ciels du gouvernement dans la langue de Jacques Van Artevelde, l'on devrait au moins, dans les cen tres flamands, faireadministrer, juger, condamner, par des fonclionnaires, ces populations dans leur langue maternelle, pour les soustraire a l'espèce d'ostracisme qu'elles subissent. Néanmoins, beaucoup de personnes, sans y regar- der de prés, trouvent que Ie mouvement flamand est factice et peu sérieux. C'esl pourquoi il importe d'en indiquer et d'en vulgariser ('importance par la voie de la presse. Le zèle avec lequel les cléricaux sont en voie de se l'approprier, devrait donner lieu a re flexion pour le parti libéral et pour ceux qui nient l'utilité de ce mouvement. Ici de nouveau les Jésuites se montrent plus hom mes d'Etat que nos doctrinaires car ils savent bien eux, qu'au fur eta mesure que le suffrage s'élendra, le flamand s'imposera comme une nécessité, non-seu- lement pour ceux qui brigueront les voix des élec- teurs, mais pour ceux qui voudront faire de la pro- pagande par les meetings, les assemblees électorales ou par les journaux. Cette agitation s'imposera surtout par la réforme électorale que laChambre vient de voter, et qu'il se rail plus juste d'appeler une revolution electorale, paree qu'elle va faire table rase de tout element pon- dérateur, pour n'envoyer au Parlement et dans les «onseils délibérants que des ultramontains de la plus belle eau, et bien souvent des communistes a tous crins. L'élément urbain et ouvrier noiera l'élément in- struit et éclairèet l'on verra alors dans notre paci- fique Belgique, les tristes parodies de la Commune de Paris et celles des fanatiques du tróne et de l'au- tel de Versailles (1). Le salutdu pays el le maintien de notre Constitu tion sont done enlre les mains du parli libéral, mais a condition qu'il s'unisse en se meltant d'accord sur les principes, sans transactions. o Si une partie du malaise moral oü nous sommes x> provient de ce que l'Eglise s'est appuyée presque toujours sur l'arislocratie, sur le despotisme el la richesse qu'elle n'a de sourires que pour les gran- deurs terrestres souvenons-nous, nous libóraux, car c'est notre raison d'étre, que les humbles et les déshérités qui élaient toe vrais amis rlu Christ, sont aussi les nótres, el que ce sont eux qui forment les majorités pour lesquelles les lois morales et économi- ques doivent surtout être faites, afin d'empêcher les revendications interopestives et brutaies. A Anvers, a Louvain, le clergé a excité aux mee tings, et i! en avait le droit. A notre tour, libèraux, faisons-en partout. Bientót le bons sens des popula tions flamandes, au contact des idéés libèrales, ap- prendra mieux nous connaitre, et elles disLngue- ront facilement alors leurs amis vèritables de ceux qui ne les flattent et les crétinisent, que pour mieux les exploiter. Elles verront que si le clerge s'affuble d'un manteau démocratique d'emprunt et greffe l'ar- bre théocratique d'une tige démocratique, celle-ci n'en portera pas moins, quand elle aura atteint son developpement voulu, des fruits favorables aux libè raux, par la raison que la greffe se ressent toujours de la nature de l'arbre d'oü la branche ou l'ceil a étë tiré. Et entre l'ancien régime auquel l'on voudrait ramener ces populations, el celui qui date de 1789, leur choix sera bienlót fait, s'il est éclairè par un mouvement flamand reellement démocratique. Un libéral progressisle. 6 Juin 1871 L'abondance des motières nous empèche de publier aujourd'hui le compte-rendu du banquet que les moutons de ('arrondissement d'Ypres out offert a leur ancien berger, M. Henri Carton... Bêè, bêè, bèê. Nous lisons dans un numéro récent du journal le Droit, la boutade que voici qui nous parait spi- rituelle et'juste. Le gouvernement, par l'organe du Moniteur, a complimente les milieiens de l'empressement patrio- tique qu'ils ont montré pour rejoindre lears régi menis quand ils ont été rappelés sous les dra- peaux. (1) Les provisions de notre honorable correspoiidaiu nous semblent un peu trop pessimisles. N. D. L. R. d Pour nous, eet empessement se résumé dans l'obligation d'arriver a l'hure indiquée sur la feuille de rappel, sinon d'avoir a ses trousses tous les gendarmes de Ia Belgiqte, ce qui n'est pas trés agréable. Si le ministre de la juerre veut avoir une idéé du goüt que les milicieis peuvent avoir de rester sous les drapeaux, qu'i mette a l'ordre du jour de l'armée que tous les solials peuvent retourner défi- nitivement dans leurs fiyers, en calecon et sans sou- liers, et qu'ii fasse faire l'appel le lendemain; ca ne sera pas long, il n'v aura plus personne. Allons. M. Guillaume, faites en l'assaisi vous osez I Correspondance partimlière de 1'OPHVIOHL Bruxelles, 9 Juin 1871. La France présente en ce moment un spectacle désolant. Versailles se venge avec une cruaulé inouïe des lerreurs que la Commune lui a causées et des atrocités qu'elle a commises ou qui ont été commises en son nom. Je comprends jusqu'a un certain point, sans les excuser, toutes les executions sominaires dans l'exallation de la lutte, quand on a devant soi un ennemi armé, mais jene le comprends plus quand le combat a cessé et qu'on se trouve en présence de prisonniers désarmés. C'esl une tache pour l'honneur militaire francais; en agissant comme elle l'a fait, l'armée versaillaise a diminué considérablement les sympathies que les excès de la Commune avaient ac- quises au goavernement légal de la France. Nous sa- vons tous ici et on n'ignorait pas a Versailles que parmi les defenseurs de la Commune il s'eu trouvait un grand nombre qui avaient été enrégimentès malgrè eux et qui, jusqu'au dernier moment, ont été contraints de faire le coup de feu, sous menace, en cas de resistance, d'étre immédiatement passés par les armes. Or, on sait si la Commune se génait beaucoup pour mettre ses menaces a exécution I Beaucoup de ces insurgés malgré eux n'ont échappé aux executions sommaires de la Commune que oour être fusillés sans jugement par les Versaillais. Je me héte de dire qu'on a mis fin aujourd'hui a ces exècu- tions sommaires et qu'avant d'étre exéculés les pri sonniers sont condamnés par un conseil de gnerre. L'Assemblée de Versailles parait avoir perdu com- plétement la tête, tellement elle sernble avoir peu conscience de la situation désespérée dans laquelle se trouve la France. On dirait que rien ne presse, qu'elle a tout le temps d'aviser aux moyens de sauver les malheureuses victimes de la guerre. II y a en ce moment plusieurs milliers d'individus dont les habi tations ont été incendiées ou qui ont étedétruites par les bocdets ces individus sont absolument sans abri, ils n'ont plus aucune ressource vous croyez peut- êireque l'Assemblee de Versailles va prendre des mesures immediates puur les secourir dans leur detresse Ah bien ouiElle va d'abord au plus pressé, elle ordonne la reconstruction de la colonne Vendóme et consacre toute une de ses séances a la question de savoir si la colonne sera surinontée de la statue de Napoleon 1" en costume d'empereur, on s'il ne con- viendrait pas mieux de revêtir Napoléon de sa capote grise et de le coitfer de son petit chapeau. Les Fran cais qui meurent de faim et qui logent a Ia belle étoile se consoleront patriotiquement de ces legers ineou- vénients en admirant la colonne I a fusion entre les deux branches de la familie des Bourbons est aujourd'hui un fait accompli et la pro clamation de Henri V comme roi de Francé"n'est plus qu'une question de temps. Les légitimistes impatients ne comprennent pas que ce ne soit déja une chose faite, mais les chefs du parti ont fini par leur per suader qu'il vaut mieux laisser deriouer les noeuds de la situation par le gouvernement républicain de M. Thiers. Quand l'ordre sera retabli en France et que toutes choses auront repris leur cours régulier, Henri V se monlrera et prendra paisiblement pos session du tróne. On laissera la republique rétablir l'ordre dans les finances et dans ('administration, on la laissera payer les dettes de l'empire, on la laissera solder les quatre milliards et demi dus a l'Allemagne; cela fait, on la congédiere saDS lui dire merci, a moins qu'on ne juge pus equitable de la jeter a la porte a coups de fusil. En attendant eet heureux jour, qui ramènera in- sensiblement la France aux douceurs de l'ancien ré gime, MM. les préfets prennent des mesures em- preintes d'un esprit réactionnaire bien caractérisé; MM. les curés ont déja la mine épanouie et prennent des airs protecteursdemain ils parleront en mal- tres. Ah! la France aura encore de bien beaux jours si l'Assemblée de Versailles parvient a réaliser ses projets! Le premier acte qu'on attend de Henri V est, vrai- semblablement, la restauration du pouvoir tempore! du pape; reste a savoir si l'Allemagne le laissera faire; quanta moi, j'en doute. L'ltalie peut, sous ce rapport, être tranquille; Henri Vaura beau inscrire en tête de son programme politique et religieux Ie rètablissement du pouvoir temporel des papes, il s'écoulera encore bien des annécs avant qu'il puisse tenter cette folie enlreprise avec quelque chance de succès. Le gouvernement de Versailles vient de voter un emprunt de deux milliards et demi destinés a payer une partie de la detle envers l'Allemagne. Si la France parvient a conclure eet emprunt, ce ne sera qu'a des conditions excessivement onéreuses. Les intrigues des prètendanls, l'instabilite du gouvernement, l'in- qualifiable légèreté de l'Assemblée de Versailles et par dessus tout la versatililé de l'esprit francais ne sont pas faits pour inspirer une bien grand; confiance aux capitalistesl'aspect d'un béncfice considérable pourra seul les séduire. M. E. Picard a donné sa démission de ministre de l'intérieur; il est nominè gouverneur de la Banque de France; M. Lefló est remplacé au département de la guerre par le général de Cissey et est envoyé comme ambassadeur a Saint-Pétersbourgquant a M. Ferry, il va représenter la France a Washington. Ges messieurs sont done bien pourvus et trouvent parfaitement commode d'appliquer a leur profil les traditions do l'empire et de la monarehie cpii coti- sistenl a ne jamais abandonner une fonction pu- blique sans en reprendre immediatement une autre équivalente ou plus avantageuse. (le n'est pas ainsi que l'on procédé dans la répubiique des Elals-Unis. La, un genéral, un ministre, voire même Ie prési dent, quand ils quittent leurs fonclions, savent rede- venir simple citoyen et rentrer modestement dans la vie privée. Mais il ne faut pas demander tant d'ab- négation aux Francais. Le clinquant, les broderies et les plantureux appoinlements sont indispensables a leur existence. Un autre point distinctif du caraclè-e francais. L'incendie n'étail pas encore éteint a Paris; les rues étaient encore jonchées de cadavres, que le général Mac-Mahon, qui exercait le commandement en chef, était assaiLli de demandes de direc'euis de théêtres et de cafes concerts sollicitant l'autorisation de re- commencer leurs representations interrompues par la bataille. Voila ce (ju'est devenue la France. Elle rit, «lle chanle, elle danse au milieu des cadavres! Quelle heureuse insouciance, mais aussi quelle ab sence de sens moral La discussion du budget des travaux publics, ou- verte depuis quinze jours, n'est pas encore terminée. Inutile de dire qu'elle excite trés médiocremeul l'at- lention publique. La Chambre elle-mêine a beaucoup de peine a se trouver en nombre a l'ouverlure des séances. Le plus souvent on ne coinpte pas plus de 40 a 45 membres presents a l.'appel nominal. Encore plus de la moiliè s'esquivo-t elle après Ie premier quart d'heure. Pour le surplus, les choses se passent comme a l'ordinaire. C'est un interminable défilé de demandes de canaux, de chemins de fer, de routes, de stations, d'écluses et d'éclusettes a faire perdre patience a tous les saints du calendrier réunis. Quant a M. Wasseige, il est tout supplement admirable. Ne pensez pas qu'on Ie prenne jamais au dépourvu .- L'ènorme dossier étalé devant lui a tout

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 2