Pareille chose n'aurait pas lieu si la Société avait des locomotives de secours toutes prètes et nous sommes surpris que Ie gouvernement, qui a un commissaire-surveillant Courtrai, tolère pa- reils abus. II ne se passe pas de jours, pour ainsi dire, que Pun ou I'autre train soit en retard. Nous fatigue- rions nos lecteurs les énumérer tous. Disons cependant qu'après les retards du 1" et du 2 que nous venons de citer, Ie lendemain 3 ie train de 9 h. du matin est arrivé a 9 h. 30 m. a Ypres et celui de 11 h. 45 est parti de cette vilie pour Hazebrouck a 12 h. 30 m. Les croisements ne peuvent presque jamais avoir lieu dans les gares réglementaires par suite des retards continuels. Amelioration des races. Les journaux nous ont appris qu'aux dernières courses de Waeregbem un jockey s'est cassé une cóte, et un cheval son épine dorsale. Cela va bien, et les races, tanl l'humaine que ia chevaline, comme dirait Ie bon fabuliste, ne peuvent que gagner a ces jeux. Esperons que, grêce a ces succes qui, naturellement, font le bonheur d'un tas d'imbeciles, tous les résultats seront bientótatteints. Ibittératnre sacrce. Une des bouclies ouvertes par l'Uglise. Le correspondant romain du Journal de Uruxelles reproduit une boutade assez vive de Mgr Nardi contre le Times, Vindépendance, la Gazelle de Cologne et autres journaux qui accueillent des bruits men- songers sur l'élat de santé du pape. Le doux disciple du Christ a déclaré qu'il remue tous les jours lefumier de ces mauvais journaux il n'y voit que a calomnies stupides, mensonges in- terminables, insultes laches et triviales. Quant aux journalistes qui rédigent ces feuilles, ce -sont des butors, des écrivassiers, de pauvres hères qui n'ont pas un milligramme de sens commun, des pleutres immendes, des cuarognes vivantes. Après avoir reproduit ce petit morceau de liltéra- ture sacrée, le correspondant du Journal de Uruxelles daigne ajouter: Ce langage est vif, j'en conviens. Assez vif, en effet. Si un écrivain de notre presse libérale se permeitait de s'exprimer ainsi, on le trai- terait certainement de a bon bougie a poils de la familie du père Duchéne, d'écrivain de mauvais lieu et l'on aurait raison mais, dans la presse catholique, pareil langage passé souvent inapercu. Affaire BRngo. Le parquet de Bruxelles s'étant enfin décidé a pour suivre les auteurs de ['attentat nocturne commis a la Place des Barricades, M. Victor Hugo, appelé, prés de trois mois après la perpétralion des faits, devant M. le juge d'instruction de Diekirck (Luxembourg), a demandèacte de la protestation qu'on va lire Le 1e* juin '1871, au moment de quitter la Belgique, j'ai publié la declaration que voici o L'assaut nocturne d'une maison est un crime qualifiè. A six heures du malin, Ie procureur du roi devait être dans ma maison l'etat des lieux devait être constaté judiciairement, IVnquête de justice en règle devait commencer, cinq temoins devaient être immédiatement entendus, les trois servantes, Ma dame Charles Hugo et moi. Rien de tout cela n'a eté fait. Aucun magisirat instructeur n'est venu aucune verification légale des dégêts, aucun interrogatoire. Demain toute trace aura a peu prés disparu, et les lémoins seront disperses. L'inlention de ne rien voir est ici évidente. Après la police sourde, la justice aveugie. Pas une deposition n'a éte judiciairement recueillie, et Ie premier, qu'avant tout on devait appeler, on l'expulse. Victor Hugo. s Tout ce que j'ai indiqué, dans ce qu'on vient de lire, s'est realise. O Aujourd'hui 20aoütl871, je suis cité i) faire, par devant le juge d'instruction de Diekirck (Luxem bourg), délégué par commission rogatoire, la décla- ration de l'acte tenté contre moi dans la nuit du 27 mai. i) Deux mois et vingt-quatre jours se sont écoulés. Je suis en pays étranger. Le gouvernement beige a laissé aux traces ma- matérielles le temps de disparaitre. et aux témofns le temps de sé disperser etd'ouhlier. Puis, quand il a fait tout ce qu'il a pu pour rendre l'enquête illusoire, il commence l'enquête quand la justice beige pense qu'au bout de prés de trois mois, le fait a eo le temps de s'evanouir judi ciairement et est devenu insaisissable, elle se saisit du fait. o Pour commencer, au mépris du code, elle qua lifiè, dans la citation qui m'est remise, l'assaut d'une maison par une bande armée de pierres et poussant des cris de mort violation de domicile. Pourquoi pas tapage nocturne' A mes yeux, le crime qualifiè de la place des Barricades a une cirtonstance atténuante. C'est un fait politique. C'est un acte sauvage et iticonscienl, un acte d'ignorance et d'imbécilité, du même genre que les faits reprochés aux agents de la Commune. Cette assimilation est acquise aux hommes de la place des Barricades, lis ont agi avt uglément comme agis- saient les instruments de la Commune. C'est pourquoi je les couvre de la même exception. C'est pourquoi il ne m'a pas convenu d'etre plaignant. C'est pourquoi, témoin, j'eusse plaidé la cir- constance atténuante qu'on vient d'entendre. i) Mais je n'ai pas voulu être plaignant, et le gou vernement beige n'a pas voulu que je fusse témoin. Je serai absent. Par le fait de qui Par le fait du gouvernement beige. La conduite du ministère catholique beige, dans cette affaire, a excilé l'indignation de toute la presse libre de l'Europe, que je remercie. En résumé Prés de Irois mois s'étant écoulés, Les traces malérielles du fait étant effacées, i) Les témoins étant dispersés, Le principal témoin, le controleur nécessaire de l'instruction, étant écarté, L'enquête réelle n'étant plus possible, Le débat contradictoire n'étant plus possible, II est évident que ce simulacre d'instruction ne peut aboutir qu'a un procés dérisoire, ou a une or- donnance de non-lieu, plus derisoire encore. Je signale el je constate cette forme nouvelle du déni de justice. Je proteste contre tout ce qui a pu se faire en arrière de moi. L'audacieuse el inqualifiable tentative faite contre mon fils, a propos de ses tableaux, par la justice beige, montre surabondamment de quoi elle -est capable. Jé maintiens contre le gouvernement beige et contre la justice be'ge toules mes réserves. Je fais juge de cette justice-la la conscience publique. Diekirch, 22 aoüt 1871Victor Hugo. Q.ioi qu'en prétendent certains journaux, nous somme de l'avis de l'illustre poëte et nous joignons notre protestation a la sienne. De deux choses l'une ou les fails perpétrés sont répressibles, ou ils ne le sont pas. Au premier cas, i! fallait poursuivre de suite; au second cas, il ne fallait pas poursuivre du tout. La logique est pour M. Hugo et contre le Parquet. Poursuivre aujourd'hui est une dérision. Or, nous aimons mieux pas de justice du tout qn'une justice dérisoire. La clirislianis.-Uion «le la peinture. Une nouvelle christianisation. On accuse, dans les ateliers, M. Kervyn de LeJtenhove, de vouloir chris- tianiser la peinture. Nous ne connaissons p is les faits de la cause. Tout cc que nous savons c'est qu'on voit assez fréquemment figurer au Moniteur des arrêtés qu'allouent des sommes importantes a l'achat de ta bleaux clestinés a orner les églis s. Ces libéralilés servent, il est vrai, a encourager 'es jeunes peintres. Mais il n'est pas moins vrai qu'elles constituent surtout un encouragement pour les églises, qui vont se trouver partout magnifiquement ornées d'objets d'art, et qu'elles crécnt un privilége au profit de la peinture religieuse. Si l'on veut sé- rieusement encourager les jeunes peintres, il y a mieux a faire que de leur acheter des tableaux pour les églises. La peinture peut aider puissatnment l'enseigne- ment, n'est-ce pas? Que n'emploie-t-on l'argent qui passe en subsides a faire exécuter par les jeunes peintres des tableaux, tant bons que mauvais, instructifs toujours qui décoreraient les locaux oü se donnent 1'enseignemeDt populaire Les saints martyrs que les idolatres percent, brü- lent, découpent, sont certainement des personnages fort intéressants sous leur auréole et ils valent bien un portrait sans doute... Mais les grands citoyens et les héros de notre histoire nationale sont pour le moins lout aussi intéressants a un autre point de vue cependant et ils méritent tout autant d'avoir leur portrait payé par le gouvernement. Mais les scènes, grandes et petites, de notre his toire nationale méritent bien mieux la peinture offi- cielle que les mésaventures arrivees. même aux saints les plus renoramés. Mais les salles d'école, locaux publics, meritent cent fois plus de recevoir des tableaux de la généro- sité du gouvernement que les églises. lesquelles sont des locaux particuliers et généralement assez riches pour s'en payer elles-mêmes. Chronique Correspondance particuliere de 1'OPÏAIIOA'. Bruxelles, 8 seplembre 1871. La concorde est rentree au camp d'Agramant. Dé- sormais le ministère peut dormir en paix sur ses douze oreilles il n'a plus rien a redouter de l'oppo- sition du Bien public et de la Patrie de Bruges, qui l'a tenu, tout un temps, dans une si vive alarme et dont la question militaire la grosse question du moment n'a jamais élé que ie prétexle. Je crois vous avoir annoncé, dans une précédente lettre, qu'a la suite d'un accord intervenu entre le ministère et l'épiscopat. le Dien public et la Patrie avaient été invites par Mgr de Bruges a modórer le ton de leur polémique anti-militariste. De nouveaux renseignements me permeltent tie vous confirmer cette nouvelle, sans que je puisse encore vous dire, d'une facon bien precise, sur quelles bases l'accord dont je vous parle a été conclu. II fallait aussi être par trop naïf pour s'imaginer qu'en attaquanl le cabinet avec une tello violence h propos d'un projet qui n'avail pas même vu Ie jour, le Bien public et la Patrie ne fesaient qu'obéir a l'im- pulsion de leur conscience. Car enfin.au point do vue des intéréts ultramontains les seuls dont ces deux journaux se soient jamais préoccupésje vous demande un peu ce que cela peut faire que le citoyen beige doive servir huit ans plutót. que six, que lo remplacem -nt soit maintenuousupprimé, que le ser vice militaire soit obligatoire ou volontaire? Si, sur des questions d'une nature si évidemment laïque.ces journaux altaquaient leurs amis au pouvoir avec une lelie violence, il ne pouvait être douteux pour les gens un peu clairvoyants que cette inexplicable oppo sition dissimulait des desseins que l'on craignait de laisser apercevoir trop clairement. A quelles conditions l'on a transigé, je l'ignore. mais on peut conjecturer, sans un exces de témerité, que ces conditions ne doivent être rien moins-que rassurantes, maintenant que l'enseignement laique cette béte noire de l'épiscopat a fait les princi- paux frais de l'accommodement. Nous connaissons enfin les bases cerlaines de la grande réforme méditée si laborieusement par Immi nent homme d'Ëtat qui dirige le département des travaux publics. M. Wasseige en revient purement et simplement au barême de 1856, réduit de 10 p. c. el propose une seconde rédnetion en faveur des bil lets d'aller et retour pour toutes les distances. La réduclion accordée aux billets d'aller et retour exisle depuis longtemps, mais elle n'avait été appli- quée jusqu'a present que dans des conditions parti- culières, en vue de favoriser les excursions de pur agrément. Restreinte dans ses limites, elle avait sa raison d'êlre et personne, a ma connaissance, ne s'est jamais avisè de la criliquer. Mais si l'on étend cette faveur a tous les transports, je vous avoue que je n'y comprends plus rien. Je vaisa Louvain demain. Pourquoi jouirais-je d'une ré- duction paree que j'en reviens? Eh, sac h papier, il est clair que si j'y vais, il faut bien que j'en re- vienne. Avec ou sans réduclion, quand j'y aurai ter miné mes affaires, je reviendra certainement, et si,

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 2