JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
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YPRES. Di manche
^peuvième année. N° 28.
9 Juillet 1871.
PUIX U'AUUIXEIHEST
POUR LA BELGIQUE
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Nous nous sommes bien mal expliquês si le
Journal d'Ypres a pu voir dans les quelques lignes
que nous avoris consacrées au toast de M. de
Surmont l'intention de critiquer |es idees expri-
mées au banquet des catholiques yprois par ML le
président des ceuvres pontificales.
En reproduisant les principaux passages de ce
toast programme, nous avons simplement tenu a
constater que le parti clérical, quoi qu'en disent
certainsjournaux madrés de ce parti, professe an
mépris profond pournos Iibertés constilutionnelles
et qu'il aspire de toutes ses forces a les anéantir
pour nous replacer sous Ie régime de la timocratie
pure.
Nous n'avons pas été plus heureux si le pieux
journal a pu induire de notre langage que cette
constatation nous causait Ie moindre étonnement.
La haine des catholiques, yprois et autres, pour
nos libres institutions nous était connue bien avant
que M. de Surmont eut prononcé sou toast. M. le
président du banquet en auruit dit cent fois plus
que, venant d'un catholique aussi zélé pour la
bonne cause, ses attaques co> tre les principes de
la civilisation moderne ne nous auraieut nullement
surpris. Sous ce rapport, les mandements de cer
tains de nos évèques et le langage de la plupart
des organes de la presse cléricale out fait que,
depuis longtemps, rien nest plus capable de rious
émouvoir.
Et vraiment, quand nous y rélléchissons bien,
nous nous demandons dans quel intérêt le Journal
d'Ypres a pris la peine de nous répondre, car
l'arlicle qu'il nous consacre, loin de chercher a les
contredire, semble écrit tout expres, au contraire,
pour confirmer les réflexions que nous a suggérées
le toast de M. de Surmont.
La Constitution beige proclame la souveraineté
de la nation comme source unique du pouvoir;
elle garantit aux Beiges, la pleine jouissance du
droit de penser en toutes matieres, religieuses et
autres, avecune compléte indépendance d'esprit
elle consacre a la fois la liberté de la conscience,
celle de la presse, celle de l'enseignement, etc.
Nous avons dit que le Syllabus condamne ces
mêmes libertés. Le Journal d'Ypres le nie-t-il
Nullement. Bien loin de le nier, il affirme, en
reproduisant le texte même du Syllabus. Qu'il
nest pas de droit naturel que les ciloyens possèdent
ia pleine liberté de manifester hautement et publi-
quement leurs opinions, quelles qu'elles soienl, par
la pressepar la parole ou aulrementet le même
Journal d'Ypres ajonte que celui-la se met hors
de l'église qui ose proclamer que la volonté du
peuple constitue la loi suprème indépendante
a de tout droit divin ou humain
Nous n'avons pas dit autre chose, et si nous
avions besoin d'une preuvede plus pour corroborer
nos assertions en ce qui concerne la contradiction
formelle qui règne entreles principes du Syllabus
et ceux de la Constitution beige, nous devrions
remercier le Journal d'Ypres de nous l'avoir
fournie. Mais encore une fois, cela n'était pas
nécessaire.
Les cléricaux ne se bornentpasècondamner nos
Iibertés constitutionnelles, avions-nous dit, ilsles
couvrentdu plus profond mépris.Cette fois encore,
le Journal d'Ypres se chargede nou3 donner raison
par l'odieuse et infème comparaisou qu'il fait de
ces Iibertés avec les maisons de débauche.
Cerles, dit l'organe clérical, la liberté du
mal et la liberté de l'erreur sont toujours et
partout essentiellement mauvaises et doivent
être partout détestées, mais cette détestation
obligée n'exclut pas la tolérance nécessaire.
Ainsi catholiques et honnètes geus abominent
et détestent les maisons de débauche et, ce-
pendant, moralement, ils ne sont nullement
autorisés a les inceu'dier ni a les détruire.
C'est un malheur qu'elles existent, mais nous
ne pouvons pour cela les anéantir trop sou-
vent il y a devoir de les tolérer. De même de
toutes les autres Iibertés de perdition.
Nous ne vouions pas poussér plus loin. Désor-
mais, quand le Journal d'Ypres pariera de sou
attachement a Ia Constitution., on saura qu'il ne
l'aime ni plus ni moins que les filles de joie et les
maisons qu'elles habiteoi.
Les audacieiix.
Le Journal d'Ypres, toujours en appétit de
scandales, reproduit avec volupté une audacieuse
diatribe du Franc de Bruges contre les profes-
seurs de l'école de Rochefort, victimes des ran
cunes cléricales du sire de Letlenhove. Au mépris
des faits les plus incontestables, le boueux journal
brugeois ose qualifier de mauvais dróles, de
feseurs, d'éhontés personnages des citoyens
honorables dont le sire de Lettenhove lui-même
a été forcé de reconnaitre, du huut de la tribune
nationale, l'hónorabilité privée et Ie dévouement
a leurs fonctions, et qui n'avaient d'autre lort a
ses yeux que d'avoir délendu courageusement
les intéréts de l'enseignement qui leur était con-
fié.
Et pour mettre le comble a son infamie, le
même journal, dénonQant en masse tout le corps
de 1 enseignement de l'Etat, n'a pas bonte d'a-
jouter
C est a rougir de voir en quelles mains sont
tombées des choses aussi saintes, aussi délicates
que 1 éducation des Sines, que la formation des
cceurs, que la conduite morale et refigieuse
des jeunes générations.
Nest-ce pas a croire que l'on rêve, quand on
lit de pareilles choses? II sied vraiment bien ces
misérables de jeter la déconsidératiou sur l'ensei
gnement laïque, eux dont les écoles soi-disant
rejigieuses sont confiées a des créatures irnmondes
dont le nom seul est devenu un objet d'horreur
et de dégoüt pour tous les honnètes gens. Croyez-
vous done, malheureux que vous êtes, qu'è
force d impudence et de cynisme, vous imposerez
silence ceux qui vous connaissent, vous et vos
pareils, et qui vous montrent tels qu'ils vous
voient? Espérez-vous qu'en vous posant publi-
quement en défenseurs de la morale et de ia reli
gion, le monde, déconcerté par votre effronterie,
oubliera ia longue série de turpitudes dont les
écoles que vous patronez ofïrent, depuis trop
d'années, lepouvantable spectacle? Ah! vous
commencez a vous sentir infèmes, paree que le
flot de boue que vous avez amoricelé autour de
vous menace de vous étoufifer, vous avez compté
échapper h l'ignominie en détournant sur les
écoles laïques le cours des iminondices qui va vous
submerger? Ne vous bercez pas de cette espé-
rance, petits-frères que vous étes! Votre heure
arrive et tout ce que vous pourriez tenter pour en
retarder ia venue serait inutile.
Franc de Bruges, vous traitez d'engueuleurs
ceux qui, comme les professeurs de Rochefort, se
dévouent a défendre 1'enseignement laïque. Pre-
nez garde il y a un autre qualificatif, qui a avec
Ie vótre une certaine similitude de cousonnance
et qu on pourrait appliquer plus justement a ceux
qui, comme vous, exaltent les bienfaits de l'en
seignement donne par les petits-frères.
Rendez-moi won doctrinaire.
Nous lisons ceci dans la Gazette de Liége
Ah! pendant les treize annees que les libéraux
onl passées au pouvoir, ils ontcertes bien persecute
les catholiques et ont gravement lesé nos intéréts re
ligieus mais je ne sache pas que pendant leur longue
lyrannie, ils aienl, par aucun acte, affligé plus pro-
fondement nos cceurs de Chretiens que ie min stère
actuel par cette defaillance.