JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEIENÏ
Le toot payable d'avance.
YPRESj llimanche
[Meuvième année. H1 25.
18 Juin 1871.
1*16 IX tt'ABOWflBMliWT
POUR LA BELGIQUE
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La manifestation que le clergé prépare et pour
!e succès de laqué!le il a mis tout en oeuvre, a
pour but apparent la célébration du vingt-cin-
quième anniversaire du pontificat de Pie IX. Mais
qu'on ne s'y trompe pas, cette manifestation,
laquelle les organisateurs attribuenl un caractère
exclusivement religieus, est bel et bien un acte
politique de la plus haute importance et qui peut
avoir pour noire pays des consèquences fècheuses.
La célébration du jubiiè du pape n'est qu'un
prètexte; le but réel de tout le mouvement que
se donne le clergé, et les journaux catholiques
n'hésitent pas a l'avouer,est de protester contre
les dcrniers événements qui se sont accomplis en
Italië et qui out eu pour conséquence i'abolition
du pouvoir temporel du pape. C'est a cette belle
équipée qu'on cherche a associer nos populations,
sous le voile d'une idéé religieuse.
Nous ne savons quel sera le résultat de la
malencontreuse entreprise du clergé, quand la
crédulité publique est exploitée on peut s'attendre
aux choses les plus insensées, mais nous tenons
dire qu'en poussant nos populations dans cette
voie, le clergé commet un acte condamnable au
point de vue des intéréts les plus importants du
pays.
II est, en effet, évident pour tout le monde
que la manifestation que le clergé organise contre
le gouvernement de Victor-Emmanuel aura pour
conséquence inévitable de nous aliéner les esprits
en Italië. Cela est si vrai que déjè l'organisation
des pèlerinages ayant pour but d'obtenir du Ciel
la restauration du pouvoir temporel du pape, en
d'autres termes, le démembrement du royaume
actuel d'ltalie, pèlerinages que le ministère d'A-
nethon a ouvertement pntrnnés en accordant aux
pèlerins des trains prix réduits, a valu a notre
gouvernement des observations fort acerbes de la
part du ministère italien. Cela est si vrai, que le
Journal de Bruxellesdont le témoignage ne
peut étre suspect, constate, avec une joie cynique,
que la Belgique commence a étre en butte la
haine de l'Italie.
Et c'est lorsqu'on a pu constater le mal que les
pèlerinages out fait k notre pays, qu'on vient
donner un nouvel aliment cette animosité? Mais
qu'importe la Belgique a nos cléricaux? Home est
leur patrie ils n'en connaissent pas d'autre.
Par ces manifestations, le clergé pousse a la
restauration du pouvoir temporel du pape. Sou
but il ne le cache pas c'est de determiner
les gouvernements européens intervenir auprès
du roi d'ltalie pour l'engager et, au besoin, pour
le contraindre restituer au saint Père la souve-
raineté temporelle de Rome.
Victor-Emmanuel se rendra-t-il volontaire-
ment aux représentations des gouvernements
étrangers? II fandrait ètre bien simple pour l'es-.
pérer. Le roi d'ltalie n'a pas fait de la possession
de Rome le but de toute sa vie pour y renoncer
de bonne grèce sur la prière de l'une ou l'autre
puissance intervenante. Pour quiconque veut
prendre la peine d'y réfléchir un instant, il est
manifeste qu'il ne cédera, s'il doit céder, que de-
vant l'emploi de la force, c'est-a-dire si les dures
nécessités de la guerre l'y contraignent.
Que le clergé et la partie la plus exaltée du
parti catholique ne recule pas devant la guerre,
c'est ce que nous savons de reste. Que ceux-lè
pavoisent, que ceux-la illuminent pour donner
la manifestation le plus grand éclat possible, ils
sont logiques dans leur atrocité. Mais que dire de
cette masse innombrable de bourgeois qui se
moquerit du pape comme de Colin-Tampon et qui
'vont s'associer publiquement a une pensée qu'ils
condamnent au fond de leur cosur? Ah! ceux-ci
sont cent fois plus mèprisables que les autres.
Les nltramontains obêissent du moins a une con
viction profonde, tandis que ces bourgeois sacri-
fient la leur a de misérables intéréts de bou
tique.
II va bien, le ministère, et pour peu qu'on lui
laisse pendant quelques années encore les coudées
franches, la Belgique aura vu renaïtre ce bon
vieux temps si regretté de nos pères. II a pris a
tèche de supprimer petit a petit toutes les réformes
accomplies en ces derniers temps, elles ne sont
malheureusement pas nombreuses et de nous
ramener insensiblement aux institutions qui font
la base des gouvernements théocratiques.
Le ministère n'avoue naturellement pas ses
projets réactionnaires, au contraire, c'est en affi-
chant des idéés progressistes qu'il prétend opérer
la réforme de tout ce qui existe, l'enseignement,
les impóts, le droit électoral et jusqu'aux tarifs
des chemins de fer seulement pour lui, pro-
gresser, c'est reculer il entend le progrès k
rebours.
C'est ainsi que, pour ne parler que du tarif du
transport des voyageurs en chemin de fer, une
des rares améliorations que nousdevons a l'admi-
nistralion doctrinaire, le ministère va le relever
dans des proportions coosidérables, de telle sorte
qu'il portera une grave atteinte la facilité des
relations entre citoyens. M. Wasseige estime qu'il
n'est pas bon que le peuple voyage les voyages
développent les idéés et Ie peuple en sait toujours
assez pour obéir aveuglément aux ordres du clergé.
Les voyages d'affaires sont perriicieux la moralité
publique et il est bon de les empêeher autant que
possible en augmentant - Ie cout du transport.
A la bonne heure les pèlerinages oft tout le
long de la route ou psalmodie des antiennes!
Voila ce qu'il faut encourager en accordant aux
charmes qui croient en Dieu des trains spéciaux
prix réduits!
Laissons faire M. Wasseige et nous irons
loin.
Et dire que si le parti doctrinaire avait eu un
peu plus de sens politique, un peu plus d'énergie,
nous ne verrions pas aujourd'hui au pouvoir un
parti dont I'administration tend k placer la Bel
gique la queue des nations civilisées.
La question militaire est l'ordre du jour.
On s'en occupe plus chez nous pays neutre et
imperceptible que chez les grandes nations
ruêmes qui out garanti notre neutralité.
Elle s'impose, ou plutót on nous 1'impose.
Car ce n'est pas la nation qui la soulève. Elle
I'a fait jadis, pour obtenir la réduetion des
charges, tandis qu'on ne débat aujourd'hui que
les moyens de les augmenter. Dès lors, il est
facile de juger qu'elle n'y est pour rien.
Ce n'est pas non plus le gouvernement, puisque
tous les journaux qui sont k ses ordres, se décla-
rent ériergiquement opposés aux projets milita-
ristes.
Qui done
Cette autorité bien connue que l'on désigne
habituellement par des termes aussi vagues que
respectueux. Cela vient de haut lieu, c'est
le prod uit d'augustes préoccupations, Ie ré
sultat de certaines influences qu'on ne définit
pas, mais que tout le monde connait.
M. Thiers répondait dernièrement une dèpu-
tation duConseil municipal de Montauban
Quant a la République, messieurs, vous pouvez
dire a vos conciloyens qu'elle n'a pas en ce moment
de plus ferine appui que inoi.
On a tort en province de aouler de ma sincerité.
A i'age oü je suis parvenu, un honnête homme ne
peut mentir a sa conscience. Quand -depuis si long-
temps on a comme inoi ['experience des affaires poli-
liques, quand on a vu si souvent ies étabüssements
Laissez dire, laissez-vous blêmer, mais publiez votre pensee
B.a guerre ILa guerre
I,e progrès a reculocis.