générale. Une nation protestante allait écraser la fille ainée de l'Eglise. La papauté temporelle allait tomber avec la suprématie fran^aise et les symplömes avant-coureurs d'un grand schisme commen^aient a se manifester dans la science eatholique. Pour qu'au milieu de circonstances si défavo- rables, Ie parti clerical qu'ou disait définrtive- ment descendu dans la tombe put reprendre les rênes de notre gouvernement avec une impo sante majorité, il failait sans doute que Ie pro- gramme conservateur fut bien séduisant. A entendre les candidats de la veille leur succès devait signifier la suppression de l'armée perma nente, la réforme électorale, le développemeut de l'autonoraie des communes, la révision du cadastre, la moralisation de l'ouvrier, la réduction des impótset en même temps un merveilleux dévelop pemeut des travaux publics. I! y en avail pour toutes les professions et pour toutes les bourses. Qu'estdevenu ce prospectus-Langrand, appliqué a la politique? Autant demander oil sont lesneiges d'untan. Promettre et tenir sont deux il y a longtemps que les jésuites enseignerit celte maxime et que leurs dignes élèves, nos ministres cléricaux, la mettent en pratique. Sauf la réforme électorale qui a été un véritable escamotage aux dépens de la capacité, seule garantie du suf frage de l'avenir, les cléricaux au pouvoir n'ont rien fait, paree qu'ils ne pouvaient rien faire. La fraction du parti calholique qui se dit libé rale ou du moins constitutionnelle est un non-sens, une hérésie politique comme elle serait une hérésie religieuse, si elle existait réellement. Les seuls gens logiques de ce parti sont les ultramon- tains du Bien public qui déclarerit ouvertement ne se servir de nos libertés que pour les mieux détruire. Toutefois, comme heureusement ce lan- gage est pen goüté de nos populations, les can didats qui se présentent aux suffrages des élec- teurs catholiques, sont le plus souvent des person- nagestièdes, indécis, se disant et parfois se croyant dévoués a nos iibres institutions. On congoit que, pour ne pas trop alarmer la nation, e'est dans oe dernier groupe que les meneurs secrets du parti sont allés chercher les ministres. Mais on conQoit aussi qu'un cabinet, ainsi composé, se trouve dans une position des plus fausses vis-a-vis de son propre parti, aussi bien que de ses adversaires. Aussi, que de fautes, que d'erreurs, que d'écoles II suffit, pour juger leur administration, de jeter uncoup d'oeilsurles derniers mois delases* sion .Au début, leur attitude parut assez sage, paree qu'ils se tinrent sur la défensive. Quelque temps its ne firent pas de mal, paree qu'ils ne firent rien. Mais, depuis que, rassurés sur les dangers du dehors, nous sommes revenus aux préoccupations de la politique intérieure, lis ont accumulé en quelques semaines plus de sottises et d'injustices que les libéraux pendant leors nombreuses années de pouvoir. Rappelons seulement l'affaire des insti- tuteurs de Nimi-Meizières, Ie parcours prix rêduit des pèler ns, l'expulsion puérile de Victor Hugo, l'abolition du droit de débit de boissons, la désorganisation des postes, télégraphes et chemins defer (dossier Wasseige), les bévues de M. Kervyn dans l'organisation des encouragements littéraires et dramatiques, la réforme des tarifs, {'augmentation de l'impót foncier, les projets mili- taristes, la proposition Malou et par-dessus tout, le geste-Wasseige, parfait résumé de toute la politique eatholique l'adresse de ses électeurs. Le ministère ressemble vraiment un homme tombé dans un marais, qui, plus il se débat, plus il s'embourbe profondémeut dans le vase oü il va s'étouffer. En présence de cette situation, le libé ralisme et particulièrement la presse libérale ont un róle tout tracé Veiller sans relèche aux innombrables fautes de leurs adversaires, les dénoncer sans cesse au pays, montrer a la nation de quel cóté sont ses vrais intéréts et enfin opposer aux boniments électoraux du parti clérical un programme ferme et progressif qu'eux du moins sauront réaliser qu'and l'opinion leur aura rendu le pouvoir. Les fourberies de Scapin. II y a huil jours, l'Association dite libérale s'est rèuniepour la seconde fois. Quoique, dans la première réunion, il eüt étèdécidé qu'un appel serait fait dans la presse au concours de tous les libéraux, les meneurs n'onl tenu aucun conrpte de ceite decision la presse est restèe muette une nouvelle circulaire a été seu lement adressée a quelques personnes. Les termes mêtnes de cette convocation n'augu- raient rien de bon. II y était dit qu'une nouvelle assemblee générale aurait lieu a l'effet de procéder a l'examen préalable de toutes les questions qui ont trait a la révision du règlement. Du programme, pas un mot, rnalgré la décision de la majorité, dans la séance du S, qu'il y avail lieu d'en formuler un nouveau. Personne ne se dontait cependant, sauf les con fidents de Scapin, qu'on n'avail convoqué les libéraux que pour les faire assister a une nouvelle édition dés scandaleux tripotages d'autrefois. Aussi l'indignation a-t-elle été grande, mèmeparmi les devoués, lorsqu'on a vu uri employé de l'Hótel-de-Ville colporter des'bul letins sur lesquels (iguraient les noms de tous ceux que les meneurs voulaient noinmer de la commission. Le choix avail été fait en familie.... inter pocula. En téte de la liste se trouvait M. Carton Hls. Natu- rellement, le berger devant son troupeau. Puis, pareil a Sancho Panca, suivait I'écuyer fidele, le chevalier sans peur et sans reproche, le célèbre bourgmestre dont le libéralisme a tous crins installa des nonnes ignoranlesdansl'écolecommunale. Puisencore M. Ma- zeman, le sénateur clérico-doctrinaire, le galant pro- tecieur des dames de Lamotte, M. Ricquier, le bon bourgmestre de Warnêton, celui qui petril la pétle électorale en compagnie de son curé et, pour cou- ronner l'édifice et sans doute en consolider les fonde- ments, le tres digne, trés honorable et trés respec table monsieur Van Merris. Ouf II en manque un. Sur cette liste figurait encore le- noble bourgmestre de Zodnebeke mais cette fois la corde était trop tendueelle se rompit et M. le bourgmestre de Zonnebeke fit la culbute devant l'urne. Et voila les hommes quela coterie destinea réformer l'Association Voit-on assez clair maintenant? Avions-nous rai- son de dire qu'ou voulait seulement jeter de la pou- dre aux yeux, redorer la pilule. Comment! On in- voque le concours des libéraux, et ceux qu'on appelle on lesexclut systématiquement des délibératious, on leur ferme la bouche a coups de bulletins de vote Comment I On veul faire disparaitre, prétend-on, les abus et on nomme pour celte besogne ceux qui vi- vent de ces abus! Comment! On fait appel a la ré- conciliation et a M. De Laveleye qui a prêohé chaleu- reusement cette réconciliation on préfère un M. Bayart, le haineux valet de la coterie Fourberies que tout cela! On ne vise qU'a une chose préparer pour le mois de juin prochain la candidature de M. Carton. C'esl le seul but que pour- suive la coterie le reste lui importe peu. Mais les libéraux sincères, ceux qui placent leurs convictions avant leurs intéréts, seront-ils plus long temps dupes de cette fantasmagorie Bien peu de nos amis, nous le disons avec bonheur, assistaient a l'as- semblée du 12. En présence de la l'acou dont on a eseamote le vote, il n'esl personne, queique soit d'ail- leurs son opinion a propos des projets de réforme, pour peu qu'il ait souci de sa dignile, il n'est per sonne, disons-nous, qui puisse consentir a prêter son concours a la coinédie doctrinaire. Aussi ne serions- nous pas elonné de voir le nombre des assistants di- minuer a chaque nouvelle réunion. Des démissions seront inévitablement données et déja, nous le tenons de bonne source, deux des nouveaux commissaires élus refusent le mandat. L'mtrigue est percée a jour l'oeuvre de la eolerie est condamnée a la stérilité. Les libéraux ne donneront pas dans lepiége; on ne Ie verra jamais mieux qu'en juin 1872. Nous sommes heureux de pouvoir communiquer a nos lecteurs les deux lettres qui suivent dont il est inutile de faire ressortir l'inlérêt Association des Artistes pcintres Sculp leurs Architectes. Graveurs et Dessinateurs. Paris,le4aoüt 1871. A Monsieur Auguste Böhm, peinlrechevalier de l'ordre de Leopold Vice-President, honoraire du Comité de l'Association des artistes -peinlres, sculp- teursarchitectesgraveurs et dessinateurs d Ypres. Monsieur et trés cher oollègue, Pendant les malheurs que la France vient d'éprou- ver, vous vous êtes souvenu qu'un lien vous atlachait a nous et vous avez voulu contribuer, par tous les moyens en votre pouvoir, a soulager nos malheureux soldats refugiés sur le sol beige, aider nos confrères artistes, nou moins éprouvés, en organisant, sous l'initiative d'un généreux bienfaiteur des arts, une vente des oeuvres des artistes francais, et en dernier lieu, si nous avons eu le plaisir de vous voir au milieu de nous a Paris, c'élait pour nous présenter les avanlages de ['exposition de Gand. Merci mille fois a vous, trés cher collègue, M. Ter Bruggen, a 1/ us les artistes beiges, prés desquels nous vous prions d'être l'interprète de nos sentiments de gratitude, et recevez, avec le litre de Vice-Président honoraire de notre Comité qui vous a été décerné a l'unanimité dans la séance du Vendr.edi, 28 Juiliet, ('expression de nos alfectueux sentiments de confraternité. Les membres du comité Baron J. Taylor, président, membre de l'institut Robert Fleury, membre de l'institut Léon Cogniel, idem; J. Pils, idem Signol, idem Jouffroy, idem Barye, idem Ballard, idem A. Lenoir, idem A. Martinet, idem Eüg. Bellangé, Justin Ouvrié, Louis Rochet, B. Frison, Auteroche, A Iladamard, P. Girard, A. De Fon- tenay, Arthur Roberts, L. Lavigne, L.-J. David, Ch. Rochet, Lucas, Mathieu Meusnier, Ch. Fourdrin. Soulange Teissier, Jules David, A. Faure, Allongé, E. Cibol, Guilberl, E. Blanc le Secrétaire Ch. Francois. Paris, le 14 aoüt 1871. Monsieur Auguste Böiim. Monsieur et trés cher collègue, Je vous envoie la lettre que le Comité vous adresse. J'ai essayé de faire disparaitre le beau püté qui s'y trouve; mais comme c'est l'oeuvre d'un membre de rinstitut, c'est a dire d'un immortel, il doit être itn- périssable. J'ai pensé vous faire plaisir en vous cominuniquant les extraits des procès-verbaux qui vons concernent. Comme vous le verrez, vous avez eté nommé a l'unanimité, notre vice-président honoraire, ce qui est un Litre perpétuel et non soumis a l'élection. J'en suis pour ma part trés heureux, cette marque de sympa thie vous était bien due pour tont l'intérêt que vous avez touj'ours porté a notre oeuvre. Croyt z a mes meilleurs sentiments et je vous sorre les mains bien affectueusement. Le Secrétaire du Comité, Cn. Francois. Correspondance particuliere «le l'OIM ABOA'. Bruxelles, 24 aoüt 1871. I.e temps, qui s'est décidérnent mis au beau, a chassè tout ce qui restait encore ft Bruxelles de gens s'occupant de politique. Nous voici en plein chómage pour tout le restant de l'été. Ma'heureusement pour le cabinet qui s'accommode fort bien de ce temps de répit, l'ète marche a grands pas. Encore quelques semaines et il faudra déja qu'il songe a se préparer a la réouverture de la session prochaine, qui promet d'être non moins laborieuse pour lui que la prècédente. Carnecroyez pas, si nos ministres ne font rien, qu'ils ne travaillenL pas. Ce pauvre M. Kervyn s'est fait une vie de nègre et, quant a Wasseige, il n'y a pas de semnine qu'il ne passe une on deux nuits a aligner des chiffres. M. Cornesse est le seal de ce curieux trio qui se soit arrange une douce existence. II sait par coeur cinq ou six phrases sur <t les passions u dèlétères qui minent sourdement les bases de. o l'ordre social. II les récite de temps en temps tout haut avec une voix tremblante d'émotion. II est con-

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 2