JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
ÏPRES, manche
Nemième année. j\'° 31.
30 Juillet 1871.
Paraissant le dimanche.
Pltix M'AROMMEMEWT
POUR LA BELGIQUE
8 francs par an; 41 fr. 50 par semestre.
Pour l'Etranger, Ie port en sus.
Uk Numéro 25 Centimes,
PRIX MES AiinOXCESj
ET DES RECLAMES
10 Centimes Ia petite ligne.
Corps du Jourat» SO centimes.
Le TOUT PAÏA3LB d'aVANCE.
Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez vötre pensee
On s'abonne a Ypres,
au bureau du Journalrue de Dixmude, 59.
On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. - Tout es lettres
cu envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal.
YPRES, s» Jïuillet assi.
Le Progrès n'est pas content de nous paree que
nous avons eu l'audace de publier lecouipte-rendu de
la dernière reunion de l'Association dile libérale en
l'accompagnant de quelques comrnenlaires. Fidele a
ses habitudes, il nie l'exactilude de nos renseigne-
ments. Eh bien, dussions-nous lui déplaire une fois
de plus, cette exactitude nous la maintenons. Nos
renseignements nous les tenons de témoins auricu-
laireset, depuis la publication de notre article, ils
nous ont été contïrmés de differents cótés. Quel in-
lérêt aurions-nous d'ailleursa inventer Aucune fan-
taisie ne saurait approcher de la réalité.
Mais le Progrès, lui, n'aurait-il pas quelque intérêt
a faire le silence autour des actes et des paroles de
ses patrons? Le geste si significatif de M. Beke pen
dant que M. Carton parlait et le mutisme du Progrès
qui nous avail promis le compto rendu de la séanoo,
peuvent le faire croire.
Cet intérêt trés sérieux pour le Progrès ne saurait
nous toucher. Notre but est d'éclairer le public saus
nous arrêter a des combinaisons de caste ou de coterie
et si M. Henri Carton a débité des sottises, e'est a
lui-même qu'il doit s'en prendre et non a nous.
Entre autres choses intéressantes, le Progrès nous
fait part du mépris (sic) de l'ex-commissaire du gou
vernement pour nous. Ce mépris revient périodique-
ment dans les colonnes du journal chaque fois que la
disedssion prend une tournure embarrassante pour
les frères et amis. M. Carton lancant son mépris
du haul de la rue au Beurre ressemble singulière-
ment auPape infaillible lancant ses foudresdu hautdu
Vatican l'un et l'autre frappent sans blesser. Fran-
chement, a la place de M. Carton, et si nous osions
lui donner un conseil d'ami, nous reléguerions désor-
mais notre mépris au milieu des vieilles ferrailles,
non pour ceux que nous essayons vainement d'attein-
dre, mais dans notre propre intérêt et afin d'éviter un
plus grand ridicule. Quand on s'est fait le protecteur
de la candidature que ch.acun sail, on n'est plus en
droit de mépriser qui que ce soit et pareil mépris ne
peut qu'honorer ceux qu'il a la pretention de conspuer.
Cecidilen passant, allons aux choses sérieuses.
Le moniteur de la coterie contesle les chiffres que
nous avons donnés. Nous les supputons a notre
guise, dit-il. Cela ne l'empêche pas de convenir,
quelques lignes plus loin,qu'effectivement32 membres
seulement assistaieni a la séance. «'Mais, ajoute-t-il,
nous n'attachons aucune importance a ce chiffre;
tout le monde sait que lorsqu'il n'y a pas de lutte, peu
de membres se reudent aux réunions des sociétés
politiques. Comment les membres de l'Association
pouvaient-ils savoir qu'il n'y avait pas de lutte,
puisque précisèment ils etaient convoqués pour se
prononcer sur l'opportunitè de l'abstention ou de la
lutte? Le Progrès donnerait-il a entendre que les
membres de l'Association savent que, contre les
décisions du comité, aucune motion ne peut préva-
Ioir et que leur seul devoir consiste a enregistrer les
volontés de ce comité L'aveu est précieux dans sa
bouche. Qu'y aurail-il d'étonnant cependant a ceque
beaucoup de membres de l'Association, hommes pré-
voyants et prudents, se missent aJ'écart en ce mo
ment pour ne pas déplaire aux cléricaux tout puis-
sauts? Ils ne feraient qu'imiter en cela les boos
notaires dont a parlé M. Carton et suivre l'exemple de
M. Carton lui-même qui, conservant sa place de com-
missaire sous le ministère clérical de M. De Decker,
s'abstint prudemment de paraitre a l'Association.
Pas plus que Ie chiffre de la réunion générale on
n'ose contester qu'aux deux réunions du comité il y
aiteu 7 et 11 membres présents sur 30. Est-ce encore
la une preuve de la vitalitó de l'Association Ceux
qui le pensent ne sont pas difficiles.
Pourtant 1'Opinion a commis une grave erreur.
une abominable mêchanceté, débité une odieuse
calomnie. Pour établir que l'Association est bien
mOrte, elle a écrit que 22 membres assistaient la
séance sur 180 dont celle association se compose; or,
toi de Progrès, ce n'est pas 180 le nombre des
membres, mais 197. Done le chiffre des absents était
encore plus considérable que nous ne l'avions pensê
et nous tie saurions assez remercier l'organe de
M. Carton d'avoir, grace a sa rectification, renforcé
notre démonstraiion.
Oil il nous est absolument impossible d'être d'ac-
cord avec lui, c'est lorsqu'il dit que l'Association ne
compte que 6 membres non-électeurs. Depuis quand
done? Pas plus lard qu'en 1868 l'élément non élec-
teur formait Ie tiers. Qui ne connait d'ailleurs le droit
que le règlement donne au comité de recevoir dans
l'Association ceux qui ne sont pas électeurs, droit
exorbitant contre lequel nos amis ont maintes fois
énergiquement protesté?
II est a remarquer que le Progrès, selon son habi
tude, ne procédé que par affirmations et par dénéga-
tions, sans aucune preuve en faveur de sa thèse. Eh
bien, nous lui faisons une proposition qu'il acceptera
s'il est sincère. Qu'il publie la liste des membres ac-
tuels de l'Association, nous publierons celle de 1868,
et le public verra combien de non-électeurs s'y
trouvent.
Au surplus, veut on voir une dernière fois la bonne
foi du Progrès A l'entendre, le nombre des membres
de l'Association est descendu de 208 a 197, a a la
suite de quelques décès, démissions, etc. La vérité
est que déja dix démissions ont été rendues publiques
dans rfos colonnes, sans compter celles que nous ne
connaissons pas, sans compter les decès el les etc. du
Progrès. Et c'est après toutes ces faussetés qu'il ose
écrireL'Opinion re s'inquiete pas plus de la vérité
que de l'avenir du parti libéral.
Decue dans ses espérances, dans son ambition,
sa mission est toute de haine, de vengeance et de ran
cune. Commeelle le dit elle-même, elle n'a été fon-
dée que pour battre en brêche l'Association liberale
qui, quoiqu'elle en di.se, n'est pas encore par terre et
saura relever lé gant a la première occasion.
C'est tout juste le contraire qui est vrai et c'est
paree que nous nous sommes loujours souciés de
l'avenir du parti libéral, compromis par d'autres,que
notre journal a battu en brêche et continuera a battre
en brêche. aussi Iongtemps qu'elle existera, l'Asso
ciation actuelle, foyer d'intrigue et de corruption;
c'est paree que nous nous sommes toujours souciés
de l'avenir du parti libéral et que nous nous en sou-
cions encore que nous appelons de tous nos vcsux une
organisation sérieuse, d'accord avec Ia majeure par-
tie des libéraux.
Ahnous le savons, certains hommes ne sont pas
encore tombés assez bas. lis rêvent la continuation de
leur domination ils espèrent, grace de nouvelles
intrigues, revenir un jour flot; ils veulent essayer
de replêtrer l'Association et, au moyen de quelques
insignifiantes modifications son règlement, se flat
tent de jeter de nouveau la poudre aux yeux des
électeurs. L'Association libéraie n'est pas encore
par terre, écrivent-ils, elle saura relever le gaat
la première occasion. Vaines illusions qui seront
suivies bientót de déceptions amères!
Sot orgueilA toutes les observations qu'on leur
fait, a tous les avertissements qu'on leur donne,
ils n'assignent qu'un seul et unique mobile, inva-
variablement la même chanson tenant liéu d'argu-
ment L'ambition, la haine, la vengeance, la
rancune.
Et les lèvres ne leur brölent pas quand ils pro-
noncent ces mots!
Quand done nos amis ont-ils solliösté des places,
brigué des honneurs?
Eh quoiceux qui firent un pacte avee leurs
adversaires, dans Ie but d'assurer leur réólection,
sont-ce nos amis ou les vótres?
Ceux qui, arrivés au pouveir, ont renié les doc
trines qu'ils prêchaient dans ['opposition pour se
cramponner a leur portefeuille, sonl-ce vos amis
ou les nótres?
Ceux qui fhisaient le serment de ne j imais ser-
vir un ministère clérical et qni,septans plus tard,
en 1854, servaient sous M. De Decker, sont-ce vos
amis ou les nótres?
Ceux qui, en 1859, repoussaient comme candidat
a Ia Chambre, en haine de son indépendance, un
libéral de Poperinghe, fort estimé et fort aimé, ceux
qui, peu d'années après, trahissaient, après les pro
messes les plus solennelles, et toujours pour satis-
faire leurs rancunes, un autre candidat poperin-
ghois, encore une fois sont-ce vos amis ou les
nótres?
Entendez le bien. Ce sont toutes ces manoeuvres
qui vous ont fait perdre la confiance du corps elec
toral et cette confiance vous ne la retrouverez plus.
Toute voire carrière politique n'a été qu'une chasse
continue aux places et aux honneurs. Partout oü il
y avait quelque chose a glaner, un bénéfice a faire,
vite un membre de votre familie I C'est ainsi que
nous avons vu a certains postes les hommes les
plus notoirement incapables de la ville.
Et, après tous ces faits si connus, vous osez encore
suspecter les intentions de vos eontradicteursl Vous
osez próner votre abnégation, voire devouement et
vos sacrifices I.... Allons, allons, vous'êlesdes BL4-
GUEURS.