JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT r YPRES. Di manche ^peuvième année. N° 28. 9 Juillet 1871. PUIX U'AUUIXEIHEST POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Us Numéro 25 Centimes. PKIX l»K8 AtKO.lCEü ET DES RECLAMES AO Centimes i& petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes* Le tout payable d'avance. Paraissant le dimanche. Laissez dire, laissez-vous bldmer, mais publiez votre pensee On s'abonne a Ypres, au bureau du Journalrue de Dixmude59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toules lettres cu envois d'argent doivent etre adressés franco au bureau du journal. Lea amours du JOUUAAL O'IPRES. Nous nous sommes bien mal expliquês si le Journal d'Ypres a pu voir dans les quelques lignes que nous avoris consacrées au toast de M. de Surmont l'intention de critiquer |es idees expri- mées au banquet des catholiques yprois par ML le président des ceuvres pontificales. En reproduisant les principaux passages de ce toast programme, nous avons simplement tenu a constater que le parti clérical, quoi qu'en disent certainsjournaux madrés de ce parti, professe an mépris profond pournos Iibertés constilutionnelles et qu'il aspire de toutes ses forces a les anéantir pour nous replacer sous Ie régime de la timocratie pure. Nous n'avons pas été plus heureux si le pieux journal a pu induire de notre langage que cette constatation nous causait Ie moindre étonnement. La haine des catholiques, yprois et autres, pour nos libres institutions nous était connue bien avant que M. de Surmont eut prononcé sou toast. M. le président du banquet en auruit dit cent fois plus que, venant d'un catholique aussi zélé pour la bonne cause, ses attaques co> tre les principes de la civilisation moderne ne nous auraieut nullement surpris. Sous ce rapport, les mandements de cer tains de nos évèques et le langage de la plupart des organes de la presse cléricale out fait que, depuis longtemps, rien nest plus capable de rious émouvoir. Et vraiment, quand nous y rélléchissons bien, nous nous demandons dans quel intérêt le Journal d'Ypres a pris la peine de nous répondre, car l'arlicle qu'il nous consacre, loin de chercher a les contredire, semble écrit tout expres, au contraire, pour confirmer les réflexions que nous a suggérées le toast de M. de Surmont. La Constitution beige proclame la souveraineté de la nation comme source unique du pouvoir; elle garantit aux Beiges, la pleine jouissance du droit de penser en toutes matieres, religieuses et autres, avecune compléte indépendance d'esprit elle consacre a la fois la liberté de la conscience, celle de la presse, celle de l'enseignement, etc. Nous avons dit que le Syllabus condamne ces mêmes libertés. Le Journal d'Ypres le nie-t-il Nullement. Bien loin de le nier, il affirme, en reproduisant le texte même du Syllabus. Qu'il nest pas de droit naturel que les ciloyens possèdent ia pleine liberté de manifester hautement et publi- quement leurs opinions, quelles qu'elles soienl, par la pressepar la parole ou aulrementet le même Journal d'Ypres ajonte que celui-la se met hors de l'église qui ose proclamer que la volonté du peuple constitue la loi suprème indépendante a de tout droit divin ou humain Nous n'avons pas dit autre chose, et si nous avions besoin d'une preuvede plus pour corroborer nos assertions en ce qui concerne la contradiction formelle qui règne entreles principes du Syllabus et ceux de la Constitution beige, nous devrions remercier le Journal d'Ypres de nous l'avoir fournie. Mais encore une fois, cela n'était pas nécessaire. Les cléricaux ne se bornentpasècondamner nos Iibertés constitutionnelles, avions-nous dit, ilsles couvrentdu plus profond mépris.Cette fois encore, le Journal d'Ypres se chargede nou3 donner raison par l'odieuse et infème comparaisou qu'il fait de ces Iibertés avec les maisons de débauche. Cerles, dit l'organe clérical, la liberté du mal et la liberté de l'erreur sont toujours et partout essentiellement mauvaises et doivent être partout détestées, mais cette détestation obligée n'exclut pas la tolérance nécessaire. Ainsi catholiques et honnètes geus abominent et détestent les maisons de débauche et, ce- pendant, moralement, ils ne sont nullement autorisés a les inceu'dier ni a les détruire. C'est un malheur qu'elles existent, mais nous ne pouvons pour cela les anéantir trop sou- vent il y a devoir de les tolérer. De même de toutes les autres Iibertés de perdition. Nous ne vouions pas poussér plus loin. Désor- mais, quand le Journal d'Ypres pariera de sou attachement a Ia Constitution., on saura qu'il ne l'aime ni plus ni moins que les filles de joie et les maisons qu'elles habiteoi. Les audacieiix. Le Journal d'Ypres, toujours en appétit de scandales, reproduit avec volupté une audacieuse diatribe du Franc de Bruges contre les profes- seurs de l'école de Rochefort, victimes des ran cunes cléricales du sire de Letlenhove. Au mépris des faits les plus incontestables, le boueux journal brugeois ose qualifier de mauvais dróles, de feseurs, d'éhontés personnages des citoyens honorables dont le sire de Lettenhove lui-même a été forcé de reconnaitre, du huut de la tribune nationale, l'hónorabilité privée et Ie dévouement a leurs fonctions, et qui n'avaient d'autre lort a ses yeux que d'avoir délendu courageusement les intéréts de l'enseignement qui leur était con- fié. Et pour mettre le comble a son infamie, le même journal, dénonQant en masse tout le corps de 1 enseignement de l'Etat, n'a pas bonte d'a- jouter C est a rougir de voir en quelles mains sont tombées des choses aussi saintes, aussi délicates que 1 éducation des Sines, que la formation des cceurs, que la conduite morale et refigieuse des jeunes générations. Nest-ce pas a croire que l'on rêve, quand on lit de pareilles choses? II sied vraiment bien ces misérables de jeter la déconsidératiou sur l'ensei gnement laïque, eux dont les écoles soi-disant rejigieuses sont confiées a des créatures irnmondes dont le nom seul est devenu un objet d'horreur et de dégoüt pour tous les honnètes gens. Croyez- vous done, malheureux que vous êtes, qu'è force d impudence et de cynisme, vous imposerez silence ceux qui vous connaissent, vous et vos pareils, et qui vous montrent tels qu'ils vous voient? Espérez-vous qu'en vous posant publi- quement en défenseurs de la morale et de ia reli gion, le monde, déconcerté par votre effronterie, oubliera ia longue série de turpitudes dont les écoles que vous patronez ofïrent, depuis trop d'années, lepouvantable spectacle? Ah! vous commencez a vous sentir infèmes, paree que le flot de boue que vous avez amoricelé autour de vous menace de vous étoufifer, vous avez compté échapper h l'ignominie en détournant sur les écoles laïques le cours des iminondices qui va vous submerger? Ne vous bercez pas de cette espé- rance, petits-frères que vous étes! Votre heure arrive et tout ce que vous pourriez tenter pour en retarder ia venue serait inutile. Franc de Bruges, vous traitez d'engueuleurs ceux qui, comme les professeurs de Rochefort, se dévouent a défendre 1'enseignement laïque. Pre- nez garde il y a un autre qualificatif, qui a avec Ie vótre une certaine similitude de cousonnance et qu on pourrait appliquer plus justement a ceux qui, comme vous, exaltent les bienfaits de l'en seignement donne par les petits-frères. Rendez-moi won doctrinaire. Nous lisons ceci dans la Gazette de Liége Ah! pendant les treize annees que les libéraux onl passées au pouvoir, ils ontcertes bien persecute les catholiques et ont gravement lesé nos intéréts re ligieus mais je ne sache pas que pendant leur longue lyrannie, ils aienl, par aucun acte, affligé plus pro- fondement nos cceurs de Chretiens que ie min stère actuel par cette defaillance.

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 1