JOURNAL D'YPEES DE L'ARRONDISSEMENT Y1>KES. liiuiauchc Nèuvième année. N° 26. 25 Juin 1871. PU1X D'AEiOMItEMEUT POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes. PRIX »ES 4AIOJCES ET DES RECLAMES 10 Centimes It petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes* Le tout payable d'avai^e. Paraissant le dimanche. On s'ahonne a Ypres, au bureau du Journalrue de Dixmude59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'aryent doivent Ctre adressés franco au bureau du journal. Mos cléricaux. Quand nous accusons le parti clérical d'avoir voué une haine mortelle a la société moderne et de poursuivre la ruine des libres institutions sur Iesquelles el le repose, il ne marique pas de bonnes gens, même parmi ceux qui se disent trés atta chés la liberté, pour prétendre que nous allons trop loin, beaucoup trop loin, et que nous calom- nions les cléricaux en leur prètant des intentions que leurs actes comme leurs déclarations démen- tent pleinément. Si ces bonnes gens veulent prendre la peine de lire le toast que M. le baron de Surmont a pro- noncé, dimanche dernier, au banquet des catho- liques d'Ypres, ils pourront se corivaincre et puisse cette conviction leur être profitable que nous sommes restés en dessous de la vérité, loin de l'avoir outrée. 11 y a plaisira lire M. de Surmont. M. Ie pré sident des oeuvres pontificales n'appartient pas cette école de catholiques inadrés et hypocrites qui croient devoir faire quelques concessions tem- poraires a la misère des temps et transiger momentanément avec la rigueur des principes. II met carrément les pieds dans le plat, au risque de le briser. Si l'on est de sou avis, trés bien Si l'on n'en est pas, au bucher! C'est dür, mais, du moins, on sait d'avance a quoi s'en tenir et rien ne lui répugnerait d'avantage que de vous prendre en traitre. Franchement, nous préférons celui-ci aux autres. Le Journal d'Ypres a publié le toast de M. de Surmont. Nous allons nous permettre d'en placer les principaux passages sous les yeux de nos lec- teurs. Après quoi, s'ils ne sont pas entièrement édifiés, c'est que la grèce les aura touchés et que leurs yeux se sont fermés pour toujours aux falla- cieuses lumières du bon sens. M. le président des oeuvres pontificales, forle- ment irabu d'éloquence cléricale, aurait manqué aux traditions les plus respectables s'il n'avait pas divisé son speach en tiois points. 11 annonce doiic dés le début qu'il acclame Pie IX 1° le Père de nos èmes, 2° le Pontife de l'Eglise et 3° le Roi du monde. Yoyons d'abord le Père de nos émes. Nous acclamons en lui le Père de nos ames, le Vicaire de Celui qui est la voie, la vérité et la vie, de Celui qui a arrachè le sceptre des èmesaux puissances du mal, ce sceptre que Pie IX, pendant un quart de siècle, a porlé d'une main si ferme et si glorieuse, pour combattre ces mémes puissances du mal, pour consoler tout ce qui pleure, tout ce qui souffre, pour compétir a toutes les douleurs. A lui loute l'ardeur de notre filiale tendresse, de notre entier dévouement. Passons, sans nous y arrêter, sur ce premier paragraphe auquel nous avons, du reste, le mal heur de ne pas comprendre grand chose, n'étant pas de la paroisse. Après tout, s'il plait aux ca tholiques yprois de croire que le pape a arraché n le sceptre des èmes aux puissances du mal, libre a eux; c'est matière de foi en quoi nous n'avons ni Ie droit ni le désir de nous immis- cer. Le deuxième paragraphe, qui parle du Pon- tife de l'Eglise, est infiniment plus inté ressant Nous l'acclamons comme Pontife de l'Eglige, le Vicaire de N. S. Jésus-Christ, le 25ö° successeur de St-Pierre, dont, le premier, il a atteint les années de règnele Docteur que le St-Esprit vieut de proclamer infaillible le Pape qui a versé sur le monde les lu mières du Syllabus et de I'Encyclique, le Pape du Concile, le Pontife de la Vierge. A lui et a notre Mère la Sainle-Eglise tout notre devouement et tout notre amour, Ainsi done, voila qui est avéré et désormais indéniable le Pontife que les catholiques accla- ment, c'est le ,Pape du Syllabus et de l'Eiicyciique, eest le docteurinfaillible qui vient de declarer souverainement que toutes les puissances humaines sont soumises a la papautéet tenues de lui prêter main forte pour l'exécution de ses décisions, c'est celui qui a condaroné en masse toutes les libertés qui sont le glorieux patrimoine de la civilisation moderne et qui a osé publier le dessein insensé de les anéantir par la force. On ne dira plus, cette fois, que nous exagé- rons les choses, que les catholiques sont aussi fer vents amis que nous-mèmes des libertés constitu- tionneltes. Nous avons leur aveu, et eet aveu ne laisse place ni au doute ni au subterfuge. C'est clair et c'est carré. Comme s'il avait craint de n'être pas encore suffisamment explicite, M. le président des oeuvres pontificales revient sur sa pensée et la résumé dans un troisième paragraphe dédié au Roi du monde Nous l'acclamons comme roi du monde, je veux dire comme le representant le plus aoguste du prin cipe d'autoritè. Vous ne l'ignorez pas, Messieurs, tout pouvoir vient de Dieu, et vous savez qu'il n'y a pas de personnification plus compléte de l'autorité que le Vicaire dé Celui a qui tout pouvoir a étó donnè au ciel et sur la terre. Après cela, inutile d'insisteron ne peut pas affirmer plus nettement le principe de la théo- cratie. Le Pape-Roi du monde Grégoire VII n en demandait pas d'avantage et le moyen-ége lui-même a protesté contre la monstruosité d'une pareille exigence. II nous reste remercier M. de Surmont de sa franchise. Elle n'aura pas dessillé tous les yeux il y a des cures impossibles mais elle aura servi a arracher une bonne fois !e masque de libé ralisme dont se couvrent certains cléricaux soi-di— sant constitutioneels qui trouvaient encore, par-ci par-Ia, quelques naïfs disposés a se laisser prendre a leurs grimaces. Désormais, quand le Journal d'Ypres pariera de son amour de la Constitution et des libertés qu'elle consacre, on saura que lui répondre. C'est Ie propre des esprits faibles de rapporter h une intervention miraculeuse de la Divinité les phénomènes les plus simples de la vie ordinaire. Pie IX, né en 1792, vient d'atteindre sa 79° an née. Elu pape en 1846, il lui a été donné de pouvoir célébrer, il y a quelques jours, la 25° an née de son règne. De quoi nous lui fqisons notre compliment sincère, n'ayant jamais désiré sa mort et le tenant au fond pour un bon homme. Que le Journal d'Ypres, qui fait profession de dévotion au saint Père, entonne cette occasion des chants d'allégresse et de triomphe, nous trou- vons cela tout naturel. Ce qui nous paratt plus extraordinaire, c'est qu'il crie au prodige. Pie IX, élu pape en 1846, dit notre pieux confrère, a dépassé de 5 mois et des jours le plus long pontificat qu'ait vu l'Eglise depuis saint Pierre, celui de Pie VL Et le Journal d'Ypres ajoute Nous appe- Ions ce fait un prodige et non sans raison. La raison, le Journal ne la dit pas, ce qui est extrêmement fécheux, car nous ne la devinons guère, et beaucoup de ses lecteurs nous en tendons ceux qui essaient de comprendre se- ront probablement aussi embarrassés que nous. Sans sortir de notre arrondissement, nous pour- rions citer plusieurs avocats, notaires, méde- eins, huissiers, négociants et industriels exer$ant leur profession depuis plus de 25 ans. Le Journal d'Ypres comprend-il que ce sont la autant de miracles par lesquels la Divinité manifeste une sollicitude particulière pour lesdits avocats, no taires, médecins, etc.? Apparemment non. Son etat de ramollissemeot n est pas encore assez avancé pour cela. PINION Laissez dire, laissez-vous blamer. mais publiez votre perisee Les prodige* dn JOLRAAE, Ö'YPUES.

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 1