a l'heure pré
sente.
Dans le Message du 7 fèvrier dernier que le prési
dent des Etats Unis Grant a adressé au Congrès afin
de lui demauder de placer le minislre de Berlin sur
le même pied que les représentants de Londres et de
Paris, nous trouvons ce passage remarquable
o La réunion de grandes quantités d'hommes li-
b bres et intelligents doit tendre a faire des gouver-
nements ce qu'ils doivent être en realité la>e-
présentation exacte de la volonte du peuple, et
l'organisation de son pouvoir.
Nous nous demandons si ce principe si juste, si
légal, se géneralisera ou bien si nous aurons le
contraire, c'esl-a-dire le droit divin, ramené pat' le
suffrage des campagnards
A voir la Belgique portant au pouvoir les cléri-
caux, la Erance dans l'Assemblee de Bordeaux dou-
ner la majorité aux légitimistes et aux orleanistes,
nous pouvons dire que la France rurale n'est pas
plus républicaine que la Belgique rurale n'est libé
rale. Mais par contre les villes dans les deux pays
sont acquises au mouvement.
Les causes dece contraste s'apercoivent facilement.
La population des villes, plus instruite, comprend
mieux le jeu des institutions politiques du pays; la
solidaritè qui doit exister entre tous les citoyens pour
le bonheur général, et finalement la nécessité de
mainlenir le régime liberal, paree que, mieux que
tout autre, il met en pratique l'axiome de droit dé-
mocratique Tout pouvoir ematte de la nation.
Le citadin vote done généralemenl pour les libé-
raux.
Mais il en est lout autrement des électeurs campa
gnards, dont l'éducatiou politique est encore a faire-
sans instruction (voir la dernière statistique de l'iano-
rance) n'ayant pour credo social que l'intérêt person
nel, et aveuglés par le fanatisme, est-il étonnant
qu'ils volent avec le curé qui leur promet en échange
le ciel dans l'autre vie, et la continuation des prix
élevés, el de bonnes récoltes dans celle-ci
II faut done bien en conclure qu'aussi longtemps
que ('instruction ne sera pas générale chez eux, et
que le maitre d'école n'aura pas préparé convenable-
ment le terrain (l'on ne saurait assez y insister) le
suffrage universel ou partiel ne nommera que des
partisans du droit divin, qui, a l'exemple de la majo
rité actuelle de nos deux Chambres, mettront en
toute circonstance le pape au-dessus du pays et du
roi.
Si mairitenant, en France, la fusion de la branche
alnée des Bourbons avec la branche cadetie est un
fait accompli comme le bruit en a couru ces jours ci,
il n'y aura plus, pour ies Francais, qu'a opter entre
le comie de Chambord et la république, les bonapar-
tistes étant condamnés par la France, qui leur doit la
plus grande humiliation et tous les malheurs dans
lesquels elle semble s'engouffrer.
En Belgique, depuis notre Sédan libéral, nous aussi
nous sommes menacés de sérieuxdangers. La royauté
avec un honnête bomme comme Lèopold lor, et son
successeur Léopold II, qui promei de régner et ne
pas gouverneursi ce n'est avec des ministres res-
ponsables, la royauté dans ces conditions ne fait ob
stacle a aucua développement moral. Toutes les li-
bertés encore en germe dans notre belle Constitution
pourront s'appliquer lorsque le liberalisme sera au
pouvoir avec des ministres decides a agir.
Comme on le voil un peu partout a l'heure qu'il
est, nous sommes dans une espëce de bouteille d'en-
cre. La France avec le vole de ses ruraux; l'Autriche
avec la réaction qui léve la tête(les hommes du grand
parti de Fordre, comme ils s'appellent, n'en font ja
mais d'antre; la Russie qui dechire les traités de la
mer Noire pour mieux avoir raison de l'homme
malade; l'llalie menacée d'une croisade de zouaves
ponlificaux pour rendre au pape ses at.ciens Etats,
sans lesquels, parait-il, a l'inverse du Christ qui élait
humble et pauvre, sop successeur nepeut prêcher
f'Evangile.
Que sortira-t-il de tout cela?.,.
Deux choses me rassurent e'est que les fleuves
nc remontent jamais a leur source et que ceux qui
veulent les endiguer, les changent en cataractes ler-
ribles, oü les premiers engloutis (comme l'homme de
Sédan) sont ceux qui out fait cette folie tentative.
Puis e'est que le jour oü l'on voudra attacher de nou
veau les paysans a la glèbe et leur faire payer Ia
dime, ce jour-la ils prendront un fusil pour aller au
scrutin.
Faisonsdes vceux pour que l'instruction gratuite
et obligatoire, comme un soleil bienfaisant, écarté ces
nuages qui recèlent la lempête; car l'école, dit M. de
Tocqueville, parlant de l'illettré rassurera, s'il
se peut, ses croyances, purifiera ses moeurs, ré-
ïv glera ses mouvements, substituera peu a peu ses
vrais intéréts a ses aveugles instincts. i>
Et quand nos campagnards surtout en seront Ia, Ie
dernier boulevard dé l'ianorance sera conquis, el le
régime du véritable libéralisme a tout jamais assure.
Mais si, par contre, les cléricaux restent de longues
annécs au pouvoir, ils finiront par nous donner une
forte mixture de suffrage universel et d'ignorance
qui nous ramènera au plus mauvais temps du moyen-
12 Mars 1871.
Un libéral progressisle.
Quand une ville confie ses deslinées une admi
nistration clericale, voulez-voussavoir cequi arrive?
La Lys nous l'apprend
Dans une des dernières séances du Conseil commu
nal deCourtrai, M. le bourgmestreNolf a constalé avec
plaisir que l'on avait êconomisé fr. 1,400 sur les écoles
primaires.
G'est-è-dire que l'on est parvenu, a Courtrai, a
créliniser quelques malheureux enfants de plus en
leur donnant pour 1,400 francs en moins d'instruc-
tion.
Si jamais ce qu'a Dieu ne plaise notre Sé'bas-
topol communal, comme l'appelle la Patrie, était
envahi coinme a Courtrai, on réaliserait bien vite et
avec plaisir des economies sur nos belles et bonnes
écoles.
L'ébêtement national étant le but, la suppression
de l'enseignement est le tnoyen. Journal de Bruges.)
Escobar vit encore
Le Journal d'Ypres reproduit dans ses colonnes
un article inséré dans le n° 8 de I 'Opinion, mais en
tronquant le sens et en falsifiant les phrases de
manière a nous faire dire l'opposé de ce que nous
avons écrit réellement. Nous meltons ici en regard
ce que nous avons écrit
De 1847 a 1851, le
pouvoir a appartenu pres-
qu'exclusivement aux doc
trinaires, il leur a appar
tenu sans interruption de
1857 1870. Un pareil
espace de teinps leur eul
sufli pour écraser le cléri-
calismes'i/.s l'avaient voulu
et si leurs principes élaient
réellement. hostiles a ceux
des cléricaux. Leur domi
nation n'a fait qu'augmen-
ter les forces du parti
ultramontain, qui jamais
n'a été si puissant en Bel
gique qu'a I'issue de la
longue domination dévolue
au doctrinarisme. Done,
de deux choses l'une ou
bien, voulant écraser le
cléricalismeles doctri
naires ont été impuissants
a le faire, ou pouvant l'é-
craserils ne Vont pas
voulu.
Suit la conclusion que le Journal d'Ypres supprime
toute entière et pour cause. La voici:
Tous ceux qui aspirent a l'anéantissement de
l'esprit clerical en Belgique, doivent done, se basant
sur l'expérience de ces vingl-cinq dernières années,
aspirer a voir arriver au pouvoir un parti autre que
le parti doctrinaire. Celui-ci est tombé paree qu'il
était impuissant et pusiliamine; c'est en se montrant
ferme et inébranlable dans la realisation des principes
de progrès et d'èmancipation, que le parti radical
manifestera son aptitude a delivrer la Belgique de la
lèpre cléricale.
Nous le savons, les procédés de discussion que
nous signalons sont en faveur dans Ie monde du
Journal d'Ypres. Aussi ne nous donnerons-nous même
pas la peine de protester contre ce faux matériel.
Alten re la loyauté d'EscobarAutant demandera
un chardon de produire des pêches Nous nous con-
tenlons de livrer Ie procédé a l'appréciation deshon-
uêtes gens.
Ce que le Journal d'Y
pres nous fait dire
De 1847 a 1851, Ie
pouvoir a appartenu pres-
qu'exclusivementauxdoc-
trinaires, il leur a appar
tenu sans interruption de
1857 a 1870. Un pareil
espace de temps leur eut
suffi pour écraser le cléri
calisme s'il avait pu l'étre.
Leur domination n'a fait
qu'augmenler les forces
du parti ultramontain,
qui jamais n'a été si puis
sant en Belgique qu'a I'is
sue de la longue domina
tion dévolue au doctrina
risme. Done,de deux cho
ses l'une ou bien le ca-
tholicisme ne peut être
écrasé en Belgiqueou
pouvant l'étre, il ne le
sera point par le parti
de la violence et de l'ex
clusivisme.
La christiauisation des chemins de fer.
Qu'y a-t-il de vrai dans ce bruit colporté en
ville que sur les chemins de fer de l'Eiat, les
prêlresseraient dorenavanl admis a prendre place
dans les comparliments réservés aux dames?
II est possible que la chose ait eu lieu.
M. Wasseige aura cerlainement donne des ordres
aux employés des chemins de fer pour que les prêtres
soient traités avec des égards spéciaux.
Un employé trop zèlé aura voulu faire une
gracieuselé a un prêtre en l'introduisant dans Ie
compariimeut des dames...
Voila tout.
Quant a croire que ce soit une règle, nous ne pen
sons pas que M. Wasseige pousse aussi loin que cela
son respect de la robe, la robe du prêtre, bien
entendu.
Correspondance particuliere de I'OI'llIOif
liruxelles, 17 Mars 1871.
C'est la question flamande qui a fait, pendant
ces derniers jours, les frais de la discussion parle
mentaire. Que les temps sont changésA l'époque
oü Ie parti libéral était au pouvoir, les incorruptibles
représentants d'Anvers n'avaient pas d'expressions
assez fortes, assez indignées, pour flelrir l'infême
gouvernement qui se fesait un jeu des droits sacrés
des flamands. Car rien n'était plus certain, en
croire ces messieurs Le flamarid, en Belgique, n'é
tait qu'un paria, un ilote. Chaque année, nous en-
tendions, sur ce thême oblige, les variations les plus