d'Ostende devanl la mayonnaise de homards. Peul- être qu'on boude un peu l'arebevêché. et puis, M. Dechamps n'est pas encore cardinal, il n'a pas encore la pourpre, dont les homards resplendissent quand ils sont cuits. Janin les a appelés les cardinaux de la mer; c'est pent-être pour cela que plusieurs pè- lerins de la presse catholique, de ceux qui haltent d'ordinaire Ie rappel des manifestations en I'honneur de I'auguste captif do Vatican, ont vouéaux ho mards une sorte d^ culte. Mais, pendant qu'ils s'y livrent, les manifestations baissent. Heureusemeot, les barons sont la, el les comtes, et ce sont les comtes qui font l'histoire, et qui vont la dire Rome. Le pape, en la recevant, les bènit, et dit avec mélanco- lie, comrne Calchas Trop de fleurs! La presse bruxelloise s'occupe beaucoup d'un aveu dépouillé d'artifices qui vient d'échapper au Journal de Bruxelles. Pour combattre la réforme dont M. Was- seige se dispose a faire cadeau au pays, quelques fol- liculaires libérêtres s'étaient permis de s'appuyer sur les chiffres d'une publication oflicielle, le compte- rendu des opéralions du chemin de fer de CE lat, pré senté aux Chambres par M. Wasseige, signe par M. Wasseige, et rempli de documents et de statistiques qui prouvent que la réforme de M. Wasseige n'est nullement justifiée par la situation financière de i'ad- ministration des chemins de fer. Avec une désinvolture dool on ne croirait point capable une feuille qui a alteinl l'age respectable de 54 ans, Ie Journal de Bruxelles declare qu'il se sou- cie du volume officie! comme M. Cornesse de ses an ciennes tirades anii-militaristes, el qu'il s'en bat l'oeil avec une serénité sans nuage et ce, paree qu'il n'est nullement prouvé que M. Wasseige ait eu le temps de lire le document en question. Bien qu'il l'ait signè et présenté a la Chambre, il ne saurait être responsable de ce qu'il contient. Textuel. UEtoile, journal grincheux, a le toupet de s'éton- ner de cette explication et de la trouver insuffisaute. G'esl un peu fort. La presse libéroufle n'a done plus pour cinq centimes de pudeur! Rendons aux catholiques cette justice qu'ils ne perdent pas de temps. La question des cimetières, autour de laquelle les libéraux ont tourné pendant leur long passage au pouvoir sans oser jamais l'abor- der de front, va recevoir bientót sa solution. La com mission spéciale, nornmée a eet effet, a terminé son oeuvre funeraire et rédigé un avant-projet qui donne une compléte satisfaction a toutes les pretentions du clergé. Nousavons a signaler de nouvelles irrégularités dans le service de la Poste. L'Opinion déposée au bureau de Bruxelles les 19 et 26 aoüt, 5 4 heures I de relevée, est arrivée Ypres le lendemain, a 9 heures du matin, au lieu d'y arriver le sumedi soir a 10 heures. Faits et gestes de la Société d'Fxpioifatiou. Un nouvel accident s'est produit vendredi sur Ia ligne de la Flandre Occidentale. La locomotive conduisarit le premier train de Poperinghe a Courtrai a brisé l'un de ses pistons dans la station de Wevelgfhem. Quand les voyageurs sont arrivés a Courtrai, le chef de cette gare avait déja expédié un train sur Bruxelles sans conriaitre ui la nature de l'acci- dent ni le temps que prendrait le retard du train de Poperinghe. Par suite de ces agissements, les voyageurs de la Flandre nesont arrivés a Bruxelles qua une beure quoiqu'il eut été facile a la Société d'Exploi.tation de les rendre a destination vers 9 heures comme c'était son devoir. On ne saurait se moquer plus désagréablement du public. La pleiade chargée de réviser le règlement de l'Association libérale, est bien choisie elle com- prend six membres fesant partie de la Société du Saint-Sacremenl et qui portent un cierge la pro cession de leur paroisse, trois marguilliers, etc,etc., et même des signataires de la pétition au roi Léopold II pour qu'il intervienne en faveur du rétablissement de Pie IX. Du reste, qu'è cela ne tierine, ils seront soumis. Ca suffit. Dimanche dernier, les voyageurs du dernier train de Courtrai vers Ypres, furent agréablement surpris, ii leur passage a Wervicq, du spectacle d'un magni- fique feu d'artiSce. La Société de fanfares Les Amis Eéunis, sous la présidence de M. Césaire Van Elslande, donnait une admirable fête de nuit eommencée par un conceri vocal et instrumental dans le jardin de la Demi-Lune, suivie d'un bal dans les salons de la Société. II y avait foule a cel te fótequi n'a jamais eu sa pareille a Wervicq l'illuminalion de l'estrade, des bosquets et despelouses du pare était rehaussée par l'éclairage a la lumiére électrique de couleurs variées dans la salie de bal, en face de l'estrade d'orcbest re, s'èialait frais et char mant un verdoyant parterre du centre duquel s'ele- vait un miroitant jet d'eau pendant le bal, le jet d'eau devint jet de vin a l'usage des danseurs. Les organisateurs de cette fête furent trés félicités. Leur savoir faire émerveillait lous ceux qui ont eu l'avantage de prendre leur part de plaisir au concert el au bal terminé vers le matin par un galop infernal des mieux reussis. Ce galop infernal intriguait passablement les gens moroses et vieilles idéés. Que n'y ont-ils été? lis s'en seraient, peut-êlre, donné a coeur joie, n'y trou- vant pas un seul suppót de Belzébuth faisant des entreehals de damné. Ils auraient au moins eu l'occa- sion de faire bonne oeuvre en donnant a la quête au profit des pauvres, faite par M. le Président de Ia Société. s En fait d'administration et d'enseignemerit la Belgique partage bien des erreurs de la France, et les lignes suivantes du Journal des Débats peuvent s'appliquer a nous aussi bien qu'a nos voisins, surtout maintenant que nos ministres, par la gréce des évêques, cherchent sans cesse a metlre un fameux temps d'arrêt dans le dévelop— pement de l'instruction publique a Une question qui ne fait pas beaucoup parler d'elle, c'est celle de l'instruction graluite et obliga toire. II est vrai qu'elle n'a d'autre litre de recom- mandationque d'intéresser au plus haut point Tave- nir de la France, et c'est probablemenl ce qui explique pourquoi on s'en occupe si peu. Elle fait pouriant son chemin insensiblement, gréce aux efforts de quelques hommes de bonne volonté. II y a quelques jours, c'é tait M. Henri de Lacretelle quideposaita la Chambre un projet de loi en faveur de l'enseignement primaire obligatoire et gratuit. Nous apprenons aujourd'hui qu'un nouveau projet dans le même sens a été dé- posé hier sous la signature de plusieurs depuiés parmi lesquels nous signalerons M. Bethraont et M. Vacherot. II va sans dire que l'urgence n'est jamais deman- dée pour ces sorles de propositions; ceserait de leur part trop d'audace, et on le leur ferait bien voir. Elles doivent se glisser timidement et sans bruit, quand d'aventure il se irouve une porte entre-baillee. II faudra pouriant bien ün jour que la porte s'ouvre toute grande. Encourageons, eu attendant, les hom mes qui reconnaissent que l'instruction populaire est une question de vie ou de mort pour Ie pays, et qui pour faire triornpher ce principe ne se laissent rebuter par nucun obstacle. Nous croyons que nos lecteurs liront avec plaisir ces passages qui terminent le deniier roman d'Erckmann-Chalrian, le Maitre d'école. Voici les idéés d'Erckmann-Chatrian en matière d'ensei- gnement populaire HAcnseigncinent populaire. Tu aurais beau couvrir la France d'écoles, si les maitres enscignaient aux enfatits que deux et deux valent un, et que les peuples soul faits pour se com battre et se détruire comme des bêtes férocesc'est la bêtise et la barbarie et non I'intelligence humaiue que tu développerais. Je dis done qu'il faut metlre decóté les livres rao- narchiques el les reraplacer par des livres démocra- tiques. L'histoire sainle et le catéchisme ne regardent pas l'instituteur que le curé les enseigne dans son église, et le pasteur daus son temple, rien de mieux c'est leur droit el leur devoir. Mais c'est aussi notre devoir d'exiger que l'instituteur apprenne a nos enfants l'histoire de la race franc,ïise el le catéchisme des droits et des devoirs du ciloyen francais. Je dis el l'histoire de la race francaise et non l'histoire des rois de France, afin qu'on sache ce qu'était le peuple du temps des Gaulois sous les Romains, les Mérovingiens, les Carlovingiens, les Capéliens, ce qu'il supportait, ce qu'il souffrait, ce qu'il endurait, enfin cc qu'il était dans la nation. Qu'on raconte aux enfants les amèliorations, les inventions, les progrès de l'instruction, de la liberté, de l'agriculture, du commerce, de l'industrie qu'on grave dans leur mémoire les noms des hommes qui ont fait ces décou- vertes, provoqué ou rèalisé ces amèliorations voilé les choses qu'il faut apprendre, et les hommes qu'il faut connaitre, aimer et respecter dés l'enfance. Et de même pour le catéchisme des droits et des devoirs des citoyens francais. Dans un pays de suf frage universel, il faut que le peuple agisse en con- naissance de cause. Je voudrais que ce petit livre, par demandes et par reponses, apprit a nos enfants les droits et les devoirs qu'ils auront un jour. Qu'est- ce que la démocratie? qu'est ce que la constitution qu'est ce que Ia commune, le canton, l'arrondisse- ment, le département? Quels sont les droits du préfet, du conseil général, du conseil municipal, du maire? Qu'est-ce que la loi électorale 1 quels sont les droits et les devoirs de l'électeur, etc., etc. Tout cela, clair et simple, dans un langage a la portee de fout Ie monde, peul tenir en cent pages, l'histoire du peuple francais en deux cents. II faudrnit mettre tout de suite ces petits livres au concours, et les enseigner dans lesécoles primaires. Dans dix ans, quand tout ceux qui vont en classe aujourd'hui, el auxquels vous aurez appris ces choses, seront devenus electeurs, vous aurez un suffrage universel éclairé, capable de discuter, de choisir, d'exercer réellement sa souve- raineté. On ne lui escamotera plus de plebiscites la liberté sera fondée sur des bases solides, et notre pays reprendra peut-être pour des siècles la première place en Europe. D'ailleurs, qui vous empêcherait de faire subir un examen aux jeunes gens avanl de les inscrire sur les tables electoratesOn en passé bien un pour être ad- mis a la première communion. Tu réclames ton droit, preuve que tu te conuais, que tu es a même de l'exercer, aulrement tu ne serais pas inscrit. Ge se rail juste, puisqu'on leur aurait enseignè leurs droits et lours devoirs de citoyens a l'école. Par ce moyen, vous purifieriez, vous relèveriez le suffrage univer sel. Voilé ce que peut faire l'instruction primaire gra tuite et obligatoire, organisée dèmncratiquementelle peul effacer l'antagonisme des classes et relever noire pays. J'avais done raison de le dire que c'est la question principale, celle dont il faut s'occuper avant toutes les autres. Ne pense pas néanmoins que je considère l'instruc tion secondaire comme inutile au peup'e et bonne seulemeut pour les fils des ger.s de commerce et des bourgeois. Rien n'est plus loin de mes idees. Je re- garde au contraire cette instruction comme indispen sable, et je. voudrais voir établir beaucoup d'écoles supérieures il n'y en aura jamais trop. Ces écoles existent déja dans un certain nonibre de bourgades, je lesais; mais on les a malheureusement négligées jusqu'a ce jour elles ne produisent rien ou presque rien. Ce serail pouriant facile d'en faire quelque chose de trés bon, et cela sans grande dèpense. Voici commentnous avons dans chaque chef-lieu de can ton un juge de paix, un pharmacien, deux et même jusqu'a trois mèdecins. Pourquoi ne demanderait-on pas au juge de paix de faire un cours de droit pratique, au pharmacien un cours de botanique et de chimie, au médecin un cours d'hygiène et de médecine élémentaire? Ils ne refuse- raient pas, j'en suis sur, et se contenteraient de peu de chose pour leur peine. Ces écoles deviendraient ainsi de petites facultés rurales, off les paysatfs riches

HISTORISCHE KRANTEN

L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 2