Ie transport des merchandises. II croit que ces prix
influent sur les prix de venle, et que le bon marchè j
pousse a la consommation.
D'oü vienl, ceci étant raisounable, qu'il pense tout
le contraire quand il s'agit du tramsport des voya-
geurs
Si le bon marché fait voyager les marchandises, ne
doit-il pas de même augmenler le nombre des voya
geurs?
L'F.tat exploitant le chemin de fer, ólant considéré
comme un industrie! qui vend des voyages, n'esl-il
pas iotéressé a les vendre bon marché, et le meilleur
marché possible, pour avoir le plus possible de con-
somrnateurs
11 n'est pas même un industriel ordinaire, car ce-
lui-ci peut proportionner sa fabrication a la venle
prevue, tandis que I'Etat, faisanl un service public,
obligatoire, peut avoir beaucoup de non-vaieurs si,
par l'exagèration de son tarif, il écarté les voyageurs
et a des trains qui marchenl a vide, ce qui s'est vu
sous Ie régime des express de première classe et des
anciens tarifs.
Ou remarquera que nous ne parions pas même ici
des exigences morales du service public confió a
l'Etat et dont il a le monopole.
Selon le raisonnement de M. Wasseige, a supposer
qu'il raisonne, il faudrait revenir sur la réforme pos
tale, car une lettre remise dans la forêt dTIertogen-
wald coüte a l'Etat, si elle est unique, plus de 2
fr., et il n'en fait payer le transport que 10 cen
times.
Selon le même raisonnement supposé. et si le plus
ou moins d'èlévation des tarifs est saus eflel sur le
nombre des voyageurs, pourquoi les faveurs offertes
avec tant d'occasions, comme les trains de plaisir et
les autres reductions accordées dans certains cas
Ces encouragement seraient inutiles si les taux des
tarifs était inopérant.
ffornons-nous toutefois a la première contradiction
signalée, et demandons comment il se fait que les bas
prix attirant les marchandises et augmentant les
recettes, ils peuvent être considérés comme n'ayant
pas une influence pareille sur le nombre des
voyageurs et aussi sur les recettes?
Si l'on est d'accord avec nous nous la-dessus, on
pourra douter du succes financier des réformes
démocratiques de, M, Wasseige. II ditEt ma
responsabilité Nous répondons qu'en la matière,
autant en emporte le vent. Le plus clair de l'affaire,
c'est que, dut M. Wasseige atteindre son but, l'Etat
aura mar.què au service public qui lui est confie, et
M. Wasseige aura, par arrêté minislériel, frappé une
classe spéciale de conlribuables d'un impót de plu-
sieurs millions. Ce qu'il fait n'est, dit-on, que le retour
au tarif antérieur a 1866 constatons que l'ancien
ministère, qui a abaissé ce tarif, dégrevait le contri-
buabie et que le nouveau cabinet augmenle les charges
de celui ci.
Nous extrayons du Rapport de la Compagnie
des chemins de fer du Nord-Est
«1° Ligne de Lille a Comines.
Le projet dcfinitif d'exécution des terrassements
présenté a M. le ministre des travaux publics, le 20
avril 1870, a étè approuvó par lui le 26 aoót de la
même année.
Maiscette approbation est subordonnée a la ratifi
cation, par les gouvernement,s francais et beige, des
propositions de la conference internationale qui sera
chargée de designer le point de passage a la fron-
tière.
Le gouvernement francais vient d'inviter le gou
vernement beige a nommer un commissaire peur
suivre cette conference.
Notre demande de concession, faite le 3 décembre
1869 pour les 1050 metres silués sur le territoire
beige, n'a pas encore abouti,
Le dossier relalif a l'enquête des stations a été re-
mis le 6 mai 4870.
L'enquête, ouverle depuis prés d'un an, n'a encore
donnè aocun résultat, par suite de diverses circon-
stances indépendantes de notre volontè nous avons
toutefois la promesse formelle d'avoir une solu
tion.
Par suite de ces retards, on ne pourra s'occuper
de cette ligne avant la fin de la campagne mais nous
espérons pouvoir la livrer a la circulation dans le
courant de 1878.
2° Ligne de Tourcoing d iJenin.
Le projet d'exécution des terrassements a été pré
senté le 17 janvier 1870; le dossier relatif aux en
quêtes des stations l'a été le 17 fèvrier suivant.
L'enquête, ouverte depuis prés d'une année, n'est
pas encore terminée, par suite d'un désaccord exis-
tant dans la ville de Tourcoing sur le point de raccor-
dement de notre ligne avec celle du Nord.
Nous avons toutefois la promesse de voir prendre,
sous peu de jours, une décision a ce sujet et, par
suite, sur notre projel dcfinitif.
Avant de meltre la main a l'ceuvre, il restera en
core a trancber la question du raccordement au ré-
seau beige, question pour laquelle nous nous trou-
vons dans la même situation que pour la ligne de
Lille a Comines.
Ici encore, les travaux ne pourronf commencer au
plus tót que vers la fin de ia campagnemais nous
espérons néanmoins terminer la ligne dons le courant
de 1873.
Fails et gestes de la Sociétc d'üxpleitation
générale.
Le train de Roulers qui devrait parlir 8 h.
40 m. pour Poperioghe, est arrivé mardi passé a
9 h. en gare d'Ypres il est par li a 9 h. 5 m.,
c'est-è-dire avec un retard de 25 minutes. Nous
ne croyons pas que ce train soit un seul jour a son
heure l
Uibliographie.
Un magistrat trés estimé, qui est en même temps
un de nos conciloyens, vient de faire paraitre un livre
èminemment utile. Nous entendons parler du Traité
Théorique et Pratique de la garantie des vices rédhibi-
toires dans les venles et échanges dlanimaux domes-
tiques, par M. G. Van Alleynes, juge au tribunal de
première instance de Bruges. (Un beau vol. de 235
pages. Bruxelles, chez Bruylant-Christophe.)
Voici en quels termes élogieux il est parlé de eet
ouvragedans la Belgique Judiciaire, qui lui consacre
un article trop long pour être reproduit en enlierdans
nos colonnes.
Voici un livre d'une utilité pratique incontes-
table, êcrit avec ordre, méthode, clarté, sur une
a matière qui est régie par une loi spéciale a la Bel-
gique, et qui y est l'objet de frequents débats judi-
ciaires
L'auteur examine successivement et d'une
manière détaillée et approfondie les conditions
requises pour i'exercice de l'action rédhibitoire,
les délais, les formes de la procédure, Ia resolution
du contrat et ses effels. II est tenu compte de toutes
les solutions de la doctrine et de la jurisprudence,
et lè oü l'auteur, en presence de questions contro-
versées, donne les motifs a l'appui de Ia solution
pour laquelle il se prononce, on est frappé de la
r juslesse de ses raisonnements.
Nous reproduisons eet éloge avec d'autant plus de
plaisir que nous savons qu'il est pleinement mérité.
M. Van Alleynes, esprit studieux, appartient a
cette phalange, trop peu nombreuse hèlas d'hommes
sérieux, intelligents et dévoués qui n'ont d'autre
souci que d'être utiles a leur pays travailleurs con-
sciencieux et infatigables qui nes'instruisent que pour
instruire les autres, et qui, lorsqu'ils appartiennent
a la magistrature, projettent d'avance, sur les lois
qu'ils peuvent être appelés a appliquer, une lu-
mière, une clarté qui sert de conseil et de guide
tous.
Nous attendons d'autres ouvrages de M. Van
Alleynes. Talent et succès, plus que noblesse,
obligent.
Fe Tunnel du Monl-Cénis.
On ne peut s'empêeber de ressentir un frisson d'é-
tonnement et d'admiration quand on pénètre dans le
souterrain. G'est bien d'apparence assurément un
tunnel comme tous nos tunnels de chemins defer;
mais les diflicultés vaincues reviennent vite a la pen
see cette inontagne si haute et comma suspendue
au-dessus de votre tête ces masses de roches trouées
a coups de poudreet dont chnque déchirure témoigne
d'une nouvelle lutte et d'un nouveau triomphe; ces
profondeurs, que l'on croyait insondables, percées a
jour; tout a chaque pas raconte si bien une victoire
de la science, qu'il est difficile de rester froid devaut
une manifestation aussi éclatante de la puissance du
génie hu main!
Le tunnel aura deux voies. D'un cóté de la galerie,
la voute est en plein cinlre; elle a 6 metres de hau
teur au-dessus du rail, 8 mètres de largeur a la nais-
sance de la voute et 7 mètres 72 centimetres a Ia
base des pieds-droits. Du cóté italien, a Bardonnêche,
au contraire, la vofite est elleptique, avec une hau
teur de 30 cent. de plus qu'a Fourneaux, pour con-
tre-balancer un exces de pression dü a une stratifi
cation voisine de l'horizontale. La galerie est muraillée
partout.
Le revêtement en pierre a une épaisseur de 55 c.
I mèlre, suivant la poussée du terrain. Le mètre
courant, lout compris, excavation, deblaiement, ma-
connerie, est revenu, en moyenne, du cóté francais,
a 1,300 fr.; do cóté italien a 1,000 fr.
La perfora trice Som mei lier a été l'a me du perce-
ment, et la poudre le marteau dont les coups irrésis-
tibles ont broyé la roche et ouvert un passage. N'y a-
t-il pas la une lecon? C'est bien la poudre, et préci-
sérnent la poudre de guerre employée dans la galerie
exclusivement paree qu'elle produit peu de fumée
qui a accompli cette oeuvre si èminemment civilisa-
trice.
La perforatrice consistait en un fleuret puissant
emmancbé a un piston mCt par l'air sous pression
l'outil, entrainé par un mecanisme trés ingénieux,
était rendu docile, au point d'avancer au fur et a
mesure des besoins et de lourner sur lui-même de
petiles quantités pour ne pas s'engager dans le trou
et facililer le déparl des morceaux broyés. II fallait
voir le fleuret arriver comme la foudre sur la pierre
et la broyer avec fracas. Quels coups terribles
Les perforatrices étaient installées de facon a pren
dre toutes les directions possibles; un tuyau de caout
chouc embranché sur la conduite d'air comprimé ve-
nait aboutir dans un petit réservoir qui alimentait
huit machines. A l'arrière de l'affüt, on voyait une
grande chaudière montée sur quatre roues, le tender
qui renfermait de l'eau, que l'on faisait communi-
quei' avec l'air comprimé a cinq atmosphères. Cette
eau, sous pression, était dirigèe a l'aide de tuyaux
dans chaeun des trous de mine pour rafraichir l'outil
et chasser les morceaux broyés.
Les frais sont évalués a 75 millions, soit moins de
la soixante-dixième partie de Tindemnité de guerre
que la France se voit obligée de payer a Ia Frusse!
C®rre§p©sulance particuliere de 1'OI'IïlIOll.
Bruxelles, 22 septembre 1871.
Le roi a-t-il refusé, oui ou non, de contresigner
l'arrêté que lui a soumis M. Wasseige? Après avoir
lancé un insolent démenti a I 'Echo du Parlementle
Journal de Bruxelles est obligè d'avouer aujourd'hui
que la nouvelle de ce refus, annoncée par VEcho,
était parfaitement exacte et queS. M. avait, en effet,
déclsné l'honneur d'apposer sa signature a cóté de
celle de son homérique ministre des travaux pu
blics.
Mais, se hate aussitót d'ajouter la feuille soumise,
on aurait le plus grand lort de considérer ce refus
comme une preuve que le roi désapprouve la réforme
de M. Wasseige. S. M. a refusé de signer l'arrêté tout
simplement paree que les questions de tarifs ont été,
de tout temps, réglées par mesure ministérielle, et
que, n'ayant pas eu a contresigner la réforme de M.
Vanderstichelen, elle n'a pas cru pouvoir contresi
gner celle de M. Wasseige.
Vous vous souviendrez que c'est cette explication
que je vous ai donnée moi même en commentant,
dans ma dernière lettre, la nouvelle donnée, Ie jour
même, par 1 'Echo. Ce n'était ló, d'ailleurs, qu'une
pure conjecture de ma part et je ne vous la donnais
pas pour autre chose.
Mais depuis lors, certains bruits fort accrédités ici
tendant a me faire supposer que le roi ne s'est pas
seulement relranché derrière un déclinatoire d'in-
compétence et qu'il a nettement exprimé M. Was
seige et ensuite M. Jacobs, arrivé a la rescousse,
sa profonde répugnance a participer, d'une manière
quelconque, a une mesure aussi mal accueillie par