Nos efforts n'ont pourtant pas été inutiles, si
nous avons contribué pour quelque chose a la ruine
de YAssociation des frères el amisCar l'organisa-
tion réelleraent libérale que nous avions en vue
pour notre parti ne comptait pas d'ennerais plus
pnissants et plus implacubles, et noussavions tres
bien qu'aussi longtemps qu'ls seraient debout, ils
meltraient en oeuvre toute leur influence pour
maintenir imperturbablement le statu quoqui
assurait leur domination. Aujourd'bui que 1'idole
est par terre, le moment est venu pour tous les
libéraux sincères de s'entendre et d'opposer au
flot clérical qui monte toujours une digue capable
de le ternr en respect. La tèche sera longue, dif
ficile. N'importe. lis puiseront dans la force de
lenrs convictions Ia patience qui sait atteridre et
l'énergie qui assure le succès.
Nous avons déjS signalé l'activité dévorante dn
ministère clérical il paraft qu'un nouvel accès
de cette maladie, d'ailleurs anodine, se déclarera
le 21 ui I letOn parle de la distribution de plu—
sieurs hectolitres de decorations.
On a compté que depuis l'aunée dernière le mi
nistère a distribué plus de croix que l'administra-
tion libérale n'en a conférées pendant tont le
temps qu'elle a gouverné, ce qui n'est pas peu
dire.
Ces bons pères.
Une ville sans moines est une terre sans soleil,
un jardin sans ffeurs, l'Océan sans vagues, Ie Ha
rem veuf des houries du grand Seigneur... Les
dévotes èmes se le demandent avec toute raison
Comment est-il Dieu possible de vivre, respirer,
croire et espérer en dehors du céleste contact de
ces excellents pères?... lis sont si bons, si bons,
mais si bons, que, comparée a ce délicieux régal,
l'ambroisie de l'Olympe n'était qu'une nauséa-
bonde piquette. Le moineS.. c'est le champagne
qui pétille, l'harmonieux glou-glou des grands
crus, Cupidon de noir habillé, Bazile en bas de
soie, le petit-frère tonsuré et sanctifié, l'incarna-
tion la plus pure de la religion catholique, apos-
tolique et romaine. Mais c'est surtout et avant
tout, la puissante machine pneumatique qui sou-
tire avec une merveilleuse vélocité l'or du riche et
le denier de la veuve, c'est l'agent providentiel de
la paix et de la concorde des families, le direc
teur de conscience qui guide dans les voies du
Seigneur et a travers les mystères de la celluie
sombre, la jeune fille candide et l'épouse soumise
c'est le déificateur du pieux mensonge, des pieuses
intrigues, des saintes lèchetés et de la maxime
romaine la fin justifie les moyens; c'est le
confesseur qui prêche et enseigne l'artet la fa^on
la plus ingénieuse de berner, a la plus grande
gloire du Seigneur, le mari et le père et qui, au
nom de Jésus, formule ainsi la loi d'amour
Tu haïras ceux qui eroient autrement que
nous.
Tu tromperas ton prochain, au nom de Dieu,'
pour l'amour de nous.
Tu feras de la sainte obéissance la règle de ta
vie.
Tu baveras, au moins une fois le jour, Ie venin
de l'inlolérance.
Tu éteindras dans ton cceur tout autre foyer
que la (lamme allumée par nos saintes mains.
Tu maudiras ce que nous maudissons, mari,
familie, enfants, a la plus grande gloire de Dieu
qui a écril sur les tables de Moïse Airoez-
vous les uns les autres.
lis sont si bons, ces bons pères I...
Pauvres comrae Job et saint Labre, hèves et
blèmes, les yeux baissés, le pier! en dedans
marque du jésuite et du rédemptoriste ils dé-
barquenl un beau jour sur le fumier dont ils
conservent le parfum dans l'opulence, puis, la
Providence et la pénitente aidant, ils élèvent de
splendides monuments, oü nul oeil profane ne
pénètre. Voici la celluie étroite, la couchette
dure, la discipline aux fines lanières; puis le bou
doir mystérieux et parfumé, ou, sous l'ceil de feu
du moine, la jeune fille ouvre son óme candide et
laisse tomber les plumes de ses blanches ailes, et
ou l'épouse affolée complote contre les convictions
du mari et la dignité de l'hommcEt l'or
afflue, les pénitents affluent.véritahle abattoir
de la conscience humaine, une bacchanale sacro-
sainte, le délire en froc et en robe de satin, le
moyen-ège en grelotsl... Et ces pauvres maris!..
Berriés par le directeur de conscience, bernés par
leurs doulces moitiés, au nom du Père, du
FiIs et du Saint-Esprit, ils se pément devant
l'immaculée vertu de leurs chastes épouses, qui
se póment aux genoux du moine, lequel, pour peu
qu'elles aient les gièces... de I'Esprit-Saint, se
póme devant st;s pénitentes, et cette triple pamoi-
son s'appelle en langage sacré la foi, l'espérance
et la charité!... Etl'incrédulité ose prétendre et
écrire que le moine est la griffe de Satan!..
En attendant que nous livrions a la publicilé,
pour Ia glorification du cloltre en général et des
rédemptoristes en particulier, le livre intitulé
L'arl de berner les maris el de faire Ittière de
l' autorité du père de familiepar le R. P.M...,
de l'ordre des Rédemptoristes... voici un
petit avant-gout, un spécimen de la faijon dont
les directeurs de conscience, barbus, pelés, ton-
dus, chaussés ou déchaussés, mal lavés, mal pei-
gnés, noirs, blancs ou bruns, ridicules, ignobles,
ou pommades et musqués 5 l'instar des petits
crevés, suivant les lieux et les besoins de la cause,
arrangent de complicité avec les mères formées
leur confessionnal, l'autorité et l'influence du
père de familie.
Chaque mot de la lettre que nous copious ici
litléralement, mérite d'être pesé et médité.
Nous en recommandons spécialement la lecture
aux maris qui permettent a leur femme la fré—
qnentation du moine, et a la jeune fille, trop
souvent éblouie par la déclamation, vide, empor-
tée ou mielleuse de ces Lacordaire de contre-
bande. Voici l'épitre adressée par un rédem-
toriste de X. un confrère
J. M. J.
Mon bien cher Père,
Je recommande a votre bienveiliance la
bonne dame qui vous remet la présente c'est
Madame Son coeur maternel est inquiet
au sujet de Monsieur son fils qui est en voie de
faire ses études universitaires
Voulant ménager quelques susceptibilités do-
mestiques elle«Voudrait qu'il eut un quar-
tier chez des personnes honnêtes qui ne soient
point hostiles a la religion. II est trés studieux
et doué d'un excellent caractère; il serait a
désirer qu'il put rencontrer quelque camarade
qui aide le maintenir dans les sentiments du
devoir et de i'honnèteté.
Or, comme vous connaissez et la ville et
l'Université, j'ai conseillé a Madame de
passer par afin que vous lui donniez quel-
que conseil ou quelque renseignement favo-
rable.
Comptant sur votre obligeance, je vous
offre I expression de ma reconnaissance avec
l'accolade fraternelle.
Je suis en Jésus, Marie, Joseph et Alphonse.
Votre lout dévoué confrère.
le St-Séiaphin 1870,
Fatlail pas qu'y aillc M. Ie doycn
II existe en ville une sociélé choi ale uommé la Lyre
öuvrière. Recrutóe parmi les ouvriers comme son
nom l'indique, cette société poursuit le louable hut
de procurer a ses membres, après leur labeur quoti-
dien, une honnéte distraction. Faire de la inusiqueet,
par ce moyen civilisateur, eloigner l'ouvrier du ca
baret, est sans doute une oeuvre morale et chré-
tienne.
Tel ne semble pas être l'avis de M. le doyen qui
vient do mettre la sociéte en interdit, sommant tous
ceux qui occupent uil emploi quelconque a l'église
d'opter entre eet emploi ou leur dèmission de mem
bres de la Lyre öuvrière. Quelle crime peut bien
avoir commis cette malheureuse société pour exciter
a ce poiot l'ire de M. Ie doyenQuel méfait lui vaut
l'honneurdes hainesclericales? Nous l'avonsdemande
a tous les échos d'alentour, personne n'a pu nous
l'apprendre.
Ce ne peut être apparemment le projet de donner
une serenade a M le bourgmestre la veille de sa fête
Après tout, un doyen a-t-il besoin de motifs pour
s'acharner dans ses rancunes Un caprice suflit
Sic volosic jubeo, sit pro ratione voluntas.
Aussi si nous disons quelques mots d'un incident
qui occupe toutes les conversations, n'est-ce nulle-
mentpour exprimer nolre etonnsment qu'il se soit
produit.
En dépit de Ia réputation d'esprit que quelques
personnes s'obstinent a faire a M. le doyen, réputa
tion a laquelle celui-ci, soit dit en passant, vient de
faire le plus grand tort, nous savions bien quant a
nous que, de la part des prêlres, quelque insinuanles
que soient leurs manières, il ne faut atlendre que
domination et fanatisme. Nous savions encore qu'il
est d autant plus indispensable de se mettre en garde
contre eux que leurs dehors sont plus enga-
geants, leurs paroles plus mielleuses.
Nous remercions M. le doyen d'avoir prouvé une
fois de plus combien nolre appreciation elait juste.
Nous l'en remercions, non pour nous qui beureusg-
ment n'avons plus depuis longtemps besoin de cetio
demonstration, mais paree qu'il sera bien ótabli cette
fois dans la classe qui formera l'année prochaine un
nouvel élement electoral, classe dans laquelle se
recrule précisément la Lyre öuvrière, qu'elles sont
les pretentions outrecuidantes des cléricaux et jus-
qu'oü ceux-ci nous mèneraient si les nouveaux élec-
teurs leur ouvraient les portes de l'Hótel-de-Ville.
Cela De sera pas, si nous en jugeons par ce qui
vient de se passer.
Les menaces de M. le doyen n'ont pas eu partout
le succès qu'il en atlendait. Un ouvrier, faisant
preuve de la plus noble independance, n'a pas hèsite
a quitter,le jubè de S. Martin plutót que de subir la
volonté tyrannique du doux pasteur du doyenné.
L'orgueil de M. le chanoine a dó en être lerrible-
ment froissé. Nous sommes bien facbés pour lui.
Nous souhailons cependant qu'il rencontre souvent
d'aussi courageuses resistances, düt-il en être mille
fois plus morlitié encore. Que voulez-vousFallait
pas qu'y aille M. le doyen
Chemins de fer.
Nous signalions, il y a huit jours, qu'un colis était
resté en route depuis le 12 jusqu'au 14 juillet pour
faire le trajet a grande vitesse de ftruxelles a Ypres.
Un autre colis expédie d'Ypres aussi a grande vitesse,
le 15 courant, est arrive a Hruxelles le 18 au soir.
Trois jours, c'est de mieux en tnieux. Ou va plus vite
a pied.
L'inlt'rêt commercial et Ie JOUBMIL
D'YPRES.
Le mouvement contre le projet d'augrnentation des
tarifs de chetnin de fer s'éteud aujourd'bui sur toute
la Belgique. Partout les Conseils communaux, les
Cbambres de commerce et les particuliers pétition-
nent en faveur du maintien et mêtne de l'extension
de la réforrne réalisée par M. Vauderstichelen.
La ville d'Ypres n'est pas restée en arrière. Une
petition due a ['initiative de la Chambre de commerce
a circulé ets'est con verte de signatures. Cette mani
festation n'est pas du goüt du Journal d'Ypres. C'-est
tout naturel.
Aux yeux de ce journal, tout doit céder devant le
ministère clérical, même l'inlérêt public. Pour lui la