La défaillance si douloureuse dont il s'agit est l'ordre doané a M. Solvyns de suivre Victor- Emmanuel Rome. Ce passage ne nous apprend rien, il ne fait que confirmer ce que nous avons souvent dit. II prouve une fois de plus que l'anti-cléricalis- medes doctrinaires n'est qu'une (rime, puisque le parti épiscopal Ie déclare préférableau cléricalisroe des Kervyn et des d'Anetban. Le plaisant est de voir le Journal de Liége, reproduisant eet aveu maladroit, s'en faire étour- diment un titre de gloire. II y voit la preuve qoe les doléances des ca- tholiques, quand les libéranx étaient au pouvoir, n'étaient qu'une rnéchante comédie. Et le voilé tout fier de recueillir ce nouveau témoignage en faveur du libéralisme convenablement catholique, apostolique et romain, qui a toujours distmgué ses patrons. Le Courrier de la semaine, d'Anvers, annonce que quelques amis du delicieus Wasseige, palefre- niers dans de bonnes maisons, out resolu d'ouvrir une souscription pour lui élever une statue. Le naso- peda ministro serait représente dans l'.iititude qu'il a prise récemment a la Chambre, faisant le geste immortel qu'a vu M. Vleminckx et qui n'a pas aiieiut M. Delexhy. L'image de l'éminent conseiller de Ia Couronne serail placée vis-a-vis des écuries royales a Bruxelles. (Organe de Mons.) UI. Wasseige devient eélèbre. M. Wasseige acquiert une célébrité euro- péenne. Voici, en effet, ce qu'on lit dans le Journal de Genève, du mardi 27 juin dernier a II viendra certainemenl un temps oü l'on écrira Cétail en 1871, la Belgique etail heureuse... Heureux pays, en effet, oü un ministre des travaux publics répond, dans la Chambre, par un pied de nez aux ar guments de ['opposition. II est vrai que ce pied de nez est dur a avaler. On s'en convaincra aiséinent en lisant l'extrait de la seance. Aprés cela, le Journal de Genève rapporte in extenso, d'après les Annates parlemeniaires, l'incident relatif au fameux pied de nez. Puis, faisant allusion au sentiment d'indignatiori exprimé par un membre de la droite contre ces infèmes jouruaux qui avaientosé publier l'exploit oratoire de M. Wasseige, le Journal de Genève termine ainsi son article Après ce cri d'indignalion bien senti, l'incident est clos, et le pied de nez du ministre des travaux publics est dècidémeut renvoyó au bureau des acces soires parlementaires. Heureuse Belgique Le mouvement contre Ia malencuntreuse idéé de rétahlir l'ancien tarif des voyageurs sur les chemins de Ier, prend de grandes proportions il s'organise sur une vaste échelle, et les milliers de signatures dont se couvrent les petitions, finiront, peut-être bien, par faire rèfléchir le gouyeruement qui a le tort immense de croire que sa majorile le suivra dans tous ses errements. Ceux qui sont le plus interesses au maintien du tarif existant, les voyageurs du com merce et de l'industrie, prètent un concours actif a la propagation du petitionnement. Conatitues en societès de secours mutuels qui ont leur siége a Bruxelles, a Liege, a Gand et depuis peu a Anvers, ils sont organisès pour recueillir en peu de temps des listes imposantes par le nombre des adherents a la protestation. Dans un ptemier et trés intéressant article que publie la Discussion sur l'instruction primaire en Belgique et que nous regrettons de ne pouvoir reproduire en entier, nous lisons ce qui suit Esl-il difficile raaintenant de trouver l'emploi des dix millions demandés a la Chambre par M. Defuis- seaux?Le jeune et éloquent député en aurait de- mandé vingt qu'il serait resté en-deca des besoins de l'instruction Quant a nous, nous estimons que M. Defuisseaux avait pris la bonne voie pourarriver a réformer sèrieusenuent nolre enseignement pri maire. On ne fera rien avee des demi raesures el des demi-subsides Un mal aussi profond doit ètre attaqué par la racine. C'est une loi, c'est un em- prunt même, un emprunt de 60 a 80 millions, qui pourra donner a notre enseignement le développe- ment qu'il réclame. Cela fait, il n'y aura plus qu'a ouvrir les voiles au vent et a laisser le navire suivre tranquillement sa route. Jusque-la, nous parierons beaucoup, nous ècrirons des volumes, nous publie rons des rapports trennaux, trés volumineux et trés mal fails, nous inventerons toute espèce de chinoi series, rnais nous neferons rien de complet, rien de serieux et de digne do nous I Pourquoi s'effrajer d'ailleurs De l'argent con- sacré a l'instruction du peuple, est-i! done de l'argent perdu La science n'est-elle pas une semence féconde qui germe et rtnd au centuple ce qu'elle a coü'é? L'industrie, ('agriculture, le commerce,Me bien-être moral et physique, tout cela ne dépend-il pas de l'instruction Que l'on se represent? une Helgique oü lout le monde aurait une bonne et solide instruction primaire, n'est-il pas vrai que l'intelligence y priuie- rait le nombre, non-seulement dans les classes supé rieures, mais surtout dans celles d'en bas N'est-il -pas vrai que les utopies malsaines feraient place a uné vue exacte de la réalilé, qu'on parierail un peu moins de liberlé et de commune et qu'on pratique- rait mieux la commune et la liberie? Vingt millions donnés annueilement a l'instruction primaire, cela est-il done un si grand sacrifice? Oublions-nous qu'aux Etals-Unis, en Suisse, en Ecosse, au Canada, on consacro jusqu'a 5 et 6 francs par tête d'habitant a ce service, le plus important de tous? Oublions-nous que l'Etat de New- Fork seul compte 12,000 écoles et 25,000 instituteurs et institu- trices Mais ce n'est pas tout de donner des millions a l'instruction, il faut bien les employer ici s'ouvre un nouveau problème aussi grave que le précédent Comment doit étre organisé un bon enseignement primaire? Nous n'examinerons pas aujoura'bui cette question capitale ce qui est évident pour tous les hommes éclairés, c'est que notrë système actuel est mauvais, que nos écoles normales sont complétement insuffi- santes, que l'ecole est sous la mam de la muuicipa- lité au lieu de vivre de sa vie independente, que la lutellede l'Etat s'exerce d'une manière tracassière et inefficace, que l'indifference des parents pauvres est excessive, et que sans l'instruction obligatoire nous n'arriverons a rien de parfait. Dans tous les cas, il est indispensable de faire un grand effort pour l'enseignement, et de le faire itn- médiatement Songeons qu'il existe a l'heure actuelle 1,659,588, Beiges de plus de sept ans, qui ne savent ui lire ni écrire, et que le tiers de nos consents est plonge dans l'ignorance la piusabsolue! Songeons que, quand bien même on introduirait demain dans notre pays l'instruction obligatoire, nous devrions atlendre 15 ans encore pour en sentir les bienfaits, pour que les enfants de sept ans soieut de- venus des hommes. Qui pourrait dire le degré de perfectionuement in- tellectuel et de puissance morale et politique oü se- ronl parvenus dans 15 ans les Etats-Unis, l'AlIe- magne, la Suisse el la Scandinavië! Quel róle jouerons-nous alors dans le monde, en face de ces nobles et grandes nations, avec notre in struction bótarde, nos soldats illettrés et nos popu lations ouvrières et rurales plongèes dans ['igno rance? A l'ceuvre done, nous tous Beiges, nous tous qui désirons la grandeur el la consideration de noire pays; a Pceuvre! il n'est que temps! Correspoudance particuliere do I'OHXIOS. Bruxelles, 7 Juillet 1871. La session legislative touche a son terme. Un jour nal de cette ville en a dressé le bilan exact, qui se solde 1° par une augmentation d'iinpóts 2° une rè- forme électorale qui assure la suprematie a I'igno- rancef et 8° I'annonce du prochain relèvemeut des tarifs de transport sur les chemins de fer. Si le pays ne se trouve pas ravi d'être si bien gou- verné, il faut convenir qu'il est diantrement difficile. Au Sénal commo a la Chambre, le gouvernement a soutenu que son proj'et n'augmentait pas les impöts. Ceci est vraiment admirable! La contribution foneière est portée de 6.70 p. c. a 7 p. c. Vous vous dites, dans voire gros bon sens, que cela fait 30 cent. p. c. d'augmentation. Eh bien, non, votre gros bon sens n'a pas le sens commun. Ecoutez plutót M. Jacobs il vous prouvera, clair comme le jour, que payer 6.70 ou 7, c'est absolument la même chose. li vous prouverait même que 7 francs valent moins que fr. 6.70, queje n'en serais nullemenl elonne. Le iangage qu'il lient aux grandes Villes n'est pas moins curieux. Vous avez, leur dit-il, un impót sur les batisses, très-bien assis, universellemeol aceepte et qui vous rapporte 600 mille francs. Je vous le prends et je vous cède en echange moo impót sur les boissons distillèes, dont vous ferez ce que vous vou- drez. Mais nous n'en pouvons rien faire, lui répondent les grandes villes. Votre nouvelle iói electorale,en abaissant considérablement le eens, a fait des eiec- teurs de tous les cabaretiers. Nous courrions a une perte certaiue si nous tenlions de rétablir a notre prohl un impót qui les frappe si durement. La cause est entendue, replique M. Jacobs, vous m'ennuyez. Le but poursuivi par le gouvernement, dans cette campagne üscaie contre les grandes villes, n'est pas difficile a comprendre. Les grandes villes sont toutes ou presque toutes liberales. Les elections coriimunales sont proches. En obligeant les administrations libe rales a rëcourir a de nouveaux impöts, Ie gouverne ment s'est dit qu'il allait soulever contre elles une opposition formidable dont ses amis les cléricaux pourraient tirer avantage pour se fourrer a leur place. La combinaison ne manquait pas d'habilete, el le aurait pu réussir. Malheureusement pour ceux qui l'ont imaginée, le gouvernement clerical, asstz tran quillement acceptè dans les premiers temps, est re- lombe depuis lors dans une telle impopularite, que c'est peine absolument perdue, les efforts qu'il fait pour depopulariser ses adversaires. Oh! les maladroits Us avaienl pour eux une ma jorile considèrable dans les Chambres, et au-dehors, les divisions, si facijes a exploiter, du parti liberal. Four s'assurer, pendant de longués années, la posses sion du pouvoir. un peu de tact et de moderation suf- fisait. Mais non a peine sont-ils installés, qu'on les re- voit tels qu'on les a toujours connus, intolérants, in quisiteurs et réactionnaires enrages. Je laisse de cóté leurs actes politiques, que tout le monde connail, pour rn'en lenir a un seul fait, celui des manifestations qu'ils ont organisès a l'occasion du 25°"' anniversaire du pape. Ce que ces manifestations leur ont fait de lort a Bruxelles est incalculable. Nous avons illumiué, nous avons pavoisé, oui. Mais ils se se comptëut par centaines, les bourgeois, les cum- mercants qui ont pavoise a contre coeur, pour ne pas s'expcser aux rancunes clèricales et ceux-la n'at- tendent qu'une occasion pour prendre dans l'urne du scrulin une revanche de l'humiliation qu'on leur a imposée. El c'est ainsi qu'on se fait des ennemis iiréconci- liables d'une foule de braves geus qui ne deman- dajent pas mieux que de laisser aller a leur guise les choses de la politique, auxquelles ils restent profon- dement indifferents aussi longtemps qu'elles ne vien- nent pasderanger leur petit train-train tiabituel. Le Journal de Bruxelles s'est empressé de démen- tir la nouvelle de la retraite prochaine de M. Kervyn

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 2