JOURNAL D'YPRES DE L'ARRONDISSEMENT
YPRES, PimaDche
MeuTième année. 42.
15 Octobre 1871.
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Les petits fibres.
La multiplicité des faits immoraux qui sont
signalés depuis quelque temps a charge des frères
des écoles chrétiennes, mérite d'appeler la sérieuse
attention des autorités tant civiles qu'ecclésias-
tiques.
Nous ne sommes pas de ceux qui recherchent
le scandale pour étonner ou émouvoir le public,
ni qui voudraient faire, contre leurs adversaires
politiques, une arme ou un sujet triomphant de
discussion, de ces actes honteux dont la gravité
s'accroit en raison directe de la position sociale,
du caractère et du degrê d'instruction des cou-
pables. Nous glisserons done rapidement sur les
conséquences de i'ignoble conduite de ces hommes
qui compromettent en mêrae temps et la religion
dont ils portent l'habit, et Ia sociêté qui leur confie
l'éducation de ses enfants, pour engager spéciale-
ment le gouvernement et le clergé rechercher
les moyens et b prendre les mesures propres a
prévenir le retour de ces viis attentats.
Cependant, avant d'aborder directement cette
question, faisons remarquer que c'est avec raison
que nous employons le mot de multiplicité
cn parlant des faits immoraux des frères Masson
et autres. On sait cotnbien les actes qui s'nccom-
plissent l'ombre du huis-clos, passent facile—
ment inapergus. Pour un coupable que l'on
dénonce et qu'on punit, combien n'en est-il pas
qui échappent A toute accusation, et qui ne sont
même jamais soupgonnés On ne peut done pas
nous accuser d'exagération quand nous disons que
les infamies qui se commettent dans les écolea
des frères de la doctrine chrétienne mérilent, par
leur multiplicité, leur fréquence, d'attirer l'at—
tention des autorités supérieures.
Ajoutons encore cette observation ceux qui
croiront que les faits de cette nature sont exclusi-
sivement propres aux établissements dirigés par
le clergé ou par de simples religieux se trompe-
raient singulièrement, et risqueraient de se voir
appliquer la vieille et toujours juste sentence de
la paille et de la poutre. La dépravation de l'ftme
et la corruption du coeur ne se montrent pas plus
spécialement dans telle caste sociale que dans telle
autre, et l'immoralité, nous en sommes convaincus,
est aussi grande dans le monde que dans les cou-
vents.
Comment se fait-il alors que ce soit justement
dans les écoles chrétiennes que l'on signnle le plus
grand nombre de ces revoltants méfaits 1 Par la
seule raison que tous les Petits-Frères, ainsi
qu'on les appelle dans notre pays, sont célibataires,
tandis que la plupart des instituteurs laïques sont
mariés.
Le célibat forcé ou volontaire est done la cause
principale des désordres contre lesquels Ia
conscience publique se révolte avec tant de raison.
Le gouvernement pourrait oivier, en partie,
aux dangers possibles du célibat volontaire de ses
instituteurs, soit en donnant, dins ses choix, la
prêférence 5 ceux qui sont en ménage, soit en
obligeant les sous-instituteurs et même les institu
teurs eux-mêmes non mariés, c'avoir leur quar-
tier ou lenr habitation particulière en dehors de
l'enceinte des écoles communales.
Quant aux autorités ecclésiastiques, que pour-
raient-elles faire a eet égard
Nous ne voulons pas entamer la grande et
délicate question soulevéerécemment par l'ex-père
Hyacinthe, le mariage des prêtres, ni nous engager
dans le domaine inextricible des dogmes catho-
liques, nous nous permetlrons seulement de faire
remarquer aux organes du clergé, qu'ils ont mieux
faire que de s'occuper si irdemment de la défense
de certains principes dont les sociétés les plus
chrétiennes elles-mêmes se passeraient fort bien,
puisqu'elles ont vécu jusqt'ici sans les eonnaftre
Les dograes de I'lmmaculé', Conception et de IVre-
faillibililé du Pape n'ont rertainemerit pas opéré
autant de conversions d'infidèles que les faits
reprochés aux frères des écoles chrétiennes ont
fait sortir de croyants du sein de l'Eglise ro-
maine.
On impose ces malhcureux instituteurs en
soutane le célibat, la pauvreté et l'obéissance. lis
exercent une profession des plus pénibles qui
altère gênéralement leur santé. On leur défend
toute communication avec les families. On les
privé de toutes relations civiles. Ils n'ont ni la
bonne chère, ni les xins vieux, ni les aubaines, les
visites, les courses, les distractions mondaines, les
invitations diner dont nos curés et vicaires
jouissent si fréquemment et avec tant de bonheur.
D'un autre cóté, ils ont toutes les charges, toutes
les obligations essentielles des religieux cloitrés,
mais ils ne sont pas, comme eux, soustraits b
toutes les tentations du monde. Aussi les voit-on
souvent contracter des habitudes, des vices qui les
rendent infèmes. Tont le monde alors les maudit.
Mais le philosophe et le médecin, qui les maudis-
sent aussi, ne sont nullement étonnés de les voir
tomber, les uns après les autres, dans eet état de
degradations morale et physique.
N'y aurait-il rien S faire pour cette catêgorie
de martyrs qui deviennent si facilement des cou-
pables Le haut clergé ne trouvera-t-il pas
moyen de mettre un frein b tons ces scandales
Ne peut-il modifier I'institution de ces Petits-
Frères qui ont rendu, on doit reconnaltre,
d'éminents services dans certains temps et dans
quelques localités, mais qui out peut-être con-
tribué, pour une large part, Ia dépravation
précoce des gériérations auxquelles ils devaient
enseigner la pratique de toutes les vertus chré
tiennes
Le problème est ardu sans doute mais le mal
est grand, et si les autorités ecclésiastiques ne s'en
préoccupent pas vivement, si elles ne parviennent
pas 5 trouver un remède efficace, si, tous les
avertissements de la justice, de la presse et du
public, elle répondent par leur triste et obstiné
non posumus, c'est elle seule qu'il faudra faire
remonter désormais la responsabiiité des scan
dales qui rendront tót ou tard les frères des écoles
chrétiennes l'objet de la réprobation universelle.
IFails et gestes de la Mété ^'Exploitation
géïsépfflie.
De plus fort en plus fort, comme chez Nicolet
Le 12, Ie train de 8 h. 50 m. du soir est
parti d'Ypres a 10 h. 15 m. Une heure et demie
de retard
La méme exactitude se rencontre dans l'expé-
dition des marchandises, soit sur les lignes de
l'Etat, soit sur celles de la Société d'exploitation.
Exemple
Deux colis sont expédiés ensemble de Bruxelles
le 8, par le même expéditenr et au même desti—
nataire l'un arrive h destination le 10, l'autre
n'est pas encore arrivé l'heure oü nous écri-
vons.
Le têlégraphe lui aussi marche sur les traces
des chemins de fer. Nous nvons sous les yeux une
dépêche expédiée de Poperinghe 11 h. 30 m. et
qui est arrivée Ypres b 12 h. 36 m. Une heure
pour faire deux lieues cela n'est pas trop mal
Un bon cheval va plus vite, 6 électricité Mais ce
qui met le comhle, c'est que cette même dépêche,
dont la transmission exige une heure, n'est portée
a domicile qu'è 2 h. et quelques minutes. Total
de l'odyssée d'un télégramme de Poperinghe a
Ypres deux heures et demie N'est-ce pas se
moquer du monde
L'OPIRIQ
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