tan Is, le candidal clérieal n'obtient que 172 voix. On
re saurail se faire one idee exacle dn 2m* bureau en
ce qui concerns les élecleurs yprois, plusieurs com-
tnunes cléricales y ayant ele annexéesmais Ie résul-
lat du vole dans le 1" bureau est assez clair pour que
nous puissions affirme'r que le parti clerical n'a fail
aucun progrès en ville.
Malgre son enthousiasme de commande et sa feinle
satisfaction, le Journal d'Ypres ue s'y troinpe pas sa
joie est guindée, ses chants de victoire sonnent faux.
II sait que ses coreligionnaires po'itiques esperaient
1500 voix pour leur candidat. 11 connait les efforts
surhumains fails en ville plus encore, si c'est pos
sible, qu'a la campagne, les courses électorales, les
visites domiciliaires, les intrigues mises en jeu, la
pression exercèe sur toute une categorie d'électeurs.
II s'agissait d'obtenir une imposante minorité, si pas
la majorité, a Ypres, et lui-même le déclarait o Le
scrutin du 27 juillet devait être la préface de ceux de
1872 et faire reconquérir au parti clerical a la Ghatn-
bre, a la Province, a la Commune, le terrain qui lui
appartient. (Sic.)
Quant a nous, nous acceptons le résultat du 27
eomme un bon augure. Mais autant nous nous en re-
jouissons paree qu'il nous donne bon espoir pour
l'aunée prochaine, autant nous sommes attristes
nous pourrions dire indignésde la pusillanimité ou
de l'égoïsme quel terme faut-il employer? des
meneurs de 1'Association. Ceux qui manquant a ce
point de clairvoyance et de perspicacité ne sont pas
dignes d'ètre a la tèle d'un grand parti.
Revenons un instant encore aux chiffres.
Parmi les volants du 27 juillet 350 onl protesté,
soit par billets blancs, soit en votant pour diverses
personnes qui n'ètaient pas sérieusemenl candidats,
651 se sont abstenus de parailre a l'èlection. Rn sup-
posant que de ces 651 absents 80 environ l'etaient
pour cause d'infirmitès, de maladie, d'une force ma
jeure quelconque, on admettra sans doute que les
570 reslants sont des électeurs libéraux, de même
que sont libéraux tous ceux qui, présents a l'election,
n'ont pas vote pour M. Berten.
Ces deux chiffres réunis, nous n'arrivons pas en
core, nous le savons, au total de voix réuni par
M. Berten. Mais qui pourra dire le nombre de suf
frages qui se sont portés sur ce candidat et qui, en
cas de lutte, auraient été acquis au parti liberal
N'esl-il pas probable, certain rnême, que bon nombre
d'électeurs appartenant a la partie la plus nombreuse
et la trtoins éclairée du corps electoral, celie qui, ne se
rendant pas un compte exact de l'importance des
principes en jeu, so laisse guider par des considèra-
tions secondares, celle qui forme ce qu'on appelle Ia
partie flottaute et qui suit ie courant,eh bien I n'est-
il pas beaucoup d'electeurs appartenant a cette calè-
gorie qui précédemment votaient avee le parti liberal,
tout au mains par habitude et qui cette fois auront
voté pour M. Berten en I'absence de tout compéti-
teur, et pock faire plalsir
La bonne politique consistait, pour le parti libéral,
a ne pas abandonner ces électeurs en desertant la
lutte.
Les chiffres de l'èlection nous autorisent done a dire
que ce parti pouvait lutter avec de grandes chances
de succes et qu'a defaut d'obtenir la majorité pour son
candidht, il eut réuni du moins une minorité si res
pectable qu'elle eut assurè la victoire poür le mois de
juin prochain, a la condition toutefois que la reorga
nisation sérieuse du parti se füt faite au prèalabie
par la reconciliation loyale de loutes les nuauces et
qu'on ne se tut pas ubstine a presenter des candidats
dont le nom est un deli pour un grand nombre.
Pourquoi s'est-on abstenuï Nous nous ledeman-
dons encore, même après avoir lu el re!u la circulaire
publièe au nom de l'Association prétenduement libe
rale et signée par MM. Pierre Beke et Henri Carton.
Car nous ne pouvons considerer comme sérieuse cette
phrase
Kile (('abstention) est justifiee d'ailleurs par les
circonstances.
A la suite des luttes meurtrières qui ont ensan-
glanlè Ie sol francais et surtout des actes de vanda
lisme qui onl dèsole la ville de Paris, le sentiment pu-
mcni public parait tellement èmoussé que I'opinion
resle indifférente a tout ce qui se passe aulour
d'elle
L'appréciation plus que sévère qui a accueilli en
ville et dans tout l'arrandissement la résolution de
MM. Beke et Carton donne un démenti a leurs der-
nières paroles et demontre que I'opinion est loin
d'être indifferente a lout ce qui se passe autuur d'elle.
Quant a I'assimiialion que ces messieurs essayent
d'établir entre leur abstention, la guerre franco-alle-
mande et Ie règne de la Commune, elle a provoqué
partout une douce galté. La guerre terminée et la dé-
funte Commune, quels rapports peuvent-elles bien
avoir avec l'Association d'Ypres? Notre faible esprit
n'en entrevoit aucun. Raison de plus pour que nous
engagions viveuierit nos deux honorables Christophe
Colomb a communiquer leur découverte a la commis
sion chargée par l'Assemblée de Versailles de recher-
chtr les causes el les effets de I'insurrection pari-
sienne. Cette intéressante communication leur vau-
dra a coup sCtr une glorieuse distinction a moins
pourtant qu'il n'y ait aucune découverte de leur part
et que les deux honorables n'aient voulu se moquer
de leurs lecteurs, auquel cas )1 ne faudrait pas hési-
ter a leur octroyer un brevet d'hommes d'esprit.
La circulaire nous apprend encore que I'abstention
a éte nécessitée par I'absence de candidats. Pour
faire un civet, il faut un lièvre. M. de La Palisse
n'aurait pas mieux dit. Touie candidature a éte re-
fusée de la part de ceux qui semblaienl (>ic) devoir
renconlrer le plus de sympathie parmi le corps élec-
toral.
Sembi.aient devoir t est bien modeste! On sait
que des candidatures ont éte offertes a MM. Beke,
Jules Van Merris et Henri Carton el l'on s'etonrie qua
propos du prétendant poperinghois ia circulaire de
MM. Btke et Carton ne parle que des sympathies du
corps electoral sans dire un mot du respect dont ce
prétendant est accablé it si juste titre. Entre amis ces
messieurs se devaient vraiment quelque chose de
plus.
Quant a ses sympathies pour M. Henri Carton, le
corps électoral en a donné Ia mesnre il y a un an.
Électeurs, s'écriait la veille du 2 aoCit M. Carton,
dans une circulaire restée cèlèbre par son fiasco,
a Électeurs, votez pour la liste liberale, car, en vo
tant pour la liste libérale, vous prou erez vos sympa
thies pour voire ancien commissaire d'arrondisse-
mentl Et la liste libérale succomba, el deux de ses
caudidats tombèrent, et le troisième, quoique non
cumbatlu, ne fut élu qu'a une faible majorité!
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Mais, nous dira-t-on, une candidature n'a-t-elle
pas éte offerte a d'autres personnes qu'a celles que
nous venons de nommer? Pourquoi celles-ci ont-
elles décliné l'offre? I a circulaire oublie de le dire et
c'est regrettable. Peut être cependant pourrons-nous
découvrir quelque chose dans cette phrase de la fin
Que chacun choisisse la forme d'abstention qui se
concilie le mieux avec ses intéréts et ses preferences.
Le style c'est l'homme, dit Buffon. L'auteurde
la circulaire qui conseille si bien aux électeurs de con
sulter, non les principes ni Pa vantage du parti, mais
leurs intéréts ou lews preferences, pourrait bien avoir
été le premier a mettre le conseil en pratique. Se-
rait-il vrai notamment, corame des indiscretions sem-
blent le confirmer, que I'abstention du parti liberal
n'aurait eu d'aulre motif que l'esprit parcirnonieux
de certain candidat qui n'aurait pas voulu risquer
le mol a été prononcéhuit ou dix mille francs pour
uu mandat d'une année?
Quel est ce candidat calculateur? Ce ne peut être
M. Henri Carton dont la genérosilé est trop connue.
Quoique M. Carton eüt deja refuse une candidature
en 1859, paree qu'il craignait de n'être pas élu et ne
désirait pas perdre sa place de commissaire, il a trop
de sens pratique néanmoinspour ne pas comprendre,
maintenant qu'il n'est plus rien, que, doue d'une
grande fortune, il ne lui est pas permis, apres avoir
joui pendant vingt cinq ans du traitement d'une func
tion due a la munificence du cabinet libéral, de déser-
ter la lutte ni d'amoindrir, pour une misérable éco
nomie, le parti auquel il doit son entrée dans la vie
publique.
La circulaire de l'Association dite libérale se flalte
que l'affaissement dont elle se plaint ne sera que mo
mentané; aussi I'abstention d'aujourd'hui n'im-
plique-t-elle aucune abdication pour l'avenir.
II nous serait facile de pronver par les raisonne-
mentset les exemples que I'abstention a toujours été
nuisible a un parti. S'abstenir, c'est tout au moins
confesser son impuissance et pareil aveu n'est pas
propre a atlirer les timides a soi.
Vainement le Progrès rappelle-t-il que nos adver-
saires ont déserlé la lutte pendant plusieurs années,
ce qui ne les a pas empêché de Iriompher a la fin.
Nous ne prélendons pas qu'un parti est irrévoca-
blement condamné paree qu'il se sera abstenu un
jour. Mais si le parti ciérical est descendu si bas dans
notre arrondissement qu'apres avoir perdu l'un de
ses chefs les plus capables, il n'a pu empêcher l'èlec
tion d'un Van Merris, si bas que, sans les fautes ac-
cumulées et les pernicieuses audaces des meneurs li
béraux, e'en etait fait de lui dans l'arrondissement
d'Ypres, certainement sa longue abstention en est la
première cause. Nul sophisme du Progrès n'empêchera
les consequences naturelles de l'inaction des partis de
se produire, et le Journal d'Ypres ne s'y meprend pas
quand il se rejouit de la résolution prise par MM. Car
ton el consorts.
4 4
Ces messieursespèrent que, les circonstances chan
geant, ils se remettronta flots; ils annoncent a grands
fracas dans leur Progrès la prochaine revision du rè-
g'ement de l'Association. Cette revision est une nou
velle glue, inventée el perfectionaee s. g. d. g. par ces
habiles oiseleurs, avec laquelle ils essaieront de faire
de nouvelles victimes. Habiles a dorer la pilule, ils
espèrent enfariner de nouveau les électeurs. Conser-
ver l'Association actuelle, docile instrument de leur
trop longue domination, en demeurer les inspirateurs
et les maltres, nous ramencr aiusi aux plus beaux
jours de la coterie triomphante et arrogante, voilé ce
qu'ils rêvent. Nous leur predisons qu'ils n'y réussi-
ront pas.
Pour relever le parti libéral de son échec, ce n'est
pas trop de l'accord de tous. Pour cimenter eet ac
cord un appel a tous les libéraux est indispensable.
Dans une première réunion il faudrait jeter les bases
d'une nouvelle organisation et nommer une commis
sion dans laquelle toutes les nuances du parti liberal
seraient representees, une commission qui scrait
chargée de forrr.uler un proj ;t de programme et de
reglement pour une nouvelle Association, projet qui
serait ensuité discute dans une réunion publique.
A ces conditions on pourrait espérer l'entente et,
sans entente, point de victoire possible. Ces condi
tions, ils les envisagent comme impérieusement dic-
tées par la situation tous ceux que préoccupe le salut
du parti plus que l'intèrêt de caste. Ces conditions,
l'immense majorité du parti libéral serait charmee de
les voir réalisees. Le deplorable entêtement de quel-
ques-uns doil-il done tout enrayer? Et le parti libé-
•ral dont l'Association ne forme qu'une infirae mino
rité, doit-il se mettre a la remorque d'un petit nombre
d'incorrigibles Quand Ie navire est en détresse, ue
voit-on pas jeter it la mer les plus riches cargai-
sons?
En enfer
Paree qu'un certain nombre d'électeurs, usant d'un
droit incontestable, ont porté leurs suffrages sur le
nom honorable, non d'un hornme politique, mais d'un
artiste de grand talent, au lieu de déposer dans l'urue
des billets blancs, le Journal d'Ypres, qui invoque
toujours la liberté pour les siens et ne l'aime guère
chez ses contradicteurs, s'emporte en invectives gros.
sières contre celui qui porte ce nom et dont l'honora-
bilite n'a jamais éto misó en doute par personne. La
sainte feuille parle le langage des plus mauvais lieux.
Voudrait-elle done nous faire croire qu'enlre les
bouges infects et la sacristie il y a des points de
contact?
Outre qu'ils sont intolérants et injustes, les
sacristains qui liennent ce langage sont de plus
ingrats. lis oublient que l'artiste qu'ils essaient de
salir de leur bave sans pouvoir l'atteindre, a orné
un jour une de leurs églises d'un beau purgatoire,
ceuvre aussi édifiante par le sentiment religieuxqui
y régnait que remarquable par l'exéculion technique.
Dans l'intèrêt de l'art autant que du culte, nous
espérons que M. Ceriez se vengera noblement de ses
insulleurs, en véritable artiste, etqueles.grosmotsdu
Journal d'Ypres nous vaudront bientót un tableau
religieux de plus. Mais si nous étions de l'artiste,
nous mettrions cette fois la rédaction de la sainte
feuille en enfer I