lenante faire nommer la commission chargée de re
viser Ie règlement. I'ersonne n'etait préparé a cette
nomination; raison de plus pour que M. Carton vit
un succès pour lui dans cette surprise, II s'est troinpé
toutefois el la m. j >ri(le elle-mètne ce n'esl pas peu
diré lui a donué tort.
Cette tentative de I'ex-commissaire du gouverne
ment, quoique avortée, ne dénote pas moins les in
tentions de la coterie.
Des a présent on peut done considérer la reconci
liation comme plus éloignée que jamais. Sans doute
la revision du reglement se fera tant bien que mal
ce sera Ie plêlre dont on revêtira Ie vieux mur
pourrimais cette operation passera inapercue au
milieu de ['indifference gepérale. C'est dans ces con
ditions pourtant el quand les divisions sont plus
grandes que jamais, qu'on affrontera l'an prochain
une triple election. Le résultat est facile a prévoir.
Mais la faule en est a ceux qui I'auront voulu quant
a nous, nous sommes heureux, quoiqu'il arrive, de
voir notre responsabilite a couvert. En effet, les aver-
tissemenls n'ont pas fait dèfaut de notre part
2Les homines de la Commune.
Voila huit jours que nous suivons attentivement
la htdeuse comédie qui a pour théètre Ie troisième
conseil de guerre de Versailles. On se demande
si la France loute enlière n'avait pas étè prise
d'un accès de démence, en accordant une minute
d'attention sérieuse a ces pantins sinistres dont
toute la science a consisté a faire croire qu'ils
avaient une taille proportionnée a la grandeur de
la scène sur laquelle ils opéraient, dit Paris-
Journal.
Quand, aujourd'hui, nous voyons de prés tous
ces hommes, quand nous entendons ces comparses
de la revolution, qu'un coup de fortune a investis
pour un instant des premiers róles, on se prend a
regretler les dépenses d'indignation qu'ils out
causées. Ces gens-la nous orit dupés. Ils ont réussi
a nous faire croire qu'ils y avait parmi eux des
Marats et des Danton, quand, en définitive, ce
n'était qu'un ramassis de pères Duchêne vus dans
l'éloignement, jugés sur leurs décrets, ils ont pu
donner le change un moment. Observés sur leur
sellettes d'accusés, ils perdent première vue
jusqu'è ce prestige que la faiblesse humaine ne
sait point refuser aux héros de cours d'assises.
Ah c'eut été bieo autre chose, si devant leurs
juges, au lieu de pèles trembleurs, il se fut trouvé
des hommes si, parmi ces dix-sept membres
d'un gouvernement qui n'a pas craint de pro-
clamer bien haut qu'il était le Droit et la Justice,
il s'en lüt trouvé, un, un seul, pour répéter fière-
ment et la lêle haute, qtielqu'une de ces procla
mations' si vaillantes dont le Journal Officiel de
ce temps la nous apportait tous les matins un
éehantillon.
Sït un Assi, si un Urbain s'était levé, et aux
inlerrogaloires du président du conseil avait
répondu C'est vrai, j'ai lutté, j'ai hrülé, j'ai
tué c'est vrai, j'ai fait tout cela. Mais je le ferais
encore. La véritè, c'est moi l'erreur, c'est vous.
Je suis vatrtcu, vous êtes mon juge vainqueur,
j'aurais été le vótre. Condamnez-moi. Si un
Ferrè avail crènement revendtqué la responsa-
bilité de ses actes s'il avait eu l'impudeiice, si
l'on veut, mais au fond le courage de dire au
conseil comme tls disaient, lui et les siens, avant
leur défaite C'est a Versailles que sont les
insurgés c'est a Paris que sont l'ordre et la loi
si accusè de complicitè dans les meurlres et les
ineendies, il avait répondu en prose ce qu'un de
ces maitres écrivait en vers il v trente ans
Laches accusateurs, silence Oubliez-vous
Que leur ame de feu purifiait leurs ceuvres
si enfin, an lieu d'explications entortillées, de
géroissements hypocrites ou de mensonges hon-
teux, quelqu'un d'entre eux s'était écrié Me, me
adsum qui fee! oh! alors, les gens de bien auraient
pu s'indigner, mais de gré ou de force, en sortant
de i'audience, ils o'auraient pu se défendre du sen
timent de pilié auquel a droit le criminel qui va
subir son chètiment.
Mais, nonils Iremblent, ils suent de peur, ils
sont lèches. L'un declare qu'il ne veut pas se
défendre, et tout aussitöt, tl se met a commenter,
a discuter chaque mot du président, chacune des
charges qui lui sont attribuées par I'accusation.
L'autre s'avoue bien coupable de quelques pecca-
dilles mais quand il s'agit de quelque fait grave,
il se héte de protester, se dérobe comme il peut,
se cherche des alibis. Un troisième, un quatrième,
presque tous, n'ont pactisé avec l'émeute, n'ont
servi la Révolution que pour lui mettre des bêtons
dans la rue, parce qu'ils voyaient bien qu'elle
voulait aller trop loin. Et quand ils parient des
folictions qu'ils ont remplies, c'est a qui se raillera
lui-même le plus agréablement, comme pour bien
prouver qu'il ne s'est jamais pris au sérieux, et
qu'il n'a jamais cessé un instant de considérer la
Commune de Paris, comme un gouvernement de
pacotille.
Combi'naisori d'impudeur et de lécheté
C'est qu'il lie s'agit plus ici d'un procés poli
tique ordinaire, d'une haute cour de Blois ou la
sellette des accusés était la première marche du
Corps législatif! On eut payé alors pour faire
partie d'une société secrèle, pour ètre admis un
róle dans un complot. On en était quitte pour un
an on deux de prison et du coup, l'on devenait
un personnage. Vienne un 4 septembre, et l'on
pouvait prétendre a tout. Demandez a Rochefort.
Mais aujourd'hui la partie est plus grave,
I'enjeu plus sérieux. Voila pourquoi I'on tremble
voila pourquoi tous ces adorateurs, tous ces soi—
disant apótres du peuple s'en foot l'envi des
Judas. Après l'avoir fait tuer, ils le renient.
Le pape vient d'être oblige de rappeler a l'ordre et
au bon sens les catholiques de la trempe du Bien pu
blic. A voir la fougue avec laquelle ils se démenaieot
depuis quelques jours pour arracher aux bonnes
fitnes pas mal de deniers alin d'offrir un tróne d'or a
Pie IX, on eül dit qu'ils avaient jure de le faire mou-
rir sous le ridicule, lis voulaient avec le tróne, lui
décerner le litre de Grand. Le parasol d'or et l'éven-
tail incrusté de brillants eussent bientót suivi la
même destination, et le Vatican eüt vu renailre bieu-
töt les beaux jours du faste oriental. Pie IX a reculé
devant l'inconvenance de ce procédé. II a refuse le
tróne d'or ainsi que le litre de Grand, du moins de
son vivant. II laisse ainsi aux organisaleurs de la ma
nifestation ('ineffable consolation de ie proclamer
Grand après sa mort, et même, si cela peut leur faire
plaisir, de lui consacrer alors un mausolèe d'or mas
sif.
Eionnez l'argent
Le pape refuse le tróne d'or. C'est trés bien.
II l'aune ntieux en argent...
Entendons-nous j il no demunde pas un tróne en
argent.
II demande que les catholiques lui payent l'argent
que coüterail le tróne d'or.
Cet argent, il propose de l'employer a racbeter du
service militaire les pauvres seminarisles a qui les
ministres du brigand italien veulent faire porter le
fusil.
L'idée n'est pas venue au pape de dire aux fiJèles
Donnez aux pauvres de tous les pays l'argent
que vous aurait coüté mon tróne d'or, et qui leur
assurera du pain pour bien des années; beaucoup
seront sauvés ainsi de la bonte, de la faim et du
péché.
C'est douimage.
II aurait été beaucoup plus sftr de voir ratifier par
la poslérité Ie surnorn de Grand, dont il ne veut
qu'après sa mort, et dont il prefère toucher par anti
cipation les revenus pendant sa vie. Chronique
A Monsieur l'Edileur de ^Opinion.
Monsieur,
La première journée de Ia fêle communale (dito
Tuyndagavait cette année, il faul en feüciter les
édiles yprois, un heureux caractère d'internationa-
lité. Suivant nous, il faudrait que toujours les fêtes
de nos grandes villes eussent cette tendance qui ré-
pondrail au vceu de notre temps, et mènerait a rca-
liser un jour le souhait humanitaire du bon Bèran-
ger, le chantre populaire par excellence, souhait qu'il
résumé dans le refrain de sa chanson La sainle
Alliance des Peuples
Peuples, formez une sainte alliance
Et donnez-vous la main.
Les sociélés d'harmonie et de chceurs de Lille,
Roubaix, Hazebrouck, Arraentiores, Bailleul, Steen
voorde, Bergues, Roucq, Dunkerque. avaient ré
pondu a rinvitation de la régence d'Ypres, par'une
visite d'autanl plus honorable pour nous que la
France, meurtrie el amoindrie lerritorialement, pou
vait ne songer qu'a panser ses blessures el a se re-
cueillir comme la Russie après la guerre de Cri-
mèe.
Pareille visile, dans un moment si pénible pour
elle, a done loute la portée d'un événement. Ce n'est
plus une simple courtoisie, c'est plus c'est la delle
de reconnaissance payée pour les services et les soins
que nous avons été si heureux de rendre aux vic-
times de la guerre.
Elle avait encore ceci de caractérislique que les
sentiments véritables de la jeune République se sont
fait jour par les voix de la société chorale la Jeune
Francede Dunkerque, dans la strophe Les pères
de familie, (barytons), du choeur intitule A la Bel-
glque. Salut et merciparoles de M. J. Bertrand, mu-
sique de M. Neerman, membres de la Jeune France
La mort a de saoglantes heures,
Que font sonner les conquérants
La guerre a vidé nos demeures,
i) Pour satisfaire deux tyrans.
O peuples, terminez ces guerres;
Pour le salut des nations.
Tendez-vous les mains aux frontières
El désarmez vos bataillons!
Et, comme pour conformer leurs faits el gestes a
ces magnifiques paroles, j tuiais nous n'avons vu nos
amis, les Francais, plus aimables que dans la fête du
dimanche, 6 aoüi. Ce sentiment se manifesta aussi
parliculièremenl chez les musiciens qui se firent en
tendre sur l'estrade de la Grand'Plaoe.
Sans vouloir de récriminations retrospectives, sur-
tout en ce moment, oü est le temps (cela ne date que
de l'année dernière,avant la guerre franco-allemande)
oü l'annexion de notre pays était pour le moindre
garde national une épée de Damociès qu'il lenait sus-
pendue sur nos têles.
Mais c'étail le mot d'ordre de l'homrrie de Sédan,
qui ne pouvait souffrir a ses frontières la Belgique et
les principes de sa Constitution democratique, trop
tentants pour ses malheureux sujets. II fallait de-
truire ce nid de démocrates, comme le dit un
jour M. de Bismark, prétend-on.
Aussi, les Francais, nos hóles d'un jour, n'ont ils
négligé aucune occasion de nous prouver leur recon-
naissance pour les services rendus. Une société d'har
monie avait été jusqu'a intercaler, comme couronne-
menl de la fin d'un morceau qu'elle exécutait, notre
Brabangonne. Nous nous rappelions a ce moment le
patriotique el touchaut usage anglais. Aux premiers
accords du God save the Queen, tous les Anglais se
lèvenl et se découvrent, rendant ainsi un hommage
respectueux au chant le plus sacré d'un peuple, Pair
national. Nousaurions voulu qu'ici au moins d'una-
niuies applaudissements eussent répondu au délicat
hommage de nos hóles. Mais pour rester fideles a la
vérité, nous devons declarer qu'a part quelques ap
plaudissements, cette galanterie resta incomprise de
la foule.
Notre intention n'a [tas été de faire un compte-
rendu complet du Festival international organisé a
l'occasion de la fête communale.
Après avoir constaté l'aititude fralernelle de nos
amis du Sud, je voudrais finir cette leltre par un
éloge et une petite critique.
Un éloge sans restriction pour l'idée heureuse d'a-
voir réuni les deux musiqnes des Sapeurs-pompiers
d'Ypres et du 1régiment de ligne dans le bul d'exé-
cuter en commun une Ouverture festival de Leutner,
el I'Hommage a Grétry, par Van Calck. L'exécution
de ces deux morceaux a etéparfaitea tous les points
de vue, ce qui prouve que si Vunion se fait par la
musique, elle peut et doitse faire aussi en politique.