Nous lisons dans YEtoile beige Le mouvement contre les projets du gouverne ment, en cequi concerne ['augmentation du tarif des voyageurs sur les chemins de fer de l'Etat, s'accentue d'une facon énergique tant en province qu'a Bruxelles. Dans la nombreuse réuuion qui a eu lieu hier soir, composée exclusivement de personne apparte- nant a divers litres au commerce et a l'industrie, les protestalions ont élé unanimes. L'abaissement des tarifs sur les chemins defer estentré dans nos moeurs, et tout le monde aujourd'hui veut le maintien du barême de 1866 en attendant le complément de la réforme, promis a cetle époque l'application de la réduction a la et la 3"zone. A peine le texle de Ia pétilion est il imprimé et mis en circulation que déja plus de trois mille signa tures ont élé obtenues et adressées au bureau. En présence de ce résultat, l'assemblée a immédiate- ment volé les fonds nécessaires pour la continuation d'une propaganda active, et il a décidé qu'une nou velle réunion aura lic-u dimanche prochain dans un local plus vaste. Le public sera informé par la voie desjournaux du lieu et de l'heure de cette nouvelle réunion. o Tous les journaux, prineipalement ceux des grands centres, tiennenl le même langage. Un vaste petitionnement s'organise dans le but de s'opposer aux projets du ministre des travaux pu blics. Nous engageons vivement nos concitoyens a ne pa» négliger leurs intéréts dans cette circonstance et se joindre au mouvement qui aura fait, dans peu de jours, le tour de la Belgique. Enfin... Enfin... Enfin!!! Le pont sur le canal, prés l'estaminet YEtoile, est enfin terminé! Quelle chance, mon Dieu, quelle chance !1! La construction de ce pont fut commencée en 1870, la circulation interrompue pour trois mois, c'est-è-dire que ce laps de temps expiré, les tra vaux devaient être achevés. Nous voici arrivés au mois de juillet 1871 On voit qu'on y a mis Ie temps et Ia patience nous voulons dire que les constructeurs v ont mis le temps, ie public a apportê la patience. Espérons que tout le monde sera content. E'instrnction obligatoire. L'inslruction obligatoire est dés présent a l'ordre du jour de toutes les nations. Elle doit être considérée comme la question la plus impor tantie de notre politique inlérieure, et nous croyons utile de constater chnque progrès qu'elle fait chez d'autres nations. C'est a ce titre que nous reproduisons ce passage d'une correspon dence relative au projet qui vient d'ètre présenté au grand conseil de Genève Genève, 15 juin. La plus grande partie de la séance a élé remplie par la lecture d'un volumineux el intéressant rapport de M. le conseiller d'Etat Carteret, a l'appui du projet de loi sur la reorganisation de l'inslruction pubiique. Nous anrons l'occasion de revenir plus a loisir sur ce projet et sur le rapport qui l'accompagnait. Nous noterons settlement les poinls principaux qui nous ont. frappés a une première audition. Le rapport rappelle les projets relalifs a la méme question qui ont précedé celui du Conseil d'Etat a.ctuel. Deux de ces projets faisaient inlervenir indü- bient dans une loi sur l'inslruction pubiique la grave •Question de la séparation de l'Eglise et de l'Etat laquelle ne saurait être abordée ainsi comme une simple parenlhèse. Le projet actuel a tenu compte de ce point de vue et il n'a touché en rien a la Constitu tion qui nous régit. Quant au projet cJaborè par le précédent départe ment do l'inslruction pubiique, avec le conseil d'une commission composée d'hommes compétents, il a servi de canevas au projet qui se trouve soumis en ce moment au Grand Conseil. Suivant Ie rapport, ce projet est fondé sur deux idéés étroitement connexes: Améliorer et développer ('instruction pubiique, tout en la mettant le plus possible a la porlée de tous. Ce principe devait con- duire logiquement a la gratuité. Cependant le Con seil d'Etat a tenu compte de noire situation financière et il n'a pas cru devoir étendre le principe de la gra tuité absolue a l'enseignement secondaire et supé rieur. En revanche, frappé du danger que l'ignorance fait courir aux nations comme aux individus, il a admis le principe de l'instruction obligatoire, principe nou veau chez nous, mais admis déja chez la plupart de nos confédérés. Si tout citoyen est astreint a connaitre le manie- ment des armes, pourquoi ne le serait-il pas a ap- prendre ce qui est bien plus essentiel encore que les armes au salut et la prospérité de l'Etat? La sanction de cette obligation était le point difficile du problème. Le projet a pensé qu'une pénalité mo rale suffirait et qu'elle était a certains égards plus efficace qu'une pénalité inaterielle. M. Carteret ne doute pas que ia crainte de voir leurs noms publiés comme refusant l'instruction a leurs enfants, ne soit pour la plupart des pères un stimulant trés suffisant. Le projet ne supprime pas les établissements libres d'instruction faisant concurrence a ceux de l'Etat, raais il confère a l'Etat sur ces institutions un droi t de contróle et de haute surveillance. Quant aux corporations religieuses, dont l'ensei gnement ne se justifie plus dans les conditions nou- velles créées par la nouvelle loi, le projet ne va pas cependant jusqu'a les supprimer. II est astreiut seu- lement a l'obligation de demander au Grand Conseil l'autorisation d'enseigner. Après ces indications générales, le rapport passé I'examen détaiilé des divers chapitres du projet pour en justifier les principales dispositions. Nous ne le suivrons pas aujourd'hui sur ce terrain qui deman- derait plus de temps et d'espace que nous ne pouvons lui en consacrer. Correspondance particuliere de l'OPIIIOII. Bruxelles, 50 Juin 1871. L'emprunt est couvert, et largement couvert I Telle est la nouvelle que les journaux francais an- noncent avec fracas. Le gouvernement de Versailles a lieu de se réjouir de ce brillant résultat, mais il ne faut pas qu'il lui fasse perdro Ia tête.^l ne faut pas qu'il se figure, par exemple, que la souscription a l'emprunt témoigne d'une grande confiance du pu blic dans l'ordre actuellement établi en France. Les souscripteurs a l'emprunt sont purement et sim- plement des agioteurs qui spéculent sur un coup de Bourse pour se débarrasser du papier qu'ils espèrent échanger, avec usure, contre bons écus sonnants. Les banquiers ont souscrit avec frénésie a eet em- prunt, mais tenez pour certain que dans trois mois, peut-être demain, tout ce papier aura disparu, avec prime, de leur caisse et que, quand le mo ment de la grande liquidation arrivera, pas un des grands souscripteurs ne se présentera comme créan- cier. Je suis loin de prétendre que la France ne sera pas en mesure, quand elle le voudra, de faire face a tous ses engagements; mais le pourra-t elle a l'échéance? That is the question La France doit a l'Allemagne quelque chose comme cinq milliards, les dépenses qu'elle a faites pendant la guerre s'élèvent a trois milliards, chiffre rond elle doit indemniser toutes les victimes des excès de la Commune et des déprédations des troupes alle- mandes, et de plus elle doit pourvoir, jusqu'a paie- ment de l'indemnité de guerre, a l'entretien des corps d'armée allemands qui foulent le sol francais. Tout compte fajt, la France est pour le quart-d'heure en déficit d'environ dix milliards! Dix milliardsI Mais sait-on bien ce que c'est? C'est la production entière de tout le sol francais! Tout ce que produit en un an l'agriculture francaise ne vaut pas dix mil liards! Dans de pareilles conditions, il est bien per mis de se demander si la France qui a toujours eu assez d'argent pour payer sa gloire, en aura assez pour payer sa défaite. Mais quand Ia France, après tous lés désastres du premier empire, a su trouver les milliards des émi- grés, on peut espérer qu'en faisant un violent effort, elle parviendra, avec le temps, a faire face toutes les difficultés que sa légftreté lui a créées. M. Thiers a annoncé son intention de renoncer au système quasi libre-échangiste introduit par l'empire. II est réellement déplorable de voir le gouvernement versaillais s'attaquer a la seule réforme vraiment utile que la France doit a Napoléon III. M. Thiers semble s'être inspiré de I'exeraple des Etafs-Unis d'Amérique qui, pour combler le déficit produit dans ses finances par la guerre de la sécession, a aug- menté, dans de fortes proportions, ses droits de douanes. Mais la France n'est pas les Eiats Unis d'Amérique. Les Etats-Unis peuvent, a la rigueur, se passer de l'étranger et ils l'ont bien prouvé en éta- blissant, en ces derniers temps, des droits d'entrée prohibitifs sur une foule de produits dont ils semblaient être les tributaires de l'Europe. La France ne se trouve pas dans le même cas. Qu'elle établisse des droits aussi élevés qu'elle voudra, nos fers, nos fontes et nos charbons pénétreront chez elle, seule- ment ce sera le consommateur qui paiera les frais. Ce sera, pour eux, une facon indirecte, mais sen sible, de payer les dettes de la France. Je ne vous parle pas des élections qui vont avoir lieu en France. On en sait autant en province qu'ici. La candidature de Gambetta a produit un grand émoi. Cette candidature était imposée par la situa tion. Gambetta, accusé par M. Thiers d'avoir fait de la politique en a fou furieux, doit être mis a même de se défendre contre cette accusation daas l'enceinte oü elle s'est produite. Fou furieux, tant qu'on veut, inais il est incontestable que s'il y avait eu beaucoup de Gambetta en France, jamais i'Alsace et la Lorraine n'auraieut été hvrées a l'étranger. La session législative n'est pas prés de finir. Indé- pendumment du projet de loi sur les jeux de Spa, qu'elle discute en ce moment, la Cbambre a a sou ordredujour differentes lois qu'elle devra voter de toute nécessité dans le cours la session. Je citerai dans le nombre la loi d'emprunt qui occupera au moins trois séances, celle qui concerne les travaux publics et qui en prendra bien certainement cinq ou six. Puis enfin la loi sur les expulsions, qui ne pas sera pas non plus sans une longue discussion. Ajou- tez a ce compte les incidents imprévus et nous arri- vons tout au moins jusqu'au 15 juillet. Nous aurons done eu huit mois de session. Hait mois,c'est énorme! Mais aussi quelle bonne besogne! Les impóts aug- mentés, les tarifs de chemins de fer relevés, une réforme électorale qui assure la suprématie du clergé, un emprunt de cinquante millions, et l'enseignement place sous la surveillance de la gen darmerie. Si le pays n'est pas ravi, il est diantre- ment difficile. Le Bien public est exaspéré. Vous me direz que cela n'est pas bien extraordinaire de la part d'un journal chez qui la fureur est passée a peu prés a l'état chrouique. Seulement cette fois c'est contre ses propres amis qu'il tourne sa colère et je vous assure qu'il ne les ménage guère. Le Bien publicqui n'entend rien aux affaires de ce monde, s'étail bonnement iinaginé qu'après les impo- saDtes manifestations organisées a l'occasion du 25mo anniversaire de Pie IX, le ministère allait s'empres- ser de rappeler le ministre de Belgique auprès du gouvernement italien ou que, tout au moins, ordre formel lui serait donné de ne pas suivre a Rome le gouvernement spoliateur, menteur et infame de Victor-Emmanuel, le brigand couronnéi Aussi, jugez de la surprise, de ('indignation du pieux, mais peu endurant journal, en lisant dans le Monileur que M. Solvyns avait recu des ordres du gouvernement beige pour se rendre a Rome, non pas auprès du pape, mais, horreur a la cour même du susdit brigand couronné. En vain, pour le calmer, le Journal de Bruxelles essaie-t-il de faire comprendre

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 2