D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT If PRES, Dimanche Neuvième année. j\° 36, 3 Septembre 1871. Le tout payable d'avance. PK1X »'AB«»HEHE1T POUR LA BELGIQUE 8 francs par an; 4 fr. 50 par semestre. Pour FEtranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes, PRIX MES AilNOXCES ET DES RECLAMES 10 Centimes Ia petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Paraissant Ie dimanche. On s'abonne a, Ypres, au bureau du Journal, rue de Dixmude, 59. On traite a forfait pour les annonces souvent reproduites. Toutes lettres ou envois d'argent doivent étre adressés franco au bureau du journal. Les feuilles catholiques la Paix en tête sont aujourd'hui bigrement en colère, comme le Père Duchène leur inspirateur figurez-vous que la presse libérale n'a versé aucun pleur amer en apprenant qu'on allait supprimer Rome un cer tain riombre de ces asiles de la fainéantise et de Ia débauche vulgairement appelês couvents. Voilé, s'écrient nos Yeuillotins indigriés, voilé comment les libéroulles aiment la liberté Les catholiques, nous devons le dire, entou- rent, quant eux, nos libertés de l'amour le plus profond et le plus ardent, lis défendent avec une rare intrépidité la liberté de conscience les me- sures prises l'égard des professeurs de Roche- fort en sont la preuve la plus palpable; ils donneraient leur tête pour assurer la liberté de la presse la discussion et le vote de la loi abolitive de la contrainte par corps ne laissent aucun doute eet égard ils sont les champions les plus convaincus de la liberté d'enseignementles amé- nités dont ils honorent les écoles privées oü le clergé n'a rien dire, et les propos que celui—ci tient dans ia chaire et le confessionnal, démon- trent toute évidence de quelles intentions loua- bles nos dévots sont animésenfin, par sa fameuse proposition, réclamée dans les sacristies, eet excellent M. Malou a prouvé que la liberté dissociation était pour les catholiques une arche- sainte sur laquelle ils ne voudraient jamais porter une main sacrilége. Done les feuilles pieuses, la consciencieuse Paix en tête, sont autorisées dénoncer l'in- dignation de tous les habitants de la terre et du ciel les tendances liberticides des organes infects du journalisme beige. Mais nous gagerions gros que M. Coomans et ses dévots confrères imite- raient de Kervyn le silence prudent s'il s'agissait de supprimer des associations gênantes pour l'ul- tramontanisme. Ne les avons-nous pas vus, tout récemment, applaudir un décret rendu par le sire de Bavière et ayant pour but de supprimer la bureaucratie magonnique? Ces réflexions émises nous ajouterons que les couvents sont des institutions anti-sociales, et que, pour notre part, nous n'hésiterions pas les supprimer. Quand l'heure des grandes réformes aura sonné, quand chaque citoyen sera mis dans ^obligation de fournir sa part de travail, le mo- naehisme disparaitra forcément, et ainsi sera ex- tirpée, pour l'honneur et le bonheur de la société, une lèpre offreuse qui la ronge. Les feuilles et les correspondences d'outre- Rhin nous assurent que l'entrevue des deux empereurs Gastein aura pour efFet la conclusion d'une alliance et le désarmement. L'adhésion du Czar, celle du roi d'Italie et celle du Sultan sont, parait-il, assurées. lis ont promis. Or, parole de princes.,. Enfin le repos de l'Europe serait garanti pour longtemps. Admirons la magnanimité de ces potentate, qui ont eu pitié de nous et daignent nous accorder quelques années de répit, sans que rien les y force. Car s'ils s'entendent pour nous laisser reposer, ils pourraient aussi convenir de continuer nous faire massacrer mutuellement, sans autre motif que leur bon plaisir. Ainsi le sort de centaines de millions d'homraes dépend des haines personnelles, de la mauvaise digestion ou des calculs égoïstes de trois ou quatre d'entre eux, presque toujours les plus délabrés d'estomac et les plus pauvres d'esprit. C'est Ie principe monarchique, e'est la base de I'ordre les trois quarts de ces millions d'im- béciies, qui s'y soumettent bénévolement, se le sont, du moins, laissé persuader, et la peur a rendu leur bêtise incurable. De telle sorte qu'il ne reste aux gens sensés qu'é se féliciter et jouir des moments de repos que nous devons la condescendence du Czar, des empereurs et du sultan. II faut désespérer, en effet, d'ouvrir les yeux des peuples, puisque les horreurs de la dernière guerre n'ont pas suffi leur inspirer la ferme volonté d'assurer définitivement la paix, en ne permettant plus qu'elle dépende de la rencontre et de l'humour de deux empereurs. Les pèlerinages sont eu baisse. II y a eu dimanche un pèlerinage a Malines, et il parail que ie nombre des pèlerins üamands y était fort réduit. C'est le Bien public de Gand, qui le dit, et il faut que la chose soit dix fois vraie pour qu'il l'avoue. Quoiqu'il y eüt dimanche a Malines, un assez bon u nombre de pèlerins üamands, nous devons expri- mer le regret que nos Flaodres ne se soient pas associées, celte fois, au pèlerinage de Malines avec un zèle et un éclat plus dignes de leur foi et du dévouement au saint siége, dont elles ont donne v tant de preuves. La foule n'y manquait pourtant pas, et il va sans dire, puisque c'est le Bien public qui raconte la fête. que celle-ci était tnagnifique. II évalue a 80,000 per- sonnes Itf nombre des pèlerins. C'est beaucoup il est probable qu'il y a un zéro de trop, moins qu'il n'ait compté, d'abord toute la population de Malines, puis, tous les voyageurs qui ont traversé dimanche cette station de croisement de nos voies ferrées. On se lassede tout; mêmedes pèlerinages nationaux et internationaux en l'honneur du saint siége; ce qui le prouve bien, c'est la lassitude des pèlerins des deux Flaodres. Puis, sans doute, les pieux meneurs n'étaient pas la. C'est un enthousiasme qui a besoin d'être embrigadé, entrainé, peut-être payé aussi, et autrement que par des indulgences. Les sportmens de ce turf nouveau étaient en vacances. On en a vu quelques-uns sur les plages, oü ils s'attendrissaient en face de la mer, sous le regard de Dieu, devant une sole a la normande et une mayonnaise de homards, sur l'auguste captif du Vatican. Naturellement, pendant ce temps-la, les pèlerinages pour la bonne cause languissent un peu. Mais l'au guste captif du Vatican n'y perdra rien. Ce n'est pas la manifestation qui importe, c'est le récit, et les récits de ces sortes de choses sont toujours superbes. II n'y aurait a la manifestation que quatre pelés et six tondns, que le comple-rendu n'en souffrirait pas. On n'en dirait pas moins il y avait quatre-vingt mille pèlerins, en dépit même de l'abstention des Flau- dres. Quant aux détails, ils sont stéréotypés. C'est tou jours l'idéal de la grandeur humaine. o Ces cbèsses qui dominaient la foule, ces chants graves, eet uni- versel recueillement, tout cela donnait la prière publique de tout un peuple pour le vieaire de Jésus- o Christ, un caraclère d'ineffable grandeur qui rap- pelait les plus beaux ages de la foi. II faut les yeux de la foi, pour voir les choses ainsi- Les indifférents qui rencontrent ces processions en sont d'ordinaire peu édifiés. On sait que ce n'est en general ni par Finlelligence ni par la beauté physique que brillent les pèlerins. Le plus souvent, on ne voit defiler que toutes les variétés du crélinisene. Un ob- servateur, dont la remarque a été souvent consignée dans les journaux, disaii, voyant ces têtes et ces figures, sur lesquelles la piété couvre insuffisamment des instincts peu nobles C'est le defile des sept péchés capitaux. Tous les chefs ordinaires n'avaient pas fait défaut. On remarquait la, c'est le Uien public qui le constat^, les comtes d'Ursel, de Villermont, d'Alcantara, de Nédouchelbref, beaucoup de comtes, puis, les trois sènateurs accoutumés a manifester de concert dans toutes ces fètes, a ce point qu'on les compare aux trois anabaptistes du Prophéte, le baron de Cannart d'Hamale, Ie baron Dellafaille et Van Caloen de Gourcy. Le Bien public a grand soin de suivre la hiërarchie. Les barons ne viennent qu'après les comtes. el M. Van Caloen le dernier. Ne serait il pas même baron C'est triste. Mais il nous semble, il'aprésces noms, que plusieurs grands chefs des Flandres étaient la. C'étaient done les soldats qui manquaieni! On ne dit rien des organisaleurs habituels. II est done vrai qu'ils avaient, en ce grand jour, manifesté dé prefe rence au Casino de Ilevst ou au Cercle des Bains Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez votre pensee YPRES, z Septembre

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 1