JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT Y Pil ES. Bimancbe uvième année. N°. 40. ler Octobre 1871. Le tout payable u'avance. ■»8fi3X D'ABOMISBïMEiST POUR LA BELG IQUE 8 francs par an4 fr. 50 par semestre. Pour l'Etranger, le port en sus. Un Numéro 25 Centimes. P2S1X 2DE8 ANNONCES ET DES RECLAMES 10 Centimes la petite ligne. Corps du Journal, 30 centimes» Paraissarit le dimanche. On s'abonne a Ypres, au bureau du Journal, rue de Dixmude, 59. On traite d forfait pour les annonces souvent reproduites. Tout es lettres ou envois d'argent doivent ëtre adressés franco au bureau du journal. ■Le Père Veuillot et nos petits vicaires. Le Journal d'Ypres emprunte a YUnivers, son chef de file, des articles a mourir de rire sur le droit divin et le libéralisme, qui met Dieu hors la loi. Oü, quand, dans quelles circonstances le libé ralisme a mis Dieu horsla loic'est ce que le père Veuillot et les bons petits vicaires qui rédigent Ie Journal d'Ypres se garderont bien de dire. Mais accuser le libéralisme de mettre Dieu hors la loi, cela fait bien auprès des imbeciles. Quant 5 le prouver, c'est bien inutile, ceux a qui l'on s'adresse étant fü$onnés depuis des siècles a tout croire snr la parole du Pape. Le nombre de ces imbéciles a notablement diminué depuis une centaine d'années, et c'est ce qui met le clergé catholique si fort en colère contre le libéralisme, qui a l'audace de discuter son autorité et de montrer qu'elle n'est faite que d'imposture et de mensonge. Du jour oü la grande Kévolntion de 1789 ayant renversé le vieil édifice clérico-féodal si cher au Journal d'Ypres, la liberté de conscience fut proclamée, de nouvelles généra- tions se sont formées, qui, peu peu, ont appris considérer la raison humaine comme le seul arbilre de leurs destinées et a circonscrire la religion dans l'unique domaine qui lui appartienne la con science individuelle. Cette doctrine, c'est celle du libéralisme, c'est la nótre. Le libéralisme dit l'homme tu es libre de croire ou de ne pas croire. Nulle autorité sur la terre n'a droit de t'imposer ur.e croyance religieuse quel- conque, si tu n'en as pas, ni de toucher ta croyance, si tu en as une. Sois iibre-penseur, si tu veux, ou catholique, ou luthérien, ou calviniste ou israëüte, crois ou ne crois pas, dans le domaine de ta conscience, tu es souverain souverain absolu et sans contróle. Mais cette pleine liberté ne t'appartient pas toiseul, catholique, pas plus qu'elle n'appartient au protestant, ni l'israëlite, ni au Iibre-penseur. Tu es convaincu de la supériorité de ta croyance, Ie Dieu que tu adores est, tes yeux, le seul digne d'ètre adoré Soit. Le libéralisme te laisse entièrement libre de répnndre ta doctrine par tous les moyens qui sont en ton pouvoir. La chaire ne te suffit pas Publie des livres, des journaux, fonde des écoles, crée des associations, encore une fois, tu es le maitre. Seulement retiens bien ceci, catholique ne compte sur l'Etat que pour assurer ta liberté. L'Etat, c'est tout le monde, ceux qui croient l'Evangile et ceux qui ne croient rien du tout, cesderniers sont aussi libres et aossi indépendants vis-a-visde l'Etat que toi-même. Cela étant, le róle de l'Etat se trouve tout na- turellement tracé l'Etat ne sera ni catholique, ni protestant, ni athée. 11 sera simplement laïque, c'est-è-dire que, laissant decöté lesquestions reli- gieuses, auxquelles il ne pourrait se mêler sans froisser la concience.il nes'occupera que des inté réts communs tous les citoyens, abstraction faites de leurs croyances religieuses. Telle est Ia mission de l'Etat, dans la doctrine libérale, et nous défions Ie Journal d'Ypres d'en produire une autre qui donne une plus compléte satisfaction aux droits de la conscience. L'Univers reproche au libéra'isme de mettre Dieu hors la loi. Mais est ce done mettre Dieu hors la loi que de proclamer la liberté des croyances et d'assurer la jouissance de cette liberté a tous les citoyens? Que quelqu'un s'avise done de trou- bler l'exercice du culte dans uneéglise catholique, pour voir si le Dieu du Journal d'Ypres est mis hors Ia loi. II est vrai que le perturbateur sera égaleruent puni s'il a troublé l'exercice du calte protestant et c'est sans doute cette égalité qui blesse si fort le Père Veuillot et, par contre- coup, les petits vicaires du Journal d'Ypres. Ce qui est certain, c'est que, sans mettre Dieu hors la loi, le libéralisme ne le met pas dedans, et il a pour cela d'excellentes raisons. Quel Dieu y meltrait-il le Dieu du Journal d'Ypres n'est pas le nétre, le nótre pas celui de notre voisin le protestant. La préférence que l'Etat accorderait a une religion serait évidemment un amoindrisse- ment pour toutes les autres, et dans {'obligation oü il se trouve de les traiter toutes sur le même piedson devoir de maintenir la loi en dehors de toute influence religieuse devient manifeste. Mais cette fagou de comprendre et de pratiquer Ia liberté ne convient pas au parti clerical, qui vise ouvertement a dominer le monde par la prétention qu'il affiche d'introduire son Dieu, a lui, dans la loi et de l'y faire règner en maitre. Ne parlez pas au parti clèrical de Ia liberté d'autrui il necon- natt, il ne veut connaitre qu'une seule liberté, la sienne, qu'il appelle carrément la liberté du bien, celle des autres ne représentant a ses yeux que la liberté du mal, acceptée par lui a titre de simple tolérance momentanée, mais essen- tiellement révocable. Moi seul je suis la vérité, dit il, et tous ceux qui ne pensent comme moi sont dans Terreuril est done tout naturel que moi seul je gouverne et que les autres obéissent, C'est contre cette prétention exorbitante que Ie libéralisme lutte depuis 1789 et, Dieu merci, qu'il lutte victorieusement. Mais, répétons-le encore une fois, le libéralisme n'est pas nécessai- rement hostile au sentiment raiigieux ce qu'il entend empècher, c'est que telle ou telle religion déterminée pénètre dans la loi pour Ia tourner son profit exclusif et s'en ftire une armq contre sesadversaires. Telle est sa mission il n'en a pas, il n'en peut pas accepter d'autre. Après cela, que le père Veuillot et les petits vicaires du Journal d'Ypres revendiquent pour 1 Eglise catholique le droit de présider, comme au moyen-ége, aux actes les plus importants de Ia vie civile, de pareilles absurditês ne méritent pas qu on sy arrête. On hausse les épaules et on passe outre. Les journaux de la Flandre et même quelques- uns de la capitate se sont beaucoup occupés de ['installation récente du glorieux abbé du couvent de Saint-Sixte, de l'ordre de La Trappe. Mais il estun détail de la fète qui leur a échappé et qui pourtant vautson pesant d'or c'est la participa tion cette fête de quelques libéraux mar- quants de notre arrondissement. Citons en première ligne M. le sénateur baron Mazeman de Coufhove qui a fourni les vins et les fruits pour le banquet des pauvres et sobres Trap pistes. Puis M. Van Merris qui a fait don l'abbé d'une crosse d'or. On connalt le vieux dicton Crosse d'or, évêque de bois Crosse de bois, evêque d'or. De plus, M- Van Merris nssistait aux agapes fraternelles auxquelles M. Mazeman nous le disons son honneur a eu le bon goüt de ne pas paraitre. Nous n'insisterons pas surce qu'offre d'ét.range, pour ne rien dire de plus, l'intervention de libéraux dans une noce de Trappistes, non ces messieurs appartiennent h l'école de M. Carton, celle de bi politique pratique, et leur libéralisme nous est sucpect depuis longtemps. Mais que penser de M. Van Merris qui ne rougit pas d'aller s'asseoir au milieu de tous ces gens qui cha jue jour l'in- suitent, lebafouent, lui jettent la bone au visage? M. Van Merris voudrait-il done demander gróce a ses insulteurs La brebis égarée va-t-elle Laissez dire, laissez-vous blamer, mais publiez voire pensee 53. Van Merris chez les Trappistes

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L’Opinion (1863-1873) | 1871 | | pagina 1